La planète finance est complètement dépassée par la guerre que Trump se croit en capacité de mener avec la Chine. Comme les boursicoteurs n’ont pas lu Mao, ils ne savent pas que les Chinois n’ont jamais abandonné le raisonnement militaire de Mao (je vous conseille une fois de plus de lire les écrits militaires, en particulier la guerre prolongée). Mao est confronté à l’assaut du Japon et il explique que la guerre sera longue parce que c’est une guerre à mort mais que la victoire finale appartiendra à la Chine et pour comprendre cela il faut mesurer toutes les particularités des belligérants, hier avec le Japon, aujourd’hui avec le bulldozer Trump, à savoir que les USA sont très puissants et donc qu’ils peuvent mener un conflit prolongé, une guerre néanmoins rétrograde et barbare qui n’apportera ni au peuples, ni aux classes dirigeantes la prosperité escomptée ce qui poussera partout l’antagonisme entre les classes et les nations, et la puissance des USA, de l’occident n’est pas assez grande pour y faire face. les USA pourront même recevoir l’aide d’autres pays fascistes comme eux, bellicistes, mais les forces qui s’opposent à eux seront supérieures. La Chine n’a pas voulu cette guerre mais puisque les USA sont assez fous pour l’entamer qu’ils y aillent, tous ce qu’ils feront c’est engloutir ce qu’ils possédaient au début. La bataille boursière n’est que la préféguration de tous les combats que les USA livreront pour maintenir ce qui n’existe déjà plus (note de danielle Bleitrach pour histoireetsociete)
rédigé par Philippe Béchade 22 avril 2025
Le président américain tente de prendre en otage les « amis du couple » : le chaos est assuré !
Le terme boursier d’avril s’était mal terminé le 17 avril, avec un bilan mensuel de -8 % à -10 % sur les indices « larges ».
Le terme de mai ne démarrait pas mieux ce 21 avril avec -3,5 % sur le Nasdaq et -3,2 % sur le S&P 500, à une heure de la clôture… des pertes réduites de -1 % au final, à -2,5 % en moyenne.
Pas moins de 1 400 Mds$ de capitalisation ont été effacés à Wall Street ce 21 avril, qui semble bien parti pour inscrire son second pire mois d’avril depuis 1932 !
Et ce sont plus de 2 500 Mds$ de « capi » qui se sont volatilisés depuis la séance de rebond à +4 000 Mds$ du 9 avril, dont Donald Trump s’est empressé de s’attribuer le mérite… oubliant de préciser que ses décisions et déclarations à l’emporte-pièce sur les « tarifs » avaient pulvérisé plus de 10 000 Mds$ de valeur boursière entre le 19 février et le 7 avril dernier.
Ce dont aucun président américain n’avait jamais été tenu responsable.
Et la raclée boursière a bien failli prendre une tournure de type « 19 octobre 1987 » si Jamie Dimon, le patron de JP Morgan, n’avait envoyé un signal d’alerte au krach à la Maison-Blanche via une interview matinale sur FOX News le 9 avril dernier, où il s’interrogeait sur le risque de récession pouvant découler de l’offensive tarifaire tous azimuts (défendue par Peter Navarro, avec lequel Scott Bessent a pris ses distances).
Jamie Dimon n’a pas évoqué la loi Hawley-Smoot (deux élus républicains) promulguée par Edgar Hoover le 17 juin 1930, qui avait porté les droits de douane à l’importation à 40 % sur plus de 20 000 types de biens et produits agricoles, et à 59 % sur plus de 3 200 biens, les faisant littéralement disparaître du sol américain en quelques semaines.
C’est ainsi que la récession, partie d’une crise financière américaine, se propagea à l’ensemble de la planète, pour atteindre son paroxysme en 1932, le Dow Jones ayant alors perdu 90 % de sa valeur par rapport à l’été 1929.
Mais comparaison n’est pas raison : le principal rival économique des Etats-Unis de l’époque n’était pas la Chine mais le Royaume-Uni, et la Fed refusait obstinément d’actionner la planche à billets, ce qui fut contourné par le « New Deal ».
Ce qui est certain, c’est qu’un basculement s’opéra en 4 ans, de 1929 à 1933, et c’est à se demander si Trump n’a pas pris le risque de créer un basculement (d’abord boursier, puis obligataire, et plus dangereux encore, monétaire) dont les conséquences pourraient lui échapper.
Les investisseurs commencent à comprendre que Trump a décidé de livrer une guerre commerciale sans merci à la Chine. (Ce qu’il n’avait pu faire lors de son premier mandat, ne disposant pas d’une majorité dans les deux « chambres ».)
Et Trump dégaine auprès de ses alliés l’alternative détestable qui rappelle les préparatifs de la guerre en Irak : « Vous êtes avec nous ou contre nous » (face à la Chine pour cette guerre qui n’en est qu’à ses débuts).
Et Trump menace les Occidentaux – mais aussi les pays de l’ASEAN – de lourdes sanctions douanières s’ils persistent à privilégier la Chine plutôt que les Etats-Unis.
Le « Jour de la Libération » de Donald trump peut désormais s’interpréter comme une procédure de divorce contentieux avec la Chine.
Il choisit d’impliquer « les amis du couple » en leur imposant de prendre parti, ce qui n’engendrera que frustration, ressentiment et à coup sûr, une récession.
C’est ce que le Japon redoute, et s’étonne du mauvais traitement douanier qui lui est infligé : le gouvernement japonais a-t-il voulu faire passer un message en vendant des T-Bonds ce lundi, faisant grimper leur rendement de +10 points vers 4,42 % ?
De son côté, Xi Jinping semble bien déterminé à tenir tête à Donald Trump : il observe un silence radio avec Washington sans précédent, refusant de faire le premier pas s’estimant « offensé », en prenant le reste de la planète à témoin.
Aux autres pays, il délivre un plaidoyer pour le libre-échange, la coopération économique, les relations équitables (par opposition au modèle d’extorsion de consentement et d’argent promu par Trump).
Et comme si cette « fin d’un monde » ouverte et basée sur le rôle dominant du dollar (les Etats-Unis vivant éternellement à crédit) ne suffisait pas, Trump y ajoute un conflit ouvert avec Jerome Powell, avec également un « mix » d’injonctions, de menaces et d’insultes : « Powell aurait dû baisser les taux depuis longtemps « , c’est « M. trop tard », et c’est un « loser XXL ».
Il évoque son licenciement qui « ne saurait arriver assez vite » et sa capacité à lui faire quitter son poste très rapidement.
Même l’Europe vole au secours du patron de la Fed et manifeste son soutien au seul contre-pouvoir encore en pleine possession de ses moyens et qui ose encore tenir tête au pitbull de la Maison-Blanche.
A moins que l’Europe ne s’alarme égoïstement de la chute de -6 % du dollar en dix jours – sous 1,1500/€ – qui va mettre à mal le peu de croissance qui subsistait en Europe.
Car en vérité, le plongeon du billet vert va plomber aussi Airbus (devenu soudain beaucoup moins concurrentiel, et en un temps record) que LVMH (qui vend majoritairement en dollar… et il fond à vue d’œil).
Le seul avantage pour l’Europe, c’est qu’avec sa devise devenu paradoxalement « forte », elle se retrouve à l’abri de l’inflation… et avec une Chine qui va chercher à écouler ses énormes stocks (plus rien ne quitte les portes chinois en direction des Etats-Unis), Christine Lagarde pourrait avoir à gérer bientôt de la déflation.
Et nous savons tous que déflation rime souvent avec récession !
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