Jean-Luc Picker qui a traduit cet article le commente ainsi : “je te livre cet article d’Al Jazeera. Il a l’intérêt de transcrire probablement très fidèlement le sens des propos de Vladimir Poutine au cours de cette conférence de presse. Un luxe d’information que les lecteurs de la presse otanesque ont perdu. Il a aussi l’intérêt d’indiquer au minimum une certaine impartialité de ce média central des pays du Golfe en direction de l’étranger. Une impartialité qui n’a pas toujours été acquise depuis février 2014 et qui traduit peut-être l’influence des contacts en cours en Arabie Saoudite entre la Chine et les pays arabes (voir article sur la visite de Xi à Ryadh). Sur le sujet principal, je me permets de te faire part d’une question qui me trotte de plus en plus dans la tête. S’il te plaît n’y vois surtout pas une ‘analyse’, à peine une piste de réflexion. On se demande quel est le but du ‘petrol cap’ puisque, de l’aveu de Poutine lui-même, le prix de 60 euros par baril est à peu près le prix du brut russe par voie maritime. Pour que cette manœuvre ait une quelconque ‘efficacité’, il faudrait que les prix du pétrole flambent au niveau mondial. Ne serait-ce alors pas en fait le but des Etats-Unis, relativement protégés par leur production locale ? Forcer la Russie à réduire sa production sera le meilleur moyen d’y arriver, en l’empêchant en même temps de profiter de l’effet d’aubaine que la flambée des prix procurera aux pays producteurs. La réduction de sa production n’affectera pas massivement ni la Chine, ni l’Inde, ni d’ailleurs un certain nombre d’autres pays émergents qui compenseront sans peine les pertes d’entrées financières que la Russie subirait du fait du tarissement de ses ventes européennes. Mais elle aboutira nécessairement à une augmentation massive des coûts d’importation du pétrole par les pays ayant mis en place le ‘petrol cap’” Devinez alors qui va payer le prix le plus cher en résultat de cette « stupidité » ? L’économie et les travailleurs européens seront en première ligne, comme avec le gaz. La fuite des investissements vers la mère impérialiste va se renforcer. Gageons-le, nous trouverons du pétrole bitumineux à la pompe. En provenance du Canada, gracieusement servi par Shell, Chevron….. Nos écologistes seront ravis, comme ils l’ont été par les livraisons de GNL états-unien qui inflige 4 fois plus de dégâts à l’environnement. A peu près comme le pétrole bitumineux. En attendant de nous réjouir avec eux, il faudra changer la mobylette pour le vélo afin de se rendre au travail, pendant que nos dirigeants politiques nous somment d’applaudir à la mise en coupe réglée de l’UE. Vive la défense de l’Ukraine démocratique !!!! (note et traduction de Jean-Luc Picker pour histoireetsociete)
Le président a aussi déclaré que d’autres échanges de prisonniers avec les Etats-Unis pourraient être envisagés dans le futur et que les armes supersoniques russes suffiraient à défendre le territoire s’il venait à être attaqué.
Le président Poutine lors de sa visite à Bishkek, Kyrgyzstan, le 9 décembre 2022.
Publié le 9 décembre 2022 dans AlJazeera
https://www.aljazeera.com/news/2022/12/9/putin-threatens-production-cuts-over-oil-price-cap
Lors d’une conférence de presse à l’occasion de sa visite à Bishkek pour un sommet régional dans la capitale du Kyrgystan,le 9 décembre 2022, le président Poutine a renforcé le message : « j’ai déjà dit que nous ne vendrons tout simplement pas de pétrole aux pays qui prennent de telles décisions ». « Nous considérerons si une réduction de notre production est opportune » a-t-il ajouté. Selon lui, l’imposition d’un prix plafond pour le pétrole russe est « une décision stupide » qui « impactera négativement les marchés mondiaux de l’énergie ».
Poutine a aussi profité de cette conférence de presse pour aborder un certain nombre de points d’actualité :
- « Qui est ce Yashin ? » a-t-il demandé, répondant à la question d’un journaliste sur le leader d’opposition Ilya Yashin, 39 ans, qui vient d’être condamné à 8 ans et demi de prison pour avoir répandu des ‘fausses informations’. Yashin était accusé d’avoir remis en cause le narratif du Kremlin au sujet des atrocités commises dans la ville de Boucha au nord de la capitale de l’Ukraine. Selon le Kremlin, les reportages publiés relèvent de la fabrication et de la provocation contre la Russie. Poutine a ajouté qu’on ne devrait pas mettre en doute la décision d’un tribunal.
- Au sujet du récent échange de prisonniers entre la Russie et les Etats-Unis (Brittney Griner, basket-balleuse états-unienne a été échangée contre le marchand d’armes Viktor Bout), le président russe a confirmé l’existence de contacts entre les services secrets des deux pays et que de futurs échanges restaient possibles. « Les contacts continuent. En réalité ils ne se sont jamais arrêtés…. Nous ne sommes pas opposés à ce que ce travail continue dans le futur ». La Russie détient toujours Paul Whelan, un ancien marine de l’armée US qui a été condamné pour espionnage en 2020 au cours d’un procès que les diplomates états-uniens ont qualifié d’injuste et d’opaque.
- Poutine a réaffirmé que la stratégie nucléaire russe interdisait une frappe préventive, à la différence des Etats-Unis. Il a rappelé à ce propos que si la Russie venait à être attaquée, les armes supersoniques dont elle dispose lui permettrait une réponse sans faiblesse.
- Le dirigeant russe n’a pas hésité à parler des problèmes d’approvisionnement en équipement et en uniformes pour les milliers de troupes qui ont été levées au cours de la mobilisation pour renforcer le front en Ukraine. Il a affirmé que les problèmes rencontrés pour équiper les 300.000 conscrits en septembre et en octobre étaient maintenant en voie de résolution.
- Poutine a exprimé sa « déception » devant les commentaires livré à un journal allemand par Angela Merkel où elle avoue que les accords de paix visant à régler le conflit déclenché en 2014 en Ukraine orientale avaient été une solution pour « donner le temps » à l’Ukraine de construire ses défenses. Les séparatistes avec le soutien de la Russie s’étaient emparés d’une partie de l’Ukraine orientale après l’annexation de la Crimée par la Russie. Les accords de paix n’ont été mis en pratique que partiellement.
- Enfin, le président Russe a réaffirmé que le but de la Russie est de mettre en place un accord de paix au sujet de l’Ukraine, mais qu’il se sent trahi par la décomposition des accords de Minsk, où la France et l’Allemagne qui s’étaient positionnés comme médiateurs ont trahi la Russie et continuent aujourd’hui à déverser des armes sur le régime de Kiev.
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