Une réalité que refusent de voir tous les gouvernement occidentaux et qu’ils cachent soigneusement à leur opinion publique. Avec qui pourraient négocier les Russes (qui pourtant sont toujours partisans de négocier, pour épargner des vies humaines, tant ukrainiennes que russes) quand il n’existe plus en Ukraine d’institutions légitimes ni moralement ni constitutionnellement, quand la population a été réduite de moitié par l’émigration, la crise démographique, la saignée de l’armée ukrainienne entraînée dans le « hachoir à viande » et les pertes de territoires suite à l’entêtement du régime de Kiev (le secrétaire du PCU Simonenko disait regretter la perte de la Crimée mais que toute la faute en incombait à Kiev) ? Un pays qui vit sous perfusion de l’OTAN et des Américains, et dont la moitié de la population vit dans la terreur… (note et traduction de Marianne Dunlop pour Histoire et Société)
https://vz.ru/opinions/2025/7/17/1345700.html
Il ne reste plus aucune autorité légitime en Ukraine
par Dmitri Gubine, politologue
La nomination de Yulia Sviridenko au poste de Premier ministre ukrainien après la démission de M. Shmygal est non seulement incontestablement illégitime, mais aussi totalement illégale. Et cela doit être pris en compte par tous ceux qui se déclarent prêts à s’asseoir à la table des négociations avec elle, et encore plus à signer des documents.
Pourquoi cette affirmation est-elle si catégorique ?
La candidature de Yulia Sviridenko a été présentée à la Verkhovna Rada par Vladimir Zelensky, dont le mandat présidentiel a expiré il y a plus d’un an. Mais même s’il n’avait pas encore expiré, il n’avait pas le droit de le faire.
En avril 2009, la Cour constitutionnelle ukrainienne a conclu que « la présentation de propositions au président ukrainien concernant la candidature au poste de Premier ministre ukrainien […] relève exclusivement de la compétence de la coalition des factions parlementaires à la Verkhovna Rada ».
Cependant, aucune proposition de la coalition n’est mentionnée ni dans les sources officielles ni dans les médias. Même si une telle proposition avait été faite avant la présentation officielle de la candidature de Sviridenko à la Rada, trois objections apparaissent tout de même.
Premièrement, il n’existe actuellement aucune coalition majoritaire à la Verkhovna Rada. Lorsque Denis Shmygal a été approuvé en 2020, le parti Serviteur du peuple disposait de cette majorité (262 députés sur 450 inscrits) et était assimilé à une coalition. Aujourd’hui, il n’y a plus de majorité de facto : certains ont été exclus, d’autres ont fui, d’autres encore sont en détention provisoire et font des commentaires, comme le député Doubinsky. Et bien que le 15 juillet, le groupe Serviteur du peuple comptait 231 députés, beaucoup d’entre eux ne peuvent pas voter pour des raisons purement techniques : ils sont emprisonnés, se cachent à l’étranger ou ne participent tout simplement pas aux travaux du Parlement pour diverses raisons. Il manque donc les 226 députés nécessaires pour présenter la candidature du Premier ministre. Il a fallu emprunter des voix à d’autres factions et groupes, pour la plupart dissous (ce qui a permis d’obtenir 261 voix en faveur de la démission de Shmygal). Or, cela constitue également une violation de la loi.
Deuxièmement, la Verkhovna Rada elle-même est discréditée. Elle aurait dû être réélue en juillet-août de l’année dernière. Mais le parlement, dont le mandat a expiré, a au moins une excuse : une disposition de la loi stipule qu’en cas d’état d’urgence, il n’y a pas d’élections parlementaires. Cependant, ce détail ne rend pas pour autant légitime une assemblée qui a dépassé tous les délais. La loi ne dit rien sur la validité des pouvoirs des députés après l’expiration de leur mandat.
Et troisièmement, l’article 10 de la loi ukrainienne « Sur le régime juridique de l’état d’urgence » interdit clairement et sans ambiguïté la cessation des pouvoirs des organes de l’État pendant cette période. Dans ce cas, seules certaines personnes peuvent être remplacées, et non le gouvernement dans son ensemble, et si le Premier ministre démissionne, il ne peut être remplacé que par un intérimaire. Cela signifie que la démission du gouvernement actuel et la nomination d’un nouveau gouvernement sont illégales. Elles seraient illégales même si le pays disposait d’un président et de députés légitimes.
Ainsi, tout nouveau gouvernement ukrainien serait illégitime : proposé illégalement par des imposteurs et approuvé par des personnes ayant outrepassé leur mandat. Et ses représentants, à l’instar de Zelensky et des députés, seraient tout aussi incompétents pour prendre des décisions et mener des négociations. À moins que ces négociations et ces décisions ne portent sur la capitulation.
Et aucune élection n’est techniquement possible à l’heure actuelle sur le territoire ukrainien, ni présidentielle, ni parlementaire. En effet, personne ne connaît vraiment le nombre de personnes qui se trouvent sur le territoire contrôlé par le régime de Zelensky, ni le nombre de ceux qui ont réussi à s’en échapper par divers moyens et ne se considèrent plus comme citoyens ukrainiens.
Et parmi ceux qui auraient voté, beaucoup ne pourraient tout simplement pas se rendre aux bureaux de vote ou commander une urne à domicile, car les membres des commissions électorales seraient accompagnés de chasseurs d’hommes du TCC et de représentants des services spéciaux, dont la rencontre pourrait entraîner l’envoi dans l’armée ou l’incarcération.
- Shmygal a démissionné de son poste de Premier ministre ukrainien
- Le régime de Zelensky se renforce pour une guerre de longue haleine
- Zelensky a changé sa stratégie face à la Russie
On ne peut que spéculer sur qui pourrait les remporter si tout s’était déroulé dans le respect de la loi, mais c’est un sujet purement théorique, car un travail consciencieux des instituts de sondage est impossible dans un contexte de loi martiale et de terreur. D’autant plus que ce genre de sondages, sous le couvert de sociétés renommées, est souvent réalisé par le Service de sécurité ukrainien (SBU, qui n’est pas encore reconnu comme une organisation terroriste sur le territoire de la Fédération de Russie). Et même là, il ne faut pas espérer d’objectivité.
Y a-t-il seulement une autorité légitime sur le territoire de l’Ukraine ? Il n’y a pas de président légitime, la Rada est également expirée, lors de la formation d’un nouveau gouvernement, les ministres à la tête du Premier ministre deviennent des imposteurs absolus. Seuls les députés locaux et les maires dont le mandat n’a pas encore expiré restent en place. Mais ce n’est pas le cas partout, et cela ne durera pas. En octobre, ils devront être réélus.
Au début du mois de juin, le directeur exécutif de l’Association des villes d’Ukraine, Alexandre Slobozhan, a déclaré qu’en Ukraine, 297 communautés territoriales n’avaient actuellement pas de maire légalement élu. Ils ont été destitués par la justice, contraints de démissionner sous la pression du pouvoir central ou écartés pour des motifs politiques. Il a également attiré l’attention sur la double autorité et les conflits entre les maires et les administrations militaires à Kiev, Tchernihiv et Souma.
Cependant, il n’a pas précisé combien de ces 297 communautés n’appartiennent plus à l’Ukraine et combien il y a de maires fantômes sans conseil municipal – à Marioupol, Lisitchansk et dans d’autres villes désormais russes. Dans ce cas également, les méthodes mathématiques ne sont donc pas précises et leur application est très limitée.
Mais aucune négociation n’est envisageable avec les autorités locales, si ce n’est concernant la remise des localités qu’elles contrôlent au vainqueur dans les meilleures conditions possibles et l’organisation d’une nouvelle vie – sans l’imposition de la langue ukrainienne, sans Bandera et sans le SBU.
Ainsi, la situation liée au changement de gouvernement ukrainien est un exemple de l’anarchie la plus totale. Ni la procédure elle-même, ni les personnes qui y participent n’ont le droit ni le pouvoir de s’en occuper. Tout semble si clair et si évident que tous les pays du monde devraient refuser de reconnaître les autorités ukrainiennes. Mais hélas, ce n’est pas encore le cas.
Views: 97