Notre fil directeur des publications de ce dimanche, le regard qui monte des peuples dominés par l’impérialisme hégémonique se poursuit avec ce retour à Cuba, victime d’un blocus inique et inouï dans sa durée (65 ans environ) et occulté. Guillermo Suárez Borges est chercheur au CIPI (Centro de Investigation de Politica International – Centre de recherche sur la politique internationale, une institution académique cubaine fondée en 2010 et dédiée aux études prospectives sur les relations internationales). Pourquoi ce peuple cubain est-il soumis à ce blocus ? D’abord, il y a la rancœur de la grande bourgeoisie états-unienne qui n’accepte pas d’avoir perdu le contrôle de Cuba, qui n’accepte pas qu’un peuple ait eu l’audace de conquérir les armes à la main sa souveraineté et même d’avoir ridiculisé la CIA lors de la tentative ratée de la bien nommée Baie des Cochons. C’est le même reproche qui est fait à l’Iran d’ailleurs, même si le reproche est formulé différemment : reprocher à l’Iran d’être un pays théocratique, d’opprimer les femmes est plus porteur dans la mentalité occidentale. Cependant, nous savons bien, au fond, que les USA s’entendent très bien avec tous les pays théocratiques et monarchistes du moyen-orient. Et nous savons que Cuba est laïque et n’opprime pas les femmes, au contraire, le niveau de l’égalité hommes – femmes, la liberté des femmes à Cuba est bien au dessus de ce qui existe aux USA. Alors, on combat l’Iran bruyamment mais on opprime Cuba par la privation et le silence. Et lorsque vous parlez du blocus de Cuba, on vous glisse avec condescendance « c’est peut-être que le pays est mal géré ». Autre manière de réduire au silence. Silence sur Cuba, silence, comme le note Danielle sur Gaza, le monde selon l’idéologie capitaliste, ce que l’on veut montrer, ce que l’on veut cacher. Avec un objectif : empêcher que la voix des peuples ne viennent contredire celle de capitalistes. Car il y a une autre raison au blocus de Cuba : on veut surtout éviter que chacun puisse entendre ce que Cuba dit au monde, qu’il est possible, même dans un pays qui n’a pas encore atteint un stade avancé de développement industriel d’avoir des médecins en grand nombre et un système de santé permettant une espérance de vie et une qualité sanitaire meilleure que dans nombre de pays capitalistes, d’avoir un système éducatif performant avec un nombre d’élèves par classes bien plus bas qu’en occident, d’avoir un niveau de consultation et d’implication du peuple dans la vie politique sans commune mesure avec les démocraties occidentales, … C’est un blocus matériel et un blocus culturel, et nous devons les briser simultanément (Note de Franck Marsal pour Histoire&Société)
Quand Trump feint d’éprouver de l’horreur sur la guerre en Ukraine, chacun mesure à quel point les massacres à Gaza, le génocide par la faim ne l’indisposent pas, mais c’est tout aussi volontairement qu’il pratique un blocus meurtrier sur une petite île proche dont le seul tort est de vouloir être libre et souveraine.
Par : Guillermo Suárez BorgesDans cet article : Blocus, Blocus contre Cuba, Criminalité, Cuba,Guerre économique, Cuba, Relations avec les États-Unis1 août 2025 | |

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La sophistication du blocus a atteint des niveaux indescriptibles. Photo : Archives.
La détérioration morale qui a caractérisé la politique de Washington ces dernières années offre deux récits pour justifier six décennies de blocus américain contre Cuba, une punition totalement imméritée.
D’une part, les secteurs les plus rétrogrades justifient les sanctions en alléguant de prétendues infractions historiques de Cuba. Ils s’accrochent à la toile des restrictions, remplaçant jusqu’à la dernière vis que le dialogue bilatéral parvient à démanteler.
D’autre part, les progressistes défendent le changement de politique en qualifiant le blocus d’« échec », ce qui, dans son sens littéral, reconnaît l’incapacité à plier la volonté du peuple et du gouvernement cubains.
Mais le blocus n’est ni un échec, ni une punition méritée pour les défis imposés dans la construction de notre souveraineté.
Après des décennies d’études, Cuba connaît précisément le coût humain de ces sanctions : des millions perdus qui auraient soulagé notre économie, qui aujourd’hui manque de presque tout.
Récemment, des experts internationaux ont quantifié ce qui était auparavant invisible : la mort concrète d’êtres humains – frères, oncles, neveux – dans les pays sous blocus.
Le Center for Economic Policy Research (CEPR) à Washington D.C. nous présente des résultats dévastateurs dans « Effets des sanctions internationales sur la mortalité par groupe d’âge : analyse comparative par panel » (Rodríguez, Rendón, Weisbrot, 2023), sur la base de données provenant de 170 pays étudiés entre 1965 et 2019.
Bien que l’étude dans son ensemble fournisse de nombreuses informations pertinentes, cinq résultats essentiels méritent d’être notés :
1. Le blocus entraîne une augmentation significative de la mortalité générale : les taux augmentent dans tous les groupes d’âge, démystifiant le mythe des sanctions « ciblées » sans dommages humanitaires.
2. Le blocus est plus meurtrier contre les nourrissons : La mortalité chez les enfants de moins de 1 an augmente de 21 % en raison de l’effondrement de la santé, de la nutrition et de l’accès aux médicaments.
3. Le blocus a un effet cumulatif très négatif : plus la durée du blocus est longue, plus la mortalité est élevée. Un postulat qui réfute le sophisme du « choc temporel ».
4. Impact sélectif selon le sexe : Les femmes meurent plus facilement que les hommes dans ces scénarios défavorables générés par le blocus, en raison de leurs vulnérabilités spécifiques (santé maternelle, charge des soins).
5. Aucun autre blocus n’est plus meurtrier que celui des États-Unis : Les sanctions unilatérales appliquées par les États-Unis sont plus meurtrières que les sanctions multilatérales imposées par le Conseil de sécurité des Nations Unies ou celles générées par d’autres blocs ou pays.
Pourquoi les sanctions américaines sont-elles si destructrices ?
– Extraterritorialité : Ils pénalisent les transactions en dehors de leur juridiction. Ils se sont avérés capables de sanctionner des entités, des gouvernements et des individus en particulier, sans tenir compte des frontières.
– Conformité excessive : les banques et les entreprises évitent même le commerce prétendument autorisé de denrées alimentaires et de médicaments, par crainte d’amendes.
– Les sanctions sectorielles : elles étouffent les revenus en bloquant le pétrole, les finances ou les transports, ce qui finit par affecter des services essentiels comme l’accès à la santé, à l’alimentation et aux médicaments.
Exemple : Les sanctions sur le pétrole brut vénézuélien (2019) ont réduit les exportations du gouvernement bolivarien de 90 % et augmenté la mortalité infantile de 40 %.
Le blocus contre Cuba, en vigueur depuis plus de 60 ans, n’est pas une politique « ratée », ni une juste punition. Il s’agit d’un acte délibéré de guerre économique destiné à affamer un peuple et à déstabiliser le pays, tout en ignorant les fréquentes condamnations internationales.
Cette étude confirme ce que soutient Cuba : « le blocus tue, et ses architectes le savent » : un crime contre l’humanité documenté en chiffres de douleur.
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