Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

#GriGriPeople / L’article sur Léa Salamé à la plage que Corse-Matin aurait pu publier, par François de Negroni*

Il n’y a pas que la “négritude”, il y a nous dit cet article moqueur et amer, “la corsitude”… la gentrification de la méditerranée accompagne la misère de l’immigration… Les mêmes se veulent si proches de l’aborigène du cru quitte à se féliciter des bombes que sur l’autre rive on distribue en leur nom aux mêmes peuples quitte à jour après jour sur leurs médias nous vanter comme la guerre est jolie… Nous avons les mêmes à Marseille qui inventent l’authenticité en proclamant très couleur locale des “halles” sur le cours Estienne d’Orves ou dans le quartier du Camas, où la courgette est vendue au prix du caviar et où l’on croit être si proche du peuple marseillais dont on parodie les moeurs, mais là c’est le menu fretin de la gentrification, le couple Glucksmann Salamé joue la même pièce mais à un autre niveau. L’auteur de l’article parodique de Corse Matin aurait pu ajouter qu’une partie de la jeunesse locale corse s’est dans le sillage reconverti dans le deal de la drogue, on livre à la maison, c’est dire si le libéralisme libertaire a gagné, il n’y a même plus d’Etat, “L’authenticité” des zones de non droit où l’on se fait assez de blé pour pouvoir avec la fortune paternelle racheter comme BHL et Arielle Domballe le palais des plaisirs à Marrakesch. Nous sommes dans le monde de Glucksmann, celui où se confondent le juge, le flic et le gangster comme en Géorgie ou en Ukraine, celui qui est la mafia. C’est ça l’élite bobo, qui interdit la politique comme si “ennuyeuse”, ils ne seraient pas totalement tête à claque s’ils n’envoyaient pas comme le montre l’article du Spiegel que nous publierons demain à propos du front ukrainien des prolétaires mourir pour leurs petits arrangements… (note de Danielle Bleitrach histoireetsociete)

Publié le 7 Août 2019 par François de Negroni, Gri-Gri International in DétournementsGri-Gri People

(Photo Angèle Chavazas)

LE COUP DE FOUDRE DE LÉA POUR LE CAP CORSE !¹

« La Corse, je l’ai découverte par amour.

Dès nos premières rencontres, Raphaël

m’a dit : « Il faut que je t’emmène

voir mon paradis ».

Léa Salamé

La jolie Léa avait l’habitude de passer ses vacances dans les îles grecques. Mais depuis que Cupidon a fait feu de tout bois, la Corse est devenue sa nouvelle île de coeur. Plus exactement le Cap Corse, cette « île dans l’île ». Un choc. Stupéfiant ! Elle en parle avec des mots rares : « C’est sans doute l’endroit le plus sublime et le mieux conservé de la Méditerranée. La minéralité, l’âpreté, la violence même de la nature me désarçonnent à chaque fois ». Sinon, plus prosaïquement, c’est pour elle le moment hygiénique d’un grand lavage de cerveau, dès qu’elle retrouve la douceur apaisante des eaux turquoises, aux mille reflets argentés, qui longent les reliefs rocailleux et torturés de la côte : « Quand je la regarde, quand je m’y baigne, j’ai la sensation de me laver de tous mes soucis de l’année ».

Un hameau pittoresque qui descend en pente douce vers la mer, où, au couchant, l’astre du jour n’en finit pas de flamboyer… Nous sommes à Marinca, marine de Canari, le paradis de Raphaël Glucksmann. Point de problèmes ethniques de voisinage au sein de cette petite « communauté de destin ». La quasi-totalité de la population indigène a été chassée du paradis, par la misère, l’exil, l’indivision, et leurs maisons rachetées et restaurées avec tout le confort moderne par des étrangers, ou des continentaux. Des pinzuti, comme on dit ici. Mais Léa et Raphaël ne se considèrent pas comme tels. Et encore moins comme des people. Ils aiment, une fois sortis de leur enclave, échanger avec les gens du cru, tant qu’il y en a, et vivent simplement, posant leurs serviettes à même le sable, au milieu de vacanciers qui ne prêtent pas attention à eux. Le soir, ils vont déguster une soupe de poisson à la table de la famille Morganti, à Albo ; ou une côte de bœuf et une saucisse à la menthe chez Tony, à Canari. « J’y pense déjà dans l’avion », avoue avec gourmandise la journaliste politique, qui ajoute avec humour : « Si la mer est ma ligne d’horizon, l’horizon de ma ligne est tracé par ces deux grandes émotions culinaires ». La classe Léa ! Elle a le chic pour faire d’une silhouette courte et un rien replète un atout charme, là où ses consœurs sont en train de gémir sur leur IMC et de se soumettre à des coaching estivaux sévères, à base de sacrifices caloriques.

Son compagnon, légitimé par les deux générations familiales de colons qui l’ont précédé à Marinca, se range parmi les arbitres élus du goût  et se plaît à délivrer des brevets de capcorsitude : « Pour moi, le monde se divise en deux catégories, celle qui aime le Cap et celle qui ne l’aime pas ». On reconnaît bien là l’intransigeance binaire de notre jeune député européen engagé au service de la liberté, lui qui, en Ukraine, avait courageusement soutenu le camp américain et ses alliés néo-nazis contre les menaces impérialistes de l’autocrate Poutine. Mais qui n’aime pas le Cap, d’ailleurs ? Ce n’est nullement le cas, on l’imagine, de gens du même monde, des académiciens Jean-Marie Rouart et Barbara Cassin, du penseur pour dames Frédéric Lenoir, ou de tant d’autres célébrités, lesquels ont, eux aussi, choisi d’y construire leur paradis. Non. Seulement le fait de quelques franchouillards râleurs et bouffeurs de pizzas, style sac-au-dos et chaussettes enfilées dans les sandales, qui se plaignent des monceaux d’algues sur les plages, des méduses dans la mer, de l’anarchie des transports, des prix, de l’accueil. . . Et – un comble ! – s’offusquent du racisme antifrançais dont ils seraient les victimes. Ils imposent leur sans-gêne partout et incommodent notre homme de gauche et écologiste, hostile à un tourisme de masse symbole de pollution, néfaste à la Corse et à son environnement et même nuisible culturellement, l’exemple déplorable de ces débrayés mal éduqués tirant la population autochtone vers le bas. Le Front Populaire, dans sa folle générosité, aurait-il pu anticiper un tel saccage esthétique et l’incidence désastreuse des hordes de congés payés sur la préservation du patrimoine commun – sans parler des enjeux planétaires ?

Rien à voir, est-il besoin de le préciser, avec l’humble attitude d’un couple imprégné de l’âme des lieux, et qui sait se faire discret et respectueux face à la beauté sauvage de Mère Nature : « Sur la route de Marinca, nous nous arrêtons régulièrement, juste pour regarder en silence ». Pas de mots pour le dire. La Corse se mérite. Alors les caravanes peuvent bien passer, avec, dans leurs sillages, ces meutes braillardes vomies chaque jour, matin, midi et soir, par les ferrys. Aucune espèce invasive ne parviendra à troubler ces purs moments de grâce partagés. L’homme des justes causes et sa mie – une femme puissante – , seuls au monde, en totale fusion.

À Rogliano, sur la côte est du Cap, les anciens se souviennent de Raphaël. Encore gamin, il venait, avec ses cousins, profiter de la légendaire hospitalité insulaire, chez le père d’une amie de leur âge. C’était le prétexte à de périlleuses excursions dans le maquis, d’où il revenait harassé, couvert d’égratignures et, quoique le benjamin de la bande, la mine vaillante. Bon sang ne saurait mentir. Nul doute que le petit Gabriel, l’enfant de l’amour qu’il a eu avec Léa, soit déjà un Capcorsin d’adoption dans le coeur de la minorité de souche résiduelle mais conquise des Marincais..

¹ Détournement du portrait de Corse-Matin (2- 07- 2019)

François de Negroni

*Descendant de la noblesse corse, il s’interroge sur le sens de cette origine . Disciple de Henri Lefebvre qui fut son directeur de thèse (Paris X, 1977), proche ami de Michel Clouscard, il prolonge, dans ses travaux, les principes d’une critique marxiste des superstructures et de la vie quotidienne, s’attachant à approfondir les notions de « fausse conscience », de « violence symbolique », d’« imaginaire collectif ». Ses différents travaux procèdent d’une même approche incisive des micro-sociétés, groupes statutaires et autres fractions de classe. L’occasion de dévoiler les articulations entre les discours, leurs impensés et les stratégies de domination. À travers ses livres, comme Les Colonies de vacances ou Le Savoir-vivre intellectuel, il tente d’allier la clairvoyance du concept à la virtuosité polémique, par-delà les cloisonnements universitaires traditionnels. La mise en perspective sociologique, dont il critique d’ailleurs le néo-positivisme, voire la dimension contre-révolutionnaire, n’est pour lui qu’un moyen au service de ce projet.

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