Ce qu’il faut bien mesurer c’est à quel point les « dirigeants » qui se lancent dans de telles provocations sans même les moyens de leurs défis, et dans une totale impopularité avec leur peuple et même leur majorité, sont irresponsables. A quel point il y a de leur part viol du droit international. Il peut y avoir débat sur le principe évoqué pour l’intervention russe, la défense de la population russe en Ukraine et le droit à l’autodétermination pour cette population comme cela a été évoqué et accepté pour le Kosovo. Au point que si la majorité de l’ONU soit s’est abstenue, soit a condamné l’intervention, elle a également refusé les sanctions et toute implication en faveur de l’un ou l’autre des belligérants. Il n’y a aucune légitimité internationale qui puisse être évoquée pour ce que prétend faire le chancelier allemand avec ses complices comme Macron ou Starmer. L’analyste bolivien de géopolitique et de sécurité Jose Hugo Moldiz Mercado a résumé un tel acte de cette manière : « L’autorisation du chancelier allemand de frapper le territoire russe depuis l’Ukraine est une ingérence allemande indirecte d’un point de vue militaire et une ingérence directe d’un point de vue politique, qui vise à élargir le conflit à l’ensemble du continent. Et c’est, évidemment, un grand risque non seulement pour l’Europe ou l’Eurasie, mais pour le monde entier, car il ne reste qu’un pas vers une éventuelle troisième guerre mondiale ».(note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop)
https://ria.ru/20250528/germaniya-2019647147.html
Texte : David Narmania
Le chancelier allemand Friedrich Merz commence à s’embrouiller dans ses déclarations. Lundi encore, il a fait une déclaration pathétique selon laquelle, désormais, les forces armées ukrainiennes pourraient utiliser toutes les armes fournies par l’Occident comme bon leur semble, ce qui changerait complètement la donne sur le front.
Étant donné que Merz a longtemps été l’un des plus fervents partisans de la livraison à Kiev de missiles allemands à longue portée Taurus, cette déclaration a été interprétée sans ambiguïté tant en Russie qu’à l’étranger. Il est vrai que Berlin s’est ensuite empressé de déclarer que « nous avons été mal compris ».
Mais là encore, il y a eu cafouillage. Les membres de la coalition et du gouvernement se sont empressés de démentir les propos du chancelier, soulignant que tous les accords conclus par le cabinet Scholz, y compris ceux concernant les restrictions imposées aux forces armées ukrainiennes, restaient en vigueur.
Merz lui-même a tenté de minimiser ses propos grandiloquents en ajoutant quelques jours plus tard qu’il n’y avait rien de nouveau et que ces restrictions n’étaient plus en vigueur depuis plusieurs mois.
Les compatriotes du nouveau chancelier ne partagent pas cette approche. Un sondage réalisé en mars sur ce sujet a montré que 58 % des Allemands ne souhaitaient pas que les missiles soient transférés à l’armée ukrainienne, 31 % d’entre eux étant même opposés à toute aide militaire à l’Ukraine. Seuls 28 % des personnes interrogées se sont prononcées en faveur de ces livraisons. La situation semblait encore pire pour Merz : un mois auparavant, c’était 49 % des personnes interrogées qui s’opposaient à ces livraisons.
Mais cela ne semble pas arrêter le chef du gouvernement allemand. Il y a quelques semaines, il a déclaré que Berlin souhaitait classer secret les livraisons d’armes à l’Ukraine, et maintenant il parle même d’armes à longue portée, quoique de manière très vague.
En substance, Merz tente de se présenter comme un partisan de « l’incertitude stratégique ». Le seul hic, c’est que la première utilisation de ces armes par l’Ukraine dissipera tout ce mystère. Pour une telle frappe, Berlin devra participer directement à la définition et à la coordination des objectifs. Et la première explosion d’un « Taurus » sur le territoire russe mettra fin à la paix en Allemagne, qui deviendra alors un participant direct à la guerre.
Olaf Scholz avait déjà déclaré en novembre que l’utilisation de ces missiles nécessitait la participation directe de Berlin, expliquant ainsi pourquoi il refusait de transférer de telles armes à Kiev.
La transcription d’une conversation de 40 minutes entre des officiers supérieurs de la Bundeswehr, publiée en février 2024, qui parle de la possibilité d’utiliser des « Taurus » pour frapper le pont de Crimée, le montre aussi.
On pourrait bien sûr objecter que la Grande-Bretagne et la France, qui fournissent à Kiev un équivalent du Taurus à portée légèrement inférieure, les missiles Storm Shadow/SCALP, sont également parties au conflit. Mais, malheureusement pour Merz et ses électeurs, l’Allemagne se trouve, pour des raisons historiques, dans une position un peu plus vulnérable que ses voisins européens.
Berlin ne dispose ni d’armes nucléaires ni d’armes hypersoniques. Et le conflit entre la Russie et l’Allemagne ne risque pas d’annoncer la fin du monde (sauf peut-être pour l’Allemagne). Peut-être même assez rapidement. Car sur le plan militaire, ces adversaires hypothétiques sont dans des catégories de poids trop différentes.
Il est certes louable de placer ses espoirs dans l’OTAN. Mais compte tenu de l’attitude de la nouvelle administration américaine envers ses alliés, qui tentent tant bien que mal de respecter les anciennes exigences de consacrer 2 % de leur PIB à la défense, alors que Trump relève la barre à 5 %, il est difficile de croire que l’autre côté de l’Atlantique voudra s’engager dans un Armageddon pour un allié qui n’a pas tiré les leçons de son histoire.
Dans cette situation, la Russie n’aura rien à se reprocher : dès le début du conflit, le Kremlin a averti à plusieurs reprises que la livraison d’armes à Kiev pourrait avoir des conséquences irréversibles. Et la participation directe de l’Allemagne aux hostilités contre la Russie légitimerait et légaliserait toute riposte. La patience du Kremlin n’est pas sans limites.
Heureusement, tout cela n’est que pure hypothèse. On imagine mal que Friedrich Merz, même s’il est le digne petit-fils d’un membre du NSDAP depuis 1938, prenne un tel risque. Certes, les gènes ont leur importance : la remilitarisation de l’Allemagne et les déclarations fracassantes sur son intention de devenir la première armée d’Europe risquent de déboucher sur des tentatives de replacer le Vaterland au-dessus de tout. Mais ici, le risque n’est pas justifié.
Pour quoi Berlin pourrait-il se décider à franchir un tel pas ? Pour poursuivre une guerre dont l’issue est courue d’avance ? Pour augmenter le nombre de ses victimes ? Après tout, même les 600 « Taurus » ne pourront pas changer la donne sur le front, pas plus que les « Leopard », les « Marder », les « Guépard » et les MARS II. Et les Allemands peuvent fournir bien moins que cela.
Même les États-Unis, qui ont longtemps été le fer de lance du soutien à l’Ukraine, déclarent ouvertement qu’il faut mettre fin au conflit, de sorte qu’une telle décision de la part des Allemands porterait un coup sérieux à l’initiative de paix. Ce serait un geste assez abject.
Au Kremlin, on souligne diplomatiquement que la déclaration du chancelier n’est rien d’autre qu’une provocation à la guerre. Une guerre qui est plus proche de sa fin qu’elle ne l’a jamais été au cours des trois dernières années. Et on veut croire que Merz ne voudra pas jeter son peuple sous les roues d’un train déjà parti.
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