Après avoir examiné les conditions catastrophiques de la capitulation de la soi-disante « Union Européenne » face aux exigences du capital hégémonique des USA luttant pour sa survie, nous examinons aujourd’hui l’alternative que représentent un nouveau monde, un nouveau système productif et social, en train d’émerger via le développement de la Chine socialiste et de l’alliance globale des BRICS. Notre blog est le seul à soulever et à analyser en détail cette alternative pourtant bien concrête pour sortir la France en particulier de l’ornière et de la catastrophe économique, sociale et politique. Nous évoquons aujourd’hui le développement de la Chine, mais aussi les contradictions à résoudre, la grève des travailleurs en Inde et par cet article la situation particulière de la Russie, qui a connu au 20ème siècle le développement accéléré industriel et social de la révolution soviétique, l’agression nazie et la victoire qui a permis la libération de l’Europe, puis le démantèlement de l’URSS et la décennie catastrophique de régression capitaliste et néo-libérale des années Eltsine. Les conditions très particulières issues de cette histoire unique de la Russie au 20ème siècle posent des contracitions complexes à résoudre pour le développement social et politique. En s’inscrivant comme membre moteur des BRICS et en développant ses relations économiques, la Russie à réussi à retourner les sanctions économiques de l’occident contre l’occident lui-même. C’est l’industrie européenne qui s’effondre alors que la croissance russe est au delà de 5%. Ce sont les gouvernements européens qui se noient dans l’impopularité et tordent dans un nombre croissant de pays les règles les plus élémentaires de la démocratie pour se maintenir au pouvoir malgré tout. Pourtant, les difficultés sont constantes, les sanctions et la guerre accentuent la pression, pour l’instant, les promesses de paix de Trump ne se concrétisent pas. Dans ces conditions, nous revenons une nouvelle fois, par cette interview de Youri Afonine sur le congrès récent du KPRF, et le positionnement dialectique de ce parti communiste parmi les plus importants : selon les termes de Youri Afonine, le KPRF « est un parti d’opposition mais nous pensons que dans les conditions de la SVO – l’opération militaire spéciale, c’est à dire la guerre en Ukraine, dans le langage russe – le pays doit se consolider ». Dans des conditions totalement différentes pour la France, l’articulation des perspectives de l’unité, du développement de la nation, de la lutte contre les forces de division et de la nécessit du socialisme est une source de réflexion pour qui veut sortir des préjugés et des pensées à courte vue. (Note de Franck Marsal pour Histoire&Société )
https://kprf.ru/party-live/cknews/236121.html
Le premier vice-président du Comité central du KPRF, Youri Afonine, a accordé une longue interview à la publication en ligne Svobodnaya Pressa. Son interlocuteur était Vladimir Lebedev, animateur de l’émission Otkrytaïa Studia (Studio ouvert).
En présentant son invité, le modérateur a souligné que le XIXe congrès du KPRF, qui s’est tenu le 5 juillet dernier, était non seulement un événement marquant dans la vie de la Russie, mais aussi une bonne occasion de discuter des voies et des perspectives de développement du pays. Il a cité les propos tenus par Guennadi Ziouganov lors du congrès :
« Dans les conditions actuelles, la politique la plus efficace est l’union sur la base des sentiments de centre gauche ». « Est-ce un souhait, une proposition adressée aux autorités en place, aux élites dirigeantes, ou cette union doit-elle venir d’une initiative venue d’en bas ? », a demandé le présentateur. « Dans une certaine mesure, c’est déjà une réalité de la Russie moderne », a répondu Youri Afonine.
Une transformation sérieuse des sentiments au sein du pouvoir et de la société a commencé avec la S.V.O., lorsqu’il est devenu clair qu’il était impossible de vaincre l’Occident collectif en restant à la traîne du système capitaliste occidental. La nécessité de restaurer la souveraineté politique, militaire et technologique du pays est devenue la question principale à l’ordre du jour. C’est précisément cette idée qui est au cœur du rapport politique du Comité central du KPRF, présenté au congrès par le leader du parti, Guennadi Ziouganov. Pour résoudre ces tâches extrêmement importantes, les communistes proposent de s’appuyer sur l’expérience victorieuse de l’Union soviétique et l’expérience socialiste moderne de la Chine et du Vietnam, les économies les plus dynamiques du monde.
Youri Vyacheslavovitch a déclaré que le congrès du KPRF revêtait une grande importance non seulement pour la Russie, mais aussi pour nos amis et partenaires à l’étranger. Les ambassadeurs de la RPC, de la RPDC, de Cuba, du Laos et du Vietnam ont pris la parole au congrès au nom des partis communistes au pouvoir dans leurs pays. L’activité internationale du KPRF a été hautement appréciée dans le message de bienvenue adressé aux délégués du congrès par le président russe Vladimir Poutine. Il a également souligné le rôle constructif du parti dans le travail parlementaire et les efforts considérables du KPRF pour soutenir le front. « Le KPRF est un parti d’opposition, mais nous pensons que dans les conditions de la S.V.O., la société doit se consolider », a déclaré le premier vice-président du Comité central.
Cependant, il existe des forces qui, par leurs actions, tentent de diviser la société, c’est-à-dire qui jouent en fait le jeu de l’ennemi. Il s’agit du projet anti-léniniste odieux « La Momie », diffusé par la chaîne de télévision « Spas ». Le but de cette provocation ignoble est tout à fait évident : semer la discorde entre les communistes et les croyants, diviser, semer la haine. Nous avons clairement exprimé notre position à ce sujet, mais nous ne nous sommes pas laissés entraîner dans cette querelle, car c’est exactement ce qu’on attend de nous, a déclaré Youri Vyacheslavovitch.
Il est symptomatique que ce projet russophobe ait finalement échoué de manière honteuse, ce qui reflète parfaitement l’état d’esprit de la société russe. «Nous constatons que l’opinion publique penche de plus en plus à gauche, a souligné Youri Afonine. Et de plus en plus de forces patriotiques se rallient au KPRF.
Et nous proposons effectivement aux autorités au pouvoir de corriger leur politique en fonction des changements d’humeur de la société et des besoins urgents du pays. Il doit s’agir d’un virage vers une politique de centre-gauche. Après le congrès, Guennadi Andréevitch Ziouganov a une nouvelle fois justifié la nécessité d’un tel virage depuis la tribune de la Douma d’État.
Le revirement de l’opinion publique est très radical, a constaté Youri Vyacheslavovitch. Depuis de nombreuses années, l’Institut de sociologie de l’Académie russe des sciences pose aux habitants de la Russie la question suivante : dans quelle société aimeriez-vous vivre ? Les réponses possibles sont « dans une société capitaliste », « dans une société socialiste » ou « dans une autre société ». Or, depuis 2020, la proportion de ceux qui souhaitent vivre sous le socialisme a presque doublé, passant de 26 % à 43 %, tandis que le nombre d’adeptes du capitalisme a chuté de 21 % à 15 %. Il s’agit là d’une base objective pour un virage vers le centre-gauche. Les partisans du socialisme sont trois fois plus nombreux que ceux du capitalisme.
Les transformations doivent-elles venir d’en haut ou d’en bas ? Depuis le début de la S.V.O., la politique du pouvoir en place a beaucoup changé. Le pouvoir a notamment été contraint de mettre en œuvre une grande partie du programme du KPRF. Youri Afonine a donné plusieurs exemples de la mise en œuvre des revendications des communistes.
Le KPRF réclame depuis longtemps la nationalisation des biens oligarchiques. Le pouvoir craint le mot « nationalisation » et ne l’utilise pas, mais depuis deux ans, c’est ce qui se passe dans les faits : le parquet général a déjà déposé des dizaines de plaintes contestant la légalité de la privatisation d’entreprises stratégiques par les oligarques, et suite à des décisions de justice, ces actifs sont restitués à l’État. Les communistes considèrent qu’il s’agit là d’une tendance positive. Le KPRF a soumis la question de la nécessité de la nationalisation à un référendum populaire. 3,5 millions de personnes y ont déjà participé et, d’après les résultats provisoires, il est clair que l’initiative des communistes est soutenue par la grande majorité de la population.
Le KPRF s’est opposé pendant 20 ans au système de Bologne, prouvant qu’il conduisait à la dégradation de l’enseignement supérieur et sapait la position de la Russie dans les domaines de la science et des technologies. Aujourd’hui, même le ministre de l’Enseignement supérieur et des Sciences reconnaît que le système de licence ne permet pas de former correctement des spécialistes dans la plupart des domaines. Le pouvoir renonce de fait à la « bolonka ». Le KPRF s’est battu contre l’EGE comme forme unique et sans alternative d’examen. Et aujourd’hui, le chef de l’Académie des sciences déclare : l’EGE rend les enfants plus bêtes. Il est évident que le pouvoir finira bientôt par reconnaître le bien-fondé du KPRF sur ce point également.
La demande du KPRF concernant l’introduction d’un impôt progressif a été satisfaite. Certes, pas tout à fait comme il le faudrait, mais un réexamen des positions sur cette question a commencé. L’année dernière également, une décision réclamée depuis longtemps par le KPRF a été prise : l’indexation des pensions des retraités qui continuent à travailler a été rétablie.
Mais, bien sûr, pour changer sérieusement la situation dans le pays pour le mieux, il faut un virage de centre-gauche beaucoup plus large et plus cohérent, a déclaré le premier vice-président du CC du KPRF. C’est une nécessité objective : sans un tel virage, notre pays n’a aucune chance de résister à l’ensemble du bloc impérialiste occidental, et encore moins de se développer avec succès. Et les communistes font passer ces idées auprès de la population, notamment pendant les campagnes électorales.
D’ailleurs, le retour à une véritable démocratie, à la formation concurrentielle des organes du pouvoir est également une condition sine qua non du développement normal du pays. L’une des résolutions du congrès était consacrée à la liberté des élections, a déclaré Youri Vyacheslavovitch : les communistes exigent l’abolition du DEG (électronique), du vote sur trois jours, du filtre municipal et d’autres stratagèmes permettant de fausser la volonté des citoyens. Les documents programmatiques du KPRF prévoient des mécanismes garantissant des élections honnêtes et le rejet de toute technologie de manipulation. Il a souligné que seule la participation authentique des citoyens à la gestion du pays permettait de parler de véritable démocratie.
À la demande du modérateur, le premier vice-président du Comité central du KPRF a énoncé les points clés du programme de centre-gauche : justice sociale, niveau de vie décent, emploi, confiance en l’avenir. L’énorme demande de justice sociale est avant tout due aux inégalités colossales qui se sont développées après l’effondrement de l’URSS. Une société où 10 % des riches possèdent 90 % de la richesse nationale et où 10 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté ne peut en aucun cas être considérée comme saine. Si nous voulons avoir un peuple uni, une société solidaire, la lutte contre la pauvreté et les inégalités est une tâche primordiale.
On ne peut pas dire que l’État ne s’occupe pas de ce problème, mais de nombreuses décisions continuent d’être prises dans l’intérêt des grandes entreprises, même dans le contexte de l’opération spéciale.
La stratification de la société est également visible par rapport au front, a fait remarquer Youri Afonine : les citoyens ordinaires dépensent souvent leurs dernières économies pour envoyer des colis et aider les soldats, tandis que de nombreux représentants (pas tous) des grandes entreprises veulent tranquillement attendre la fin de la guerre, espèrent que les sanctions seront levées et rêvent d’une reprise rapide du commerce avec l’Occident, où ils continuent d’envoyer leurs enfants étudier.
Dans son rapport au congrès, Guennadi Ziouganov appelle cette couche de la population la « cinquième colonne ». Heureusement, même parmi les entrepreneurs, les patriotes sont plus nombreux.
Les idées socialistes gagnent en popularité auprès des jeunes, a déclaré Youri Vyacheslavovitch. Les jeunes connaissent la vie en URSS principalement à travers les récits de leurs parents : l’éducation et les soins médicaux gratuits, les logements gratuits, l’absence de chômage. Et quand ils voient les prix actuels de l’immobilier et les taux d’intérêt des prêts hypothécaires, quand ils voient le coût de l’éducation, ils comprennent que le socialisme, c’est la justice, et que le capitalisme, c’est la survie. Et ils commencent à s’intéresser de plus en plus aux idées socialistes.
Aujourd’hui, on discute beaucoup de démographie, et la plupart des auteurs et des porte-parole pro-gouvernementaux insistent sur le fondement spirituel et moral comme garantie d’une natalité élevée. Personne ne conteste l’importance de la moralité, mais les communistes affirment que ce sont les conditions socio-économiques qui priment : l’accès au logement, l’emploi garanti, des salaires décents, l’éducation et les soins de santé gratuits, des clubs et des sections sportives pour les enfants. Et, bien sûr, le plus important, c’est la confiance en l’avenir. Sans cela, aucune augmentation de la natalité n’est possible, affirment les communistes.
Le présentateur a posé la question suivante : comment les jeunes d’aujourd’hui en viennent-ils au marxisme, qu’est-ce qui les motive ? En premier lieu, c’est précisément le désir de justice sociale, a répondu Youri Afonine, la compréhension que la vie actuelle est extrêmement injuste : elle ne leur offre pas de perspectives de développement dignes, limite leurs possibilités d’obtenir une bonne éducation, de trouver un travail intéressant avec un salaire décent, d’acheter leur logement, de fonder une famille. Les jeunes sont très sensibles à l’injustice et cherchent toujours des moyens de la combattre. Beaucoup de jeunes voient dans le KPRF l’avant-garde de cette lutte et rejoignent le parti et le Komsomol.
Bien sûr, au début, ils sont peu préparés idéologiquement, ils manquent de connaissances dans le domaine du communisme scientifique. C’est pourquoi nous organisons de manière ciblée dans tout le pays des formations au sein du parti, dont la composante la plus importante est précisément l’étude du marxisme-léninisme, a déclaré Youri Vyacheslavovitch. Mais les jeunes s’engagent rapidement et activement dans la lutte, ils voient clairement qu’il s’agit d’une lutte réelle pour une vie meilleure pour tous. Le parti forme et éduque avec soin ses cadres, et beaucoup de jeunes deviennent rapidement des leaders brillants, des politiciens courageux et honnêtes. Tout le monde connaît les noms de nos gouverneurs rouges Valentin Konovalov et Andreï Klychkov, de jeunes communistes qui sont devenus d’excellents dirigeants. Dans de nombreuses régions, les organisations du parti sont dirigées par d’anciens membres du Komsomol, qui sont déjà devenus des politiciens régionaux sérieux et commencent à s’imposer avec assurance au niveau fédéral.
Répondant aux questions sur la sous-estimation de l’époque soviétique et sur la possibilité que la nostalgie de l’URSS puisse être la base de la construction, le premier vice-président du CC a parlé de la lutte du KPRF pour la mémoire historique du peuple. Après la destruction de l’Union soviétique, le nouveau pouvoir a tenté d’effacer cette mémoire, d’en éliminer la Grande Révolution d’Octobre, l’internationalisme authentique, les exploits des communistes et des membres du Komsomol pendant la Grande Guerre patriotique, le rôle décisif de Staline et du parti dans la victoire du peuple soviétique. Dans les manuels d’histoire ignobles de Kreder, que l’on a tenté d’introduire dans les écoles dans les années 1990, le rôle de l’URSS dans la défaite du fascisme était minimisé, et la version occidentale selon laquelle la victoire avait été remportée par les « alliés » était insinuée. Mais nous savons très bien que c’est le peuple soviétique, dirigé par Staline et les communistes, qui a vaincu Hitler.
Le KPRF a toujours défendu la vérité dans l’évaluation des périodes historiques, s’est battu pour Lénine, Staline, pour la vérité sur le pouvoir soviétique et la vie en Union soviétique. Nous pensons que l’oubli et la réécriture de l’histoire conduisent à des métamorphoses tragiques, comme celle qui s’est produite en Ukraine. Pendant trente ans, on leur a martelé que les Russes étaient leurs ennemis, que le pouvoir soviétique était anti-ukrainien, et c’est sur ce terreau que s’est développé un fascisme pur et dur. Ce n’est pas un hasard si les communistes, les socialistes et les syndicats ont été les premiers à subir le joug du pouvoir fasciste, comme dans l’Allemagne hitlérienne, car le fascisme est partout le même. Les communistes sont les ennemis organiques les plus importants du fascisme, et eux seuls ont l’expérience de la victoire sur celui-ci. Et nous remporterons nécessairement la victoire sur le fascisme renaissant, le nazisme ukrainien.
Mais les ennemis ne sont pas seulement extérieurs. Lors du congrès du KPRF, une résolution contre la russophobie et l’antisoviétisme a été adoptée, a déclaré Youri Afonine. Les communistes ont exigé l’introduction d’un article pénal pour les russophobes et les antisoviétiques, car cette « cinquième colonne » s’est tue, mais n’a pas disparu, et dans le contexte de la guerre avec l’Occident collectif, elle cause un grave préjudice à notre pays. Et nous poursuivrons cette lutte, car il s’agit d’une lutte pour la souveraineté nationale, a souligné le premier vice-président du Comité central.
Une autre décision importante du XIXe congrès a été la résolution sur le rétablissement de la justice historique à l’égard de Joseph Vissarionovitch Staline. La résolution reconnaît comme politiquement partiales et destructrices tant le célèbre rapport de Khrouchtchev « Sur le culte de la personnalité et ses conséquences » présenté devant les délégués du XXe congrès du PCUS que les décisions anti-staliniennes du XXIIe congrès. Youri Afonine a souligné que la diffamation de Staline par Khrouchtchev avait semé les graines de notre catastrophe nationale : la destruction de l’URSS et la restauration du capitalisme, accompagnées de millions de victimes et d’une dégradation économique, technologique et morale colossale. Il a rappelé les paroles du légendaire commissaire du peuple stalinien, puis ministre de la Défense de l’URSS, Dmitri Fiodorovitch Oustinov : aucun ennemi n’a causé autant de mal à notre pays que Khrouchtchev avec sa politique à l’égard du passé du parti et de l’État, à l’égard de Staline.
La résolution contient un appel au président de la Russie pour qu’il rende à la ville de Volgograd et à la région de Volgograd leurs noms héroïques – Stalingrad et région de Stalingrad. Youri Afonine a rappelé qu’à l’époque, le KPRF avait recueilli plus d’un demi-million de signatures d’habitants de la région pour cette demande. Au nom de la fraction du KPRF, il a proposé depuis la tribune de la Douma d’adopter une adresse du Parlement au président sur cette question. Mais la majorité du parti Russie unie, refusant de voter, a bloqué cette décision.
Aujourd’hui, la Russie est contrainte de lutter contre tout le bloc impérialiste occidental. Il est absolument impossible de gagner cette lutte sans tirer parti de l’expérience historique de l’époque stalinienne. C’est pourquoi il est extrêmement important, aujourd’hui plus que jamais, de rétablir pleinement la justice historique à l’égard de Staline. L’expérience sociale colossale de l’Union soviétique, très diversifiée et précieuse, servira de base au développement du pays, et la nostalgie de l’URSS sera un soutien sur cette voie de la renaissance.
Il faut garder à l’esprit, a déclaré Youri Vyacheslavovitch, que des dizaines de millions de personnes peuvent être nostalgiques d’une époque véritablement grande, mais que pratiquement personne n’est nostalgique des années 90 de l’ère Eltsine – même les bandits qui ont prospéré à cette époque et ont réussi à survivre s’en souviennent avec effroi.
À titre d’exemple de la manière dont le KPRF, même avant d’arriver au pouvoir, utilise déjà l’expérience soviétique pour construire, Youri Afonine a cité le mouvement des pionniers. Aujourd’hui, près de 300 000 enfants sont impliqués dans le mouvement des pionniers, ressuscité par les communistes dans tout le pays.
Youri Vyacheslavovitch a déclaré qu’en y regardant de plus près, il apparaît clairement que l’expérience soviétique contient les solutions aux problèmes les plus aigus de la Russie actuelle. Par exemple, dans les domaines de la santé et de l’éducation, il est nécessaire d’éliminer les conséquences de l’« optimisation » insensée du secteur social, qui a entraîné la liquidation d’une grande partie du vaste réseau d’institutions sociales soviétiques. La médecine et l’éducation doivent devenir absolument accessibles à tous, comme c’était le cas en URSS.
Et la conclusion la plus importante à tirer de l’expérience soviétique est la suivante : les ressources naturelles, le secteur énergétique, les entreprises stratégiques et les services publics doivent appartenir à l’État. L’État disposera alors des moyens nécessaires pour mener à bien une nouvelle industrialisation de haute technologie, qui permettra de résoudre le problème du remplacement des importations.
Réfutant le mythe répandu selon lequel la propriété d’État est inefficace, le premier vice-président du Comité central du KPRF a cité l’exemple de Rosatom. Cette société appartient entièrement à l’État, mais au cours des dernières décennies, alors que de nombreux secteurs de l’économie se dégradaient ouvertement, Rosatom a connu un succès colossal. Elle a fait progresser la science, créé de nouveaux types de réacteurs nucléaires efficaces et sûrs, et les construit en Russie et dans le monde entier.
Outre l’expérience soviétique, nous devons largement utiliser celle de la Chine socialiste moderne. Youri Afonine a cité les chiffres éloquents suivants : depuis 1990, l’économie du principal pays capitaliste, les États-Unis, a augmenté d’environ deux fois, tandis que celle de la République populaire de Chine a été multipliée par 18.
La dernière question de l’interview était la suivante : est-il réaliste de rétablir la paix interethnique dans l’espace post-soviétique ? Et que faut-il faire pour cela ?
Youri Afonine a souligné que les processus d’intégration dans l’espace post-soviétique sont déjà en cours.
L’exemple le plus frappant est l’Union étatique de Russie et de Biélorussie. Cette intégration est mutuellement avantageuse : les économies russe et biélorusse se complètent. Et il est effrayant de penser à ce qui se serait passé si l’Occident avait réussi en 2020, lors du « coup d’État coloré », à renverser le président légitimement élu Alexandre Loukachenko. Nous aurions très probablement eu des bases de l’OTAN près de Smolensk. Mais les autorités biélorusses et le peuple biélorusse ont résisté, et aujourd’hui, la Russie est solidement protégée à l’ouest.
En ce qui concerne l’espace post-soviétique dans son ensemble, comme l’a souligné Youri Vyacheslavovitch, une grande partie de celui-ci est dominée par des régimes nationalistes dont l’idéologie est, à des degrés divers, infectée par la russophobie. Cela signifie-t-il que cette situation est définitive ? Que les processus d’intégration sont impossibles ? Non, mais pour que l’intégration soit possible et que la Russie en devienne le noyau, notre pays doit proposer un projet social attrayant pour tous les peuples du monde post-soviétique.
Youri Afonine a proposé de regarder la situation telle qu’elle était il y a un siècle. Au moment de la révolution d’Octobre, il existait déjà dans tous les coins du pays des mouvements séparatistes qui bénéficiaient d’un puissant soutien des puissances étrangères. Il semblait que l’État était condamné à être déchiré en dizaines de morceaux. Mais les bolcheviks, avec Lénine à leur tête, ont rassemblé le pays. Pourquoi ? Parce qu’ils ont proposé un projet social attrayant pour les travailleurs de toutes les nationalités.
Partout, les paysans souffraient du manque de terres. C’est pourquoi le décret de Lénine sur la terre était attrayant pour les paysans de toutes nationalités. Autre exemple : les bolcheviks ont adopté le Code du travail, qui a instauré la journée de travail de 8 heures et les congés payés. Les travailleurs de toutes les nationalités le voulaient absolument. Plus encore : les capitalistes du monde entier ont dû progressivement adopter les acquis sociaux soviétiques pour éviter des révolutions dans leurs pays.
En proposant un projet social attrayant, les bolcheviks ont donc réussi à vaincre le nationalisme, à rassembler un pays qui s’était déjà pratiquement désintégré et à instaurer une paix interethnique pendant plusieurs décennies.
Il en va de même aujourd’hui : la Russie deviendra un pôle d’attraction pour le reste de l’espace post-soviétique en proposant un projet social moderne, mais tout aussi attrayant pour tous. Le KPRF a proposé son programme de victoire. Notre projet est un socialisme renouvelé pour le XXIe siècle. Tous les peuples de l’espace post-soviétique seront attirés par une Russie socialiste, puissante et en plein essor. C’est pour un tel avenir que travaillent les communistes russes.
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