Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

En confidence : pourquoi en avons-nous déduit qu’il fallait, nous Français, écouter ce que nous disait la Chine ?

Hier nous avons assisté à la plus grotesque des comédies au nom de l’Europe et des « coalisés ». Nous en parlons par ailleurs. Le New York Times a écrit à ce propos que les dirigeants de l’UE « supplieront » Trump de ne pas conclure d’accord avec Poutine – dans le dos de Zelensky et de ses alliés européens. Le chancelier allemand Friedrich Merz a managé mercredi une vidéoconférence sur l’Ukraine, à laquelle ont participé M. Trump, le vice-président J.D. Vance, le président ukrainien Volodymyr Zelensky et plusieurs des dirigeants européens préférés de M. Trump, dont la Première ministre italienne Giorgia Meloni… nous en parlons par ailleurs… Mais je voudrais honnêtement vous faire mesurer sur quoi s’est établie notre conviction que non seulement tout cela était du pipeau mais qu’il était indispensable pour la France de rompre avec ce cirque.

D’abord il s’agit bien de partir de nos intérêts et bien mesurer qu’il ne s’agit pas d’adopter un modèle ni de socialisme, ni même d’acceptation de la politique qui est en train de nous être imposée mais bien de favoriser le rassemblement le plus large autour de l’intervention populaire française.

Pour vous expliquer au moins comment est née chez moi cette conviction, voici une vidéo que j’ai retrouvée par hasard. Il s’agit d’une de mes interventions à l’Université populaire d’Aix Marseille. J’avais exposé ma conception non pas de militante communiste mais de sociologue de ce que devrait être une approche non pas impartiale mais renouvelée de notre rencontre avec d’autres peuples. De ce point de vue, avant même que le monde multipolaire l’impose politiquement, il me semblait essentiel de tirer leçon de ce que proposait déjà Bourdieu à partir de son expérience en Kabylie d’ethnologue en pleine guerre d’Algérie. Il notait que cela avait été la meilleure formation. En effet il interrogeait une population révoltée avec dans les montagnes des militants armés prêts à exécuter celui qui franchirait une ligne pourtant invisible : celle de leur revendication à la pleine souveraineté contre une armée de tortionnaires, qui elle-même ne faisait pas de cadeaux à ses « traitres » sympathisants de la décolonisation. A partir de là Bourdieu avait voté communiste parce que le petit béarnais les trouvait les plus sérieux, jusqu’à la rupture de l’union de la gauche, tout en méprisant Mitterrand, paradoxe qui donnait son soutien à Coluche. Sur le plan universitaire, il avait tenté un parallèle dans l’échange des biens symboliques, culturels avec le travail de Marx dans la production, consommation, échange des biens matériels. Dans ce cas, le respect du « sociologue » est exactement le contraire de celui que Trump a avec ses interlocuteurs, dans son marchandage, il s’agit surtout de se méfier des « évidences », ce que l’on croit lire au bout de deux minutes dans le regard de son interlocuteur et où l’on s’en sort en mentant à tout le monde.

Cela se rapproche de notre rencontre Marianne et moi interviewant en Russie, en Crimée, elle avait été pour moi précédée de terrains, parfois très dangereux à Haiti, au Benin, en Amérique latine… Marianne, elle, a vécu des années à l’étranger et passé son temps avec ce constat que je fais dans la vidéo : il faudrait donner un sens différent à tous les mots, les réintégrer dans une profondeur historique et dans des enjeux fondamentaux actuels.

On peut penser que notre livre est né de la connaissance intime et linguistique du monde chinois et russe de Marianne, qui a rencontré mon expérience de sociologue du développement, étudiant en particulier partout le passage du rural à l’urbain et tentant non seulement de solliciter l’opinion de ceux qui sont au cœur de ces processus mais en tentant de confronter ces témoignages à des processus plus globaux dans lesquels se combinent les données statistiques (qui sont également une représentation, un narratif des sociétés sur elles-mêmes, donc en questionnant et en comparant les données) ensuite une analyse qui est celle du matérialisme historique dans laquelle la base matérielle économique est elle-même prise dans des contraintes politiques et idéologiques qui sont celles dans lesquelles les peuples, le prolétariat fait l’histoire.

C’est un travail que nous avons voulu celui de ce blog et nous nous réjouissons de la manière dont ce blog histoire et société attire de plus en plus de nouveaux lecteurs et un comité de rédaction qui s’élargit. Nous pouvons vous annoncer qu’un nouveau membre du comité de rédaction qui vit en Chine et est au premier rang de la manière dont interviennent les innovations dans ce pays a accepté de contribuer à ce travail. Sa première collaboration a été la préparation d’une émission sur l’industrie textile et du vêtement en Chine récemment (mardi 12 août sur France culture ) avec Franck Marsal. Nous la publions. Nous attendons d’autres confirmations et accord de participation d’un comité de lecteurs.

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/questions-du-soir-d-ete/shein-le-vetement-made-in-china-est-il-ethique-1306903
Isabelle Thireau est visiblement hostile et se réfère à l’évangéliste d’extrême droite Adrian Senz. Elle parle de « nombreux témoignages » mais ne répond pas sur le fond du prétendu « travail forcé » quand les revenus des salariés les plus pauvres sont passés de 1$ à 15 € /jour.

Aujourd’hui à partir de ce travail accumulé, je peux au moins vous dire que le niveau de la diplomatie de l’Union européenne est désespérant et que ceux qui continuent à avoir la moindre illusion sur une Europe qui n’existe que dans leur imagination devraient en tenir compte et mesurer à quel point il faut que le PCF en particulier envisage une démarche de rassemblement qui soit une véritable alternative. Il faut lutter contre la politique de Macron Bayrou mais aussi l’illusion que c’est dans une Europe autonome qu’il y a une perspective.

Il n’est point dans mes attributions de donner des conseils à un parti dont je ne suis pas membre, mais si vous permettez à mon « expertise » sociologique de se poursuivre, il faut impérativement retrouver un fonctionnement démocratique, rendre le parti à ses militants et à ses instances officielles, mais cette réappropriation passe par un parti ayant repris réellement le contact avec le monde du travail dont parle justement Fabien Roussel. La priorité est là encore de FAIRE.

En ce qui concerne les illusions sur l’Europe « sociale », on mesure mal comment une France entièrement dominée par les intérêts capitalistes pourrait imposer une Europe autre que celle qui nous a joué hier une pitrerie dont la finalité est de poursuivre une escalade derrière les marchands d’armes (Etats-Unis et ceux qui sont en train de tenter de se développer en Allemagne en opposition et dans le sillage de l’atlantisme en nous prenant nous et le reste de l’UE comme des marchepieds).


Selon Kaja Kallas (et Zelensky), une rencontre #Trump-#Poutine constituerait une victoire pour la Russie, car elle la « sortirait de l’isolement ».
➡️ La Russie n’est isolée que dans les fantasmes des néoconservateurs européens, qui perdent pied.
Il suffit de voir l’évolution des #BRICS, mais cela demande de se libérer de l’hubris et d’une vision européo-centrée du monde, contre laquelle je n’ai cessé de mettre en garde mes contemporains.
➡️ La réalité est diamétralement opposée : c’est l’Union européenne qui est isolée. Le destin du continent se décide sans elle — une première historique, et c’est évidemment une catastrophe.
➡️ La cause : l’inféodation aux Etats-Unis qui avait pour objectif et qui a au moins ici réussi son entreprise de diviser durablement le continent européen et empêcher toute relation entre l’UE et la Russie. Les principales victimes de cette rupture au plan économique étant celles qui devront se montrer les plus engagées en matière de russophobie.
💥 Kaja Kallas, rappelons-le, est aussi celle qui, alors qu’elle était Première ministre d’Estonie, a bloqué le 25 juin 2021, lors du Conseil européen, l’idée d’un sommet Europe–Russie sur la sécurité du continent, en raison de tensions déjà fortes.
Le 25 juin 2021, soit huit mois avant le début de la guerre en Ukraine — une guerre qui aurait pu être évitée et en ce sens Trump n’a pas tort, mais les « forces » les plus atlantistes, souvent les héritières de la seconde guerre mondiale ne voulaient pas de solutions diplomatiques ; ils n’en veulent toujours pas, accrochés à leur fantasme de « vaincre » la Russie et le fait qu’il s’est constitué une couche moyenne dite pro-européenne qui s’est persuadée que ses intérêts et ses valeurs étaient européennes. Mais l’aspect de plus en plus ouvertement conservateur voire fasciste génère des tensions.
Le choix de Kaja Kallas comme cheffe de la diplomatie européenne indique clairement la ligne de la Commission présidée par Ursula von der Leyen : le néoconservatisme avec des références pseudo progressistes, féminisme, pro-Israël, etc… qui servent de gadget démocratique.
Ce projet politique est en déroute et ne survit que par des effets de manche et des opérations de communication. Dans le monde de la géopolitique réelle, il n’a plus aucun poids.

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