Nous poursuivons aujourd’hui l’analyse des conséquences de l’accord humiliant pour la soi-disante Union européenne, conclue par la présidente de la commission, Ursula Von der Leyen avec le président des USA, Donald Trump. Mais nous allons aussi évoquer aujourd’hui les alternatives à l’effondrement, à la guerre et au fascisme vers lequel cet accord nous entraîne, en montrant qu’à côté de l’occident qui se cramponne désespérément à son hégémonie, un autre monde, plus vaste, plus développé, plus universel et plus démocratique est en train d’émerger. Nous allons évoquer également l’importance du rôle des travailleurs, organisés, d’un parti communiste porteur de ces perspectives et capable de rassembler la classe ouvrière et d’oeuvrer à l’unité nationale pour basculer du monde en crise vers le monde en développement. Mais revenons d’abord une nouvelle fois sur les conséquences de l’accord signé entre Trump et Von der Leyen, dont tout le monde s’accorde à dire qu’il est une catastrophe, mais face auquel, faute de perspective plus large, on ne peut que rester impuissant. Ainsi, François Bayrou parle d’un « jour sombre » et d’une « soumission » à laquelle il souligne qu’il faut néanmoins « se résoudre ». Les commentaires des oppositions sont évidemment critiques, mais, A PART SUR NOTRE BLOG, QUI SOULEVE L’ALTERNATIVE QUE CONSTITUENT LES BRICS ? Ainsi que le souligne l’article ci-dessous, l’accord est une véritable saignée de l’Union Européenne. Les Echos soulignent ce matin que tous les experts de l’énergie s’arrachent les cheveux pour savoir comment l’UE pourra honorer les 750 milliards d’achats énergétiques (sur 3 ans, donc, la coquette somme de 250 milliards par an, environ 500 € d’achats d’énergie etat-unienne par habitant et par an). Le reste de l’accord, droits de douane et investissements clouera définitivement le cercueil de l’industrie d’Europe Occidentale avec la même rapidité. Le fantasme macronien d’une industrie européenne de la défense est enterré avant même d’avoir pu être discuté sérieusement et avec lui l’illusion d’une autonomie stratégique de la défense. Mais l’article ci-dessous nous invite à voir plus en profondeur le projet états-unien : au fond, c’est un projet de division par la guerre, dans l’espoir (insensé) d’empêcher l’avênement d’un monde que l’occident impérialiste ne dominerai plus. La saignée des alliés, transformés non seulement en vassaux mais finalement pillés ( vise à sauver les USA et le dollar pour leur permettre de mener la guerre aux BRICS et en particulier à la Chine. (Note de Franck Marsal pour Histoire&Société)
Le pacte aidera à restaurer l’hégémonie unipolaire des États-Unis grâce à des accords commerciaux déséquilibrés, alors qu’il se tourne vers les Amériques et l’Asie
par Andrew Korybko28 juillet 2025

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a accepté un accord-cadre avec les États-Unis en vertu duquel l’UE sera soumise à des droits de douane de 15 % sur la plupart des importations, s’engagera à acheter pour 750 milliards de dollars d’exportations d’énergie américaine et à investir 600 milliards de dollars dans l’économie américaine, dont une partie sera constituée d’achats militaires.
Les droits de douane américains sur les exportations d’acier et d’aluminium de l’UE resteront à 50 %, tandis que l’UE a accepté de ne pas imposer de droits de douane aux États-Unis. L’alternative à cet arrangement déséquilibré était que Trump impose ses droits de douane de 30 % d’ici le 1er août.
La force macroéconomique de l’UE s’est considérablement affaiblie au cours des trois dernières années et demie en raison des sanctions anti-russes qu’elle a imposées en solidarité avec les États-Unis sur ce qui avait été jusqu’à présent son fournisseur d’énergie le moins cher et le plus fiable.
Il était donc déjà dans une situation critique de désavantage dans toute guerre commerciale potentielle. L’échec de l’UE à conclure un accord commercial majeur avec la Chine depuis le retour au pouvoir de Trump, évident lors de leur dernier sommet à la fin de la semaine dernière, a fait du résultat de dimanche un fait accompli avec le recul.
Le résultat final est que l’UE s’est tout simplement subordonnée en tant que plus grand État vassal de l’histoire des États-Unis. Les droits de douane de 15 % imposés par les États-Unis sur la plupart des importations réduiront la production et les bénéfices de l’UE, rendant ainsi plus probable une récession.
L’engagement du bloc à acheter de l’énergie américaine plus chère deviendra plus onéreux dans ce cas. De même, sa promesse d’acheter davantage d’armes américaines sapera le « plan ReArm Europe », avec l’effet combiné des concessions susmentionnées cédant davantage la souveraineté déjà réduite de l’UE aux États-Unis.
Cela peut à son tour encourager les États-Unis à faire pression pour obtenir de meilleures conditions dans leurs négociations commerciales en cours avec d’autres pays. Sur le front nord-américain, Trump envisage de réaffirmer l’hégémonie des États-Unis sur le Canada et le Mexique par des moyens économiques, ce qui peut lui permettre d’étendre plus facilement la « forteresse Amérique » vers le sud.
S’il réussit à subordonner le Brésil, alors tout ce qui se trouve entre lui et le Mexique s’alignera naturellement. Cette série d’accords, ainsi que celui de la semaine dernière avec le Japon, renforcerait la main de Trump avec la Chine et l’Inde.
Idéalement, il espère reproduire ses succès japonais et européens avec ces deux piliers asiatiques des BRICS, qui représentent ensemble environ un tiers de l’humanité, mais on ne peut pas tenir pour acquis qu’il le fera.
La meilleure chance de Trump de les contraindre à des arrangements tout aussi déséquilibrés exige qu’il place les États-Unis dans la position géo-économique la plus avantageuse possible au cours de leurs pourparlers ; d’où la nécessité de construire rapidement la « forteresse Amérique » par le biais d’une série d’accords commerciaux, puis de prouver que ses menaces tarifaires ne sont pas du bluff.
Comme expliqué dans cette analyse, cette variable et la La politique de triangulation kissingérienne détermine de manière significative l’avenir de leurs négociations commerciales. S’il échoue, Trump n’imposera peut-être pas de droits de douane à 100 % à la Chine et/ou à l’Inde, mais on s’y attendra tout de même.

Néanmoins, avec le Japon, l’UE et probablement la « forteresse Amérique » de son côté, cet « Occident global » pourrait isoler les États-Unis de certaines des conséquences.
La grande importance stratégique de la subordination de l’UE en tant que plus grand État vassal de l’histoire des États-Unis est donc qu’elle place les États-Unis sur la voie de la restauration de leur hégémonie unipolaire par le biais d’accords commerciaux séquentiels, alors qu’ils jettent probablement leur dévolu sur les Amériques avant de finalement s’attaquer à l’Asie.
Il n’y a aucune garantie que les États-Unis réussiront, et une série d’accords commerciaux déséquilibrés avec les grandes économies ne rétablirait que partiellement l’unipolarité dirigée par les États-Unis, mais les actions de Trump représentent toujours une menace existentielle potentielle pour la multipolarité.
Cet article a été publié pour la première fois sur le site Substack d’Andrew Korybko et est republié avec l’aimable autorisation. Abonnez-vous à la newsletter Andrew Korybko ici.
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