Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

G.A. Ziouganov : « La nouvelle génération veut connaître la vérité historique sur l’effondrement de l’URSS »

Nous avons dans Histoireetsociete, grâce à Marianne, ses traductions mais aussi sa connaissance du monde russe, maintenu une analyse du double visage de la guerre en Ukraine, la manière dont une contrerévolution oligarchique qui a laissé dépecer l’URSS, qui a des visées impérialistes, se retrouve dans une guerre patriotique contre l’OTAN. La bourgeoisie nationale, comme jadis de Gaulle, est contrainte de s’appuyer sur la mobilisation du peuple, y compris dans sa relation avec le peuple ukrainien… L’histoire, son interprétation, sa connaissance nait de cette nécessité populaire et le peuple, la jeunesse à qui est demandé le plus grand sacrifice a besoin de savoir. C’est ce qui ne manquera pas de se passer en France, quand montent les luttes, il y a un lien dialectique entre les luttes pour la paix, pour la défense de l’emploi, des salaires et la volonté de retrouver les faits tronqués par la contrerévolution. C’est le pari « communiste » que nous avons fait en appuyant le choix du PCF et son ancrage dans les exigences populaires. Ceux qui ont défendu cette mémoire doivent s’emparer de cette dialectique, lutte et histoire. (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop pour histoireetsociete)

https://kprf.ru/party-live/cknews/234908.html

Le 27 mai, avant la séance plénière de la Douma d’État, le président du Comité central du KPRF et chef de la fraction du KPRF à la Douma d’État, G.A. Ziouganov, s’est adressé aux journalistes.

G.A. Ziouganov :

Bonjour. Le processus de rétablissement de la vérité historique est difficile et lent, mais il se poursuit néanmoins. Le président V.V. Poutine a donné un élan positif à ce rétablissement lors des préparatifs de la célébration du 80e anniversaire de la Victoire. Toute la société progressiste l’a soutenu.

Cela s’est manifesté de manière particulièrement éclatante et convaincante lors du forum international antifasciste qui s’est tenu à Moscou et auquel ont participé 165 délégations venues de 91 pays. Je tiens à souligner que tous les délégués ont unanimement soutenu notre lutte contre le fascisme moderne et le banderisme.

Lors du forum juridique qui s’est récemment tenu à Leningrad (Saint-Pétersbourg), le conseiller du président Anton Kobyakov a officiellement déclaré que l’accord de Biélovezh (8 décembre 1991) avait violé toutes les normes et règles et qu’il était donc invalide.

À cet égard, je propose de ressortir les documents historiques adoptés par la Douma d’État en 1996. La nouvelle génération veut savoir ce qui est arrivé à notre pays pendant ces années charnières. Elle souhaite sortir de l’impasse dans laquelle on nous a conduits.

Je cite ces documents. Douma d’État. Résolution du 15 mars 1996. Numéro 156. Reconnaître comme nulle et non avenue la résolution du Conseil suprême de la RSFSR du 12 décembre 1991 sur la dénonciation du traité sur la création de l’URSS. 250 députés ont voté pour.

157e décision de la Douma d’État. Confirmer pour la Fédération de Russie la validité juridique des résultats du référendum de l’URSS sur la question du maintien de l’Union soviétique, qui s’est tenu sur le territoire de la RSFSR le 17 mars 1991.

Je pense que le moment historique est venu où nous devons appliquer de manière cohérente ces décisions officielles de la Douma d’État.

La question de la préparation de l’adoption des documents susmentionnés comportait un risque énorme. À cette époque, une véritable tragédie se jouait. Tout le monde passe cela sous silence. Et « Russie unie » garde un silence de tombe. Mais c’est pourtant bien ce qui s’est passé.

Lorsque nous avons pris ces décisions, très peu de députés ont voté contre, 92 si je me souviens bien. Mais certains se sont cachés derrière leur bouton. Et le soir, la clique d’Eltsine est apparue à la télévision centrale. Les Yeltsine, les Gaïdar, les Tchoubaïs, les Chevardnadze – toute cette clique libérale. L’écran était rouge de colère et de cris. Comment osaient-ils rétablir l’Union ? Ce sont des salauds, des ordures ! J’ai compris que la réaction de la bande présidentielle serait extrêmement dure. Et en grande partie criminelle.

Dans la nuit, Eltsine et sa clique ont préparé trois décrets. Le premier visait à dissoudre la Douma. Le deuxième prévoyait l’arrestation de 400 personnes. Je figurais en tête de liste. Le troisième instaurait l’état d’urgence à Moscou.

Pendant la nuit, la Douma a été occupée par des soldats armés de chiens, de mitraillettes et de munitions.

Après la fusillade de 1993, je savais à qui j’avais affaire. J’étais en contact direct avec de nombreux commandants, depuis l’Alfa jusqu’à la division spéciale.

Dans la nuit, j’ai été réveillé par leur commandant. Il connaissait mes numéros de téléphone. Il m’a dit : « Faites ce que vous voulez. Mais ce sera pire qu’en 1993. Nous sommes ici avec des armes et l’ordre de tirer. Et l’ordre de vous arrêter. »

Nous avons alors pris des mesures extraordinaires. Le moment n’est pas encore venu de nommer tous ceux qui ont aidé à prendre des décisions cruciales pour le pays.

Et quand Eltsine a exigé que ses ordres soient exécutés immédiatement, ceux qui détenaient un pouvoir considérable sont venus lui dire : « Il nous faut huit heures pour étudier la possibilité d’instaurer l’état d’urgence à Moscou ». Et huit heures plus tard, ils sont revenus et ont dit : « Pour instaurer l’état d’urgence militaire dans une ville de 12 millions d’habitants comme Moscou, il faudra 100 000 soldats qui exécuteront nos ordres criminels ».

À ce moment-là, des sociologues ont mesuré l’opinion publique autour de Moscou. Les résultats de cette enquête ont montré que seule la région de Yaroslavl avait manifesté une loyauté relative envers Eltsine. Tous les autres autour de Moscou ont dit : « Nous soutiendrons les forces patriotiques populaires sur cette question. Si nous bloquons les routes, vous vous noierez dans votre propre merde ».

Eltsine a juré, déchiré ces trois décrets. Après cela, les soldats ont été retirés de la Douma d’État.

Je veux que la nouvelle génération connaisse la vérité historique.

Il me semblait qu’après cet incident, Eltsine et sa bande criminelle allaient redresser le cap politique. Mais cela ne s’est pas produit. Tout a continué de manière perfide, cruelle, brutale et criminelle.

C’est alors que nous, huit factions réunies ici, avons décidé de destituer Eltsine. 156 députés ont signé la déclaration. J’ai entre les mains la liste des signataires. C’étaient des personnes intelligentes, courageuses, fortes et très déterminées.

J’avoue qu’il a été extrêmement difficile de signer ce document. Une commission a été créée, dirigée par les juristes expérimentés Ilyoukhine et Filimonov. Pendant un an, la commission a enquêté sur cinq crimes, y compris l’accord criminel de Biélovezh.

Une enquête a été menée sur toutes les personnes qui ont perdu la vie lors des événements de 1993. Aucune personne n’a été tuée par une arme qui se trouvait dans le Palais des Soviets. Une expertise balistique a été réalisée à cet effet.

Afin qu’Ilyoukhine puisse présenter son rapport devant la Douma, nous avons triplé sa sécurité. Eltsine et sa bande ont fait tout leur possible pour empêcher les accusateurs d’accéder à la tribune de la Douma. Mais Ilyoukhine a brillamment pris la parole et présenté des faits concrets. Filimonov est également l’un des meilleurs juristes.

Mais pour reconnaître Eltsine et son équipe comme des criminels, il fallait une majorité constitutionnelle, soit 300 voix de députés. La majorité a voté pour la destitution d’Eltsine, mais le parti au pouvoir et les régions qu’il dirigeait n’ont pas voté. Yavlinsky et Zhirinovsky n’ont pas voté non plus. Au final, les partisans de la destitution d’Eltsine ont échoué à 16 voix près pour le meurtre et le déclenchement de la guerre en Tchétchénie. Plus de 100 000 personnes y avaient trouvé la mort.

Vous pouvez consulter le compte rendu complet de cette séance dans le volume 49. Sachant parfaitement à qui nous avons affaire, le texte intégral du compte rendu de cette séance historique a été publié en 2003 dans un livre édité par Molodaya Gvardeya. Il compte 70 pages. Nous avons publié ce livre à 7 000 exemplaires — je tiens vraiment à ce que le pays et la nouvelle génération connaissent la vérité historique.

Ce fut un acte de courage qui a permis d’assainir la situation dans le pays et qui a contraint l’équipe d’Eltsine à se réunir et à déclarer : il faut le destituer. Le moment n’était pas encore venu, mais je vous raconterai plus tard comment cela s’est passé.

Je rappelle également que les forces populaires patriotiques comprenaient trois fractions de la Douma : le KPRF, les « Agrariens » de Nikolaï Kharitonov et « Narodovlastie » de Nikolaï Ryzhkov. N.M. Kharitonov est l’un des citoyens les plus courageux et les plus respectés. En 1993, il a aidé toutes les victimes. Félicitons-le encore une fois pour avoir reçu la médaille du Héros du travail du président.

Puis V.V. Poutine est arrivé au pouvoir et a changé la stratégie. Aujourd’hui, il défend les intérêts nationaux de l’État. Mais il faut aussi mettre en œuvre les décisions historiques qui ont été prises par la Douma d’État en 1996.

Lorsque Alexandre Loukachenko a été élu président de la République de Biélorussie, nous lui avons posé les questions suivantes : « Êtes-vous pour l’Union des républiques fraternelles ? Comprenez-vous que sans le pilier slave russe, nous ne survivrons pas ? Alors construisons ensemble ! ». Et un an plus tard, après son arrivée au pouvoir, Loukachenko a proposé de créer une Union de la Biélorussie et de la Russie. Et nous l’avons soutenu. Puis nous avons porté au pouvoir des gouverneurs qui ont mis un terme à la désintégration du pays.

J’insiste pour qu’une commission soit créée. Nous ne pouvons que nous réjouir si elle est présidée par le président de la Douma, Viatcheslav Volodine. Mais ne nous reprochez pas ce dont on ne peut nous accuser. Si Khrouchtchev a rebaptisé Stalingrad, le Parti communiste l’a condamné depuis longtemps. Comme on le sait, lors d’un plénum du parti, Khrouchtchev a été condamné pour son volontarisme et pour de nombreuses autres manœuvres, et il a été démis de ses fonctions. Tout le monde le sait bien, et maintenant, à notre initiative, la question du retour du nom historique de la ville de Stalingrad a été soulevée. Nous insistons également sur la dénonciation de l’accord de Belovezh, exigeons que le mausolée de V.I. Lénine ne soit pas recouvert de panneaux lors des défilés de la Victoire, et demandons la fermeture du « nid de vipères » qu’est le Centre Eltsine.

Le parti au pouvoir ne doit pas « privatiser » le patriotisme : l’amour de la patrie, on l’a ou on ne l’a pas.

Pour moi, un Russe est quelqu’un qui aime la Russie et qui la sert afin de renforcer notre sécurité, quelqu’un qui se bat courageusement sur le champ de bataille contre les nazis et les fascistes.

Dans deux jours, nous enverrons notre 138e convoi humanitaire dans le Donbass. Nous faisons tout pour assurer la victoire. Nous invitons les journalistes à cet événement.

Le président s’est fixé pour objectif de maîtriser les technologies les plus récentes. Mais regardez à quel point elles sont peu maîtrisées. Prenons l’exemple de l’avion soviétique An-2. C’est lui que je prenais dans la région d’Orel pour passer mes examens : il y avait près d’une cinquantaine d’avions, et on pouvait rejoindre n’importe quel centre régional en 30 minutes. C’était dans le passé soviétique.

Aujourd’hui, on a décidé de mettre en service l’avion de ligne moyen-courrier MS-21, mais il n’y a pas d’école d’ingénieurs de haut niveau. C’est pourquoi, en 10 ans, on n’arrive pas à construire cet avion. Assumez la responsabilité de ce travail !

Il faut s’appuyer sur l’expérience soviétique, sans laquelle vous n’arriverez à rien. La Chine, par exemple, s’appuie sur les nouvelles technologies, va de l’avant et est devenue une grande puissance.

En Russie, les prix du « panier de la ménagère » ont encore augmenté de 80 %, mais c’est vous qui avez adopté ce budget, et une fois de plus, les banquiers vont s’emparer de près de deux mille milliards de roubles, tandis que les personnes âgées continuent de vivre avec une pension de 23 000 roubles. Notre « budget de développement » est prêt depuis longtemps, mais il est toujours sur la table de « Russie unie ».

V.V. Poutine a déclaré que pour gagner, il fallait assurer la cohésion et l’unité de la société. Depuis le premier jour, nous défendons notre patrie bien-aimée et nous continuerons à la défendre. Il est très important, dans la perspective des prochaines élections, de faire preuve d’une honnêteté et d’une cohérence maximales dans cette politique.

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