Toujours dans le cadre du magazine du week-end voici un article proposé par Jakline Boyer, l’animatrice d’un des blogs les plus précieux sur la connaissance de la culture russe (Bordeaux-Moscou) qui a accepté de nous confier certains textes qui à la fois précisent la nature du problème et la manière dont la propagande occidentale le déforme jusqu’au grotesque. Je n’ai pas une grande sympathie pour Slobodan Despot, l’auteur de l’article, son côté grand serbe et le rôle qu’il a joué dans le soutien à la dissidence russe la plus droitière, mais le fait est qu’il semble avoir découvert la manière dont le capital et l’UE traitait le patriotisme, ce qui l’incite à écrire de véritables petits bijoux sur les “défenseurs de la démocratie” en occident, le spectacle indécent que ces gens-là ne craignent pas d’infliger. Michel Douglas, un soutien démocrate, dont le père Kirk, Spartakus, avait d’autres engagements joue les docteurs fol amour… Il n’est pas le seul et c’est par rapport à ce Hollywood nouveau maccarthysme assumé jusqu’au film catastrophe de série B qu’il faut apprécier le film de Coppola dont nous parlons aujourd’hui… Il y a un monde, c’est pas le même cinéma… (note de Danielle Bleitrach, traduction de Jakline Boyer)
https://bordeaux-moscou.over-blog.com/2024/09/michael-douglas-a-la-tete-du-pentagone.html
Publié le 28 septembre 2024 par Boyer Jakline
Voilà donc de larges extraits de l’article brillant et sans concession de Slobodan Despot, serbe d’origine et la mémoire en alerte, sollicitée par une actualité chargée. Lisez son Antipresse.
Un autre article de ce numéro commente la publication d’un essai allemand “Le temps des loups” qui retrace la situation allemande à l’issue de la défaite de 1945.
Décidément, lisez l’Antipresse. Présentation de chaque numéro le vendredi à 18h sur Youtube. Gratuit.
La fin du monde n’est qu’un film-catastrophe.
La société du spectacle est une génératrice de réalités de substitution, parmi lesquelles le réel «dur» — celui où l’on meurt pour de bon en sautant d’un avion sans parachute — n’est qu’un des scénarios possibles, et l’un des moins excitants par-dessus le marché. Frôler la destruction mutuelle assurée est beaucoup plus drôle.
Interrogé l’autre jour par LCI sur l’idée d’autoriser des attaques de missiles à l’intérieur du territoire russe, l’acteur Michael Douglas s’est indigné « de constater que la peur de la menace nucléaire freine une telle décision ».
On pourrait, avant toute chose, se demander pourquoi les acteurs sont consultés sur les affaires d’État. Demande-t-on aux généraux ce qu’ils pensent des scénarios d’Hollywood ? Mais celui qui pose la question signale par là même qu’il vit dans un autre temps et dans un autre monde. À une époque où un M. Séjourné est ministre des Affaires étrangères — et bientôt commissaire européen —, où une Mme Amherdt commande la défense de la Suisse, et où Mme Kamala Harris est sérieusement envisagée pour présider les États-Unis d’Amérique sans même devoir souffler dans un ballon, quel obstacle y aurait-il à ce que M. Douglas, si nécessaire, dirigeât le Pentagone?
Après tout, cette guerre nucléaire aurait pour but, officiellement, d’éviter la défaite de l’Ukraine, pays lui-même gouverné par un acteur comique, M. Zelensky, personnage façonné par un entrepreneur de spectacles, M. Kolomoïsky, et propulsé à la tête de l’État par le succès de la série TV Serviteur du peuple où il jouait son propre futur rôle de président.
Pour la bonne compréhension, ce dernier point : la représentation législative de l’Union européenne réclame officiellement, par 425 voix contre 131 et 63 abstentions, le bombardement des villes russes par les forces de l’OTAN — puisque les Ukrainiens ne pourraient en aucun cas l’effectuer tout seuls. Ce serait en tout cas compris comme tel à Moscou, ainsi que l’a expliqué quelques jours plus tôt, le 12 septembre, M. Poutine lui-même, traçant du même coup la première «ligne rouge» authentiquement russe depuis le début du conflit:
« Cela signifiera que les pays de l’OTAN, les États-Unis et les pays européens se battent contre la Russie. Et si c’est le cas, alors nous prendrons les décisions appropriées en réponse aux menaces qui pèseront sur nous. »
Cette mise en garde a été ignorée ou brocardée en Occident alors qu’elle constituait de fait une première. Les précédentes «lignes rouges» avaient été imputées aux Russes par les commentateurs occidentaux qui pouvaient ensuite crier : « Ils menacent, ils menacent, mais en fin de compte ne font rien » — sachant que si les Russes réagissaient, ils obéiraient alors à un scénario de guerre qui n’était pas le leur. C’est, entre autres, par ce curieux exercice de ventriloques dénonçant leur propre ventriloquie que les Occidentaux en sont arrivés au seuil de la guerre nucléaire…
… Dans beaucoup d’esprits, la notion de «guerre nucléaire» n’évoque pas la destruction matérielle définitive qui les attend au bout de l’ornière qu’ils sont en train de creuser, c’est un concept associé à d’autres concepts dans l’autoenfumage partiellement recouvert par le concept — encore — de «guerre de cinquième génération». Les Américains ont fait de la IIe guerre mondiale leur spectacle le plus fructueux, établissant le mythe de la puissance libératrice et bienveillante qui vole au secours de la démocratie menacée aux quatre coins du monde. Cela a si bien marché — grâce, en particulier, à l’industrie cinématographique — que les générations d’Européens qui n’ont pas connu la guerre ont fini par croire que le nazisme avait vraiment été vaincu à l’ouest, vers la Normandie et les Ardennes, et non à Stalingrad, à Koursk et dans la gigantesque opération Bagration, la plus complexe campagne militaire de tous les temps dont pratiquement personne sous nos latitudes n’a entendu parler.
Ceci détermine bien entendu toute la perception de l’histoire. Par exemple : si les Américains, au prix de 183 000 soldats morts sur le front européen, ont pu «mieux» combattre Hitler que les Soviétiques avec des sacrifices cent fois plus importants, ce n’est pas pour le public occidental un indice que le récit qu’on lui a enseigné ne tient pas debout, mais seulement la preuve que les généraux russes (ou soviétiques) sont des alcooliques incompétents et suicidaires qui ne savent rien faire d’autre que de pousser de la chair à canon au-devant des chars de l’adversaire. Or il se trouve qu’à la différence des années 1940, leur démographie est vacillante. Donc, que leur reste-t-il ? C’est le genre de raisonnement qu’a peut-être dû se faire M. Douglas. Il est identique, dans le fond, au raisonnement des stratèges du Pentagone, de Langley, de Londres ou de Bruxelles qui n’envisagent la guerre nucléaire que dans un scénario à sens unique où eux-mêmes s’en tireraient miraculeusement indemnes. On les a vus produire des simulations animées où la Russie était dévastée par une pluie de missiles balistiques — mais qui ne prenaient en compte aucune contre-attaque russe ! Le Kremlin en château de la Belle au Bois dormant…
• Cette funeste illusion apparaît particulièrement comique quand on songe à l’étendue comparée du territoire russe et de celui des pays de l’OTAN.
Face à l’inconscience de l’«Occident collectif», la plupart des responsables civils ou militaires russes ont beaucoup moins de tact que Vladimir Poutine.
Le 11 septembre dernier, dans une interview au journal Kommersant, le politologue Sergueï Karaganov résumait son argumentaire, qu’il promeut depuis longtemps déjà, sur la nécessité pour la Russie de s’autoriser la première frappe et de le faire savoir. Or Karaganov n’est pas un twitto-stratège. Président du Conseil de politique étrangère et de défense russe, doyen de la Faculté d’économie mondiale et d’affaires internationales de Moscou, membre de la Commission trilatérale, proche de Poutine et de Lavrov, Karaganov n’est pas un acteur de cinéma. C’est un homme d’influence qu’on écoute attentivement. Il soutient qu’en restreignant son arsenal nucléaire à un usage réactif de dernier recours (sur le principe de la main morte), la Russie s’accroche à une doctrine surannée, liée à la confrontation «stable» de la Guerre froide, alors que les États-Unis se sont très aisément affranchis de ces restrictions. Par sa retenue qu’il juge excessive, Karaganov estime que la Russie s’est de facto privée de son outil de dissuasion et, paradoxalement, d’un moyen de couper court à l’escalade incontrôlée.
« Notre doctrine actuelle ne remplit pas sa fonction de dissuasion et entrave les nombreuses autres fonctions utiles de l’armement nucléaire. Nous avons fini par persuader nos adversaires que pratiquement en aucun cas nous n’utiliserions l’arme nucléaire. »
Karaganov est considéré par beaucoup comme un va-t-en guerre nucléaire. À voir le comportement
des élites occidentales, on ne peut cependant que lui donner raison sur ce dernier point : manifestement, elles ne croient pas que la Russie ait le cran de basculer dans un domaine d’affrontement où elle est, de loin, la première puissance mondiale. C’est essentiellement dû, on l’a vu, à l’irréalisme délirant des dites élites qui n’entendent plus le langage de la raison. Face à cet écueil, les très rationnels dirigeants russes sont partagés entre deux approches radicalement opposées : la résilience tactique façon Poutine ou le seau d’eau glacée façon Karaganov.
Les événements qui viennent vont nécessairement dénouer ce dilemme. Du reste, comme nous l’avons déjà relevé (voir les Turbulences du 8 septembre), la Russie a bien annoncé qu’elle était en train d’adapter sa doctrine nucléaire aux circonstances — et elle a réactivé sa balise radio des temps de crise, célèbre sous le nom de code UVB-76.
Slobodan Despot.
80eme anniversaire de la Libération d’Auschwitz : la Russie n’est pas invitée par le gouvernement polonais.
Libéré à quel prix par les troupes soviétiques.
Déjà le 75eme anniversaire s’était déroulé sans la Russie.
Il me revient la colère, la rage de Maria Zakharova invitée dans une émission où elle brocardait la lâcheté de ces élites Baltes, polonaises qui réécrivaient l’histoire car désormais tous les combattants dans cette guerre terrible contre le nazisme étaient morts. “Mais nous ne les laisserons pas oublier. Jamais.”
Publié dans Guerre et Paix ? Non, guerre et guerre
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