Si le Rassemblement National, quel que soit le candidat, arrive largement en tête sans véritable concurrent à la hauteur du score de Macron en 2022 qui faisait encore plus de 27 % (le plus en avance est Edouard Philippe entre 20 et 25%). Tous les autres candidats, y compris Mélenchon sont sur le socle le plus étroit de leur personne et de leur fan club. Ce qui s’est passé ce dimanche à Paris a illustré ce jeu des présidentiables testant leur clientèle d’une manière caricaturale au vu d’un contexte international et de ses incidences sur le quotidien des Français. Ce qui est apparu est effectivement l’étroitesse de ces socles y compris celui de Marine Le Pen et Bardella. En ce qui concerne ce parti, malgré l’annonce des 15.000 présents, le relatif fiasco marseillais de la veille se confirme, ils n’étaient pas plus de 5000.

C’est peu pour une manifestation d’indignation nationale qui prétendait représenter l’ancrage de masse (sur le mode du PCF de jadis) de ce mouvement et qui avait été précédé d’un pilonnage médiatique intensif sur la ruée des adhérents aux permanences du Rassemblement national. On ne savait plus très bien contre qui elle était dirigée, contre les juges, sur le mode séditieux ou au contraire en se présentant comme la défense de la démocratie. Ils avaient tous fini par opter pour cet angle d’attaque mais c’était « la mienne pas la tienne », comme Mélenchon faisant siffler Corbière et Attal cherchant à écarter Philippe et Retailleau.
Le gouvernement lui-même témoignait de cet éclatement généralisé : Elizabeth Borne qui en a avalé d’autres avec la réforme des retraites participait de la confusion générale. Interrogée sur le fait de savoir si Marine Le Pen ne dicte pas l’agenda politique, Mme Borne a estimé qu’il fallait répondre aux attaques du Rassemblement national (RN) contre les juges, alors que ce parti organisait un rassemblement dimanche après-midi à Paris en soutien à la dirigeante d’extrême droite après sa condamnation judiciaire. Renaissance tenait en effet en parallèle un meeting à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), déjà prévu mais à présent présenté comme une réponse aux saillies du RN contre les magistrats. De son côté, Marine Tondelier, la secrétaire nationale des écologistes, est à l’initiative d’un appel au rassemblement, au même moment, place de la République à Paris, auquel se sont joints La France insoumise (LFI) et Génération.s, mais ni le Parti socialiste ni le Parti communiste. Et l’imprévisible Sandrine Rousseau s’en était faite la critique avec « les parisiens » , la faction bobo de Montreuil dont le représentant Corbière a été abondamment sifflé aux cris qui relèvent d’un « rassemblement de masse » : Mélenchon, Mélenchon… Comme d’autres criaient « Marine et Bardella »…
La ministre de l’éducation a déclaré « ne pas partager » la position personnelle de François Bayrou sur l’exécution provisoire prononcée dans le jugement de Mme Le Pen. Le premier ministre s’est dit « troublé » à l’énoncé du jugement à l’encontre de l’ancienne patronne du FN puis du RN, condamnée à cinq ans d’inéligibilité avec exécution immédiate, dans l’affaire des assistants parlementaires du FN. Le nombre de gens « troublés » va grandissant mais peu le sont sur la réalité de ce qu’affrontent les Français.
Tout ce jeu habituel du politicien ne serait rien que de très ordinaire si le contexte n’était pas ce qu’il est avec le gigantesque affrontement qu’a déclenché l’hégémonisme des Etats-Unis et face auquel Macron et sa « basse-cour » politicienne ne sait rien faire d’autre que caqueter en rabâchant leur fond de commerce habituel, pour ou contre l’immigration…
Notre interprétation dans un tel jeu politicien, de l’incapacité de leurs promoteurs à susciter une véritable mobilisation populaire se confirme. Surprise du sondage de ce côté de l’échiquier : le patron du PCF Fabien Roussel recueille entre 4,5 % et 6 % des suffrages. C’est largement plus que son score du premier tour de l’élection présidentielle 2022, où le Nordiste avait seulement obtenu… 2,3 % des voix. Nous sommes bien comme l’a souligné Ian Brossat sur le plateau de BMTV dans une course de vitesse pour que les Français reconnaissent la voix du monde du travail face à un capital qui porte la guerre et la récession, et prétend présenter la note aux couches populaires, une voix qui rassemble au lieu de diviser le travail face à l’offensive du capital. Il y a beaucoup à faire sur ce chemin, nous en convenons, mais ce n’est pas en restant une force d’inertie sur le bord du chemin qu’on y arrivera.
La contradiction à laquelle chacun est confronté et que chacun tente – y compris Trump – de résoudre à sa manière est celle qui oppose le capital à son stade financiarisé, parasitaire, rentier, de l’hégémonie impérialiste au travail à l’ère de la révolution numérique. Toujours plus de pression et de destruction de ce dernier comme unique solution mène à l’autodestruction économique mais aussi politique, la « démocratie est hors sol », ses jeux en rupture avec les besoins réels.
Nous ajouterons par rapport aux échos de cette division dans le syndicalisme, les associations, tant qu’il n’y aura pas une ligne politique claire il n’y a aucune raison pour qu’il y en ait une au sein du syndicalisme. Et ceux qui prétendent rectifier le tir en détruisant la seule perspective politique ne sont pas plus crédibles que leur leader Mélenchon même, répéter leur adhésion à un gourou n’a jamais été la solution, s’il la jouent comme lui plus anticapitaliste que moi tu meurs, le fait est qu’ils ne construisent rien « pour » en particulier la seule réponse : le socialisme à la française.
On ne s’improvise pas les successeurs du PCF dans le rassemblement nécessaire des masses face aux périls qui menacent notre pays et ses travailleurs.
(note de Danielle Bleitrach pour histoireetscociete)
Si un sondage est une photographie de l’opinion à un instant donné, celle d’une Marine Le Pen ou d’un Jordan Bardella tout en haut de l’affiche commence à s’installer durablement dans le paysage. Et ce, malgré la condamnation en première instance de la cheffe de file du Rassemblement national dans l’affaire des assistants parlementaires ce lundi 31 mars. Selon un sondage Elabe pour BFMTV et La Tribune dimanche réalisé du 2 au 4 avril, si le premier tour de l’élection présidentielle avait lieu demain, Marine Le Pen ou Jordan Bardella seraient ainsi largement en tête des intentions de vote.
Le sondage teste six configurations, avec des candidats différents pour le PS, LR, le bloc central. Dans chacune de ces hypothèses, le « socle commun » est divisé, avec un candidat macroniste et un candidat LR, de même que la gauche, avec des candidats LFI, les Écologistes, PCF et PS. L’extrême droite est aussi représentée par Éric Zemmour dans les six scénarios. Enfin, l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin est présent dans deux cas de figure.
Wauquiez en échec
Dans toutes les hypothèses, Marine Le Pen et son dauphin caracolent en tête, avec pour elle entre 32 et 36 % des intentions de vote, et pour lui entre 31 % et 35,5 %. « Ces résultats font du Rassemblement national la formation qui progresse le plus par rapport à la compétition élyséenne de 2022, où le score de Marine Le Pen avait été de 23,2 % au premier tour », souligne l’article de La Tribune du dimanche.
Derrière arrive dans toutes les configurations le candidat du camp macroniste. Celui qui s’en sort le mieux, et de loin, est Édouard Philippe. L’ancien Premier ministre et fondateur du parti Horizons récolte entre 20,5 et 24 % des intentions de vote dans les quatre hypothèses où il est testé. Mais un autre ex-locataire de Matignon, qui n’est pas encore déclaré candidat à la présidentielle, tire son épingle du jeu. Le patron de Renaissance, Gabriel Attal, est à 18 %. Tous deux font cependant moins bien qu’Emmanuel Macron en 2022, qui avait recueilli 27,9 % des suffrages au premier tour.
À droite, Bruno Retailleau oscille entre 8 à 10 %… Et fait mieux que Laurent Wauquiez (4,5 %), son concurrent dans la course à la présidence des Républicains. À noter qu’Édouard Philippe est très loin devant l’actuel ministre de l’Intérieur qui aspire à devenir le patron de LR… chez les électeurs LR et divers droite du premier tour des législatives 2024 ! Le maire du Havre rassemblerait entre 38 à 40 % d’entre eux – contre 18 à 29 % pour Bruno Retailleau.
Pour le Parti socialiste, l’eurodéputé et ex-chef de file des européennes Raphaël Glucksmann est celui qui s’en sort le mieux, avec 10,5 % des intentions de vote, laissant derrière lui l’ancien président de la République François Hollande (5,5 ou 6 %, selon les deux hypothèses où il est testé). Le premier secrétaire du parti Olivier Faure (4 %) – par ailleurs en campagne pour sa réélection dans le cadre du congrès du PS et dont la proposition principale repose sur la construction d’« une plateforme commune » de « la gauche non mélenchoniste », « de François Ruffin à Raphaël Glucksmann » –, ne décroche que 4 % des intentions de vote à cette heure.
« À gauche, l’ordre d’arrivé est loin d’être fixé », pointe La Tribune du dimanche. Le candidat des élections présidentielles 2012, 2017 et 2022, Jean-Luc Mélenchon, est ainsi crédité de 9,5 % à 11 % des suffrages, selon les hypothèses testées. De son côté, l’écologiste Marine Tondelier qui appelle à un rassemblement contre l’extrême droite ce dimanche 6 avril à Paris, alors que Marine Le Pen tiendra un meeting au même moment Place Vauban, oscille entre 3,5 et 6 % des intentions de vote.
Surprise du sondage de ce côté de l’échiquier : le patron du PCF Fabien Roussel recueille entre 4,5 % et 6 % des suffrages. C’est largement plus que son score du premier tour de l’élection présidentielle 2022, où le Nordiste avait seulement obtenu… 2,3 % des voix. Lors des législatives anticipées de 2024, l’ex-candidat à l’Élysée avait perdu son siège de député face au RN dans son fief de Saint-Amand-les-Eaux. À noter que le député de la Somme François Ruffin, qui a fait un pas vers une candidature à l’élection présidentielle ce mardi 1er avril, n’est pas testé dans ce sondage, bien que l’hebdomadaire lui consacre un entretien quelques pages plus tard où il réaffirme ses ambitions.
Un maigre score pour Villepin
Enfin, l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin ne voit pas sa popularité se concrétiser. Si l’élection présidentielle avait lieu demain, l’ex-diplomate réaliserait un maigre score, entre 2,5 à 5 % des intentions de vote, selon les deux hypothèses testées. « S’il reste un homme d’État qu’on écoute, cela n’en fait pas un candidat à la présidentielle », juge pour l’instant le président d’Elabe, Bernard Sananès. De son côté, Éric Zemmour obtient entre 3,5 % et 5 % des intentions de vote.
En 2022, Emmanuel Macron était arrivé en tête du premier tour de la présidentielle, avec 27,9 % des voix, devant Marine Le Pen (23,2 %) et Jean-Luc Mélenchon (22,0 %). Ce nouveau sondage a été réalisé par internet auprès d’un échantillon de 1 533 personnes, représentatif des résidents de France métropolitaine âgés de 18 ans et plus, dont 1 413 inscrits sur les listes électorales. Rappelons que Marine Le Pen a été condamnée ce lundi 31 mars en première instance à cinq ans d’inéligibilité avec application immédiate pour détournement de fonds publics… Une peine qui pourrait lui barrer la route pour l’Élysée.
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