Et pendant ce temps le partenariat stratégique entre la Russie et la Chine, celui qui mène l’impérialisme hégémonique à Canossa sont obligés de se ressourcer dans cette profondeur historique incontournable dont on prétend priver les Français. Ce texte est d’autant plus intéressant qu’il n’est pas écrit par un communiste russe mais par un « poutinien » pur jus… (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop)
https://ria.ru/20250510/kitay-2016086786.html
La Russie et la Chine défendent la justice et l’égalité, comme il y a 80 ans pendant la Seconde Guerre mondiale. Cette phrase tirée d’un article du dirigeant chinois Xi Jinping, publié à la veille de sa visite à Moscou, reflète l’essence même de la stratégie commune des deux pays sur la scène internationale. Et les mots « le monde a besoin de justice, pas d’hégémonie » visent clairement l’Occident, même s’ils ne le nomment pas directement. Tout comme ce passage de la déclaration commune :
« Les parties soulignent qu’il n’y a pas d’alternative à la formation d’un ordre mondial multipolaire plus juste et plus stable et dénoncent la politique agressive de certains États qui, agissant dans une logique hégémonique et néocolonialiste, défendent leurs privilèges en limitant la souveraineté des États, freinent leur développement économique et scientifique et technique et créent ainsi des obstacles aux tendances multipolaires et démocratiques des relations internationales ».
Oui, il s’agit bien de l’Occident qui tente d’infliger une défaite stratégique à la Russie, et de l’Amérique avec sa politique d’endiguement et d’encerclement de la Chine (dont la guerre tarifaire fait partie), sans pour autant abandonner l’espoir d’affaiblir l’alliance russo-chinoise, voire de semer la discorde entre nos deux pays. Pour ce faire, ils tentent même de jouer sur les propres tentatives des États-Unis de rétablir le dialogue avec la Russie : ils se mettent aussitôt à affirmer que la Chine n’apprécie pas le dialogue américano-russe sur l’Ukraine et que Pékin est inquiet et préoccupé par un éventuel revirement de Moscou en faveur de Washington. Il est difficile d’imaginer quelque chose de plus éloigné de la réalité, car la Russie et la Chine se rapprochent en fonction de leurs propres intérêts stratégiques, et le niveau de confiance entre Vladimir Poutine et Xi Jinping est sans commune mesure avec leurs relations avec Donald Trump.
Le président chinois était en visite en Russie pour la onzième fois en douze ans à la tête du pays. Au cours de ces années, il a rencontré Vladimir Poutine plus de quarante fois. Ce n’est donc pas un hasard si le terme « diplomatie des dirigeants » est apparu dans les documents communs. Les relations de confiance personnelles sont extrêmement importantes pour renforcer les liens entre la Russie et la Chine, mais il est encore plus important que ce renforcement réponde aux intérêts stratégiques des deux pays. Ensemble, la Russie et la Chine deviennent plus fortes et plus influentes, c’est-à-dire qu’elles renforcent leur puissance en tant qu’États-nations et promeuvent un modèle d’ordre mondial multipolaire souhaitable et avantageux pour les deux pays. Il est impossible de briser une telle alliance de l’extérieur : pour y parvenir, il faudrait non pas un changement de dirigeants à Moscou et à Pékin, mais une modification de la perception de leurs propres intérêts et de leurs projets d’avenir. Existe-t-il un seul argument sérieux en faveur d’une telle évolution ?
La crainte de la Russie de tomber sous la dépendance totale de la Chine ? C’est un sujet très prisé en Occident, y compris au sein de l’administration américaine actuelle. Cependant, c’est précisément cette vision des relations entre la Russie et la Chine qui a prévalu en Occident pendant de longues décennies et qui était même considérée comme la principale garantie contre la formation d’un bloc russo-chinois. Mais au cours des années du pouvoir de Xi, la Russie et la Chine n’ont pas simplement poursuivi leur rapprochement, elles sont passées à un niveau supérieur de relations, dans un contexte marqué d’abord par la dégradation des relations entre la Russie et l’Occident, puis par leur dégénérescence en un conflit ouvert, y compris militaire. Ces dernières années, les « amis de la Chine » occidentaux effraient cette dernière tant par la défaite de la Russie que par sa victoire, arguant que tout cela est très désavantageux pour Pékin. Si la Russie perd, les États-Unis pourront se concentrer entièrement sur le confinement et l’encerclement de la Chine, et si elle gagne, la Chine perdra son influence sur la Russie, qui pourrait même tomber sous l’influence de l’Occident. Toutes ces théories n’ont en réalité qu’un seul but : semer la méfiance entre les Russes et les Chinois. Semer le doute sur la fiabilité du partenaire, sur son choix stratégique en faveur d’une voie commune.
Heureusement pour la Russie et la Chine, ce ne sont pas seulement les relations personnelles entre les deux dirigeants et le choix conscient en faveur d’un rapprochement qui nous unissent, mais aussi une longue histoire de relations bilatérales. Ces relations ont connu des hauts et des bas, des moments d’amitié et des conflits, mais au bout du compte, les deux parties ont non seulement tiré les leçons de l’histoire, mais sont également parvenues à une conclusion commune : ensemble, nous sommes invincibles. Cela est tout aussi vrai aujourd’hui qu’il y a 80 ans.
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