Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

« LA TRANSITION VERS LA TRANSITION » ou COMMENT FAIRE POUR QUE L’IDÉE DU SOCIALISME DEVIENNE UNE FORCE MATÉRIELLE? par Jean-Claude Delaunay

Merci Jean-Claude d’avoir enfin et avec un humour que j’apprécie (l’ironie et la ténacité sont les vertus du bolchévique) abordé la réponse à ma question qui portait non pas sur le socialisme, en tant que transition, mais sur la manière dont nous pourrions envisager la transition vers la transition socialiste et ses difficultés. Il y a dans tes propositions des jalons théoriques que je partageais intuitivement et que nous mettions en œuvre dans ce blog. Tu proposes de développer “trois faits majeurs. Le premier est que la société française est structurée par l’impérialisme et non par «le capitalisme néo-libéral». Le deuxième est que l’impérialisme d’aujourd’hui est sensiblement différent de celui du début du 20e siècle et cela depuis une cinquantaine d’années. La prise en compte de la révolution scientifique et technique en cours donne sa pleine signification à cette affirmation et la consolide. Le troisième est que notre compréhension du socialisme doit évoluer en conséquence.” Et mille fois d’accord avec ton invite à amplifier notre lutte pour la paix. Cela dit nous ne pouvons pas ignorer que les guerres soient les grandes “accoucheuses” de l’Histoire, ne serait-ce que parce que le peuple accède aux armes, (les forces productives depuis la naissance des sociétés de classe pour renvoyer à un autre débat sur la “rareté”) une autre manière de revendiquer la paix, même si le capitalisme a ses armées de métier, si le dévoiement fasciste est sa logique, peut-être la question que nous n’osons même pas nous poser est la fin de la coexistence pacifique et d’une espérance quelconque dans le processus électoral de plus en plus conçu pour interdire le changement. De ce point de vue ce qui se passe en Amérique latine est à voir de près. (note de Danielle Bleitrach pour histoire et société)

LE PROBLÈME SOULEVÉ

On peut comprendre aisément que le socialisme doive être une forme de société assurant la transition vers le communisme. Mais encore faut-il que les masses populaires s’engagent dans cette voie. Il faut transiter vers la transition. Nous avons cru par exemple, que l’Union de la Gauche, dans les conditions de ce que nous appelions le Capitalisme monopoliste d’Etat, pouvait assurer cette transition vers la transition. Qu’en est-il aujourd’hui? Quelle est la transition qui mènera au socialisme? Tel est le problème que soulève Danielle dans l’un de ses récents billets : « Quel pourraient-être, en France, en 2023, la forme et le contenu de la transition vers cette société transitoire que nous appelons le socialisme ?».

Si, pour tenter de le résoudre, on fait l’inventaire de l’existant, il faut bien reconnaître que l’on débouche sur une conclusion plutôt pessimiste. Je repère les difficultés suivantes :

  1. Nous avons déjà essayé d’en «faire une», avec le Programme commun de gouvernement de la gauche et nous avons échoué.
  1. Au cours des quarante dernières années, le carcan européen s’est refermé sur nous.
  1. Nous sommes gouvernés par une grande bourgeoisie de plus en plus fascisante et prête à tout.
  1. Cette bourgeoisie fascisante a des petits copains, allemands, britanniques, nord-américains, polonais, ukrainiens, autres, qui eux aussi n’hésiteront pas une seconde à nous tirer dessus si le besoin s’en fait sentir, et s’ils le peuvent.
  1. Notre système électoral est totalement pourri et nous n’en tirerons rien.
  1. Nombre des combattants du système se sont retirés sur l’Aventin de l’abstention.

7. L’individualisme libertaire capitaliste nous a envahis et submergés.

Ces phénomènes (on pourrait en trouver d’autres) tiennent les masses populaires éloignées de la conclusion selon laquelle le socialisme serait une nécessité de notre temps. Ce sont des facteurs de «non-transition». Par ailleurs, je ne crois pas que les combats actuels pour des retraites décentes à un âge décent, aussi importants et nécessaires soient-ils, puissent renverser cette lourde tendance. Que faire dans ces conditions ?

Le socialisme serait-il une question d’audace ? «Osons le socialisme», disent, en effet, certains communistes. Mais, malgré les doutes que j’ai émis à ce propos, ne serait-ce pas plutôt une question de luttes ? L’expérience des combats menés à propos du régime des retraites, par exemple, ou celles d’autres combats, pourraient-elles progressivement nous y conduire ? Ou bien alors, serait-ce une question de confiance? En gagnant des mairies, en protégeant tant bien que mal les populations, en y vendant des légumes ou des fruits à prix coûtant par exemple, les communistes n’accroissent-ils pas le degré de confiance que leur accordent les classes populaires? Ne serait-ce pas également une question de niveau et de contenu de l’explication apportée relativement au socialisme ? Ne faudrait-il pas, par exemple, imaginer davantage ce que pourrait-être « le socialisme à la française » et approfondir cette notion, à propos de laquelle on a quand même déjà quelques idées ? Oui, mais la mise en place d’une transition effective vers la transition socialiste ne supposerait-elle pas, aujourd’hui, la reconstruction de “la gauche” ? Ou alors, cette transition vers la transition pourrait-elle se résumer à la reconstruction d’un PCF démocratique et de combat, tel que nous disposions de l’appareil dont nous avons besoin pour mener la lutte révolutionnaire ? Je ne mentionne pas, dans cette énumération, les partisans du «communisme déjà-là» puisque, pour eux, la transition socialiste n’aurait pas lieu d’être et donc a fortiori la transition vers cette transition.

Au total, à la question soulevée de savoir ce qu’il conviendrait de faire aujourd’hui en France pour engager réellement et concrètement le processus de construction d’une société socialiste, on observe que chacun apporte la réponse qu’il peut, mais que les réponses sont diverses et très hypothétiques. L’idée la plus communément acceptée est que la construction du socialisme ne sera pas facile. Mais il n’y a pas d’accord sur ce que pourrait ou devrait être la transition vers la transition socialiste. Il s’en suit que les chemins imaginés pour aider les masses populaires à prendre conscience qu’il serait de leur intérêt de construire une société socialiste sont divers, disparates, peu opérationnels.

Je me pose alors la question suivante : la théorie marxiste pourrait-elle nous aider à dessiner les cartes de cette navigation compliquée? Sans doute le marxisme n’est-il pas fiable à 100%. Mais cela ne tient pas à la théorie en cause. Elle est solide et elle a fait ses preuves, n’en déplaise à celles et ceux qui n’y connaissent rien. Cela tient aux limites de notre subjectivité. Et puis il faut trouver une réponse à la question posée, c’est vital pour le bien-être de notre peuple.

Essayons donc d’élaborer ensemble une réponse théoriquement fondée à la question soulevée par Danielle. Je vais énoncer quelques idées et puis je passerai le relais, si mes idées en valent la peine. On verra bien.

QUE SUGGÈRE LA THÉORIE MARXISTE A PROPOS DE

«LA TRANSITION VERS LA TRANSITION»?

Dans cette partie, j’aborde deux points.

Le premier est que le socialisme étant l’antithèse de l’impérialisme, si nous voulons, par la pensée, avoir une approche du socialisme dans notre pays, nous devons comprendre ce qu’est l’impérialisme. Nous devons comprendre en quoi et comment la grande bourgeoisie implantée en France participe du système général de l’impérialisme et en est, bien malgré nous, une partie prenante.

Mais il nous faut également développer la conscience de la nécessité du socialisme. Le deuxième point porte donc sur le socialisme. Et l’impérialisme d’aujourd’hui n’étant plus exactement l’impérialisme d’hier, (c’est ce que je me suis efforcé de montrer dans un texte récemment publié sur ce site), cela veut dire que le socialisme d’aujourd’hui n’est plus exactement le socialisme d’hier. Notre compréhension du socialisme doit évoluer et cela aura vraisemblablement un effet en retour sur notre compréhension de ce que devrait être, ou pourrait être, la transition vers la transition socialiste.

Je fais l’hypothèse que, à partir de ces deux points, on peut dégager le profil de ce que devrait être la transition vers la transition. Ce profil n’est pas exclusif des voies que j’ai précédemment indiquées (l’audace, la confiance, les luttes, les formes d’union, etc…) mais il les oriente, il les ordonne et parfois conduit à leur reformulation (l’union populaire au lieu de l’union de la gauche).

Premier point : Le socialisme est l’antithèse de l’impérialisme. Qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire? Est-il équivalent de dire que «le socialisme est l’antithèse du capitalisme»?

Dire que le socialisme est l’antithèse de l’impérialisme signifie, selon moi, que l’impérialisme crée les conditions de l’apparition du socialisme par les destructions qu’il engendre, sans construire par ailleurs les conditions de l’existence du socialisme.

Nous avons été un peu trompés par notre lecture de Lénine sur ce point. En effet, nous en avons déduit que l’impérialisme construisait de vastes systèmes bancaires, de vastes moyens de transport, de vastes ceci et de vastes cela. Et donc, que, dans les pays capitalistes développés, l’impérialisme était l’anti-chambre du socialisme, ou encore que le socialisme consisterait à mettre nos pieds dans les chaussons de l’impérialisme. Je crois que cette interprétation est erronée et doit être revue. En particulier, elle nous conduisait à ne pas comprendre pourquoi le socialisme avait pris racine dans des pays agraires industriellement sous-développés, et pas dans les pays impérialistes, par définition développés.

Ce que nous devons comprendre, me semble-t-il est que l’impérialisme, par les destructions qu’il engendre, crée les conditions de l’apparition du socialisme. Mais il revient au socialisme de créer les conditions (matérielles, politiques, culturelles, militaires) de son existence. Ces deux moments sont distincts.

Le mot «antithèse» signifie donc, d’une part, que la société dans laquelle prend forme l’idée du socialisme est traversée de contradictions si fortes, si antagoniques, si mortelles, que, pour être surmontées et résolues, ces contradictions doivent être plongées dans un contexte totalement renouvelé. Mais cela signifie d’autre part que cette société renouvelée sera celle dans laquelle le développement, économique, politique, culturel, scientifique, sera réalisé.

Je reprends ci-après cet énoncé très général de façon à mettre en lumière deux orientations distinctes nécessaires.

La première consiste à dire que la société nouvelle doit neutraliser et éradiquer définitivement l’antagonisme majeur dont l’impérialisme est le grand véhicule. Cet antagonisme majeur, c’est la guerre et la destruction mortelle, érigés en système de fonctionnement économique intérieur et de gouvernement mondial. L’impérialisme est, en effet, par essence, un système reposant sur la violence, la mort, la destruction, nullement créatrices. Avec l’impérialisme, nous sommes bien au delà de Schumpeter. Nous sommes dans la négation systématique et industrialisée de la vie. La mort est le métier de l’Impérialisme. Qu’il soit pendu haut et court.

La deuxième consiste à dire que la société nouvelle doit développer contradictoirement, pour le compte et dans des formes adaptées aux besoins du peuple et de la nation, et non pour le compte et dans des formes adaptées aux besoins du capital monopoliste (du très grand capital), les forces productives engendrées par ce même grand capital. La société nouvelle doit faire de ces forces productives des forces de vie et de libération alors que développés par les classes impérialistes, ce sont des forces de servitude et d’anéantissement.

Comment conclure ce premier point ? Je suggère de retenir les trois idées suivantes :

  1. Le concept de capitalisme est le concept d’une abstraction totalisante, visant à résumer un système qui fut «créateur relatif» à une certaine époque mais qui est aujourd’hui «destructeur absolu». Le socialisme est l’antithèse du capitalisme dans sa phase «destructrice absolue». Il n’est donc pas du tout innocent de situer la lutte des classes dans le capitalisme (ou comme on dit stupidement aujourd’hui, dans «le capitalisme néo-libéral») ou de contribuer à cette lutte en la situant dans l’impérialisme.
  1. Lutter contre l’impérialisme, engager la lutte pour le socialisme, consiste d’abord à lutter contre les destructions mortelles réelles et contre les idéologies de mort qu’il engendre. La transition vers la transition, c’est l’ensemble des explications et des actions dont le motif explicite est «la destruction de ce système de mort» qu’est l’impérialisme».
  1. Toutefois, la lutte contre l’impérialisme, c’est aussi la lutte pour construire la transition socialiste et en créer de manière solide les conditions politiques, économiques, écologiques, militaires, scientifiques, juridiques, culturelles, de fonctionnement. C’est notamment l’ensemble des explications et des actions dont le motif explicite est de retourner, réorienter, reprendre, développer, libérer les forces productives engendrées au sein de l’impérialisme et par lui, mais par lui aussi totalement dévoyées.

Or nous ne vivons pas exactement dans le même impérialisme que celui du début du 20e siècle. Nous sommes dans l’IMPÉRIALISME GLOBALISÉ. Puisque le socialisme est l’antithèse de l’impérialisme, est-ce que les changements que nous observons relativement à l’impérialisme ont pour effet de modifier notre conception du socialisme et notre approche de la lutte pour le socialisme? Quelle pourrait être l’incidence de ces changements sur les luttes pour le socialisme ?

Dans l’état actuel des choses, nous sommes prisonniers, comme des lapins, des phares de la voiture qui nous poursuit, nous aveugle et se prépare à nous écraser. Comment interpréter cette situation pour ne pas la subir? Comment en surmonter et en briser la contrainte? Comment l’écarter définitivement, en trouvant cette transition vers la transition qui, pour l’instant, nous fait défaut?

Deuxième point : L’impérialisme a évolué depuis les années 1970. C’était un impérialisme de nations. Cet impérialisme s’est globalisé, en même temps qu’américanisé et hiérarchisé, tout en développant des forces productives nouvelles. Quelles incidences sur la transition vers la transition socialiste et son double contenu ?

Malgré les tonnes d’idioties visant à illustrer chaque jour le déroulement des affaires du monde et à en déformer le sens, il serait superficiel de ne pas observer combien notre époque, tout en étant stupide, est intelligente. Nous, êtres humains, vivons aujourd’hui des événements nous conduisant à penser que l’Histoire est entrée dans une phase d’accélération. Nous sommes donc poussés à comprendre des situations inédites. De manière simultanée, nous constatons combien les interprétations peuvent diverger les unes des autres. Certes le monde se réveille et chacun dit quelque chose. Mais c’est un vacarme qui en sort, et ce vacarme n’a vraiment rien à voir avec les symphonies sonores de Beethoven, saluant la Révolution de 1789. Dans cet énorme “bruit”, le marxisme a peu de place et, paradoxe des paradoxes, quand il est évoqué, c’est pour engendrer des conclusions radicalement contraires. Tout cela est étrange.

Mais revenons à l’objet de ce texte. Pour ce qui me concerne, je crois, au cours des dernières années, avoir, dans mon système de pensée, vraiment compris trois faits majeurs. Le premier est que la société française est structurée par l’impérialisme et non par «le capitalisme néo-libéral». Le deuxième est que l’impérialisme d’aujourd’hui est sensiblement différent de celui du début du 20e siècle et cela depuis une cinquantaine d’années. La prise en compte de la révolution scientifique et technique en cours donne sa pleine signification à cette affirmation et la consolide. Le troisième est que notre compréhension du socialisme doit évoluer en conséquence. Je crois que ce troisième point est l’élément le plus important de la présente discussion, et peut choquer certains. Je vais donc m’expliquer à ce propos en abordant brièvement deux points.

Le premier point est que le socialisme est certes national. Il doit être pensé et construit comme tel. Mais il est aujourd’hui, plus et autrement qu’hier, plongé dans des rapports internationaux renouvelés.

  • Le socialisme doit être pensé comme national, aujourd’hui comme hier. D’un côté, l’Impérialisme contemporain cherche beaucoup plus qu’hier à détruire et à transcender les nations, pour mieux exploiter et dominer les peuples. Par raison contraire, c’est dans le cadre de leur nation que les peuples peuvent au mieux exercer leur souveraineté politique, et prendre les décisions qu’ils estiment conformes à leurs intérêts, tant au plan politique, qu’économique (rapports entre production et consommation), culturel et religieux.
  • Cela dit le contexte mondial est profondément renouvelé par les besoins de la majorité de la population mondiale (62%). L’Impérialisme cherche, encore plus qu’hier, car il est sorti, depuis les années 1970, de son cadre national originel, à dominer le reste du monde. Plus il se globalise et plus il est urgent pour ses agents monopolistes, de soumettre à leurs exigences tous les autres peuples, car le capital monopoliste se sent vulnérable. Mais l’Impérialisme ne parle qu’au nom d’une très petite fraction de la population mondiale, alors que sa globalisation a enclenché un processus désormais irréversible, à savoir l’aspiration générale des peuples au développement. Cette aspiration concerne au moins 82% de la population mondiale (pays sous-développés industriellement et pays socialistes), et certainement davantage si l’on considère qu’une partie importante de la population résidant dans les pays capitalistes développés est elle-même en situation de misère.
  • Il s’en suit que le développement national, quel que soit le régime dans lequel il prend forme, a fortiori lorsque ce régime est de type socialiste, doit être pensé désormais comme développement national et comme développement prenant place dans un contexte international. La lutte pour le socialisme, ainsi que le but de cette lutte, le socialisme, doivent refléter cette évolution. On peut certes concevoir «le socialisme à la française» comme une stratégie de développement franco-française. Mais dans ce cas, on va à contre-courant des tendances du monde. Celles-ci exigent d’abord, ou simultanément, de contrôler durablement ce Conglomérat Pluriel Américano-centré et Globalisé qu’est l’Impérialisme contemporain et ensuite d’inscrire le développement des nations extérieures à ce conglomérat dans un contexte mondial favorable à la coopération et aux échanges de toutes sortes.

Il y aurait infiniment plus que je l’ai fait, à réfléchir et à dire, sur ces aspects de la lutte contemporaine, en France, pour le socialisme et sur le socialisme lui-même dans le nouveau contexte mondial. Il serait par exemple intéressant, pour approfondir théoriquement cette réflexion, de reprendre la très ancienne discussion sur «la révolution permanente».

Je me borne à conclure que la conception nationale que l’on doit avoir aujourd’hui du socialisme, et par conséquent la lutte pour le socialisme dans un pays donné, ne peuvent être séparées de leur dimension internationale.

Cela dit, il me semble que la dimension internationale du socialisme, c’est je crois le point nouveau de mon propos, doit être elle-même un objet de lutte. Nous devons penser la dimension internationale du socialisme national comme le résultat d’une lutte spécifique, et non comme une simple modalité d’inscription dans l’existant, dans la mesure où le Conglomérat Pluriel de l’Impérialisme Globalisé est désormais la forme mondialisée de l’Impérialisme.

Le deuxième point, découlant donc de ce qui précède, est que le socialisme est, aujourd’hui, plus et autrement qu’hier, dépendant de la paix. Lutter pour le socialisme, c’est aujourd’hui plus qu’hier lutter pour la paix, pour l’établissement entre les nations de rapports sociaux durables de paix, de coopération et de respect mutuel. Un fonctionnement économique optimal, la prise en compte effective des évolutions climatiques, le contrôle mondial des pandémies sont les trois phénomènes que le socialisme doit promouvoir au plan international, leur traitement rendant nécessaire la mise en place de rapports sociaux de paix.

La paix acquiererait donc aujourd’hui le statut d’un rapport social indispensable. Ce ne serait plus seulement un état souhaitable. Ce serait un rapport social que nous devrions absolument imposer à l’impérialisme et à ses agents, puis institutionnaliser et garantir. Nous devrions élaborer une sorte de dictature mondiale des peuples à l’encontre de l’impérialisme tout comme le peuple, dans chaque pays, doit exercer une dictature nationale à l’encontre de sa grande bourgeoisie, et non nianiasser à ce propos, s’il veut construire durablement le socialisme. Il n’existe pas de solution intermédiaire.

La lutte de masse pour la paix et la coopération pacifique entre les peuples, pour le développement économique, pour l’attention portée au réchauffement climatique, pour la promotion de la santé au plan mondial, constituent, me semble-t-il, la réponse au problème soulevé par Danielle Bleitrach. Ce serait la véritable transition vers la transition socialiste.

QUELQUES MOTS POUR CONCLURE

Ai-je été clair? En laissant de côté les personnes qui, comme Bernard Friot, estiment que les sociétés développées sont déjà dans la maison du communisme et que, pour cette raison, nous n’avons pas besoin d’une transition socialiste pour y parvenir, la plupart des communistes français estiment, me semble-t-il, que le PCF doit contribuer à construire le socialisme. Nul ne met en doute que cette construction devra être l’affaire des masses populaires. Nous ne savons pas trop comment mais je crois que le principe ne soulève pas de problème.

Oui, mais comment créer un mouvement populaire suffisamment puissant pour rendre crédible ce choix de société? Plusieurs options sont proposées: 1) la voie électorale (il faut refonder la gauche); 2) la voie municipale (il faut conquérir des mairies et gagner ainsi la confiance majoritaire de la population); 3) la voie économique (il faut lutter, avec les syndicats, contre les attaques que le grand capital et ses représentants mènent avec constance contre les travailleurs; 4) la voie sociétale (il faut lutter contre le patriarcat, bien antérieur à la lutte des classes); 5) la voie morale (il faut oser). Curieusement, une franche sortie de l’Union européenne est sans doute la voie la moins explorée de toutes les voies envisagées, même si la sortie de l’OTAN est une option qui commence à prendre forme.

Est-ce que ces voies, qui ne sont pas exclusives les unes des autres, peuvent être efficaces, demande Danielle Bleitrach? Est-ce que ce sont de véritables transitions vers cette transition qu’est le socialisme?

Je me suis efforcé à mon tour de répondre à cette question en situant la France dans son véritable texte et contexte, qui est l’Impérialisme. Mais qu’est ce que l’impérialisme aujourd’hui? J’ai avancé la notion de Conglomérat Pluriel Américano-Centré et Globalisé, pour le décrire. J’ai essayé d’en déduire les principaux traits du socialisme pour lequel nous luttons et simultanément les principaux traits de la transition vers la transition socialiste.

Sur ce point, j’ai avancé deux hypothèses. La première est que le socialisme, antithèse de l’Impérialisme, n’était pas une forme indifférente à la structure dont il est l’antithèse. Cela signifie que si l’Impérialisme a évolué en se mondialisant, notre conception du socialisme doit évoluer. Elle doit à son tour être mondialisée. Le développement interne socialiste ne peut être disjoint des rapports internationaux entre les nations.

Ma deuxième hypothèse est que, dans la mesure où l’impérialisme s’est globalisé et mondialisé, il intervient dans les rapports internationaux, en sorte que le socialisme ne peut envisager ses relations externes qu’en les construisant contre l’impérialisme. C’est pourquoi j’ai avancé la notion de «rapports sociaux de paix», pour indiquer que la paix était désormais non seulement un état souhaitable mais une exigence du fonctionnement mondial.

La lutte pour la paix m’apparaît donc comme étant la forme que doit prendre la transition vers la transition socialiste. Le problème politique majeur auquel nous sommes confrontés aujourd’hui n’est pas de refonder la gauche. Il est d’unir, de façon immédiate, la majorité des Français pour durablement imposer des rapports sociaux de paix à l’Impérialisme globalisé.

Réussirons-nous dans cette entreprise? La question mérite d’être posée, puisque nos députés, et parmi eux, Fabien Roussel, défendent la guerre et soutiennent l’OTAN, quoi qu’ils puissent penser par ailleurs. Yves Dimicoli, que j’ai connu plus perspicace, engage Economie et Poltique dans le soutien à l’Impérialisme. Le Secteur International du PCF fait de même.

Les compte-rendus par Franck Marsal, sur ce site, du débat en cours parmi les communistes préparant leur 39e Congrès, apportent sans doute une certaine fraicheur dans cette ambiance lourde. Ainsi en est-il, par exemple, du texte signé par 168 militants, d’un âge moyen compris entre 25-30 ans (Histoire et Société le 11/01/2023), ou bien encore de la prise de position de la Fédération du Pas-de-Calais, relayée par Hervé Poly dans la presse nordiste, concernant la nécessaire lutte contre les forces de l’OTAN (Histoire et Société le 08/01/2023), ou bien encore certaines initiatives pétitionnaires que je soutiens totalement.

Nous engager, dans un tel contexte, à construire un vaste mouvement populaire en faveur de la Paix, c’est toutefois comme si nous cherchions à courir vite avec un boulet au pied.

Mais nous n’avons pas d’autre choix. Le port de Rhodes est en vue. Il va falloir que nous sautions et cela sans ambiguïté.

Ou bien nous dénions à la Fédération de Russie le droit de se défendre contre l’Impérialisme contemporain. Cela signifie que nous dénions à tout pays capitaliste autre que les impérialistes, le droit de se développer et d’être maître chez lui. La population de ces pays ne fait jamais que 62% de la population mondiale, un détail en quelque sorte. En prime, nous offrons tacitement aux Impérialistes le droit d’attaquer la Chine, un autre détail.

Ou bien nous condamnons clairement les actions follement guerrières du système impérialiste mondialisé contre les pays en développement et contre les pays socialistes ; actions dans lesquelles la grande bourgeoisie française est totalement impliquée, et nous organisons une lutte réelle pour la paix, avec la portée indiquée dans cet article.

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9 Commentaires

  • Michel Dechamps
    Michel Dechamps

    OUI, Je suis bien d’accord ! Mais le problème pour construire une autoroute il faut des moyens ,hors les dirigeants du PCF ont saboté TOUS LES OUTILS pour se battre contre le capital et lui dans le même temps il a développé les siens …Alors oui que faire Je pense qu’il faut en urgence se reaproprier l’outil N’1 Le Parti Comuniste!

    Répondre
  • Xuan

    Merci Jean Claude de rappeler une fois encore la question centrale de la prise du pouvoir.

    Parce qu’il ne s’agit pas d’autre chose je crois.

    Pardonnez-moi de rabâcher ma litanie, utiliser le matérialisme dialectique.

    Cela veut dire d’un côté partir de l’analyse des classes, de l’intérêt matériel des masses populaires d’une part, pour savoir qui sont les amis et qui sont les ennemis, quelle contradiction principale oppose qui à qui, comment résoudre les contradictions au sein du peuple, et non pas se poser des questions vaines sur le « peuple de gauche ».

    Et d’autre part de l’expérience pratique des millions d’hommes et de femmes de notre pays, l’expérience pratique de plusieurs décennies de stratégie électorale, de «démocratie» parlementaire, et d’une direction politique de la “gauche” aliénée à une social-démocratie aujourd’hui en voie de décomposition. Des décennies durant le PCF s’est condamné à pousser au cul inlassablement et vainement ce rocher de Sisyphe, qui l’a finalement écrabouillé.

    L’unité du peuple pour les intérêts du peuple n’est pas « l’union de la gauche ». Un front commun avec des partis bourgeois ou petit bourgeois, quels qu’ils soient, ne peut être que partielle et temporaire, conjoncturelle et non stratégique, parce qu’ils s’opposent tous au socialisme et que le socialisme est notre premier objectif.

    Deuxièmement, et pour prolonger la déclaration des JC, la prise du pouvoir ne s’oppose pas à la lutte économique et aux acquis sociaux mais elle s’y oppose aussi dans la mesure où elle est un saut qualitatif. C’est différent : c’est une révolution.

    Regardez la décision de nationaliser l’EDF. Quelles qu’en soient les suites elle démontre ce qu’écrivait l’Humanité au lendemain de la Libération : la nationalisation n’est pas le socialisme. Le socialisme c’est la prise du pouvoir.

    Et ce qui précède montre aussi que le pouvoir ne doit pas tomber dans les mains des sociaux-démocrates, ni se « partager » avec eux. Il n’y a jamais de partage du pouvoir entre les communistes et les anti communistes, entre la bourgeoisie et le prolétariat, quelles que soient les étiquettes dont peut s’affubler la bourgeoisie. Est-ce que la bourgeoisie partage son pouvoir ? Et qui doit prendre le pouvoir ?

    C’est le parti communiste qui doit prendre le pouvoir et lui seul, parce qu’il est le seul à pouvoir représenter les intérêts des plus larges masse. Et cela n’empêche pas d’autres de le suivre.

    Troisièmement la prise du pouvoir implique de bien étudier la situation sous tous ses aspects. Parce qu’il faut se préparer en fonction de tous les aléas. Dans une discussion ouverte au sein du réseau ‘faire vivre’ sur le ‘Manifeste du parti communiste’, un jeune avait conclu de façon péremptoire « je suis contre la violence ». Les communistes sont pacifiques, les plus pacifistes qui soient, mais pour être pacifique il faut être deux.

    Nous sommes dans un pays fortement centralisé, où la bourgeoisie dispose de puissantes armes de propagande elles aussi « centralisées », d’une police, d’une armée, et d’institutions ad hoc. Notre préparation de la prise du pouvoir devrait tenir compte de ces conditions historiques et nationales.

    Inversement la grande bourgeoisie précipite chaque jour des centaines de petits bourgeois, de professions libérales, d’artisans, de commerçants dans les rangs du prolétariat. Et la polarisation de la société croît sans cesse. Plus le temps passe plus le rapport des forces penche du côté de la révolution.

    Quatrièmement le parti communiste – pour jouer pleinement son rôle dirigeant – ne devrait pas être un « parti de masse » mais un parti qui organise les masses dans de nombreuses associations, organisations syndicales (et pourquoi dans un seul syndicat et non dans plusieurs pour aboutir à les réunifier par exemple ?), organisations des femmes, des jeunes (et pas seulement des JC), des immigrés, des réfugiés, des locataires, des chômeurs et précaires, des sans abris, des artistes, des intellectuels, organisations d’entr’aide, des artisans, des indépendants, des paysans, des pêcheurs et des policiers, des militaires…Sans se poser des questions existentielles sur les opinions et les philosophies des uns et des autres, mais en partant d’abord des intérêts de classe des plus démunis, et si possible dans des organisations déjà existantes. Il ne s’agirait pas de créer de nouvelles coquilles vides.

    En définitive c’est l’activité du parti communiste dans les organisations de masse, sa direction reconnue par les masses, qui résout la polémique sur le wokisme, la « convergence des luttes », le parti « gazeux » et autre sornettes.

    Il n’y aura pas un nouveau mai 68. Les jeunes ont changé parce que leur situation matérielle a changé. Et le « libéralisme libertaire » n’a plus de fondement matériel.

    Donc d’une certaine façon le parti communiste devrait à la fois s’ouvrir et se fermer. Se fermer à la bourgeoisie et s’ouvrir aux masses. Se fermer aux philosophies bourgeoises et s’ouvrir au matérialisme dialectique. Se fermer au réformisme et au gauchisme et s’ouvrir au marxisme-léninisme. Sortir du « peuple de gauche » et s’ouvrir au peuple réel.

    Répondre
  • Xuan

    Encore moi, parce que tes questions Jean Claude appellent aussi une réflexion sur l’impérialisme.

    Je ne reviens pas sur l’impérialisme de notre pays, c’est un élément essentiel pour la compréhension, mais sur la contradiction principale à l’échelle mondiale.

    A l’heure actuelle et à l’échelle du monde, la guerre en Ukraine concentre la violence armée et elle oppose l’intervention russe à l’armée ukrainienne. S’agit-il de la contradiction principale ? Nous dirons que c’est la forme la plus aigüe, la forme antagonique des contradictions à l’échelle du monde puisqu’il s’agit d’une guerre. Mais allons plus loin.

    Premièrement il faut remonter à l’origine du conflit, dès 2014, pour en comprendre les raisons. Bien avant et dès 1999, le bombardement de la Yougoslavie par l’OTAN nous indique que la fin de l’URSS n’a été que le début de la curée pour les appétits impérialistes, en brisant tout le bloc de l’est et en repoussant par six fois les limites de l’OTAN, jusqu’à parvenir aux frontières de la Russie et la menacer directement. Puis les pays de l’OTAN se sont engagés de plus en plus ouvertement dans le conflit par des sanctions économiques et financières contre la Russie puis par la livraison d’armes à l’Ukraine. On peut dire à présent que la contradiction principale dans le monde oppose l’OTAN à la Russie. Mais ce n’est qu’un aspect du conflit.

    Deuxièmement les USA ont recréé avec l’AUKUS[1] un OTAN bis dans le Pacifique visant militairement la Chine Populaire. Puis le Japon a été poussé à se procurer pour 320 milliards de dollars d’armement auprès des USA. Il vient alors que le conflit mondial vise toute l’Eurasie, avec la Chine Populaire en point de mire. Le 10 janvier 2023 l’accord OTAN/ UE vise simultanément la Russie et la Chine.

    Ainsi les USA ont rassemblé derrière eux derrière eux la vieille clique des pays impérialistes et néo colonialistes, qui rêvent de dépecer la Russie et la Chine. Cette alliance des impérialismes n’est pas une stratégie des pays du second monde mais exclusivement des USA.

    Troisièmement il ne s’agit pas de repartager le monde en zones d’influences. Comme le voulait Hitler en son temps, la guerre a pour objectif la domination du monde entier, cette fois au profit exclusif de l’hégémonie US, et en recyclant même des bandes nazies.

    Les USA veulent préserver leur hégémonie de la chute. Ils ruinent par la hausse des taux du dollar le développement des pays émergents. Ils leur imposent leurs diktats par les menaces et les sanctions, pour s’opposer par tous les moyens au monde multipolaire en train de naître.

     

    Quatrièmement Il s’agit aussi de briser et d’absorber les autres pays impérialistes, car il n’y a jamais d’entente entre les impérialistes, y compris lorsqu’ils sont vaincus.

    Le boycott de l’énergie russe et la destruction du gazoduc a contraint l’UE à payer plus cher le gaz de schiste des USA, et provoqué une crise énergétique et une inflation sans précédent, tandis que ‘l’Inflation Reduction Act’ veut aspirer les investissements européens[2].

    Enfin l’OTAN pousse l’Europe à s’enfoncer dans la guerre, et l’Ukraine à se saigner « jusqu’au dernier ukrainien », avec s’il le faut d’autres populations sacrifiées.

    La guerre hors limites des USA menace à la fois la paix et le développement économique du monde entier par les tentatives de découplage des chaînes industrielles et technologiques.

    L’hégémonisme US s’oppose en fait au monde entier, y compris à ses alliés, et telle est la contradiction principale dans le monde.

    Quel est l’aspect principal ?

     

    Les pays émergents ont très largement refusé de s’associer à la condamnation de la Russie par les pays impérialistes et s’opposent à l’impérialisme à des degrés divers. Ils constituent l’immense majorité de la population mondiale Progressivement ils constituent le front uni mondial qui s’oppose à l’hégémonisme et qui en viendra à bout.

    Il faut observer que le front uni mondial antifasciste alliait à l’URSS la France, la Grande Bretagne et les USA, les principaux pays impérialistes. Cette fois ces derniers sont unis derrière les USA et soutiennent son hégémonisme. Il paraît que la puissance hégémonique des USA et l’unité du camp occidental est l’aspect principal.

    Mais cette situation n’est pas stable. D’abord parce que les USA eux-mêmes oppriment leur peuple, parce que les pays impérialistes sont au bout du rouleau, parce que l’hégémonisme US les écrase, et que le monde multipolaire se lève. Ce qui est important n’est pas ce qui décline et qui meurt, c’est ce qui est en train de naître, y compris dans une multitude de vagues et de vents contraires. Nous avons déjà vu pas plus tard qu’hier que l’armée des bras cassés de l’UE renâcle à se priver d’armes lourdes, que cette semaine à Davos elle a prétendu rediscuter très timidement de ‘l’Inflation Reduction Act’.

    Si certains monopoles comme Total retirent des miettes, ce n’est pas l’intérêt des nations européennes et encore moins de leurs peuples.

    Cette contradiction n’apparaît pas au niveau des chancelleries et de la propagande de guerre assénée chaque jour par toute l’UE, mais elle se traduit par la vie chère pour les peuples d’Europe et se combine avec les contradictions de classe opposant les monopoles capitalistes à l’ensemble des masses.

    Aujourd’hui la lutte contre la vie chère et contre la guerre est à la fois un combat de classe du prolétariat et du peuple contre la bourgeoisie et contre l’hégémonisme US.

     

    Si l’aspect principal paraît être actuellement l’unité de l’occident contre la Russie, l’hégémonisme US sape lui-même les fondations de cette unité. L’aspect principal se transformera en aspect secondaire et le front uni mondial contre l’hégémonisme le remplacera. Les pays du second monde devront renoncer à leur folle aventure avec l’hégémonisme. Dans tous les cas ils rapprocheront l’heure de la révolution.

    [1] L’AUKUS (acronyme de l’anglais Australia, United Kingdom et United States) est une alliance militaire tripartite formée par l’Australie, les États-Unis et le Royaume-Uni. Rendue publique le 15 septembre 2021.

    [2] A Davos l’UE a critiqué très timidement « des tentatives agressives » pour attirer en dehors de l’Europe des industries liées aux énergies vertes. https://www.lefigaro.fr/conjoncture/a-davos-les-americains-vantent-l-ira-leur-plan-honni-des-europeens-20230118

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  • bickart
    bickart

    Tout à fait d’accord avec Jean-Claude Delaunay et toute priorité donné au combat pour la paix comme condition nécessaire à la transition de la transition.

    Il est cependant un point tout aussi fondamental et terriblement concret laissé de côté comme un trou noir . Quid de la création de la valeur, quid de la maîtrise sociale de plus-value ? : Comment et dans quelles conditions « rapatrier » la production sans laquelle il n’est ni indépendance, ni souveraineté, ni coopération ni classe ouvrière, ni vrai parti communiste révolutionnaire ?

    bravo pour ce blog.

    bertrand bickart

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  • CHALK
    CHALK

    D’accord avec Jean-Claude, même si il est très regrettable que l’initiative pétitionnaire n’ait pas pointé l’implication de la grande bourgeoisie française dans la guerre au lieu de parler « des seuls intérêts des USA ». Tout à fait d’accord sur les positions prises par Économie et Politique sur la guerre. Bonne nouvelle année chinoise aux camarades.

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    • CHALK
      CHALK

      Sont à regretter aussi les concessions à l’opportunisme dans l’argumentaire que j’ai relevées dans ma contribution au congrès

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  • Daniel Arias
    Daniel Arias

    Avec l’impérialisme, nous sommes bien au delà de Schumpeter. Nous sommes dans la négation systématique et industrialisée de la vie. La mort est le métier de l’Impérialisme.

    Pour tout à fait en prendre conscience en France il faudrait raviver la mémoire de ce que fût le STO imposé par l’Allemagne aux si dociles travailleurs français, un esclavage pur et simple. pour les population issues de l’immigration la mémoire de la colonisation peut être travaillée sous l’angle de la lutte des classes et de l’impérialisme et non comme aujourd’hui avec une vision réductrice au racisme sans remettre en cause la nature capitaliste du racisme et de la colonisation.

    En Europe nous ne sommes pas non plus à l’abri d’une transition néonazie qui gèlerait notre économie comme fût gelée celle de l’Afrique par le colonialisme et le néo colonialisme du FMI et de la BM, avec en Europe la violence nécessaire pour mater un peuple qui a connu un relatif confort.

    Il me semble que la lutte des classes pour la majorité des français est perçue comme une action de quelques militants contre les capitalistes, sans voir que l’activité principale de cette lutte des classes est à l’initiative de la bourgeoisie multiforme.

    Pour réaliser l’unité du peuple et non l’union de la gauche il faudrait populariser et vulgariser cette lutte, d’où la nécessité de repenser à un manifeste du parti communiste actualisé et pas dénaturé, le manifeste de 1848 a permis à des millions de militants dans le monde de comprendre les principes du capitalisme et de la lutte des classes.

    Dans les évolutions du monde contemporain la Chine est le nouveau pôle d’attraction et l’antagonisme mortel des États-Unis, la masse attirée par la Chine n’est pas à l’heure actuelle en France, mais dans les peuples des pays en développements qui opèrent un basculement de l’impérialisme occidental vers une Chine libératrice, ceci dans les pays qui comptent la plus formidable explosion démographique d’étudiants.

    Il me semble que ceux sont ces pays qui vont opérer l’effondrement de l’hégémonie américaine et non de part notre action politique dans nos pays sclérosés.

    Ces pays qui ont été libérés avec l’aide idéologique et matérielle de l’Union Soviétique qui avait bien intégré déjà la lutte anti impérialiste.

    La lutte anti impérialiste n’est pas nouvelle mais elle est plus aiguë et change de nature: si jusqu’à la seconde guerre mondiale la perte des colonies avait des effets limités aujourd’hui l’imbrication technologique des chaînes de production est un réel problème.

    Je te rejoins dans la nécessité pour la transition de penser les problèmes internationaux en relation avec les problèmes nationaux.

    Au congrès il me semble que les relations des communistes avec les partis frères est d’une grande importance stratégique.

    Je ne suis pas sûr que notre trop grande proximité avec le centre impérialiste nous laisse la place pour jouer un grand rôle.

    En 1789 la France était une grande puissance, en 1917 l’immense empire Russe n’était pas encore trop dépendant, sauf son aristocratie et bourgeoisie, des capitaux étrangers, la majorité des futurs Soviétiques étant des paysans, la Chine avait été dévastée par l’Opium britannique et français et l’invasion japonaise la lutte dans ces conditions ne pouvait être que victorieuse.

    Aujourd’hui les communistes Français pourraient encore avoir de l’influence dans le monde francophone à condition d’y apporter un peu d’intérêt et d’inviter les communiste francophones de l’étranger au débat et à la lutte.

    Si je ne me trompe pas notre principale imbrication économique est avec l’Allemagne elle même contrôlant l’économie du centre de l’Europe. Nous aurions intérêts à une coopérations active avec les communistes dans ces pays pour la promotion du socialisme.

    La transition socialiste de la France me semble inséparable de la transition socialiste dans l’Europe hors du cadre de l’UE ce qui imposera la destruction de l’UE et la construction d’une nouvelle coopération qui reste indispensable bien au delà de l’UE car il faudra y intégrer les pays fournisseurs de matières première principalement les ressources énergétiques. La solution ne peut pas être un PGE dans le carcan actuel de l’UE. Nous pouvons attendre une implosion de ce carcan de l’UE mais le centre impérial en a besoin pour imposer sa dictature ; il faudra pousser fort et ensemble pour le faire tomber.

    Pour cela il nous faut un secteur international compétent et surtout pas vendu à l’OTAN.

    Les secteurs international et économique du PCF sont stratégiques et c’est probablement là que nous sommes les plus défaillants.

    Ces secteurs doivent être à la pointe de la production idéologique pour favoriser l’unité du peuple, des travailleurs en France et à l’extérieur.

    Les militants communistes doivent reparler aux travailleurs français et aux sous-traitants étrangers par leurs propres organisations de travailleurs et aussi travailler les quartiers où vivent nos prolétaires, les enfants de l’immigration qu’il ne faut pas abandonner aux populistes sociaux démocrates.

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    • Xuan

      Depuis longtemps déjà, surtout depuis Reagan et malgré quelque chant du cygne gaulliste, la bourgeoisie française est proche de l’hégémonisme US. Sarkozy avait réintégré le commandement intégré de l’OTAN en 2009, et Hollande aurait même bombardé la Syrie en 2015 si Obama l’y avait autorisé.
      De cette même époque date l’effondrement du mouvement anti impérialiste dans notre pays.
      Certains monopoles français y trouvent leur compte et les USA constituent un débouché commercial dont ils ne peuvent pas se passer. Mais ça n’exclut pas de se faire plumer quelques pépites de technologie, ou d’allonger comme la BNP quelques milliards au racket des sanctions US. C’est ce que j’entends par unité et opposition.

      Ce serait un mal pour un bien si cette proximité toxique de la grande bourgeoisie, qui alourdit l’exploitation et l’oppression du peuple, unissait dans une même détestation notre impérialisme et l’hégémonisme US.
      En associant la lutte économique et celle pour la paix, le parti communiste pourrait renouer avec de glorieuses traditions comme la manifestation du 28 mai 1952 contre « Ridgway la peste » et la guerre de Corée.

      Comme tu dis, nous sommes aussi défaillants en économie que sur les questions internationales. Combien de pays européens n’ont fait – comme en France – aucune manifestation contre la guerre ? Même en Pologne un rassemblement à Varsovie a défilé pour la paix, avec des slogans en russe.
      Nous devrions avoir une idée des intérêts capitalistes en jeu dans les échanges internationaux de notre pays, dans le rôle à l’étranger de certains monopoles comme Total ou la BNP. 

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  • Jean François Dron
    Jean François Dron

    Et bien que voilà un questionnement et des éléments de réponse qui ouvrent une perspective de d’orientation décisive pour notre congrès. Je partage pleinement ce texte que je vais imprimer afin de le conserver. Merci Jean Claude et merci Danielle pour le publier.

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