Sur proposition de Marianne, dans le cadre des débats de ce blog, nous nous permettons de publier ce texte de Franck Marsal. Ce camarade a en effet un remarquable esprit de synthèse et une clarté gauloise” comme disait Marx des Français, qui a le don de faire le point sur le stade atteint par le dit débat. En particulier une reprise du “socialisme à la française” dans la logique non pas seulement nationale, ni eurocommuniste mais bien de l’existence même du socialisme avec le rôle joué par l’URSS. (note de danielle Bleitrach pour histoireetsociete)
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Je suis en train de réfléchir et d’essayer d’écrire quelque chose sur cette vieille question du “socialisme dans un seul pays”, qui opposa notamment Staline (qui disait: nous pouvons et nous devons établir le socialisme en Union Soviétique) et Trotski qui rétorquait que “construire le socialisme dans un pays isolé, coupé du marché mondial était impossible” et qu’il fallait hâter la révolution mondiale par tous les moyens car c’était la seule chance de survie du socialisme soviétique. (cette question n’était pas nouvelle, plutôt nouvellement posée : il y eut, peu avant, entre Lenine et divers sociaux démocrates européens et russes le débat de savoir s’il était possible de voir triompher une révolution socialiste dans un pays arriéré comme la Russie tsariste ou s’il fallait se limiter à une révolution “bourgeoise”, établissant le capitalisme démocratique).
Il me semble que nous avons maintenant le recul de l’histoire, le résultat de l’expérience pratique. Le marxisme est une pensée scientifique et à ce titre, seule l’expérience historique permet de trancher ces questions fondamentales. Or, nous disposons aujourd’hui d’une expérience historique assez complète qu’il est très important d’exploiter. Ces questions théoriques sont comme le fil qu’on peut tirer pour dérouler des pelotes très enchevêtrées …
- Nous pouvons constater qu’il y a eu des tentatives de révolutions socialistes dans beaucoup de pays au 20ème siècle et que, malgré les facteurs unifiant comme deux guerres mondiales, l’existence d’un large système colonial international, ces tentatives et ces révolutions ont toutes eu lieu principalement dans un cadre national. Il y a eu de l’internationalisme (L’URSS, la Chine, Cuba ont aidé, armé, formé, financé de nombreuses luttes, de nombreux pays, ont été aidés également) mais il y a eu non pas UNE révolution internationale, mais DES révolutions socialistes menées dans un cadre national, liées entre elles par divers lien mais séparées dans leur issue et leur devenir.
- Les révolutions qui ont réussi ont toutes eu lieu dans des pays qu’on appellerait aujourd’hui “en voie de développement” (on ne dit plus “arriérés” ), avec une forte économie paysanne, rurale, artisanale, une faible industrie (ce qui ne veut pas dire sans prolétariat) et une insertion difficile sur le marché mondial. Très souvent, les révolutions socialistes du 20ème siècle ont donc l’enjeu du développement et une forte composante de révolution pour l’indépendance, soit directement la libération d’un système colonial, soit l’acquisition, comme à Cuba d’une véritable liberté face à un contrôle étranger qui ne s’assume pas comme colonial mais en a de nombreuses composantes.
- Pour l’essentiel, ces révolutions se sont déroulées dans un petit nombre de pays, répartis sur 4 continents (Europe, Asie, Amérique latine et Afrique). Ces pays se sont donc retrouvés isolés par rapport à leur environnement, en proie à l’hostilité économique et militaire des pays dominants mais aussi pour partie de leurs voisins proches. C’est dans ce contexte qu’ils ont dû à la fois réaliser des tâches d’établissements d’un cadre politique et institutionnel national (ce qu’on appelle “la révolution démocratique”) et entreprendre la construction d’une économie de type socialiste, de type dirigée, avec un long processus couvrant l’ensemble des secteurs économiques, visant à créer des pans entiers d’un système industriel à partir souvent d’une page blanche.
- Enfin, quatrième et important aspect, cette phase historique des révolutions socialistes du 20ème siècle s’est déroulée sur plusieurs générations. J’ai tendance à catégoriser une phase historique qui commence en 1817 avec la révolution bolchévique et se termine dans les années 1970 avec la victoire vietnamienne. La révolution iranienne de 1979 est pour moi un sujet de questionnement non résolu à ce jour, atypique et qu’on ne peut pas qualifier de socialiste, même si, elle présente un certain nombre de traits communs. Les événements qui se déroulent ensuite, comme le Chavisme au Vénézuela ou la Bolivie témoignent d’une autre époque.
Enfin, ces caractéristiques des révolutions socialistes du 20ème siècle ont le caractère d’une tendance générale. De plus, aucun autre processus historique majeur ne peut significativement être établi à cette période comme un fait historique. Quelques pays ont pu connaître un développement capitaliste, comme la Corée du Sud, Taïwan, Israël. Mais ce sont à mon sens des exceptions avec souvent la particularité d’un fort soutien financier, technologique et même militaire des pays capitalistes dominants. Pour le reste, l’essentiel des pays des continents en question ont subi le piège du développement empêché.
A l’inverse, si l’on veut bien comparer ce qui est comparable (c’est à dire ne pas évaluer les pays socialistes sur la base d’une comparaison avec des pays capitalistes déjà développés, mais plutôt avec des pays partant au même stade de développement) il est clair que les pays socialistes ont dans leur ensemble un développement économique, industriel, agricole, scientifique, social, sanitaire … tout à fait remarquable, malgré des conditions extrêmement difficile.
Donc, sans rentrer (ici)dans le détail d’une analyse fouillée (mais qui méritera d’être développée, je pense qu’on peut valablement affirmer que Lénine avait raison et que non seulement ces révolutions socialistes étaient possibles mais que, pour un certain nombre de pays, elles étaient nécessaires.
Elles ont été plus que cela, en réalité. Ces révolutions, prises individuellement avaient donc toutes un caractère national propre, découlant des structures sociales et politiques du monde du 20ème siècle. Ce caractère national propre était basé sur les états-nations qui formaient la structure politique du monde, dans lequel chaque pays avait sa sphère culturelle, sociale, politique propre. Mais ces révolutions, malgré leur caractère isolé et national ont constitué un phénomène caractéristique de l’époque et qui a complètement déterminé le cours de l’histoire du 20ème siècle. La révolution soviétique a complètement déterminé le cours historique de l’Europe de 1917 (précipitant la fin de la guerre par contagion révolutionnaire dans les puissances centrales), à 1945. Elle et celles qui ont suivi ont été le levier et la partie dynamique de toutes les révolutions anti-coloniales de l’après 1945. Si ces révolutions n’ont pas atteint les pays capitalistes dominants, elles y ont joué un rôle déterminant par la création de nombreux partis communistes notamment, par l’introduction de formes pré-socialistes dans les systèmes sociaux (comme la sécu en France) , ou par leur influence générale sur la lutte des classes au niveau mondial.
Cela me fait dire que Staline (que cela nous plaise ou non) avait ici entièrement raison face à Trotski. Non seulement la construction d’un socialisme était possible en URSS mais il amorçait une phase historique, un stade particulier, qui a été le trait général d’une période et dont il faut donc conclure qu’il était nécessaire. On pourrait l’appeler le stade du socialisme dans un puis plusieurs pays isolés.
Bien sûr, comme tout stade particulier, les développements qui s’y sont déroulés sont marqués par un certain nombre de limites, caractéristiques des contradictions non résolues à ce stade et de ses conditions de développement. Le fait de dire que le développement de type socialiste est possible dans des pays isolés n’enlève rien au fait que tous ces pays avaient en même temps besoin d’accéder aux marchés mondiaux, d’accéder aux ressources dont ils ne disposaient pas, d’accéder aux technologies dont aucun peuple ne peut réinventer tout seul l’ensemble du développement historique. Et pour accéder aux marchés mondiaux pour acheter, il faut aussi pouvoir y accéder en temps que vendeurs, ce qui signifie que le caractère socialiste interne doit survivre en contradiction permanente avec le fait de se positionner sur des marchés mondiaux hostiles, dominés par des pays plus développés et d’y subir la loi de la valeur. Les problématiques liées au commerce extérieur ont été, pour tous ces états extrêmement difficiles et ont nécessité une abnégation, un courage et une inventivité permanente.
L’hostilité manifeste des puissances impérialistes s’est aussi traduite par des contradictions et des limites (communes à toutes ces expériences, quoiqu’à des degrés divers) à la liberté et dans les formes démocratiques. Tout était bon pour déstabiliser ces pays et les questions de sécurité nationale ont pris une ampleur à la fois importante et difficile.
Cette phase a eu une fin (ce qui la caractérise aussi en tant que stade. Après les années 70, ces révolutions ont cessé ou n’ont plu réussi. Une autre phase historique a démarré, dont un des caractères, manifesté notamment par l’évolution de la Chine est que à ce moment là, la question de l’insertion sur le marché mondial est devenue effectivement prédominante. L’impérialisme a bien compris le caractère décisif de cette question et a développé ce qu’on appelle aujourd’hui la politique de sanctions, contre les pays qui “ne suivaient pas le droit chemin”. Cela a établi une sorte de système de pouvoir mondial très délétère. Et c’est ce qui nous mène à la situation actuelle, dans laquelle la domination des instruments et des institutions économiques et de marché mondiales par les pays impérialistes, en particulier les USA et l’Europe devient inacceptable non seulement pour ces pays socialistes qui aspirent à pousuivre leur développement dans un autre cadre international, mais également pour la plupart des pays dont le développement est empêché ou limité par l’organisation internationale actuelle et la domination impérialiste. Cette phase atteint elle-même ses limites et c’est le sens de la période très spéciale actuelle et des bouleversements en cours. La résolution de cette contradiction, c’est à dire l’établissement d’un système d’échanges économiques mondiaux qui n’empêcherait plus le développement de tendances vers le socialisme mais même les faciliterait serait une accélération formidable de la construction du socialisme dans l’ensemble des pays.
Si la construction du socialisme est une tâche qui concerne l’humanité dans son ensemble, elle démarre donc par des processus nationaux, car tel est la superstructure dans laquelle le processus doit démarrer. Elle comporte des stades, sur des périodes qui sont brèves à l’échelle de l”histoire, mais dépasse celle de la vie d’un individu.L’étude et la compréhension de ses phases est nécessaire et nous permet de comprendre comment orienter notre action à un stade donné.
Pour conclure ces idées jetées un peu rapidement, je voudrais terminer par deux analogies (une analogie n’est pas une vérité scientifique, c’est simplement un stimulant pour la réflexion) avec des processus de transformation dans la nature.
Le premier est la réaction chimique. Lorsqu’on étudie une réaction chimique, on part avec un certain nombre de corps chimiques au départ, une transformation s’opère, dans laquelle ces corps chimiques se recomposent entre eux, échange des atomes ou des groupes d’atomes et on obtient à l’issue du processus, on obtient de nouveaux composés chimiques. Cependant, lorsqu’on regarde la manière dont les choses se déroule, on voit autre chose. On peut voir ce qu’on appelle des catalyseurs. Les catalyseurs sont des corps chimiques qui sont présents au début et inchangés à la fin. On pourrait penser qu’il n’interviennent pas. Cependant, dans un certain nombre de réactions, leur présence accélère voire rend réellement possible la réaction. On voit aussi en regardant le processus de près, des composés intermédiaires. Ils ne sont pas présent au départ. Ils sont formés pendant une première phase, puis disparaissent dans une seconde phase de la réaction. Ils ne sont pas présents non plus à la fin de la réaction si celle-ci a été complète. Pourtant, ils représentent des stades nécessaires.
La deuxième analogie que je voudrais évoquer est plus connue, c’est celle de la métamorphose des insectes, par exemple les papillons. Au départ, le papillon est une chenille. La chenille grandit, elle atteint la limite de son développement. Elle va cesser de bouger pour, durant toute une phase, se préparer à devenir un papillon. A l’issue de cette phase, elle casse la chrysalide et le papillon s’envole.
Les transformations sociales sont des processus encore plus complexes que ces exemples issus de la nature. Les étudier et les comprendre est indispensable et nous avons, je crois, encore beaucoup à apprendre de ces révolutions socialistes du 20ème siècle et des pays qui les ont menées.
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Daniel Arias
Les révolutions nationales ont lieu dans des pays où l’industrie est faible et par conséquent la dépendance technologique également.
Une base sociale massivement paysanne donc auto suffisante, déjà en proie à une difficulté de vie imposée par les grands propriétaires terriens. Un pouvoir concentré dans peu de mains la caricature étant le pouvoir de Batista à Cuba.
La première expérience soviétique cherchera à importer les machines outils pour développer sa base industrielle jusqu’à obtenir la souveraineté technologique sans pour autant se couper du monde capitaliste.Comme exemple la suspension christie made in USA utilisée puis optimisée dans le célèbre char soviétique T34 qui a libéré l’Europe.
Cette expérience se déroule dans un immense empire où rien ne manque et où une partie éduquée et révolutionnaire de la population va guider la marche vers le socialisme et mobiliser le peuple, les paysans, les ouvriers et les soldats.
Si l’on prend la seconde expérience socialiste la chinoise, après la guerre d’indépendance qu’ils vont mener conjointement avec le kommingtang ils vont bénéficier de l’industrie et de la coopération soviétique. Mais déjà la Chine est plus vulnérable dans sa souveraineté alimentaire et énergétique. Ce qui peut être va accélérer la politique d’ouverture au capitalisme mondial.
Les réalisations socialistes soviétiques ont été possibles par la dictature du prolétariat afin de faire face aux agressions étrangères dès les premiers soviets, puis dans l’agression de l’Europe fasciste et enfin l’OTAN qui marquera une victoire après une phase d’ouverture idéologique et l’apaisement.
En URSS comme en Chine le rattrapage technologique est l’affaire d’une trentaine d’années en URSS et de 70 ans en Chine avant de dépasser dans de nombreux domaines la technologie des pays capitalistes.
Les pays développés capitalistes comme la Corée du Sud, Taïwan et Israël sont à la différence des pays socialistes très dépendants des USA et comme hier la RFA des contre poids au socialisme et aux volontés d’autonomie des voisins. Il n’y a qu’une seule Corée avant l’agression américaine et Taïwan est soutenue militairement par les USA sans pouvoir faire sécession de la RPC. Même me Japon qui pourrait sembler plus souverain doit son industrialisation et son intégration au marché mondial à l’agression américaine fin du XIXème siècle.
Il me semble que la Russie aujourd’hui bannie du marché mondial, même si les ressources naturelles continuent à couler en Europe, a une opportunité de retour à une révolution socialiste dans son cadre national, tout en bénéficiant de rapprochement avec de nouvelles puissances, les BRICS, la Russie est finalement moins isolée qu’en 1917 et surtout peut compter sur de grandes puissances comme la Chine et d’autres en devenir Brésil, Iran, Inde, Indonésie et même profiter du jeu ambiguë de la Turquie.
La Chine consolide son socialisme dans une forme originale hybride capitaliste sous gouvernement communiste et une économie planifiée et à la fois libérale. La phase de l’ouverture vers l’occident chinoise qui a importé énormément de capitaux occidentaux devient de moins en moins nécessaire, bénéficiant d’un immense marché intérieur et du développement asiatique, africain et de l’Amérique Latine. Même si la Chine prône la liberté de commerce elle conserve l’objectif du socialisme pour 2050.
Le Vietnam bénéficie du marché asiatique et dans ces premières années des aides des pays frères.
Cuba depuis la chute de l’URSS se développe héroïquement grâce à la cohérence de son peuple et une volonté exemplaire pour un petit pays sans ressources.
Maintenant si nous en venions à une révolution socialiste en France quel en serait le contexte ?
1) Un pays fortement urbanisé avec une population d’agriculteurs très faible et fortement dépendante technologiquement, ici nous parlons de souveraineté alimentaire.
2) Un pays développé technologiquement avec un secteur des service hypertrophié et un secteur industriel qui décline constamment. Ce qui fait de la France un pays très dépendant du commerce mondial pour le maintient de notre manière de vivre. Une révolution socialiste verrait notre quotidien totalement bouleversé.
3) Ce secteur tertiaire est totalement dépendant des technologies américaines, processeurs, systèmes d’exploitation, bases de données, cloud et infrastructure matérielle, l’alternative est chinoise mais impossible à mettre en place rapidement.
4) L’empire français et son contrôle sur les ressources naturelles africaines sont perdus, ce qui au moins sur l’autonomie nous aurait placé sur le même niveau que la Russie, les rapports colonialistes d’exploitation au mépris des peuples de ses pays que nous étions partis “civiliser” ont été une catastrophe pour établir des liens durables. Nous ne disposons en France comme source d’énergie que d’un peu de charbon, sans mineurs.
5) Notre culture est particulièrement perméable à la culture américaine et nos représentants politiques particulièrement sous influence des USA et des Anglais, y compris au PCF. Comme pays révolutionnaire nous avons une idéologie majoritairement réactionnaire, malgré la Commune et nos socialistes utopiques.
Dans ces conditions le socialisme en France sur une base nationale est-il possible ? Et surtout est-il possible sans une révolution Européenne ?
Marx avait critiqué les communards pour leur manque d’organisation et leur révolution dans une seule ville. Faisant abstraction de la structure nationale de l’État français et de ses capacités de répression.
Aujourd’hui les capacités de répression d’une France socialiste sont au minimum au niveau de l’UE mais plus probablement au niveau de l’OTAN dont le commandement est à Washington. Nous ne sommes ni Cuba ni la Russie pour résister à des sanctions et nous ne sommes plus la France de Napoléon.
La guerre par procuration des USA contre la Russie et la Chine est aussi une guerre contre l’UE qui sera la première victime, enfin leurs peuples. La question d’un mouvement socialiste européen me semble pertinente encore faudrait-il que les communistes existent partout et se parlent pour s’organiser et sortent d’un eurocommunisme réformiste. Ce qui rend complexe une action à l’échelon européen tant les pays sont divers dans leurs institutions politiques et leurs histoires. Ce qui devrait faire consensus parmi les forces progressistes est le caractère anti démocratique des décisions européennes de l’agression contre la Russie; pour cela faudrait-il avoir une gauche indépendante de la bourgeoisie et de l’impérialisme.
Une révolution européenne ne résoudrait pas notre dépendance aux USA et par conséquent nos problèmes matériels qui en découleront. Ces derniers mois nous lient encore plus aux USA que ce soit pour l’industrie pharmaceutique où les ressources énergétiques dont nous n’avons d’ailleurs pas encore les infrastructures pour les exploiter. Le risque de sous développement de l’UE n’est pas à prendre à la légère, à l’Est les pays socialistes qui avaient tous développé chacun à sa manière un système industriel, social avancé et juste sont aujourd’hui à l’état de ruines contraint d’exporter leur population. Ces ajustements nous ont été présentés comme la victoire de la démocratie, alors que c’est la victoire de l’impérialisme qui a imposé ses thérapies de choc, c’est le même impérialisme qui nous gouverne et dont notre grande bourgeoisie a été un des grands acteurs historiques. Mais l’histoire a imposé de partager le commerce et la part qui revient aux impérialistes commence de plus à se confondre avec son territoire, les profits hiers réalisés en Chine, avant la politique de découplage, ne pourrons plus être réalisés qu’avec les pays européens. Le salaire en Chine commençant à dépasser dans bien des endroits les salaires des européens les plus pauvres.
Les impérialistes ont semble-t-il oublié un détail, pour produire et relocaliser il faut de l’énergie et des ouvriers qualifiés domaine largement sous investit dans notre frénésie de délocalisations. Ce qui sera également un problème des premières années du socialisme.
Nos politiciens tous aussi minables les uns que les autres n’ont aucune vue stratégique pour la France et encore moins pour l’UE, l’enfermement dans une stratégie anti russe et anti chinoise est une stupidité totale même pour des capitalistes pour ne pas parler de l’intérêt général et de la sécurité. Les BRICS et bien d’autres vont se développer et concurrencer nos productions dans tous les domaines quand ils nous ont pas déjà dépassés, qu’aurons nous comme marchandises à échanger ? Hollande avait l’ambition de faire de la France un grand pays touristique, quelle ambition !
marsal
Très intéressant ! Merci beaucoup pour ce commentaire. Pas facile, vu comme cela de tracer la voie du socialisme à la française. Pourtant, on aurait pu faire un constat très négatif aussi dans les années 30, Crise profonde, manque d’autonomie énergétique (malgré nos mines, la France a toujours été importatrice de charbon et malgré l’empire); industrie mal organisée, …; Et il faut lire les commentaires de Benoît Frachon au moment de la bataille de la production. La bourgeoisie française semble mettre autant d’allant dans la relance de la production qu’elle en avait mis avant guerre à préparer la défense nationale face à Hitler. De “plutôt Hitler que le Front Populaire” on était passé directement à “Plutôt le plan Marshall que les ministres communistes”. Et ceci n’a pas empêché la France de se développer, sur la base des nationalisations, des grandes compagnies publiques et de parvenir à la pointe dnas plusieurs domaines : aéronautique, énergie, sidérurgie, automobile, etc, etc
Aujourd’hui, il y a beaucoup de travail, caar beaucoup a été perdu. On peut rapidement relancer une recherche publique de haut niveau et remettre en route un enseignement performant. On peut développer notre indépendance énergétique via le nucléaire (et contrairement à ce que prétendent les écologistes, il est possible de faire des percées techniques dans le nucléaire très importantes à moyen terme).
On a encore un très bon niveau d’infrastructures, une filière aéronautique qui est au meilleur niveau mondial, même si on a pris d’énormes risques en confiant en grande partie les clés d’Airbus aux allemands.
Il y a un énorme travail à faire sur l’agriculture. Le modèle de l’exploitant agricole individuel, officiellement indépendant mais tellement soumis à l’agro-alimentaire, au Crédit Agricole et aux centrales d’achat est à bout de souffle. ,
Enfin, la France a encore un potentiel (à condition de changer sa politique) d’alliance internationale libre, ce qui peut résoudre une partie de nos problèmes de matières premières.
Daniel Arias
Les nationalisations ont même permis la modernisation de la France ; ce sont à partir des centres de recherche des entreprises publiques et du CNRS qu’une partie de l’Internet mondial a été bâtit, l’ADSL par exemple doit beaucoup aux français, sans oublier le plan calcul et le développement d’EDF et du nucléaire.
Par contre si nous avons bien connus des nationalisations l’État lui restait aux mains des bourgeois et là nous ne pouvons pas encore parler de révolution socialiste et de renversement des rapport de production c’est à dire la dictature du prolétariat qui elle serait une réelle menace pour le capitalisme venant d’un pays comme la France.
C’est pour ça qu’il me semble il y a une question cachée derrière la question du socialisme à la française, celle qui fait encore débat au PCF et à la CGT et qui pose le réformisme comme solution, le communisme déjà là à développer. Les dernières décennies ont montré les capacités du capitalisme à tuer les espoirs de la “gauche” par l’entremise d’usurpateurs.
https://socialisme.blog/Pour-un-livre-collectif-sur-le-socialisme-du-XXIeme-siecle
Ici comme souvent dans les textes du PCF il est question de renforcer le rôle des salariés dans l’entreprise “collectif de travail” ou augmentation des pouvoirs des comités d’entreprise.
Sans pour autant remettre en cause fondamentalement le pouvoir des actionnaires dont le seul argument est juridique et tient dans la privatisation des moyens de production en fonction de la mise de départ le capital social au sens capitaliste et juridique. Cette capacité d’investissement découle d’une accumulation primitive et donc d’une forme ou d’une autre d’un vol des fruits du travail social. Ce vol légal n’est pas remis en cause et on accepte de partager avec des tiers qui ne participent pas à la production opérationnelle et qui souvent n’y comprennent rien.
Est-ce du gauchisme de penser que l’on peut se passer de ce parasitage capitaliste ?
Est-ce irréaliste de penser que ces parasites peuvent être exclus sans compensations après s’être tant gavés ? C’est une question de rapport de force dans la population active politiquement, les militants CGT ont une grande responsabilité dans cette affaire. Un rapport de forces entre petits bourgeois luttant pour leur place accordée par leurs maîtres et les travailleurs révolutionnaires bien discrets ces dernières années.
La plupart des entreprises peuvent fonctionner sans actionnaires et par une gestion collective pour peu que des moyens de formation, qu’une réforme de l’accès au crédit et à l’immobilier d’entreprise soient mis en place.
Il est étonnant qu’ici l’ugict propose cette gouvernance partagée, si ceci peut être discuté pour les plus grandes entreprises avec capitaux étrangers, la CGT devrait plutôt faire la promotion du modèle coopérative pour les nombreuses PME où l’exploitation n’y est pas moins réelle.
Xuan
Les grandes entreprises dominent l’économie, y compris les PME et TPE dès qu’elles deviennent des sous-traitantes. c’est-à-dire que la gestion collective ou coopérative ne pourrait pas devenir dominante.
Seule une propriété publique dominante pourrait remplacer le capitalisme monopoliste d’Etat et régler les rapports inégaux et d’exploitation de la sous-traitance, mais aussi servir de locomotive au redéploiement industriel, à l’application de plans généraux pour l’ensemble de l’économie.
De tels plans ne peuvent être conçus et organisés qu’au niveau de l’Etat, en s’appuyant localement sur les salariés, leurs propres conseils et initiatives.
J’ai relevé que les révolutions socialistes se sont déroulées dans des conditions particulières, celles de la guerre et d’une oppression multiforme (féodalisme, colonialisme, occupation..).
Nous ne sommes pas dans de telles conditions depuis très longtemps et le service militaire a été depuis quelques décennies aboli, de sorte que le peuple est absolument désarmé et vierge de toute formation militaire.
Par contre l’essor des peuples colonisés participe de la révolution prolétarienne mondiale, même s’il ne s’agit pas de révolutions socialistes, parce qu’il affaiblit l’impérialisme. et nous voyons ce déclin s’accentuer sous nos yeux.
L’Europe concentre plusieurs contradictions avec les pays émergents, l’Afrique qui se lève, l’hégémonisme US, les intérêts monopolistes nationaux en son sein, et les luttes de classe, pour ne citer que les plus connues.
De ces différentes contradictions une domine dans notre pays entre la classe ouvrière et les monopoles capitalistes, parce que malgré la soumission de la bourgeoisie à l’hégémonisme, notre pays n’est pas colonisé ni occupé. Les autres contradictions devraient lui être subordonnées et mises à profit selon la situation.
marsal
Oui, dans une économie socialiste de marché, il faut une propriété publique dominante, qui assure la stabilité et la correcte orientation des équilibres des marchés principaux : capitaux (banques, assurances, services financiers), énergie, matières premières, secteurs stratégiques; La position des centrales d’achat de la grande distribution me semble être une question clé. On ne peut pas laisser ces positions de monopoles faire, dans un objectif purement capitaliste, faire la pluie et le beau temps sur l’accès aux consommateurs et la fixation des prix.
On ne peut pas non plus se baser sur le modèle chinois actuel, pour au moins deux raisons : D’abord, la Chine a d’abord établi la propriété d’état comme règle générale, ce qui a permis d’assurer des étapes clés de développement et d’industrialisation, puis ensuite elle a “lâché la bride”, avec un contrôle politique fort et bien établi. Le socialisme de marché à la chinoise est donc le résultat de ce double mouvement et il est illusoire qu’on puisse atteindre directement l’étape 2 (libéralisation) sans passer par l’étape 1 (déconstruction complète du contrôle capitaliste sur l’économie et développement autonome. Ensuite, la Chine dispose d’une position tout à fait unique sur le marché mondial (pays le plus peuplé du monde,1er marché d’un grand nombre de secteur au fur et à mesure de son développement ) qui lui permet d’obtenir une position forte vis-à-vis du capital étranger et de “fixer ses conditions” pour l’accueil de ce capital sous forme d’investissements directs étrangers.
C’est pourquoi je suis très réservé sur la notion de “”pôle public” employée largement dans notre programme économique. En effet, qui dit ( par exmeple) “pôle pubic de l’énergie”, sous-entend l’existence (la co-existence) d’un pôle privé. Rien ne garantit que dans un tel dipole, le pôle public est le rôle dominant et que le prix de l’énergie soit fixé selon une politique planifiée de développement social et industriel et non pas selon des objectifs de profits des industriels du secteurs. Comme on l’a vu après 1981, les entreprises nationalisées du pôle public ne sont pas protégée de l’influence nocive de la recherche du profit. La SNCF a longtemps été un “pôle public dans le secteur du transport de marchandises”. A quoi cela l’a-t-elle poussée ? A devenir le premier opérateur national de transoort routier de marchandises, se faisant elle-même concurrence vie sa propre filiale, et creusant en quelque sorte elle-même la tombe du fret ferroviaire, dans une “concurrence” que chacun sait totalement déloyale.
Pour réussir, il faut d’emblée mettre la main sur les flux majeurs de la plus-value, capter les profits à la source et instituer une politique publique de développement, d’investissements publics, basée sur les profits captés. Il faut donc nationaliser prioritairement les secteurs rentables (ou les taxer fortement, à l’instar de ce que vient de faire l’état russe avec Gazprom : L’état russe est actionnaire majoritaire mais pas unique de Gazprom, qui a réalisé d’énormes profits du fait des augmentations de cours du gaz.Gazprom s’apprêtait à verser un dividende très important à ces actionnaires, dont l’état aurait reçu une partie importante, mais pas la totalité. La Douma a voté une taxe spéciale qui a littéralement siphoné les profit de Gazpom.réduisant son bénéfice à 0. Gazpron a dû renoncer à verser un dividende et l’état a récupérer la totalité des bénéfices).
Enfin, il est indispensable d’avoir une réflexion sur l’avenir de la productivité. Il y a la productivité “classique” : augmentation des échelles de production, standardisation, mécanisation et automatisation qui est déjà pas mal exploitée dans notre pays. On peut aller plus loin, mais on va gagner “à la marge” des petites améliorations incrémentales mais qui ont souvent des effets secondaires rédhibitoires. Le néo-libéralisme le fait avec un acharnement qui frise l’aberration. On mesure avec les pénuries actuelles le côut en improductivité par exemple de la politique de “flux tendus”, de “zéro stock”. De même le coût sanitaire et social de la pression maximale mise sur les collectifs de travail par les nouvelles techniques de management est prohibitif. Autre exemple : l’absence de politique planifiée du logement et des transports se traduit par des côuts de logements en centre ville prohibitifs, des temps de tranjets qui dépassent 2h par jour pour de nombreux salariés, ce qui est insensé. L’acharnement à maintenir le consumérisme individualiste (chacun son logement, sa voiture, sa chaudière – souvent – sa machine à laver …) est non seulement destructeur du lien social, mais également extrêmement coûteux économiquement. Tous les choix économiques qui sont fait aujourd’hui conidèrent uniquement le coût du point de vue de l’entreprise. Si on intégrait dans les bilans économiques des services médicaux le temps et l’argent perdus par l’usager lorsqu’il doit se déplacer systèmatiquement pour y avoir accès, on aurait une vision bien différente des choix à réaliser. Le coût du chômage, de l’exclusion du marché de travail de millions de personnes considérées comme insuffisamment productives (ou s’excluant elles-même par dégout des modes actuels de travail), le coût des “burn-out”, le coût de la misère sociale et économique, tout cela n’est jamais pris en compte. Au fond, c’est le coût du maintien (artificiel, car il faut en plus des subventions croissantes de l’état) du salariat par l’existence d’un marché du travail capitaliste qui devient, dans nos sociétés “modernes” prohibitif. Il nous faut donc passer d’une vision mécaniste (“comptable”) de la productivité à une vision sociale et dialectique de la productivité.
Xuan
Je reviens sur la révolution dans un seul pays étudiée par Franck Marsal, et le commentaire de Daniel Arias concernant l’Europe. Ce qui a été décrit est lié comme la guerre au développement inégal, ici au développement inégal de la révolution dans chaque pays.
Pourquoi l’eau bout-elle et non le papier ? Il existe des conditions (contradictions) extérieures, ici la température et la pression, mais la cause principale c’est l’eau, c’est-à-dire la combinaison des molécules et des atomes de l’eau, et en dernier ressort les forces qui opposent et unissent les particules de ces éléments.
De la même façon les contradictions internes à chaque pays – d’abord matérielles mais par suite leurs reflets idéologiques – sont les causes principales de la révolution.
Si on fait le focus sur l’UE, on voit par exemple que la dépendance des pays européens aux sources d’énergie étrangères peut être une cause majeure de la vie chère et du développement des contradictions sociales.
De même avec les matières premières, voire les produits manufacturés et importés du tiers monde.
Et aussi la dépendance au dollar, au marché US, à sa technologie et ses divers moyens de pression, etc. qui s’opposent et sont reliés aux intérêts capitalistes nationaux eux-mêmes.
Ce sont des conséquences de la mondialisation, qui a généré des marchandises à meilleur prix, tandis que des aléas comme la pandémie ou la guerre économique produisent la pénurie et la hausse des prix.
Daniel Arias écrit : « Une révolution européenne ne résoudrait pas notre dépendance aux USA et par conséquent nos problèmes matériels qui en découleront. »
Notons qu’il en serait de même pour un frexit.
Cependant une révolution prolétarienne ici remplacerait les rapports impérialistes par des rapports gagnant-gagnant, c’est-à-dire la nature de ces dépendances.
Les relations entre l’UE et le monde, mais aussi au sein de l’Europe, sont donc des oppositions et des unités en perpétuel mouvement, mais elles agissent sur chaque pays en fonction de ses caractéristiques propres.
Par exemple la pénurie du gaz agit de façon différenciée sur chaque pays, de sorte que les réticences et les atermoiements de l’Allemagne ont été pointés plusieurs fois.
Et lorsque la hausse des prix concerne les produits de première nécessité et non les produits de luxe, on devine que les classes les plus exploitées s’opposent de plus en plus violemment aux classes dominantes.
Ces répercussions dépendent donc des caractéristiques propres de chaque pays : centralisation et autonomie voire pouvoir locaux, concentration du capital et exploitation de la population, relations entre ville et campagne, entre cité et zone périurbaine, entre capital financier et capital industriel ou commercial, entre monopoles et petites entreprises, entre donneurs d’ordre et sous-traitants, entre les différents intérêts capitalistes, entre ceux du peuple, entre les forces matérielles, l’unité, l’organisation, et la stratégie de la bourgeoisie d’une part et celles du prolétariat d’autre part, etc.
Et selon leur évolution dans le temps. Par exemple la salarisation de plus en plus large de la population ne liquide pas spontanément l’idéologie des classes intermédiaires paupérisées ou plongées dans les rangs du prolétariat, mais l’évolution de leur pensée est inéluctable.
Il ressort que l’étude approfondie de tous ces rapports et la mise en œuvre d’une stratégie révolutionnaire relève elle-même de liens étroits avec le peuple et d’une organisation centralisée, d’un centralisme démocratique.