Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Ils sont rares, même dans le PCF, ceux qui ont cette conscience des réalités du choc que nous subissons

Face à la tentative de sauver les meubles de l’ordre impérialiste qui apparaît pathétique sur des plateaux de télévision dont sont écartés tous ceux qui pourraient donner une autre interprétation de la situation que la survie de l’hégémon belliciste occidental, il devient nécessaire de prendre conscience de la nature de ce qu’ils cherchent encore à occulter : nous sommes entrés dans un autre monde et pas plus l’atlantisme avec l’OTAN et les USA, que l’UE avec l’OTAN et une défense intégrée à une Europe « fédéraliste » n’est une issue vers la paix, seule subsistent l’orientation vers une économie de guerre, la guerre et la corruption, une ukrainisation de la France derrière son président halluciné.

Ils sont rares dans le PCF et totalement inexistants dans les autres forces politiques ceux qui perçoivent la vraie nature du choc que représente la position de Trump, la révélation de notre degré d’inféodation au consensus atlantique qui ne date pas de notre soutien à l’Ukraine. On peut même considérer comme nous le ferons dans un article plus complet que l’eurocommunisme a été une manière de se rallier à cet espace politique libéral qui nous unit depuis quelques siècles aux USA. Les liquidateurs communistes sont allés jusqu’au bout y compris après avoir nié la dictature de la bourgeoisie, fait porter tous leurs coups sur celle du prolétariat et ses réalisations réelles. Par réaction, d’autres communistes se sont enfermés dans une conception du communisme qu’ils identifiaient au « stalinisme » et à ses victoires, sans mesurer que la trahison et la chute de l’URSS avait construit une base sociale et que toute la politique du socialisme chinois a consisté à empêcher une telle issue au plan international comme au plan intérieur. Ils ont eu de ce fait comme seul ennemi les communistes liquidateurs et se sont ralliés au gauchisme social-démocrate. Oui le retour de manivelle est énorme mais le principal danger est de lire l’avenir qui est là avec les lunettes de l’échec qui s’enferme dans une vision ossifiée de ce qu’est notre force révolutionnaire (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

Le retour de manivelle est énorme et brutal pour nos politiciens et toutes les âmes nobles enrôlées depuis 2022 dans le soutien aveugle à l’héroïque peuple ukrainien. Non seulement Trump siffle la fin de la partie militaire et de la guerre mais il escompte se tailler la part du lion dans la reconstruction et l’exploitation de l’Ukraine et de ses richesses. L’Europe ayant poussé les feux de la confrontation militaire se retrouve face à ses (ir)responsabilités et en position de faiblesse, voire laminée et toujours plus vassalisée. Et le numéro de claquettes de Macron devant Trump n’y changera rien. KO debout il faut donc toutefois relancer à toute vitesse la machine de propagande antirusse et anti poutine, pour tenter de faire bonne figure et argumenter à fond sur la menace russe contre la sécurité européenne et sur la nécessité d’investir massivement dans l’armement, donc développer une économie de guerre. Car c’est bien de ça qu’il s’agit et la paix serait au mieux selon les dirigeants européens une défaite, au pire un blanc-seing donné à Poutine… Si l’Europe est hors-jeu (la France n’en parlons pas), ce n’est que le juste retour des choses géopolitiques. Sous la tutelle des Etats-Unis l’Europe a fait le choix de la guerre, sans en avoir vraiment les moyens, plutôt que de la diplomatie et de la paix. Pour Poutine, l’intégration de l’Ukraine dans l’OTAN, après 30 ans d’expansion de cette machine militaire dans l’ancienne sphère d’influence soviétique, était une ligne rouge et un danger pour sa propre sécurité. Au lieu d’activer la déstabilisation avec l’Euromaïdan en 2014 et de pousser l’Ukraine à l’affrontement en 2022, les Européens auraient été plus inspirés de s’émanciper de la tutelle américaine pour envisager une organisation de sécurité, de désescalade et de coopération, de l’Atlantique à l’Oural comme disait De Gaulle…

Un million de morts plus tard, politiciens, médias, experts et âmes nobles devraient faire le bilan de leur soutien à cette stratégie de guerre qui apparaît crûment pour ce qu’elle est, une défaite cinglante et sanglante, une horreur. Et non seulement tout cet aréopage est incapable d’envisager autre chose que la confrontation avec la Russie, mais plus grave le parallèle est régulièrement fait avec les accords de Munich de 1938, y compris par des historiens ayant pignon sur rue…. Outre le fait que comparaison n’est pas raison, les conditions historiques étant différentes, les donneurs de leçon sur les plateaux médiatiques oublient de préciser qui a signé les accords de Munich et que la France, déjà antisoviétique, avait refusé de faire front avec Staline contre Hitler. En fait les Munichois d’hier, qui espéraient détourner les armées d’Hitler contre l’URSS, sont les Atlantistes d’aujourd’hui qui déclarent sans honte comme Macron que pour « être crédible face à la Chine », il ne faut pas « être faible face à Poutine » … La guerre toujours, comme seul vecteur de relation avec la Russie.

« En France, Munich fait consensus. La plupart des hommes politiques sont « munichois », et les hommes politiques « antimunichois » sont dispersés sur l’échiquier politique. La droite (sauf le député nationaliste Henri de Kérillis) et la gauche modérée (SFIO et radicaux) approuvent (sauf Jean Bouhey député SFIO). Léon Blum, bien qu’il vote pour les accords, est partagé entre « un lâche soulagement et la honte ». La signature est celle du radical-socialiste Daladier, président du Conseil. Seuls les communistes votent contre la ratification des accords à la Chambre, ce qui provoque la fin officielle du Front Populaire, bien qu’il ait déjà cessé dans les faits, et Daladier rompt avec les communistes (…). La France et le Royaume-Uni sont discrédités sur le plan international. L’Union Soviétique veut voir dans ces accords le risque d’un front commun occidental contre elle. Cette situation internationale nouvelle mènera aux négociations conduisant au pacte germano-soviétique d’août 1939 » (Wikipédia).

Aujourd’hui, donc, alors que la paix devrait occuper tous les esprits, politiciens, médias, experts de toutes sortes et âmes nobles issues du monde de la culture alimentent à l’excès le choix d’une résistance guerrière considérée comme juste, bien que meurtrière. Juste, car contre la Russie, ça fait tellement longtemps qu’on nous ressert cette évidence… Et tant pis si on laisse de côté 30 ans d’histoire, si on oublie le coup d’état de 2014 contre un président dénoncé pro-russe, la trahison de Hollande et Merkel sur les accords de Minsk (c’est un aveu de leur part) pour gagner du temps et permettre l’armement de l’Ukraine, la réhabilitation des nazis ukrainiens et de Bandera qui s’illustra dans la shoah par balles, la dé-communisation de l’Ukraine, les oligarques, la corruption, l’interdiction des partis d’opposition à la guerre, et la chasse aux communistes, aujourd’hui arrêtés et enfermés. N’en déplaise à Alexandra Goujon qui déclarait chez Guillaume Erner le 25/02/2025 « il y a une liberté d’expression en Ukraine et le président peut être critiqué ». Ben voyons…

On assiste dans toutes les émissions à un véritable lavage de cerveaux pro-ukraine, un matraquage inouï pour la confrontation militaire, le surarmement, alors que l’Europe, prise au piège de sa propre politique de surenchère militaire, de rapport de forces sans en avoir les moyens, et de refus absolu de discuter avec les russes, se retrouve complètement soumise au bon vouloir américain et aux foucades d’un Trump qui la traite comme on traite son vassal, par le mépris.

Didier Gosselin

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