Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

La Guerre d’Otto Dix (1929-1932)

Disons d’abord ce que ce tableau doit au retable d’Issenheim qui est au musée de Colmar et comporte des scènes d’une intensité dramatique peu commune, et tout à fait exceptionnelle pour son époque. Le fantastique n’en est pas exclu — ce qui rapprocherait Grünewald de Jérôme Bosch — mais c’est aussi le refus de tout maniérisme qui en font une œuvre inclassable et d’une modernité qui a fasciné de nombreux peintres. Chaque jour de ce blog a son unité et celle d’aujourd’hui est autour de la guerre vers laquelle on nous conduit inexorablement… Il reste le fol espoir d’une parole qui saurait imposer la vérité, inventer une formule dont le mentir vrai de la création s’imposerait à la fatalité imbécile, oui la vie peut être passionnante…. (note de Danielle Bleitrach)

otto dix :la guerre

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Ce qu’il y a de fascinant dans l’analogie entre le retable d’Issenheim est hors champ à savoir que le retable d’Issenheim fut commandé par une riche confrérie qui soignait un mal qui faisait des ravages à la fin des temps médiévaux, le feu qui s’emparait de ceux qui avaient consommé du pain à l’ergot de seigle (l’équivalent du lsd) et qui étaient la proie d’une danse macabre… Ce retour périodique de l’apocalypse à la fin de chaque époque historique dit l’angoisse des transitions, celle qui consacra la fin de l’ère féodale, comme celle qui à travers Otto Dix proclame “impérialisme stade suprême du capitalisme” se répondent comme une naissance et une fin…

La Guerre est une peinture à l’huile réalisée sur des panneaux de bois divisés en trois parties ou « triptyque ». Elle a été réalisée par le peintre allemand Otto Dix de 1929 à 1932 au début de la Première Guerre mondiale. Elle est composée de trois panneaux, avec un panneau central de 204×204 cm et des panneaux de côté de 204x102cm chacun. Aujourd’hui, cette œuvre est exposée à Dresde en Allemagne, le pays d’origine de l’artiste. Dans l’ensemble, elle représente la sauvagerie que les soldats ont subie au cours de la Première Guerre mondiale ainsi que l’extrême brutalité de ce conflit.

Description de l’œuvre : représentation graphique

Le panneau de gauche représente des soldats armés vus de dos marchant dans la brume et portant chacun un sac au dos. Le peintre ne montre ni leur visage ni leur identité, mais représente plutôt des personnes qui forment une armée humaine et qui avancent aveuglément vers l’atrocité de la guerre.

Si le premier panneau met en relief des personnages, celui du centre met davantage en exergue le paysage. Ce dernier est désertique, froid, avec des maisons en ruines, évoquant résolument les ravages causés par les bombardements de la guerre. Au premier plan par exemple, on aperçoit la tranchée remplie de corps vidés, bombardés et décomposés par les épidémies et les maladies qu’ont connues les soldats (les poilus) dans ces tranchées. Sur le reste du panneau, des cadavres gisent ici et là, certains à terre, d’autres tendant la main comme s’ils demandaient de l’aide dans un monde où toute humanité avait disparu.

Dans le panneau de droite, on voit un personnage de face qui sauve un soldat blessé. C’est le seul qui a un vrai visage dans le triptyque, le seul qui n’est pas un soldat. Il ne porte ni casque, ni armes, ni uniforme et pourtant il avance avec détermination face à la guerre d’après l’expression de son visage. Ce « sauveur », c’est le peintre Otto Dix. Ce dernier panneau est donc un autoportrait.

Cette œuvre est enfin composée d’une prédelle, un panneau inférieur présenté en longueur sous les principaux panneaux qui représentent généralement les épisodes de la vie du Christ et des saints. Elle montre ici un cercueil collectif où gisent des soldats allongés qui font référence au corps du Christ mort.

Les techniques utilisées

Dans La guerre Otto Dix présente un univers obscur et sans vie sauf dans le panneau de droite où il se représente comme un sauveur peint avec des couleurs claires. Dans le reste de l’œuvre, les couleurs sont sombres avec une dominance de brun qui fait référence à la terre des tranchées, et de rouge, évoquant le sang, le feu, la violence, et la mort.

« La Guerre », une œuvre symbolique

Contrairement à la philosophie de l’époque qui voyait les soldats comme des héros et de braves personnes, le peintre peint avec un grand réalisme toute l’atrocité de la guerre. Otto Dix représente l’impact de la guerre sur le corps de ces soldats, aussi bien les bombardements que les épidémies et les maladies. L’artiste quant à lui se voit comme un pacifique, un sauveur déterminé souhaitant changer ce monde cruel, sauvage et meurtri par la guerre qui a perdu toute son humanité.

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