Nous sommes au stade des « évidences », celui où les FAITS sont de plus en plus difficilement niés et où le grotesque de ceux qui prétendent encore nous vendre la toute puissance de l’impérialisme américain et celle de l’OTAN qui tout en se prenant des raclées historiques dans le monde croient encore possible de rallier à cette coalition impuissante, les victimes asiatiques de la politique tarifaire du suzerain. Ce qui a toujours caractérisé Poutine mais aussi la Chine, c’est qu’ils disent ce qui les motive, leurs buts et font ce qu’ils disent pour répondre à l’agression masquée sous les « bons sentiments et les proclamations démocratiques » de l’Occident. L’agression de l’hégémon a prétendu produire ses propres lois et créer des coalitions politiques, économiques autour de cette violence de pillard avec ses chantages. Il n’y avait plus de diplomatie possible et c’est cette situation là que la Chine refuse en rassemblant autour d’elle toutes les victimes de l’arbitraire et elle ne saurait se passer de la puissance militaire mais aussi de l’influence héritée de l’URSS, dans la nouvelle architecture internationale devenue majoritaire. Comme nous cessons de le répéter, l’UE est devenue un handicap mais il peut y avoir une stratégie pour la France dans ce monde déjà là. (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop pour histoireetsociete)
https://ria.ru/20250705/kitay-2027302691.html
L’Europe a une nouvelle fois exigé de la Chine qu’elle « cesse tout soutien matériel à l’industrie militaire russe » et a reçu une réponse étonnamment franche.
Le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi, effectue une visite d’une semaine en Europe : hier, il était à Berlin, aujourd’hui, il poursuit ses rencontres à Paris. Mais la discussion clé a eu lieu mercredi lors d’un dîner d’affaires de quatre heures à Bruxelles, après une réunion avec les dirigeants de l’Union européenne, et ses détails sont progressivement révélés. La commissaire aux affaires étrangères, Kaja Kallas, a notamment discuté avec Wang Yi de la question ukrainienne et a exigé la fin de l’« aide financière » et des livraisons de produits à l’industrie de défense russe. L’UE exige cela de la Chine depuis le début du conflit, mais les Chinois répondent toujours de la même manière : nous ne livrons pas de produits à double usage à la Russie et nous sommes généralement en faveur d’un règlement pacifique. Wang Yi aurait pu se contenter de cette formule habituelle, mais apparemment, la commissaire estonienne n’a pas fait preuve de la délicatesse diplomatique requise. Le ministre chinois lui a donc donné quelques leçons d’histoire. C’est ce qui ressort d’un article publié par le South China Morning Post de Hong Kong, qui cite plusieurs sources proches des négociations, de sorte que l’on peut très probablement se fier à la teneur de ces informations.
Si Pékin avait apporté une telle aide à Moscou, le conflit aurait pris fin plus tôt, a déclaré Wang Yi, ce qui signifie que les Européens devraient apprécier l’absence de livraisons d’armes chinoises, sinon les forces armées ukrainiennes auraient déjà capitulé. Il est clair que l’UE ne croit pas à la retenue de la RPC, mais Mme Callas n’a probablement pas eu le temps d’évaluer pleinement la réflexion de Wang Yi, car un autre « enseignement historique » a été formulé de manière très explicite par l’invité. Pékin ne peut se permettre une défaite de la Russie dans le conflit en Ukraine, car la Chine craint que les États-Unis ne reportent alors toute leur attention sur leur pays, a-t-il été déclaré à la diplomate européenne.
Plus précisément, c’est ainsi que les Européens l’ont compris, mais la formulation exacte pouvait être légèrement différente. Cela ne change toutefois rien au fond : tous les appels de l’UE à prendre ses distances avec la Russie se heurtent à un mur chinois qui se résume à une seule question : « Pourquoi ferions-nous cela ? » Laisser Moscou seule face à l’Occident uni, c’est-à-dire l’Europe et les États-Unis, pour quoi faire ? Que l’Occident s’occupe d’abord de la Russie, en lui arrachant définitivement une partie de son territoire, l’Ukraine, puis qu’il s’attaque de toutes ses forces à la Chine ? Non seulement cela empêcherait la réunification avec Taïwan, inévitable dans une perspective historique déjà proche, mais cela commencerait également à pousser la Chine hors de l’Asie du Sud-Est, l’encerclant non seulement par la mer, mais aussi par la terre, dans le cas où la Russie vaincue deviendrait un satellite ou un partenaire mineur de l’Occident. Est-ce vraiment l’option que l’Europe propose sérieusement à la Chine ?
Le fait que la formulation chinoise fasse référence aux États-Unis et non à l’Occident dans son ensemble ne doit pas induire en erreur : Pékin n’a toujours pas perdu l’espoir de voir l’Europe réduire sa dépendance vis-à-vis des États-Unis, mais comprend déjà qu’il ne faut pas trop compter dessus. Les Européens peuvent bien dire aux Chinois qu’ils veulent acquérir une autonomie stratégique vis-à-vis des États-Unis, qu’ils ont leurs propres intérêts, qu’ils espèrent maintenir et développer leurs relations commerciales et leurs investissements avec la Chine, mais Pékin voit la réalité telle qu’elle est. L’Europe ne parvient à défendre ses intérêts sur aucune question mondiale : ses relations avec la Russie ne sont pas seulement rompues, elles sont entrées dans une phase de guerre par procuration, au Moyen-Orient, l’UE ne peut même pas dire un mot contre Israël, et l’opinion de l’Union n’a pas été prise en compte lorsque Trump a décidé de frapper l’Iran. Et dans leurs relations avec la Chine, les Européens sont progressivement contraints de faire des concessions, certes modestes, aux États-Unis, c’est-à-dire qu’ils limitent eux-mêmes leurs relations avec l’Empire du Milieu. La Chine voit tout cela et met en garde l’Europe depuis longtemps : prenez vos responsabilités, défendez vos propres intérêts, ne devenez pas les pions d’un jeu étranger.
En réponse, elle entend des arguments selon lesquels c’est l’aide apportée par la RPC à la Russie qui assombrit les relations sino-européennes et que Pékin doit cesser de soutenir la « guerre en Europe » et « l’agression de Poutine », et qu’il devrait avoir intérêt à « remettre la Russie à sa place ». La place du perdant, celle où l’Occident prévoit de mettre la Chine elle-même lors de son prochain coup. Il est même surprenant que les Chinois ne soient pas d’accord avec une logique aussi convaincante.
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