Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

« Il faut mettre un point final ». Ce dont la Russie a convenu avec l’Ukraine

MOSCOU, 23 juillet — RIA Novosti, Viktor Jdanov. Le troisième cycle des négociations russo-ukrainiennes s’est tenu à Istanbul. L’échange de prisonniers se poursuivra. La Russie a exigé la restitution de ses citoyens, y compris des enfants. Une rencontre entre Poutine et Zelensky est possible, mais seulement après une préparation minutieuse. RIA Novosti revient sur les autres points abordés au palais Çırağan. Non sans ironie un tantinet sarcastique vu la situation réelle, l’article très factuel insiste sur les « détails » qui prouvent qu’un certain principe de réalité semble s’imposer aux Ukrainiens et à leurs sponsors quant au rapport de forces réel, à leur représentativité et qui est en mesure de dicter les conditions de la négociation. Un article fondamental pour qui aurait envie d’échapper au radotage général et mesurer le caractère criminel et stupide de ceux qui continuent à nous faire croire à l’escalade militariste comme un chemin vers la paix. (note de Danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop pour histoireetsociete)

https://ria.ru/20250723/peregovory-2031005116.html

Troisième tentative

Contrairement aux précédentes rencontres à Istanbul, la délégation ukrainienne n’a pas fait de manières et est arrivée à l’heure. Il n’a pas été nécessaire de reporter la réunion d’un jour, comme en mai. Il n’y a pas eu non plus de retard de plusieurs heures, comme en juin. Le chef de la délégation, Rustem Umerov, est arrivé au palais Chiragan avant même les représentants russes. Et cette fois-ci, les Ukrainiens étaient presque tous en costume.

Le processus d’Istanbul a repris à l’initiative de Moscou le 16 mai. À cette occasion, les deux parties ont convenu d’échanger 1 000 prisonniers, une mesure sans précédent, et de présenter leurs conditions pour un éventuel cessez-le-feu. Kiev a soulevé la question d’une rencontre personnelle entre Poutine et Zelensky.

Le deuxième cycle de négociations s’est tenu le 2 juin. La Russie a, comme promis, remis un mémorandum sur le cessez-le-feu, qui a ensuite été rejeté par Kiev. Les parties ont convenu d’échanger les prisonniers gravement malades et ceux âgés de moins de 25 ans, et Moscou s’est également déclarée prête à remettre les corps de 6 000 soldats ukrainiens tués au combat.

© RIA Novosti / POOL La délégation russe lors des négociations avec les représentants ukrainiens au palais Çırağan à Istanbul.

Kiev avait proposé une rencontre fin juin. Cependant, le processus a pris du retard. Zelensky a quelque peu modifié la composition de la délégation, la faisant passer de 12 à 14 personnes. Oumerov la dirigeait déjà en tant que secrétaire du Conseil national de sécurité et de défense, et Yuriy Kolbasa, représentant du commissaire à l’égalité des droits de la Rada dans le système des organes de sécurité, et Evgueni Ostrianski, chef adjoint de l’état-major général des Forces armées ukrainiennes, s’y sont ajoutés.

La composition de la délégation russe est restée inchangée : l’assistant du président Vladimir Medinsky, le vice-ministre des Affaires étrangères Mikhaïl Galouzine, le chef du Service principal de renseignement de l’état-major général Igor Kostyukov et le vice-ministre de la Défense Alexandre Fomine. Le vice-ministre ukrainien des Affaires étrangères Sergueï Kislitsa a surpris en reconnaissant que, d’après ses observations personnelles, les négociateurs russes étaient compétents et courtois.

© RIA Novosti / POOL La délégation ukrainienne lors des négociations avec les représentants russes au palais Çırağan à Istanbul.

Il y a du pain sur la planche

Comme la dernière fois, Medinsky et Oumerov se sont d’abord entretenus en privé en présence du ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, qui a remercié les dirigeants russe, ukrainien et américain pour leurs efforts et souligné que la communauté internationale appréciait grandement les résultats des deux premières réunions.

Les délégations ont communiqué en russe à huis clos. Medinsky s’est ensuite présenté devant les journalistes et a confirmé que tous les accords sur les questions humanitaires conclus lors du deuxième cycle avaient été respectés.

Le dernier échange de prisonniers dans ce cadre, 250 contre 250, à la frontière ukraino-biélorusse, s’est achevé pendant la réunion. Il reste maintenant à échanger 1 200 personnes de chaque côté. Moscou a également l’intention de remettre 3 000 corps de militaires des Forces armées ukrainiennes via la Croix-Rouge, dès que Kiev sera prête. Les échanges sanitaires illimités de blessés graves et de malades se poursuivront.

La situation est plus compliquée pour les civils. Medinsky a souligné que, pour une raison inconnue, l’Ukraine détient 30 personnes évacuées de la région de Koursk. Kiev doit clarifier leur statut. Moscou a quant à elle achevé son travail sur la liste des enfants ukrainiens reçue lors de la précédente réunion. Beaucoup d’entre eux ne sont jamais allés en Russie, et 50 d’entre eux se sont avérés être des adultes lors de la vérification. Les autres sont sous contrôle de l’État et tous sont pris en charge. Galouzine, à son tour, a appelé Kiev à rendre les enfants russes détenus en Ukraine et dans les pays de l’Union européenne. Ils doivent être traités de la même manière que les enfants ukrainiens en Russie.

© RIA Novosti / POOL Représentants de la Turquie lors des négociations entre la Russie et l’Ukraine au palais Çırağan à Istanbul

Moscou a de nouveau proposé une trêve de 24 et 48 heures sur la ligne de contact pour permettre le transfert des corps des victimes. Elle a proposé à Kiev de former trois groupes de travail sur les questions politiques, humanitaires et militaires pour faciliter la coopération en ligne. La délégation ukrainienne a promis d’examiner cette proposition.

Les mémorandums ont été discutés. Les versions russe et ukrainienne sont toujours très éloignées l’une de l’autre, a souligné Medinsky. La rencontre entre Poutine et Zelensky, sur laquelle insiste Kiev, nécessite une préparation minutieuse. Leurs négociations doivent « mettre un point final ».

© RIA Novosti / Ramil Sitdikov L’assistant du président russe Vladimir Medinsky à l’aéroport de Istanbul

L’essentiel est la mise en œuvre

Le troisième cycle a été retardé en raison de la prolongation de l’échange de prisonniers. Le Kremlin attendait que Kiev se prononce sur les dates.

En juin et juillet, la Russie a remis à l’Ukraine plus de sept mille corps d’officiers et de soldats des Forces armées ukrainiennes. Cela n’a pas été facile, Kiev n’ayant pas immédiatement donné son accord. (1)

Quoi qu’il en soit, Moscou est favorable au maintien de contacts permanents et à la poursuite des rencontres. « Nous avons répété à maintes reprises que nous préférerions atteindre les objectifs qui nous sont fixés par des moyens politiques et diplomatiques pacifiques », a rappelé le porte-parole du président russe, Dmitri Peskov.

La prochaine réunion pourrait avoir lieu après la mise en œuvre des accords conclus lors du troisième cycle de négociations. Moscou espère qu’elle aura lieu.

© RIA Novosti Négociations entre les délégations russe et ukrainienne à Istanbul

(1) Il n’est pas fait mention ici du nombre de corps de soldats russes rendus à leur pays. D’après mon souvenir (Marianne Dunlop), il s’agissait de quelques dizaines contre des milliers. La première raison à cette disproportion est simple et évidente : les Russes étant à l’offensive, les morts ukrainiens, et même russes, restent sur le champ de bataille du côté russe. Une autre raison qui est parfois évoquée, c’est que les pertes ukrainiennes sont beaucoup plus importantes que les pertes russes. Toujours est-il que le maire de Lvov, pour remédier à la situation, a récemment proposé de déterrer des morts soviétiques de la seconde guerre mondiale pour les échanger contre les corps des soldats morts ukrainiens…

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