Il est difficile de vivre dans des sociétés qui désormais acceptent d’admettre que ces ordures-là, des organismes privatisés, recrutant des tueurs par voie légale, ont une légitimité et qui, en revanche, reprennent sans état d’âme, la propagande ordinaire sur l’ennemi officiel de la démocratie. Cela crée une société qui n’a plus de perspective collective, une société de « l’anomie » dans laquelle les divisions les plus futiles deviennent les seules manières d’exister, une vie politique faite de combats dérisoires entre petits chefs et des partis politiques qui ne sont plus que des factions : l’anomie, la perte totale de mémoire historique et l’imbécilité intégrale qui insidieusement tente partout de prendre le pouvoir en s’opposant les uns et les autres, s’offrant de fait en victimes à tous les snipers. Et ne croyez pas que les groupuscules pseudos marxistes, les groupuscules de ce qui étaient jadis des partis de gauche, LFI fonctionnent autrement, l’ennemi c’est celui qui est à la portée de sa haine… quand le PCF se donne pour vocation le rassemblement il doit vaincre en son sein cette courte vue clochemerlesque qui accompagne l’ignorance volontaire du consensus « républicain », démocratique » de la société française telle qu’elle est devenue « sociétale » comme prime à la disparition du social derrière tous les snipers de la conscience collective et cela ne sera pas facile de balayer cette crasse inertie de l’intellect réduit à l’effroi de tout ce qui dérange, j’en fais l’expérience tous les jours jusqu’à l’écœurement et je lutte contre le mépris face à ceux qui n’osent même pas envisager le socialisme, la fin de ce monde-là et cherchent des accommodement y compris sous des proclamations radicales. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)
Des sociétés de sécurité privées employant d’anciens membres des forces spéciales américaines opèrent à Gaza depuis janvier 2025.© Omar al-Qatta, AFP
Des centaines de Gazaouis ont été tués sur des sites de distribution alimentaire gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une entité privée financée par les États-Unis et Israël, et accusée par plusieurs ONG de ne pas avoir l’expertise nécessaire pour distribuer l’aide dans le respect du droit international. Une enquête de France 24 révèle que ce dispositif controversé est géré par des anciens militaires, des ex-officiers du renseignement et des chrétiens évangéliques.
Plus de 600 Palestiniens ont été tués et plus de 4 000 blessés en cherchant à obtenir de l’aide humanitaire, a indiqué l’ONU vendredi 4 juillet, depuis l’instauration, le 27 mai, d’un nouveau système de distribution soutenu par les États-Unis et géré par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation privée financée par des intérêts américains et israéliens – et vivement critiquée par l’ONU et plusieurs ONG.
Les Gazaouis doivent désormais traverser des zones militarisées dans le sud du territoire pour récupérer des sacs de nourriture, souvent au péril de leur vie, alors que l’armée israélienne ouvre régulièrement le feu sur les civils venus chercher de l’aide.
Derrière ces chiffres se jouent des drames humains. Un habitant de Gaza, dont le petit frère a été tué en tentant de récupérer de l’aide à l’ouest de la ville de Gaza, a dit à France 24 avoir été contacté le 17 juin par l’hôpital Al-Chifa. Le corps de son frère y avait été déposé dans un sac. « Il a été tué par un sniper israélien, abattu alors que la foule se pressait vers un camion d’aide humanitaire, raconte-t-il. J’ai touché son corps et j’ai vu que la balle était entrée par l’épaule gauche et ressortie par le cœur. […] Il a été tué pour un morceau de pain, pendant que le monde reste silencieux en observant, voire en justifiant tous ces morts. »
Israël a bloqué en mars et durant plus de deux mois l’entrée de nourriture et d’autres produits essentiels dans la bande de Gaza. Ce n’est qu’à la fin du mois de mai que certaines livraisons ont été autorisées à passer, via des points de distribution gérés par la GHF, sécurisés par des agents armés américains avec l’appui, autour, des troupes israéliennes.
L’ONU boycotte la GHF, refusant toute collaboration avec l’organisation en raison de violations présumées des principes humanitaires et de son possible alignement avec les objectifs militaires israéliens. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a dénoncé le 28 juin une opération « dangereuse et meurtrière ». « Forcer des civils désespérés à se rendre dans des zones militarisées est par essence dangereux. Cela tue », a-t-il déclaré devant la presse.
« Du sang contre de la nourriture »
« Il n’y a pas assez d’aide, alors les gens se rendent par milliers dans des zones évacuées, et c’est là que les forces israéliennes les tuent car ils ne viennent pas un par un, explique un responsable onusien sous couvert de l’anonymat. C’est du sang contre de la nourriture. »
Un article du journal israélien Haaretz publié début juin rapportait les témoignages de plusieurs personnes ayant essuyé des tirs de chars, de drones et d’hélicoptères près des points de distribution de la GHF.
Des accusations rejetées en bloc par la GHF et l’armée israélienne. « Il n’y a eu aucun décès sur ou à proximité de nos sites de distribution. Point final », a répondu un porte-parole de la GHF à France 24.
Israël accuse régulièrement le Hamas de détourner l’aide humanitaire, sans en fournir la preuve. Le gouvernement israélien considère la GHF comme un levier essentiel pour affaiblir ce qui reste du contrôle du Hamas sur Gaza.
« Nous avons un plan, élaboré avec l’aide d’entreprises américaines, pour mettre fin au contrôle du Hamas sur la distribution de l’aide humanitaire à la population », a expliqué le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, dans une interview récemment accordée à Fox News.
La Fondation humanitaire de Gaza est dirigée par John Acree, un ancien cadre de l’agence américaine pour le développement USAID, et Johnnie Moore, un ancien conseiller de Donald Trump, prédicateur évangélique et spécialiste des relations publiques, proche à la fois du président américain et du Premier ministre israélien.
Johnnie Moore s’est distingué lors du premier mandat de Donald Trump en participant à une campagne de chrétiens évangéliques pour faire reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël et y installer l’ambassade américaine. « Il n’y a rien de plus chrétien que de nourrir ceux qui ont faim », a-t-il écrit récemment sur X.
Offres d’emploi recherchant des profils « formés à la guerre non conventionnelle »
La société de sécurité privée associée à la GHF, Safe Reach Solutions (SRS), est dirigée par Philip Francis Reilly, un ancien responsable des opérations clandestines de la CIA, notamment spécialisé dans le soutien aux guérillas, comme les Contras au Nicaragua.
Safe Reach Solutions opère en partenariat avec une autre entreprise de sécurité, UG Solutions. Les deux sociétés recrutent pour leurs missions d’anciens membres du renseignement américain et des forces spéciales. Leurs offres d’emploi indiquent rechercher des profils « formés à la guerre non conventionnelle », spécialisés dans l’analyse de la vidéosurveillance ou encore dans « l’usage de mitrailleuses ».
« Faire venir ce type d’individus n’ayant visiblement aucune qualification en aide humanitaire mais qui sont lourdement armés renforce les craintes selon lesquelles Safe Reach Solutions et la GHF poursuivent un objectif militaire plutôt qu’humanitaire », estime James Wasserstrom, expert en reconstruction post-conflit ayant travaillé pour l’ONU et le gouvernement américain en Afghanistan, en Ukraine et au Kosovo.
« Cet ‘expert’ ne connaît manifestement rien à nos opérations », a répondu à France 24 un porte-parole de la GHF, ajoutant que celle-ci pouvait compter sur « des spécialistes de l’humanitaire » dans ses équipes.
Pour sécuriser les sites de la GHF, Israël s’appuierait également sur un gang local dirigé par un Palestinien suspecté d’être proche du groupe État islamique. Un soldat israélien en poste sur l’un de ces sites a ainsi récemment confié à Haaretz qu’un gang lié au trafiquant de drogues présumé Yasser Abu Shabab, opposant du Hamas et soupçonné d’affinités avec l’organisation État islamique, participait à la sécurité.
Ces hommes aujourd’hui « équipés de gilets pare-balles, de casques tactiques et de kalachnikovs neuves » s’attaquaient auparavant aux convois de l’ONU, selon une source onusienne présente à Gaza et contactée par France 24. Ils opèrent désormais dans les zones militaires israéliennes autour des sites de la GHF, en collaboration avec les forces armées israéliennes, selon cette même source.
Contactées par France 24, la GHF et la société Safe Reach Solutions démentent travailler avec ce groupe. Pourtant, Benjamin Netanyahu a reconnu que son gouvernement soutenait des gangs anti-Hamas dans Gaza, « sur les conseils des services de sécurité », dans le but de déstabiliser le groupe islamiste. « Qu’est-ce qu’il y a de mal à cela ? », a interrogé le Premier ministre israélien dans une vidéo publiée le 5 juin sur les réseaux sociaux. « C’est une bonne chose, cela sauve les vies de soldats israéliens », a-t-il ajouté.
Un enchevêtrement de sociétés
La Fondation humanitaire de Gaza est soutenue financièrement par McNally Capital, société fondée en 2008 par Ward McNally et spécialisée dans la gestion de fortunes familiales. Celle-ci investit massivement dans le secteur de la défense et a contribué à la création de Safe Reach Solutions.
En 2021, McNally Capital a racheté Orbis Operations, un sous-traitant du renseignement mis en cause pour l’utilisation de nombreux outils de surveillance controversés et pour lequel travaillait alors Philip Francis Reilly. Puis en 2024, ce dernier a participé à la création de la GHF et de Safe Reach Solutions, révèle une enquête du New York Times publiée en mai.
McNally Capital a confirmé auprès de Reuters qu’elle avait un « intérêt économique » dans Safe Reach Solutions et qu’elle avait participé à la création juridique de l’entreprise. McNally Capital n’a en revanche pas répondu aux sollicitations de France 24.
Charles J. Africano est l’unique directeur américain de la branche israélienne de Safe Reach Solutions. Il travaille depuis plusieurs années avec Philip Francis Reilly, qu’il a connu chez Constellis, une société de sécurité issue de l’ancienne armée privée Blackwater, connue pour son implication dans un massacre de civils irakiens à Bagdad en 2007. Ses liens avec la GHF ont été révélés par Middle East Eye, puis confirmés par France 24 de manière indépendante à partir de documents publics.
Charles J. Africano est également membre d’un groupe privé sur LinkedIn lié à Quiet Professionals, une société de sécurité basée à Tampa, en Floride, spécialisée dans le soutien aux opérations spéciales et dirigée par un ancien membre des forces spéciales américaines. Cette dernière a été rachetée en mai par McNally Capital.
Interrogée sur ses liens avec Quiet Professionals, la GHF n’a pas souhaité répondre, se contentant de déclarer : « Comme la plupart des organisations à but non lucratif, nous ne divulguons pas l’identité de nos donateurs afin de préserver leur vie privée. »
Ni Orbis Operations, ni Quiet Professionals n’ont accepté de répondre aux questions de France 24.
« Risque important de détournement de fonds et de corruption »
En dépit des nombreuses critiques visant la GHF, le département d’État américain a annoncé le 26 juin l’octroi d’une subvention de 30 millions de dollars par l’intermédiaire de l’USAID. Une source gouvernementale américaine ayant requis l’anonymat a indiqué qu’un conseiller spécial auprès du département d’État avait « vigoureusement plaidé pour que le département soutienne le mécanisme de la GHF ». Cette source a décrit ce conseiller comme un « jeune d’une vingtaine d’années » nommé par Donald Trump et ayant « très peu d’expérience de la région ».
Des documents obtenus par France 24 révèlent que la demande de financement de la GHF a été approuvée dans le cadre d’une directive prioritaire de la Maison Blanche, bien que jugée « techniquement très insuffisante » par un employé de l’USAID s’exprimant sous couvert de l’anonymat.
Josh Paul, un ancien directeur des affaires publiques au département d’État, dénonce un manque de transparence. « Jamais, durant mon passage au gouvernement, je n’ai vu les États-Unis donner autant d’argent – on parle d’un demi-milliard de dollars – à une structure aussi nouvelle, opaque et problématique », souligne-t-il, faisant référence aux récents articles de presse faisant état d’un possible soutien du département d’État à la GHF à hauteur de 500 millions de dollars.
« Non seulement ce mécanisme s’est révélé profondément défaillant – étant même responsable de la mort de centaines de Palestiniens –, mais sa création par le biais d’une série de sociétés-écrans et de personnalités et organisations imbriquées crée un risque important de détournement de fonds et de corruption, affirme Josh Paul. Il est très probable qu’une grande partie de ces fonds, au lieu de servir à acheter de la nourriture pour les personnes affamées à Gaza, soit perdue à cause de gaspillages, d’abus et de fraudes. »
Le département d’État américain n’a pas souhaité répondre aux questions de France 24.
« Crime de guerre »
Pour ses partisans, la coopération entre la Fondation humanitaire de Gaza et l’armée israélienne lui donne un avantage par rapport aux autres organisations humanitaires déjà présentes, dont les relations avec les autorités israéliennes sont tendues depuis le début de la guerre.
« Contrairement aux autres organisations, la GHF est parvenue à instaurer une bien meilleure coordination avec les forces de défense israéliennes », a affirmé un représentant de Safe Reach Solutions à France 24.
Une « coordination » qui a toutefois un coût humain élevé pour des Palestiniens qui risquent leur vie chaque jour en tentant simplement d’aller chercher à manger, estiment les agences humanitaires.
Dans un message publié sur X le 18 juin, Philippe Lazzarini, le chef de l’agence onusienne chargée de l’aide aux Palestiniens, a qualifié la GHF de « système médiéval, inefficace et létal, qui s’en prend délibérément aux gens sous couvert d’aide humanitaire ». « Attirer des personnes affamées vers leur mort constitue un crime de guerre », a-t-il ajouté.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) et d’autres agences des Nations unies affirment être bien mieux équipés – en termes de « capacité logistique, d’expertise et de couverture opérationnelle » – pour distribuer l’aide alimentaire aux Palestiniens de la bande de Gaza, conformément au droit international humanitaire.
De son côté, le Center for Constitutional Rights, basé à New York, a averti début juin la GHF d’une possible responsabilité légale pour « complicité de crimes de guerre, crimes contre l’humanité, voire de génocide », a déclaré à France 24 l’une de ses avocates, Katherine Gallagher.
Enfin, une quinzaine d’organisations de défense des droits humains ont publié le 30 juin une lettre ouverte appelant les donateurs et partenaires à se retirer de la Fondation humanitaire de Gaza et à soutenir des modèles respectueux du droit humanitaire international.
Article adapté de l’anglais par Romain Brunet. La version originale est à retrouver ici.
Views: 40