Au même moment où l’on apprend qu’un athlète des Etats-Unis, un boxeur refuse d’aller concourir à Paris qui est dépeinte aux Etats-Unis comme une ville dangereuse à cause de l’immigration, la Chine mobilise l’imaginaire de sa population et celle de ses enfants dans le cadre des Jeux Olympiques de Paris 2024 qui a amené la capitale de l’art à un sommet d’échange d’art populaire. Nous vous avions décrit cette délégation d’enfants chinois venus célébrer les jeux olympiques mais aussi le 60e anniversaire des relations diplomatiques entre la France et la Chine, voici le résultat artistique de cette expédition à travers l’artiste chinois qui a permis cette rencontre. Fansack
Récemment, des milliers des idées créatives de graffitis réalisés par des enfants chinois sont « arrivées » à Paris. Avec l’aide de l’artiste chinois Fansack, à travers ces graffitis, ces enfants ont créé leur œuvre d’art de rue à Paris. Cette année marque le 60e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la France, et cette œuvre est une co-création inspirante entre enfants et artistes, qui témoigne du lien onirique entre la créativité chinoise, les éléments chinois et la culture parisienne.
Des milliers des idées créatives de graffitis réalisés par des enfants chinois ont été intégrés à l’art de la rue parisien© Fournis par Marie France
Pablo Picasso a dit un jour : « Il n’y a qu’un seul type de personne au monde qui peint vraiment, et ce sont les enfants. » Les enfants sont des artistes naturels et leurs gribouillages sont pleins d’imagination.
Les graffitis d’enfants ont toujours une forte touche artistique – des lignes irrégulières et des couleurs vives. L’artiste a emmené les enfants dans des lieux parisiens célèbres tels que la Tour Eiffel, le Louvre et l’Arc de Triomphe, ainsi que dans des cafés de rue, et ils ont installé leurs chevalets, utilisant les rues de Paris comme un studio pour créer leurs œuvres d’art. La beauté des yeux des enfants est condensée dans cette œuvre, qui comporte des éléments d’immensité tels que les étoiles, des éléments de dessins animés abstraits esquissés par de simples coups de pinceau, ainsi que des éléments aux caractéristiques chinoises tels que les fleurs de lotus.
Au centre de la peinture se trouve la silhouette d’un enfant. « Nous espérons ainsi préserver l’art du graffiti des petits artistes et accompagner les enfants pour qu’ils ressentent, explorent et créent. » Babycare, la marque mère et bébé qui a organisé l’événement artistique, a déclaré : « Nous croyons que les bébés ne naissent pas perturbateurs, mais artistes. Nous souhaitons également aux enfants du monde entier une joyeuse Fête des Enfants. »
Il est entendu qu’en plus d’amener des enfants à Paris pour créer de l’art du graffiti, Babycare a également conçu des graffitis comme emballage de produits et a présenté des crayons et du papier graffiti aux enfants qui aiment le graffiti, afin d’appeler la société et les familles à nourrir l’imagination innocente des enfants..
FANSACK – ARTIST
Fansack (庞凡) est un artiste chinois vivant depuis plus d’une dizaine d’années entre Paris et sa ville natale du Sichuan, Chengdu. Très actif notamment dans le milieu du street-art, il a su se faire un nom sur la scène contemporaine grâce à une importante productivité et de nombreuses collaborations. Nous avons ici le privilège de partager pour ACA Project notre discussion avec ce plasticien aux inspirations multiples.
ACA : Bonjour FANSACK. Vous vivez actuellement entre Paris et la Chine et avez réalisé une partie de vos études d’art en France, comme beaucoup d’artistes chinois de votre génération. Comment considérez-vous cette relation singulière au niveau artistique et culturel entre les deux pays ? Comment se manifeste-t-elle dans votre processus créatif et votre travail ?
Fansack : Les échanges entre la Chine et la France ont commencé au XIVe siècle et historiquement, les philosophies, les arts et les cultures de ces deux pays se sont mutuellement influencés. À mon avis, la Chine et l’Orient constitueront toujours une source de romantisme et de mystère pour les Français, tandis qu’à l’inverse, la France apporte à la Chine plus de rationalité, de spéculation et de passion.
Dans mes œuvres, je connecte toujours ces différents facteurs intentionnellement, comme dans “Paris in My Eyes”, où je juxtapose le logo du Paris Saint-Germain, considéré par les supporters parisiens comme une sorte de symbole religieux, aux flammes tantriques orientales. Cette association sert à accentuer l’idée de passion et de folie autour du football qu’il y a en France.
ACA : Et pouvez-vous nous parler du point de vue chinois d’aujourd’hui à l’égard de la culture française ?
Fansack: Je pense que la plupart des opinions des Chinois sur la culture française aujourd’hui sont principalement basées sur la consommation de marques de luxe. Avec par exemple l’événement de la fashion week et plus globalement les tendances relatives à la mode (notamment les nombreuses collaborations qui existent aujourd’hui entre des artistes contemporains et des marques de luxe).
ACA : Les voyages et les expériences sont-ils ainsi de véritables forces de création pour vous ? Vous avez récemment eu privilège de réaliser une fresque à Lhassa au Tibet, avant d’aller Mont Kailash (冈仁波齐峰), site sacré et l’un des lieux de pèlerinages les plus importants d’Asie. Comment s’est déroulée cette réalisation si particulière ? Êtes-vous autant inspiré par le monde extérieur d’aujourd’hui que par les symboles spirituels historiques et dans quelle mesure estimez-vous que votre art est lié à l’espace et à l’environnement qui vous entourent ?
Fansack : Je crois qu’il existe de nombreuses sources de créativité et les voyages et l’expérience sont sans aucun doute très importants. Effectivement, je suis récemment allé au Tibet pour effectuer un pèlerinage autour du Mont Kailash, qui est une circumambulation de trois jours. Au cours de ce voyage, j’ai pu rencontrer beaucoup de belles personnes, et ce qui me marqua c’est leur foi et le fait qu’ils respectaient et priaient la nature. La montagne sacrée est ainsi un véritable symbole pour moi, présente dans toutes mes œuvres récentes, elle représente le symbole du rêve et de l’âme. En effet, les éléments naturels, tels que la montagne ou les lacs, apparaissent depuis l’Antiquité au sein des différents cultes religieux.
Je me suis d’abord intéressé à Nyingmapa (Le Nyingmapa désigne la plus ancienne lignée du Bouddhisme tibétain, le terme « Nyingma » signifiant « ancien ») il y a de nombreux années, sous l’influence notamment de MC Yan, un musicien hongkongais indépendant considéré comme étant le premier grand “graffiti-artist” en Asie. Il pratique la tradition Nyingma depuis très longtemps. Par ailleurs, j’ai une amie tibétaine qui s’appelle Nyema Droma et qui tient le plus grand festival culturel qui a lieu chaque année à Lhassa. J’ai eu l’opportunité d’y être invité et d’effectuer une performance picturale à cette occasion. De plus, il y a quelques années, je me suis également rendu au Monastère de Samyé, qui est le premier temple de Padmasambhava, considéré comme le fondateur du bouddhisme tibétain. C’est ici qu’il aurait médité pendant 3 ans, 3 mois et 3 jours.
Il y a eu donc toutes sortes de karmas qui se sont réunis cette année-là, et c’est pour cela que j’ai décidé d’aller effectuer le pèlerinage du Mont Kailash. Bien sûr, le monde extérieur d’aujourd’hui est plus déchiré par les poursuites spirituelles, je pense que le monde actuel est plus susceptible d’inspirer les parties perverses chez les gens, mais en raison de cela, à notre époque, la sagesse est encore plus précieuse.
ACA : Lorsque nous nous sommes rencontrés, vous avez donc évoqué le fait d’être très inspiré par les différentes croyances dans vos processus créatifs, et plus particulièrement par le bouddhisme. L’iconographie bouddhiste est en effet quasi omniprésente dans votre travail et semble dépeindre une perception presque “délirante” de cette théogonie, où les éléments se confondent et entrent même en contact avec des composants de notre société actuelle. Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?
Fansack : Tout d’abord, la culture traditionnelle chinoise est basée sur le confucianisme, le bouddhisme et le taoïsme et dans l’histoire des échanges culturels entre la Chine et l’Occident, le bouddhisme a toujours joué un rôle très important. Par exemple, les deux types de personnes les plus courantes apparaissant sur les Routes de la Soie sont les hommes d’affaires et les moines, le moine le plus célèbre est Xuanzang (玄奘), l’un des plus grands traducteurs de soutras bouddhiques de l’histoire de la Chine.
À ce sujet, j’ai récemment créé une nouvelle œuvre, “The Walking Alien”, une œuvre réalisée à l’acrylique et qui représente un personnage mêlant des éléments de la l’iconographie traditionnelle bouddhiste à des éléments futuristes. À mon avis, les enseignements bouddhistes sont une philosophie sur l’essence de l’univers, de l’ego et de la mort. Cela me semble être quelque chose qui dépasse la religion, une technique pour l’amélioration humaine et son exploration est un thème chez tous les humains. J’espère alors que ce sens de la spiritualité pourra toujours se refléter dans mon travail. Le contact artistique que j’entretiens avec les composantes sociales actuelles est ainsi une manière de communication plus légère, plus intéressante et surtout plus contemporaine.
ACA : Quels sont vos prochains projets pour cette année 2023 ? Allez-vous continuer de produire entre la Chine et Paris ?
Fansack : Pour l’année 2023, Je prévois de faire une série d’œuvres appelées “Space ape” dans les rues de Paris. Je pense que tout le monde les verra bientôt. Bien sûr, je continuerai à créer et à exposer à Paris, en Chine et encore plus ailleurs.
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