Le financial Times révèle une réalité que Washington tout à ses rêves bellicistes refuse de voir: l’espérance de vie n’a cessé de reculer aux Etats-Unis et elle est désormais inférieure à celle de la Chine. La démographie est en matière de sciences humaines celle qui se rapproche le plus de “l’objectivité” des sciences naturelles et qui dit souvent l’état réel d’une société, ici c’est l’indication d’une crise profonde alors même que les États-Unis portent partout dans le monde guerre, misère mais organisent les crises de telle sorte que ce soient des effets par procuration, c’est une crise interne qui produit cette tendance. Nous avons le miroir de la civilisation chinoise et la rencontre entre deux systèmes y compris avec le petit Cuba. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)
Ces dernières années, l’espérance de vie n’a cessé de reculer aux États-Unis : elle est désormais inférieure à celle des Chinois. Une crise nationale aux racines profondes, pourtant largement ignorée à Washington.Financial TimesTraduit de l’anglaiss Publié le 05 octobre 2022 à 05h00 Lecture 3 min.
[Cet article est extrait du hors-série n°91 de Courrier international consacré à “la bombe démographique mondiale”]
Le recul de l’espérance de vie n’est pas, a priori, une menace pour la sécurité nationale aux États-Unis. Pourtant, quand cet indicateur chute aussi vite que dans ce pays – les Américains vivent presque cinq ans de moins que la moyenne dans les pays riches –, même le Pentagone doit s’en soucier. Avec une espérance de vie de 76 ans, les Américains vivent désormais moins longtemps que les Chinois et une année seulement de plus que les citoyens du Mexique, ce pays prétendument attardé. Les populations japonaise, italienne et espagnole ont une espérance de vie d’environ 84 ans. La longévité est l’ultime révélateur du bon fonctionnement d’un système, mais personne – démocrates, républicains, présidents ou parlementaires – ne semble s’en préoccuper.
Les Américains ne s’intéressent-ils plus au temps qu’ils ont à vivre ? La réponse est si, évidemment. Mais si cette situation les préoccupe, cela ne transparaît nullement dans la vie politique du pays. C’est comme si Washington avait décidé d’ignorer la question, alors qu’elle révèle des tendances profondes sous-jacentes aux malheurs de la démocratie américaine. Les expressions telles que “morts de désespoir” et “épidémie d’obésité” sont courants, mais le recul de l’espérance de vie semble un sujet trop vaste pour que Washington s’en saisisse. Une baisse a été enregistrée durant six des sept dernières années ; entre 2014 et 2022, près de trois ans d’espérance de vie ont été perdus. La dernière fois qu’elle avait reculé sur plusieurs années consécutives, c’était pendant la Première Guerre mondiale. Dans les autres démocraties, un tel phénomène déclencherait un débat national.
Un sujet passé sous silence
Comment expliquer cette indifférence américaine ? Les principales causes de la trajectoire morbide des États-Unis sont délicates politiquement – la hausse de l’obésité, la crise des opioïdes et le Covid. Plus de 40 % des adultes américains sont maintenant considérés comme obèses, et ce chiffre continue de grimper. Plus de la moitié des adultes américains souffrent d’une maladie chronique, dont la plupart sont associées à l’obésité – le diabète, l’hypertension et les troubles cardiaques. Ces facteurs expliquent en partie le taux anormalement élevé de mortalité due au Covid. Près de deux tiers des Américains hospitalisés en raison du Covid souffraient d’au moins un antécédent médical, et le virus attaquait ainsi sur un terrain favorable.
Reste que la lutte contre l’obésité est peu avantageuse politiquement. Insulter près de la moitié de la population majeure n’est pas le meilleur moyen de décrocher des votes. Le sujet hérisse l’électorat républicain. Les comtés ruraux les plus pauvres que Donald Trump a presque tous remportés en 2016 et 2020 ont des taux d’obésité bien plus élevés que les villes. D’ailleurs, les comtés qui ont enregistré le plus fort recul de l’espérance de vie étaient ceux les plus susceptibles de voter pour Trump.
Tristement exceptionnel
Les démocrates ne sont pas plus incités à en parler. La crise des opioïdes touche de façon disproportionnée des régions qui ont cessé de voter pour ce parti depuis longtemps, en particulier dans les Appalaches. Parallèlement, la grossophobie a rejoint la liste des tabous de l’Amérique progressiste. Le mouvement qui défend l’acceptation des personnes en surpoids gagne du terrain.
Tôt ou tard, les États-Unis devront pourtant ouvrir les yeux. Lors d’une audition parlementaire, un général des marines a témoigné que l’année 2021 avait sans doute été “la plus difficile de l’histoire du recrutement”, principalement parce que les jeunes américains ne réussissent pas les épreuves physiques de l’armée.
Le pays est aux prises avec d’autres facteurs de mort précoce, notamment les accidents de la route et la violence par armes à feu. Mais l’association des maladies chroniques courantes et des morts par overdose fait des États-Unis une exception dans un mauvais sens. Comme les soins par habitant y coûtent 53 % de plus qu’en Suisse – le deuxième pays où ils sont le plus chers –, on voit aussi que les Américains sont loin d’en avoir pour leur argent. Même les systèmes de santé relativement sous pression, comme la NHS au Royaume-Uni, donnent de bien meilleurs résultats. L’espérance de vie britannique est de presque 82 ans.
Déserts alimentaires
Nous en venons ainsi au défi du mode de vie américain. Au moment où les gens bataillent avec leur assureur depuis leur lit d’hôpital ou peinent à financer leur longue liste de médicaments, en raison des inégalités en matière de couverture médicale, il est déjà trop tard. Le problème des États-Unis porte autant sur l’absence de prévention que sur l’accès aux soins. Les Américains font relativement peu de sport, consomment une quantité faramineuse de sucres et de matières grasses, et ne s’en inquiètent pas puisque autour d’eux tout le monde, ou presque, en fait autant.
Il serait malvenu de reprocher aux gens un manque de volonté. La malbouffe coûte bien moins cher aux États-Unis qu’une alimentation saine. Certaines régions pauvres du pays sont, à juste titre, qualifiées de “déserts alimentaires”, car on n’y trouve aucune nourriture qui soit bonne pour la santé. Les cantines scolaires veillent à ce que ces mauvaises habitudes s’enracinent de bonne heure. Taxer les boissons sucrées et les formats démesurés de la restauration rapide serait utile s’il y avait une offre bon marché en remplacement. La taxation dissuasive a fonctionné pour le tabac.
Sur ce terrain, le président cycliste, Joe Biden, qui dépasse de presque quatre ans la durée de vie moyenne de son pays, pourrait faire de son âge un atout. Pour commencer, il serait bien inspiré d’aborder franchement la crise nationale de mortalité.
Edward Luce
Lire l’article originalource de l’article Financial Times (Londres)
Fondé en 1888 sous le nom de London Financial Guide, un journal de quatre pages destiné “aux investisseurs honnêtes et aux courtiers respectables”, le Financial Times est aujourd’hui le quotidien financier et économique de référence en Europe. Il n’y a pas une institution financière ou banque digne de ce nom qui ne reçoive un exemplaire de ce journal britannique immédiatement reconnaissable à son papier rose saumon.
Racheté par le groupe japonais Nikkei en 2015, le “journal de la City” voit son nombre d’abonnés à l’édition papier s’éroder peu à peu (155 000 en février 2020), mais compte plus de 740 000 abonnés numériques ; 70 % de son lectorat réside hors du Royaume-Uni.
Plus de 600 journalistes répartis dans plus de 40 pays collaborent au titre.Lire la suite
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pedrito
Faut-il les plaindre? Faut-il s’en plaindre?
daniel GENDRE
Récemment dans un magasine de santé, on pouvait lire ceci à propos des Etats-Unis ;
« Les États du sud-est du pays, plus pauvres, comptent davantage de diabétiques que ceux du nord. Par ailleurs, les personnes qui ont fait des études supérieures sont moins susceptibles d’être malades que les personnes qui n’ont pas dépassé le niveau du bac (7% contre 12%). »
Plus pauvres et moins instruits, tient, tient…
Laissons le terme « plaindre » au pape, c’est son fond de commerce, et préférons-lui celui de « lutter ». En effet, il se passe actuellement nombre de choses intéressantes au sein du prolétariat américain qui appellent notre solidarité. Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !
Alain Girard
Chacun a ses mots, le pape a une conscience , semble t’il assez aigue de la situation des peuples en général et de ce qui est le responsable des malheurs du monde. POur avoir milité et rencontrer encore des militants cathos de gauche, ces paroles là comptent beaucoup pour eux car cela les rapproche de leurs engagements militants justement.
C’est moins dur quand le chef est en conscience, en tant que communiste j’adorerais une telle prise de conscience de certains dirigeants de mon parti lol.
L’église catholique et pas que, est également en ce moment un camp d’affrontements au sens politique, c’est un enjeu crucial, notamment dans les pays d’Amérique latine.
Le sabre et le goupillon est une alliance redoutable, détachons l’un de l’autre et cela ne saurait être que bénéfique au mouvement ouvrier pendant que la Hidalgo et sa majorité veut faire du scaré coeur un monument classé aux monuments historiques prétendant ne pas effacer la mémoire de la Commune par l’existence d’un square Louise Michel…
Je préfère mon curé retraité ici, il faisait le piquet de grève avec les mineurs de fer, il est aux côtés des sans papiers avec ses mots mais surtout avec un engagement sans faille.
Anecdote” il y a longtemps, il envoie un message privé aux congressistes du PCF en Meuse.
Bingo, la direction fédérale rend la chose publique, imaginez en Meuse ils poursuivaient les communistes avec des fourches après guerre…
Alors convoqué chez son supérieur, évêque comme se doit.
“Enfin Jean Perrin, avec les communistes, c’est pas possible”
et Jean de répondre:
“cela doit être la volonté de dieu !”.
daniel GENDRE
Un rebelle est un rebelle
Nos sanglots font un seul glas
Et quand vient l’aube cruelle
Passent de vie à trépas