A un ami qui voudrait que les BRICS partent en guerre en Iran…

De plus en plus nombreux sont les Français qui ne lisent pas, quand ils lisent ils ne comprennent pas et quand ils comprennent ils oublient ce qu’ils ont un instant compris. Ainsi un ami, un des meilleurs, dont j’ai effacé charitablement l’intervention s’insurgeait-il dans ce blog devant la situation iranienne: que font les BRiCS ? Et il ajoutait que cette organisation faute d’une riposte perdait toute crédibilité. Comme j’ai peu d’espoir dans sa capacité à lire notre livre et les articles que nous publions et que outre sa générosité, son réel engagement révolutionnaire, il est très représentatif de ce que l’abus des réseaux sociaux et l’absence d’un parti communiste sur le plan géopolitique ont fait de nous, je lui propose d’écouter cette conférence faite à Joyeuse le 6 juin et de prendre au préalable connaissance des points ci-dessous.

Les bras m’en sont tombés, tant cet ami n’avait strictement rien compris au moins sur deux points que justement précise cette conférence faite à Joyeuse devant exactement 54 personnes, ce que le film ne laisse pas supposer puisqu’il n’y a a aucun moment aucun aperçu de la salle sinon qu’il est dit qu’il faut ajouter des chaises à la trentaine prévue.

Cette interprétation sur la nécessaire intervention des BRICS va a contrario de tout ce que je m’escrime à expliquer avec les trois autres auteurs et qui nous incite à proposer que la France change de roche et adhère aux BRICS avec un projet politique qui pour nous ne peut être que le socialisme.

1. Les BRICS ne sont pas une alliance militaire a contrario de toutes les créations de l’Empire qui exigent de leurs alliés y compris des interventions militaires mais aussi économiques, politiques, environnementales, culturelles a contrario de leurs intérêts nationaux et ceux de leurs travailleurs et de la jeunesse.
2. Il y a des partenariats stratégiques qui jouent à plein non seulement dans le gagnant-gagnant des échanges économiques, face à la militarisation du dollar mais également dans les efforts diplomatiques et aujourd’hui nous insistons sur cette volonté de pacification qui est inclue dans l’architecture du monde multipolaire dont les BRICS ne sont qu’un élément.
3. C’est le côté positif des BRICS qui les rapproche des non-alignés de jadis : créer un monde dans lequel on peut agir sans être soumis au chantage de l’appartenance à un camp. Si les BRICS aujourd’hui prétendaient contraindre ne serait-ce que Lula et Modi, il est peu probable qu ceux-ci l’accepteraient. Mais face au chantage parallèle impérialiste, ils constituent un espace de repli qui prend acte non seulement du bellicisme irresponsable des Etats-Unis, de l’UE, de la Grande Bretagne et de leurs guerriers par procuration que sont Netanyahou et Zelensky, mais aussi de l’incapacité du G7 à s’entendre et du mépris du suzerain pour ses alliés. L’attrait d’un camp de la paix dans lequel chacun est libre devient toujours plus évident.
4. Que l’on ne se fasse pas d’illusion, aujourd’hui, comme nous l’analysons dans cette conférence et dans un article que nous publions par ailleurs, l’attrait pour la Chine se renforce et les gauchistes excités, impuissants qui ne rêvent que d’expédier les autres dans la mêlée feraient bien de réserver leurs ardeurs à la construction d’un parti communiste français qui mesure réellement la situation dans laquelle nous sommes et ce qu’elle exige en matière de paix et de développement
5. Si vous voulez que la France parte en guerre contre Israël, les Etats-Unis aux côtés de l’Iran (qui ne le demande pas), les BRICS ne sont pas votre solution, vous pouvez toujours faute de mieux aller avec une flottille défier Israël. Maintenant si vous souhaitez contribuer à arracher les crocs du chien enragé et si vous cherchez les moyens de le museler en dénonçant les véritables responsables, en les isolant, en bâtissant une solution alternative non seulement militaire mais économique, politique, le travail devra d’abord être interne en faveur de la paix s’appuyant sur les intérêts réels en matière d’emploi, de salaire, de services publics, et à partir de là voir les possibles que la situation géopolitique vous offre. La colère, l’indignation est nécessaire mais il faut voir comment la rendre massive et efficace.

Danielle Bleitrach

PS : dans le même genre, il y a eu récemment un « ami » de Cuba qui a voulu illustrer son propre rôle aux côtés du peuple cubain en intimant l’ordre à la Chine de faire plus pour Cuba. Armez-vous et partez tel est le comportement de ce genre d’intervention. Non seulement cela évite de poser la question de notre faible influence de Français sur notre propre gouvernement, sur nos propres forces, mais ce genre de chose interfère dans les relations nouées entre Cuba et la Chine populaire d’une manière totalement inculte d’ailleurs sur la réalité de ces liens. J’ai été étonnée que Liberté actu reprenne une telle intervention, parce liberté actu est réellement l’outil indispensable pour comprendre le monde multipolaire et les potentialités qu’il offre.