La montée électorale du parti populiste de droite Sanseito avec son leaderSōhei Kamiya, secoue le Japon, c’est un parti anti-mondialiste, qui incite les électeurs à retrouver la fierté de leur appartenance ethnique et de leur culture, ce parti si l’on en croit les sondages est particulièrement populaire parmi les jeunes hommes. Sanseitō qui s’est montré le plus offensif dans son opposition à la fois au parti conservateur usé par la corruption, la hausse des prix et à une gauche dérivant vers le centre sans véritable alternative a repris le flambeau de l’antimondialisme mais a réussi à faire de l’immigration un enjeu central de la campagne électorale, avec le slogan provocateur « Les Japonais d’abord ». Le parti a remporté 14 sièges sur les 248 de la chambre, un bond substantiel par rapport au seul siège qu’il avait remporté lors des dernières élections en 2022. Si cela ne signifie qu’il soit aux portes du pouvoir, cela marque un peu plus l’instabilité du Japon.L’ascension de Sanseitō, le parti d’extrême droite pourrait avoir une influence cruciale sur le paysage politique japonais. Alors que le Premier ministre, Shigeru Ishiba, a indiqué qu’il ne démissionnerait pas, la coalition au pouvoir a maintenant perdu le contrôle des deux chambres. Ishiba devra peut-être chercher le soutien d’autres partis et pourrait faire face à des défis de leadership. On mesure à quel point, nous sommes apparemment devant un cas de figure bien connu en Europe et singulièrement en France.
Mais cette instabilité a des conséquences dans le débat sur les perspectives asiatiques qui sont « autochtones » . L’Asie tout entière envisage des perspectives mais le fait à travers des références qui nous sont partiellement inconnues, une histoire qui a ses propres temporalités et qu’il nous paraît utile d’esquisser ici.
L’USURE DES PARTIS TRADITIONNELS CONSERVATEURS ET DE CENTRE GAUCHE FACE A LA CORRUPTION, LA HAUSSE DES PRIX, LES MENACES TARIFAIRES
Le Japon a tenu des élections pour sa chambre haute, la Chambre des conseillers, le 20 juillet. Comme prévu,le vote s’est avéré un défi pour le parti conservateur au pouvoir, le Parti libéral-démocrate (PLD), qui a été ébranlé par des scandales de corruption, la hausse des prix et les droits de douane américains sur les exportations japonaises. La coalition au pouvoir, composée du PLD et de son partenaire junior, Kōmeitō, a perdu sa majorité à la chambre..Le Japon pourrait désormais entrer « en terrain inconnu, avec un gouvernement en minorité dans les deux chambres du Parlement, situation inédite depuis la Seconde Guerre mondialeAlors que le Parti démocrate constitutionnel de centre-gauche a maintenu sa position de plus grand groupe d’opposition, mais le véritable changement a été le succès de l’élection a été celui de Sanseitō, un parti populiste ultranationaliste. Sanseitō a réussi à faire de l’immigration un enjeu central de la campagne électorale, avec le slogan provocateur « Les Japonais d’abord ». Le parti a remporté 14 sièges sur les 248 de la chambre, un bond substantiel par rapport au seul siège qu’il avait remporté lors des dernières élections en 2022.Sanseitō se définit lui-même comme un parti de « citoyens japonais ordinaires avec le même état d’esprit qui se sont rassemblés ». Il a été créé en 2020 par Sōhei Kamiya, un politicien conservateur qui a été conseiller municipal à Suita, une ville de la préfecture d’Osaka, avant d’être élu à la Chambre des conseillers.
Le parti Sanseitō s’est d’abord fait connaitre pour sa position contre le vaccin Covid-19, mais il a rapidement dérivé vers une position anti étrangers et anti immigration. Le parti, qui détient également trois sièges à la puissante chambre basse, a rapidement gagné des sièges lors des élections régionales et nationales. Il a récemment remporté trois sièges lors des élections préfectorales de Tokyo en juin 2025. Sanseitō est « anti-mondialiste », exhortant les électeurs à se sentir fiers de leur appartenance ethnique et de leur culture. Les sondages suggèrent que le parti est populaire parmi les jeunes hommes âgés de 18 à 30 ans. Tout au long de la dernière campagne électorale, Kamiya a diffusé à plusieurs reprises des théories du complot et de la désinformation d’extrême droite. Il s’agissait notamment d’affirmer que les multinationales étaient à l’origine de la pandémie, et que les étrangers commettent des crimes en masse et peuvent éviter de payer les droits de succession. Les réseaux sociaux mais aussi les médias ont amplifié les messages xénophobes de Sanseitō. Il a incontestablement bénéficié d’une promotion médiatique et d’une omniprésence dans les enjeux des réseaux sociaux. Là encore, nous sommes bien dans une tendance qui est celle des pays impérialistes. Kamiya comme Marine Le pen nie être xénophobe. Mais il a exprimé son soutien au Parti républicain aux États-Unis, à Reform au Royaume-Uni, à Alternativ für Deutschland en Allemagne et au Rassemblement National en France. Faisant écho à d’autres dirigeants populistes de droite, Kamiya a promis des réductions d’impôts, de créer des industries locales, une réglementation des étrangers et une éducation patriotique.Il est trop tôt pour dire si Sanseitō peut maintenir son élan. De nombreux leaders populistes au Japon avant Kamiya ont réussi à transformer la méfiance à l’égard de la classe politique en votes dans les urnes. Cependant, peu d’entre eux ont été en mesure de le traduire en un changement politique significatif au cours de plusieurs cycles électoraux.Incontestablement la question ne dépend pas des seules faveurs du public mais des forces capitalistes qui assurent sa promotion.
La ressemblance avec ce qui se passe aux Etats-Unis et en Europe, en particulier en France avec le parti de Marine Le Pen est d’autant plus flagrante que le Japon a un parti communiste eurocommuniste qui est totalement réformiste, quasiment antichinois et antisoviétique et dont la seule originalité était la lutte pour la paix contre l’arme nucléaire et les bases américaines.En dehors de ce parti qui n’a pas conservé une formation des adhérents et une ligne marxiste léniniste, la gauche est logiquement de centre gauche et en dehors de la question de la paix, la gauche a été comme en Europe laissée en jachère idéologique comme dans tous les pays où ‘eurocommunisme l’a emporté. Il y a une formule générale de l’impérialisme et de ses alliés, mais aussi des aspects plus spécifiquement japonais dans un contexte de transformation de l’Asie, et de la dynamique de la relation Chine USA.
les forces conservatrices et la gauche elle-même sont sur le terrain de Sanseitō. Ce parti joue un rôle d’éclaireur comme de repoussoir. Les décideurs politiques du PLD peuvent éviter de s’attaquer aux entreprises, aux capitalistes, dénoncer le surarmement et limiter leurs réponses inquiétudes du public concernant la migration, le tourisme excessif et l’intégration culturelle. Cherchant à coopter certaines des propositions de Sanseitō, le gouvernement a déjà interdit aux touristes de conduire et mis en place une nouvelle agence gouvernementale pour répondre aux préoccupations concernant les ressortissants non japonais. Il s’est également engagé à réduire l’immigration illégale à zéro.Mais même sur ce terrain, le gouvernement est confronté à des défis économiques et démographiques de taille, tels que les droits de douane américains, le vieillissement et le déclin rapides de la population, et un taux de natalité historiquement bas. Il ne peut donc pas se permettre de réduire considérablement l’immigration. Les décideurs politiques devront trouver un équilibre entre les besoins économiques et la nécessité de flatter le durcissement anti-étranger.Nous sommes là encore dans des constantes que l’on rencontre au plan international. Et là aussi ce n’est pas seulement l’immigration qui sera en jeu. Ishiba devra naviguer dans des questions clivantes qui pourraient diviser la base de soutien conservateur du PLD. Il s’agit notamment du mariage homosexuel, de l’utilisation de noms de famille distincts par les couples mariés et de la succession féminine au trône.
LES RACINES JAPONAISES, LES CONTEXTES HISTORIQUES EN ASIE
A ce titre , si Sanseitō surfe sur la vague mondiale du populisme de droite, il a aussi des racines profondément japonaises et celles-ci sont à anlayser dans l’histoire japonaise mais aussi dans le continent asiatique où cette montée de l’extrême droite japonaise provoque des réactions concernant le devenir de l’Asie, le leadership chinois et même une tentative de retour en force d’un courant pro-Etats-Unis considéré comme le seul pays susceptible d’enrayer le fascisme japonais et le communisme chinois.
Après la défaite du Japon dans la Seconde Guerre mondiale, un courant puissant de pensée de droite s’est développé, défendant les « valeurs traditionnelles » et glorifiant le passé impérial du Japon. Des tensions ont éclaté périodiquement sur des questions telles que l’enseignement de l’histoire et les visites officielles au sanctuaire Yasukuni, où sont commémorés ceux qui sont morts au service du Japon – y compris les chefs militaires condamnés pour crimes de guerre. Il y a également eu des différends autour de la commémoration de soi-disant « femmes de réconfort » qui auraient été forcées à l’esclavage sexuel par les forces japonaises avant et pendant la guerre. S’appuyant sur ces courants, Sanseitō représente une nouvelle génération de conservatisme japonais, et pas seulement une émulation de dirigeants populistes étrangers.
Il faut bien mesurer que le leadership chinois, ses propositions gagnant-gagnant de paix rencontrent un large écho, notre site et notre livre vous en parlent. Il existe désormais un relais intellectuel, universitaire important, y compris dans le monde anglo-saxon. L’économiste Jeffrey Sachs de l’Université Columbia soutient que la Chine n’avait jamais envahi le Japon de toute son histoire – à l’exception de deux tentatives ratées – et a qualifié les incursions du Japon en Chine d’anomalies. Citant le sociologue de Harvard Ezra Vogel, il a affirmé que les deux civilisations confucéennes ont connu près de 2 000 ans de paix relative – un contraste frappant, a-t-il noté, avec les guerres quasi constantes entre la Grande-Bretagne et la France. Jeffrey Robertson, professeur à l’Université Yonsei, a ajouté que, alors que « l’attention des États-Unis s’éloigne de l’Asie de l’Est, l’impensable devient pensable » – une région où l’Europe, la Russie, l’Inde et la Chine s’équilibrent imparfaitement, mais où aucune ne domine. Le politologue John Mearsheimer a également abondé en ce sens : « Si j’étais le conseiller à la sécurité nationale de Deng Xiaoping – ou de Xi Jinping – et qu’on me demandait ce que je pensais de la présence militaire américaine en Asie de l’Est, je répondrais : « Je veux que les Américains partent. Je ne veux pas d’eux dans notre jardin.
Ces prises de position qui sont celles du multilatéralisme sont celles d’économistes mais aussi d’historiens des civilisations qui s’appuient sur la référence dans la longue période à Confucius et à d’autres penseurs politiques asiatiques sur une longue durée qui correspond à la Chine suzeraine et générant la paix, les échanges commerciaux et culturels. Mais il y a justement le cas du Japon qui a toujours manifesté une spécificité dont l’extrême droite s’est fait une gloire, l’art et la manière de reprendre l’agressivité de la modernité occidentale pour mieux dans le même temps se présenter comme l’irréductible Asie et revendiquant à ce titre le droit à l’hégémonie sur tous les autres pays asiatiques, en particulier la très confucéenne Corée qui n’a cessé d’être en guerre. Le rôle du japon dans la deuxième guerre mondiale est connu et il est évident que les forces conservatrices n »ont jamais rompu avec l’idéologie impériale et ces derniers temps moins que jamais
LE DANGER QUE REPRENTERAIT UN JAPON FASCISANT FACE A UNE CHINE COMMUNISTE EST AU COEUR DE LA PROPAGANDE DU COURANT PRO-ETATS-UNIS
.
Ce courant qui est celui des « élites » asiatiques, les décideurs, le monde des affaires, et la quasi totalité des médias, ne veut pas rompre avec les USA, malgré le traitement qui est infligé par les exigences tarifaires qui ont fait plonger d’un quart les ventes automobiles vers les États-Unis, un secteur surtaxé par Washington à 25% et qui représente 8% des emplois dans l’archipel. La menace de surtaxes généralisées de 25% au 1er août fragilise le tissu économique nippon, très dépendant des exportations mais également les exigences militaires et les interdits commerciaux. Partagé dans « un conflit à la faust » entre sa vassalisation et ses intérêts réels, Le discours se réfugie dans « une objectivité » qui entretient la confusion et la rupture de l’opinion avec les partis traditionnels. L’insistance est mise sur le fait qu’il faudrait défendre « la démocratie » face à la Chine communiste et aux retour du Japon et d’autres pays asiatiques vers le fascisme. l’Asie dans le fond n’existe que dans la soumission aux Etats-Unis, rien ne serait pire que la rupture, la pacification de l’Asie dépend de la présence des Etats-Unis. Comme « les démocrates » à peu près partout dans le monde, ils entretiennent l’idéologie de la pax america mais en s’appuyant sur un fait qui n’est pas inexacts: Malgré les discours de Trump,il est faux de penser que les États-Unis « s’éloignent » de l’Asie de l’Est . Washington ne se retire pas, il redouble d’efforts. L’objectif est clair : contenir la Chine. C’est la politique officielle des États-Unis depuis l’article d’Hillary Clinton de 2011, « America’s Pacific Century », qui décrivait un pivot stratégique vers l’Asie comme la pierre angulaire de la politique étrangère américaine. Les États-Unis sont peut-être distraits par l’Ukraine et Gaza, mais leur priorité stratégique absolue reste inchangée – et est, en fait, de plus en plus ciblée. Washington a renforcé sa posture indo-pacifique par des exercices multinationaux à grande échelle, tels que le Talisman Sabre en Australie, fort de 40 000 hommes, et des déploiements militaires étendus dans le cadre de l’AUKUS, des rotations à Guam et un meilleur accès aux bases aux Philippines grâce à l’accord de coopération renforcée en matière de défense
Pour autant, il n’est pas dans l’intérêt des décideurs et des capaitalistes d’accepter ce que sous couvert de l’OTAN, les européens ont accepté.
Et là, il y a plusieurs écoles face auxquelles la montée de l’extrême droite au Japon, l’instabilité et la révolte possible du peuple, le chauvinisme nationaliste joue un rôle autant que l’espoir d’obtenir des arrangements économiques avec les deux puissances. Il y a en particulier dans le monde des affaires l’idée d’un retour à Kissinger., de fait une entente entre la Chine et les USA. Ils se réfèrent a ce moment où la vision de la Chine elle-même a évolué. Après la seconde guerre mondiale, sous l’influence de l’URSS, la Chine a vu les traités que signait les USA avec le Japon, la Corée du sud, et Taiwan comme dirigés contre elle et la guerre de Corée a été le point culminant. Même dans la rencontre avec Kissinger en 1971, le Premier ministre chinois Zhou Enlai a accusé Washington d’utiliser Taïwan et la Corée comme « deux ailes de l’expansion vers l’extérieur des politiques expansionnistes japonaises ». Et il faut mesurer que ces lignes forces existent toujours, le rapprochement actuel de la Chine avec Moscou et les relations optimales de la Russie avec la Corée du nord, les BRICS, les relations sud-sud tout cela va plus que jamais en ce sens. Mais peut être on peut dénouer les liens de la Chine avec la Russie et suivre les traces de Kissinger. Si visiblement Trump n’a pas obtenu de la Russie ce qu’il cherchait, peut être obtiendra-t-on de la Chine u n partenariat.
Car, il existe des forces économiques qui espèrent toujours un retour au « réalisme » de Kissinger. celui-ci avait fait valoir à la Chine que non seulement la présence américaine pouvait la protéger de l’URSS mais également du militarisme japonais. Il avait expliqué le caractère instable japonais « les Japonais sont capables de changements soudains et explosifs. Ils sont passés du féodalisme au culte de l’empereur en deux ou trois ans, et du culte de l’empereur à la démocratie en trois mois. Une telle volatilité, selon Kissinger, a fait d’un Japon auto-armé une menace latente – non pas en raison de l’intention, mais en raison du potentiel. « Un Japon qui se défend avec ses propres ressources sera un danger objectif pour la région. L’alliance américaine le restreint en fait. Il a reconnu l’alternative cynique : « Nous pourrions lâcher le Japon et le laisser se débrouiller seul. Cela déclencherait des tensions avec la Chine et nous permettrait de jouer les intermédiaires. Mais il a rejeté cette option comme étant dangereusement à courte vue : « Soit vous, soit nous finirions par être la victime. » Kissinger a mis en garde contre le retrait américain. « Nous n’avons pas combattu pendant la Seconde Guerre mondiale pour arrêter la domination du Japon sur l’Asie, pour la rendre possible 25 ans plus tard. Si le Japon veut vraiment que nous partions, nous partirons – mais je ne pense pas que vous devriez vous réjouir quand ce jour arrivera, car un jour vous pourriez le regretter », a-t-il déclaré. Zhou a commencé à se demander si les États-Unis pouvaient vraiment contenir ce qu’il appelait le « cheval sauvage » du Japon.Le président Mao a même encouragé Kissinger à maintenir de bonnes relations avec le Japon. « Lorsque vous traversez le Japon, vous devriez peut-être parler un peu plus avec eux. » Lors de la dernière visite de Kissinger, Mao a fait remarquer : « Vous n’avez parlé avec eux qu’une journée, et ce n’est pas très bon pour qu’ils ne perdent pas la face. » La conversation a eu lieu en 1971, sept ans après que la Chine soit devenue une puissance nucléaire et alors que le Japon restait non nucléaire. Pourtant, Pékin était toujours profondément inquiet de ce qu’un Japon remilitarisé pourrait faire sans la surveillance des États-Unis.
Cette peur persiste encore aujourd’hui, non seulement en Chine, mais dans tous les pays qui se sont affrontés avec le Japon dans la première moitié du XXe siècle.D’où la publicité accordée à cette montée de l’extrême droite qui n’est pourtant pas en état de prendre le pouvoir mais en fait sert d’éclaireur à tout le conservatisme japonais et même à une partie du centre gauche. Le fait qu’il partage les valeurs des Républicains au pouvoir avec Trump n’empêche pas au contraire une part grandissante des grands investisseurs d’avoir d’autres fers au feu. Il y a la conscience de l’état de crise des USA, de l’effondrement de fait du dollar, et même sur le plan militaire, une entente entre la Chine et les Etats-Unis concernant le partage du monde en commençant par la zone pacifique parait une nécessité.
la montée de l’extrême-droite au japon est typiquement le genre de fait à la fois provoqué par les « élites » atlantistes et servant de prétexte à des stratégies politiques à géométrie variable. dans ce domaine, la propagande et l’enfumage peuvent aller très loin dans le brouillage des cartes qu’ils ont eux mêmes distribuées par leurs canaux médiatiques habituels pour jouer sur une histoire asiatique conçue selon leur fantaisie. En 2022, Mike Pompeo, qui avait été secrétaire d’État américain lors du premier mandat présidentiel de Donald Trump, a révélé : « Au fur et à mesure que nous développions davantage notre relation, ce qui est devenu très clair, c’est qu’il [Kim Jong Un] considère les États-Unis d’Amérique dans la péninsule coréenne comme un rempart contre sa véritable menace, qui venait de Xi Jinping. » Kim Jong Un règne sur ce qui était autrefois le cœur de Goguryeo – et il sait qui est le véritable ennemi. Il aurait dit à ses assistants dans le passé : « Le Japon est l’ennemi de 100 ans, mais la Chine est l’ennemi de 1 000 ans. »
Jouer sur les hégémonies régionales a été le Grand jeu de l’hégémonie britannique, les Etats-Unis et ceux qui cherchent à défendrel’atlantisme à n’importe quel prix (la lecture du journal l’Humanité frise parfois le chef d’œuvre en matière de faux savoir sur ces questions en Asie mais aussi dans le monde, et Boulet n’est pas en reste). Il s’agit à la fois de tenter un compromis nécessaire avec la Chine tout en entretenant l’idée qu’elle demeure le danger principal. Et là nous avons également la reprise de la Chine venant défier la ligne rouge historique de Washington. Si la Chine n’a plus d’ennemi régional, ni la Russie, ni la Corée, ni le Vietnam lui-même et surtout ni le japon, elle peut se déplacer dans la chasse gardée par la doctrine Monroe l’Amérique latine, du canal de Panama aux missiles de Cuba et aux BRICS.
Bref, toutes ces références historiques accumulées depuis la suzeraineté chinoise font ressurgir dans la fertile imagination des stratèges tous les fantômes de l’histoire du militarisme japonais à la guerre froide avec ses massacres coréens et vietnamiens… pour inviter les peuples asiatiques comme ils le font déjà pour le peuple français à une lutte pour la démocratie et pour la paix qui sur le fond ne saurait se passer des Etats-Unis et de la pax america.
La confusion entretenue autour de l’histoire et de ce que représente réellement le fascisme est le terreau fertile sur lequel la seule opposition crédible devient effectivement la montée de l’extrême droite repoussoir mais surtout éclareur.
danielle Bleitrach
Views: 23