Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

A Cannes, Wagner Moura appelle au réveil face à la chute de l’empire américain et à ce que propose la Chine..

Le monde du cinéma avec ses fausses indignations qui ne servent qu’à étayer de pathos et de mise en spectacle tous les conformismes du marché de cette industrie, a de temps en temps des voies discordantes venus de peuples qui savent ce qu’est le fascisme tel qu’il se présente sous l’industrie culturelle… Wagner Moura qui se présente avec le Brésil, cet immense pays au cœur des contradictions d’un monde émergent, reprend la mise en garde de De Niro mais l’assortit de l’espérance d’un monde multipolaire, alternative que l’on ne peut ignorer. Et plus encore le cinéma dans les droits imposés par Trump, la crise de fréquentation, et l’apparition de ce cinéma en Chine, ce marché immense du sud et le renouvellement de la création elle-même (note de Danielle Bleitrach)

Wagner Moura regrette que

Wagner Moura regrette que le monde du cinéma ne veuille pas voir la réalité © XAVIER GALIANA / AFP

À Cannes, le Pablo Escobar de la série Narcos revient dans un registre tout aussi politique mais beaucoup plus intime. Il présente L’Agent secret  de Kleber Mendonça Filho, un thriller politique sur le Brésil des années 1970. Le film s’inscrit dans la continuité de son engagement personnel : celui d’un artiste qui refuse de séparer le 7e art du combat démocratique.

Mais cette année, plus que du Brésil, c’est de l’Amérique dont l’acteur parle, sa nouvelle terre d’accueil. « Je suis très inquiet. Comment ne pas l’être quand la plus grande puissance mondiale a un président fasciste à sa tête. À côté de ça, on ignore ce qu’il se passe réellement en Chine, qui émerge comme la future puissance majeure », lâche-t-il dans une interview accordée mardi 20 mai au Nouvel Obs . Si lui s’exprime sans langue de bois, il regrette que « règne la peur de parler car Trump et ses alliés sont roués à l’intimidation ».

Il fait référence ici à la prise de parole récente de Robert De Niro, saluée mais isolée, dans un climat qu’il juge préoccupant : « Hollywood doit se réveiller !(…) Nous sommes les témoins de la chute de l’empire américain. Je vis aux États-Unis et, parce que ce pays m’est cher et m’apporte beaucoup, je me sens le devoir de faire quelque chose. » 

Lui qui a tourné un film sur Carlos Marighella, figure de la résistance brésilienne, sait ce que coûte la prise de position dans un climat hostile. Le film fut censuré sous le gouvernement Bolsonaro, comme le rappelle l’acteur. Dans L’Agent secret« mon personnage, au contraire de Marighella, ne cherche pas à changer le monde ou à renverser le gouvernement, il essaye juste de mener une vie simple, en accord avec ce qu’il est. C’est ce qui est terrifiant dans ces moments-là : le simple fait d’être quelqu’un d’honnête, de ne pas adhérer au régime peut mettre votre vie en danger », explique-t-il.

« Il est très étrange et inquiétant de constater à quel point le silence y règne, poursuit l’acteur. La situation entre Gaza et Israël, un sujet très sensible, ne doit pas aider mais ne mésestimons pas le travail d’intimidation de l’administration Trump. Il faut se réveiller !  »

Views: 71

Suite de l'article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

La modération des commentaires est activée. Votre commentaire peut prendre un certain temps avant d’apparaître.