Ce que la vanité européenne, dont Macron donne un exemple voisin de la perfection consiste non seulement à exagérer ses performances mais à ignorer le potentiel de l’adversaire, en l’occurrence ici ce que veut Trump. Celui-ci n’est pas seulement brouillon, impatient et versatile, sensible à la flatterie, ce qui est le diagnostic de Macron et des « élites politico-médiatiques ». Il est rusé et il a le sens des bilans surtout comptables. Son exaspération face à l’Europe tient beaucoup à ce que décrit cette analyse à savoir la course de vitesse dans laquelle les Etats-Unis sont face à la Chine et ses imbéciles d’Européens s’obstinent à lui faire perdre son temps et donc son argent avec cette affaire d’Ukraine que ces autres imbéciles de démocrates ont créée de toutes pièces en lui fourguant en prime ce caractériel drogué et intéressé qu’est Zelensky flanqué d’un quarteron d’irresponsables qui le manipulent ou prétendent le manipuler, lui Trump. (note de Danielle Bleitrach et traduction de Marianne Dunlop pour histoireetsociete)
https://vz.ru/world/2025/5/23/1333166.html
Texte : Boris Dzherelievsky
Alors que la rivalité avec la Chine pose de nouveaux problèmes à Washington, les Américains ont de plus en plus recours à la rhétorique militaire et aux menaces directes à l’encontre de la République populaire. Ainsi, le chef du Commandement Indo-Pacifique des États-Unis, Samuel Paparo, a récemment déclaré que si l’Amérique entrait en conflit militaire avec la Chine à propos de Taïwan dès maintenant, elle aurait toutes les chances de l’emporter. « Les États-Unis remporteront la victoire dans le conflit tel qu’il existe actuellement, avec les forces dont nous disposons », cite le FT les propos de l’amiral prononcés lors du forum annuel de l’Institut McCain à Sedon.
Et le message principal de cette déclaration n’est pas du tout optimiste. Paparo laisse entendre que Washington devrait se dépêcher de faire la guerre à la Chine, car ses chances de victoire diminuent à vue d’œil.
La puissance militaire de la RPC croît rapidement, et Pékin devance déjà Washington dans la production de systèmes d’armement naval. Selon les estimations de Paparo, la Chine produit deux sous-marins nucléaires par an, contre 1,4 pour les États-Unis. La Chine construit chaque année six navires de guerre, contre seulement 1,8 pour les États-Unis. La marine chinoise occupe déjà la première place mondiale en termes d’effectifs.
Différentes sources comparent différemment le nombre d’armes et d’équipements militaires des forces terrestres des deux pays, mais elles s’accordent sur un point : la RPC augmente considérablement son potentiel militaire, tandis que les États-Unis, au mieux, le maintiennent au même niveau. Les Américains ne disposent d’une supériorité numérique évidente sur les forces armées chinoises que dans le domaine de l’aviation de combat.
En ce qui concerne un domaine aussi prometteur que les drones de combat, c’est exactement l’inverse : la supériorité de la RPC sur les États-Unis est, sinon absolue, du moins très importante, même s’il est difficile de l’exprimer en chiffres précis. La Chine est devenue de facto le monopoleur de la production des principaux moyens de frappe des forces armées modernes : drones de reconnaissance bon marché, drones FPV, quadricoptères, drones kamikazes, etc. Rien de tel n’est visible dans les forces armées américaines et, surtout, dans l’industrie.
En décembre 2024, le Pentagone a présenté au Congrès un rapport sur la puissance militaire de la Chine. Ce rapport citait des données des services de renseignement américains selon lesquelles, à la mi-2024, Pékin disposait de 600 ogives nucléaires, soit environ 100 de plus qu’en 2023 et 400 de plus qu’en 2019. On en conclut que d’ici 2030, l’arsenal nucléaire de la Chine dépassera les 1 000 ogives, ce qui fera entrer les forces nucléaires chinoises dans une toute nouvelle catégorie. La Russie et les États-Unis possèdent plus de 5 000 ogives.
Mais les armes elles-mêmes ne sont pas tout : les matériaux nécessaires à leur fabrication, les matières premières, sont également importants. On peut ajouter que les Américains ont besoin de quatre tonnes de métaux rares pour construire un sous-marin nucléaire et de plus de 400 kg pour un F-35. Or, la construction militaire américaine dépend des livraisons de métaux rares en provenance de Chine, qui ont été réduites dans le cadre de la guerre commerciale.
- La Russie et la Chine se sont opposées au déploiement d’armes nucléaires des pays de l’AUKUS en Australie
- Les États-Unis ont commencé à former de nouvelles unités pour le conflit avec la Chine
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Même après les récentes négociations à Genève, la Chine n’a pas levé les restrictions à l’exportation des terres rares vers les États-Unis. Il est clair que les métaux rares sont également extraits dans de nombreux autres pays, mais la Chine est le monopoleur de facto de leur traitement, et il faudra du temps pour changer cette situation. Le budget militaire gigantesque annoncé par Trump n’aura pas l’effet escompté si la question des importations chinoises, dont dépend fortement l’industrie militaire américaine, n’est pas réglée. Le Financial Times affirme que la situation actuelle crée un risque élevé de conflit géopolitique autour des ressources naturelles.
Tout cela, selon plusieurs experts américains, est également une raison de se dépêcher de déclarer la guerre à la Chine avant que son retard ne devienne fatal. En 2014, l’éminent politologue américain Graham Allison a publié un ouvrage intitulé « Condamnés à faire la guerre. L’Amérique et la Chine échapperont-elles au piège de Périclès ? », dans lequel il indiquait que le renforcement de la Chine menaçait l’hégémonie des États-Unis et pourrait tôt ou tard conduire à une guerre entre les deux pays. Allison faisait ici principalement référence au renforcement économique, domaine dans lequel la RPC a aujourd’hui déjà dépassé les États-Unis.
Un autre expert, le général de division à la retraite John Ferrari, dans une interview accordée au Daily Mail il y a un an, appelait Washington à se préparer à la guerre avec la RPC en raison de la capacité de Pékin à paralyser l’industrie militaire américaine. « Si nous étions en état de guerre contre la Chine et qu’elle cessait de nous fournir des composants, nous ne serions pas en mesure de fabriquer les avions et les armes dont nous avons besoin…
Nous devons commencer dès maintenant à préparer nos chaînes d’approvisionnement en vue d’une guerre potentielle », a également déclaré le général.
Toutefois, on parlait déjà d’une guerre imminente avec la Chine aux États-Unis avant le conflit commercial, le deuxième mandat de Trump et les problèmes liés à l’exportation de ressources stratégiques. Ainsi, en 2023, le chef du commandement des transports aériens (Air Mobility Command) de l’armée de l’air américaine, le général Mike Minahan, a envoyé des instructions à ses subordonnés pour qu’ils se préparent à une guerre contre la Chine à cause de Taïwan. « J’espère me tromper. Mon intuition me dit que la bataille aura lieu en 2025 », a écrit le chef militaire dans une lettre dont des extraits ont été cités par NBC.
Les scénarios d’une éventuelle guerre entre la Chine et les États-Unis sont régulièrement publiés par des centres d’analyse américains. Il y a un an, Samuel Paparo, dans une interview accordée au Washington Post, décrivait en détail le déroulement de la première phase de la guerre avec la RPC. Selon lui, afin de donner aux États-Unis le temps de se déployer, les navires de la marine chinoise dans le détroit de Taiwan seront attaqués par des milliers de drones américains. « Je veux transformer le détroit de Taiwan en un enfer de drones, en utilisant une série de capacités secrètes », a déclaré l’amiral. « Pour les rendre (les Chinois) extrêmement malheureux pendant un mois, ce qui donnera le temps de faire le reste. »
L’amiral a indiqué que tout devait être prêt d’ici 2027, car c’est à ce moment-là que la Chine attaquerait Taiwan. Bref, le calendrier de préparation est très serré.
Et le commandant des forces armées américaines dans la région Pacifique, Ronald Clark, estime qu’un tel défi oblige les Américains à mettre l’accent sur des « porte-avions insubmersibles », une chaîne d’îles sur lesquelles seront déployées des forces terrestres. En plus des Philippines et d’Okinawa, il est prévu d’occuper les îles autour de Taïwan, dans la mer de Chine méridionale, et d’utiliser le territoire de Taïwan lui-même, a déclaré Clark au Wall Street Journal.
Il a également indiqué que des groupes mobiles équipés de complexes de missiles Typhon, destinés à lancer des missiles de croisière Tomahawk et des missiles antiaériens SM-6, ont déjà été préparés à cette fin. Ces groupes auront pour mission de frapper des cibles ennemies aériennes, maritimes et terrestres. Ils devront ainsi couvrir l’aviation et la marine américaines et leur assurer leur manœuvre.
Que ces plans soient mis à exécution ou non, dans tous les cas, la Chine gagne en puissance, tandis que les États-Unis s’affaiblissent, et bientôt, la seule pression économique exercée sur la Chine par les États-Unis pourrait ne plus suffire. La situation dans laquelle se trouve Washington dans la région Asie-Pacifique ressemble de plus en plus à un Zeitnot [situation dans laquelle un joueur a peu de temps pour effectuer les coups requis].
C’est sans doute cette prise de conscience qui pousse l’équipe Trump à se précipiter. L’opération contre le Yémen a été menée à bien de manière précipitée et assez maladroite, et maintenant, la Maison Blanche s’empresse de conclure un nouvel « accord nucléaire avec l’Iran » et, surtout, de clore le « dossier ukrainien ».
« En fin de compte, nous dirons simplement : ce n’est pas notre guerre », a déclaré le 19 mai le vice-président américain Jay D. Pence, faisant allusion à la possibilité d’un retrait de Washington du conflit. « Le moment vient où le président Trump doit décider combien de temps encore il convient de consacrer à ce problème au plus haut niveau de notre gouvernement. Non pas que la guerre en Ukraine ne soit pas importante. Mais je dirais que ce qui se passe avec la Chine est plus important pour l’avenir du monde à long terme », a déclaré début mai le secrétaire d’État américain Marco Rubio.
Le 20 mai, il a confirmé cette idée : « Si nous parvenions à résoudre ces questions, cela nous permettrait de consacrer plus de temps, d’énergie et, franchement, de ressources à certains défis auxquels nous sommes confrontés à long terme dans la région indo-pacifique ». On ne peut affirmer que Washington a réellement l’intention de déclencher une guerre contre la Chine, mais il est évident qu’il compte libérer un maximum de forces et de moyens engagés dans d’autres domaines afin de faire pression sur la RPC. Il n’est pas exclu que cette pression soit également de nature militaire.
Il n’est donc pas surprenant que, dans ces conditions, le président américain affiche sa neutralité dans le conflit ukrainien, comme en témoigne la conversation qui a eu lieu le 19 mai entre Donald Trump et le président russe Vladimir Poutine. À l’issue de cette conversation, Trump a déclaré que le processus de négociation entre la Russie et l’Ukraine commencerait « immédiatement ». Dans le contexte de la rivalité américano-chinoise, cela signifie clairement que les États-Unis vont tout aussi rapidement transférer leurs priorités militaires de l’Ukraine vers la Chine.
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