La Russie ne peut rien attendre en retour de l’UE si Poutine accepte de permettre à ses troupes et à ses avions de se déployer et de patrouiller au-dessus de l’ouest de l’Ukraine. Nombreuses sont les voix qui s’élèvent en Russie à l’idée d’un compromis qui laisserait la moindre possibilité aux bellicistes de l’UE de rallumer la guerre et d’y impliquer l’OTAN. Comme l’ont avoué non sans candeur indécente Hollande et Merkel, alors qu’ils étaient les garants de la « paix » signé à Minsk, ils ont simplement utilisé le temps de la négociation et celui de mois de non application par les régiments néonazis qui œuvraient contre le Donbass pour préparer le régime ukrainien à la guerre, et en mars 2022, ils ont remis ça derrière la Grande-Bretagne violant les accords signés à Istanbul et allant jusqu’à assassiner un de leurs négociateurs ukrainiens. Aujourd’hui Macron ne fait pas mystère de ce qu’il cherche, la poursuite de la guerre, tandis que les Allemands se donnent le surarmement comme but de survie de leur économie en récession par la faute de ce choix antirusse d’ailleurs. Le fait est que ces questions ne se traitent plus au seul niveau de la Russie mais dans un affrontement stratégique planétaire économique et social autant que militaire. (note et traduction de Danielle Bleitrach histoireetsociete)

01 mai 2025

La Russie avertit depuis longtemps qu’un cessez-le-feu inconditionnel en Ukraine du type de celui de 30 jours proposé par Zelensky pourrait créer une ouverture pour que l’OTAN étende son influence militaire dans ce pays. Jusque-là rejetée comme une théorie du complot par l’Occident, Radio Liberty s’est contentée de sortir le chat du sac. Les responsables anonymes qu’ils ont cités dans leur récent article ont confirmé qu’ils envisageaient cela pour « faire gagner du temps aux Européens pour rassembler une « force de réassurance » dans la partie occidentale de l’Ukraine » et y organiser des « patrouilles aériennes ».
Leur plan de match annoncé est de « garder les Américains à bord » du processus de paix, de « séquencer » le conflit en concluant un cessez-le-feu qui conduira plus tard à une paix durable, et d’utiliser la période intérimaire susmentionnée pour mener à bien les mouvements militaires mentionnés ci-dessus afin de faire pression sur la Russie pour qu’elle fasse davantage de concessions. Ce qui est omis de l’article de Radio Liberty, c’est que la Russie a menacé de cibler les troupes occidentales en Ukraine, dont le secrétaire à la Défense Pete Hegseth a déclaré plus tôt qu’elle ne bénéficierait pas des garanties de l’article 5 de la part des États-Unis.
Même si Poutine accepte cette concession qui est considérée comme l’une des cinq différences significatives entre lui et Trump qui ont provoqué le message de colère de Trump contre Poutine, Radio Liberty a rapporté que cela ne conduirait toujours pas à une reconnaissance européenne de jure des gains territoriaux de la Russie. Il en va de même pour la levée des sanctions ou la restitution de l’un de ses 200 milliards d’euros d’avoirs saisis. D’autres sanctions pourraient même être imposées prochainement et les bénéfices exceptionnels de ces actifs « financeront les besoins militaires de l’Ukraine ».
Compte tenu de ce que Radio Liberty a révélé, la Russie ne peut donc rien attendre en retour de l’UE si Poutine accepte d’autoriser ses troupes et ses avions à se déployer et à patrouiller au-dessus de l’Ukraine occidentale. Tous les espoirs de restaurer le statut d’État tampon de l’Ukraine d’avant-guerre seraient anéantis, et il n’est pas exclu que la zone d’activité militaire de l’UE puisse s’étendre plus tard au Dniepr ou au-delà. L’un des objectifs de l’opération spéciale était d’empêcher l’expansion militaire de l’Ouest vers l’est, ce qui constituerait une autre concession majeure.
Nikolay Patrushev, un ami proche de Poutine depuis des décennies et un assistant influent, vient de déclarer à TASS plus tôt cette semaine que « pour la deuxième année consécutive, l’OTAN organise les plus grands exercices depuis des décennies près de nos frontières, où elle s’exerce à des scénarios d’actions offensives sur une vaste zone – de Vilnius à Odessa, la prise de la région de Kaliningrad, le blocage de la navigation dans la mer Baltique et la mer Noire, et des frappes préventives sur les bases permanentes des forces de dissuasion nucléaire russes.
Le secrétaire du Conseil de sécurité, Sergueï Choïgou, a déclaré au même média quelques jours auparavant que « Au cours de l’année écoulée, le nombre de contingents militaires des pays de l’OTAN déployés près des frontières occidentales de la Fédération de Russie a été multiplié par près de 2,5… L’OTAN est en train de passer à un nouveau système de préparation au combat, qui prévoit la possibilité de déployer un groupe de 100 000 soldats près des frontières de la Russie dans un délai de 10 jours, 300 000 d’ici la fin de 30 jours et 800 000 d’ici la fin de 180 jours.
Lorsque la priorité donnée par l’UE à la ligne de défense baltique et au bouclier oriental complémentaire de la Pologne sont ajoutées à l’équation, associée à des plans d’expansion de l’« espace Schengen militaire » pour accélérer le déploiement de troupes et d’équipements vers l’est, les pièges de l’opération Barbarossa 2.0 sont évidents. Poutine ne peut pas influencer ce que fait l’OTAN à l’intérieur des frontières du bloc, mais il a le pouvoir d’arrêter son expansion de facto dans l’ouest de l’Ukraine pendant un cessez-le-feu, ce qui pourrait partiellement entraver ses plans spéculatifs.
Leur concéder, ce qu’il pourrait accepter de faire pour les cinq raisons mentionnées dans la seconde moitié de cette analyse de début mars, conduirait la Biélorussie, alliée de la défense mutuelle de la Russie, à être entourée par l’OTAN le long de ses flancs nord, occidental puis sud. Cela pourrait en faire une cible future tentante, mais l’agression occidentale pourrait être dissuadée par le déploiement continu des Oreshniks et des armes nucléaires tactiques de la Russie, ces dernières que la Biélorussie a déjà été autorisée à utiliser à sa discrétion.
Céder aux troupes occidentales en Ukraine en échange des avantages économiques et stratégiques que la Russie espère récolter des États-Unis si leur « nouvelle détente » naissante décolle après un accord de paix entraînerait donc des coûts de sécurité conventionnels qui pourraient être gérés par les moyens qui viennent d’être décrits. Dans le même temps, cependant, des extrémistes comme Patrouchev, Choïgou et le président honoraire de l’influent Conseil russe de la politique étrangère et de défense, Sergueï Karaganov, pourraient le dissuader d’un tel accord.
Poutine doit donc décider s’il s’agit d’un compromis acceptable ou si la Russie doit risquer de perdre son partenariat stratégique post-conflit avec les États-Unis en continuant à s’opposer à l’expansion de facto de l’OTAN dans l’ouest de l’Ukraine, y compris par des moyens militaires si les forces de l’UE s’y installent sans l’approbation de la Russie. Sa décision déterminera non seulement l’avenir de ce conflit, mais aussi les plans d’urgence de la Russie face à une éventuelle guerre chaude avec l’OTAN, ce qui en fera le moment décisif de son règne d’un quart de siècle.S’inscrire
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