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Pekin verrouille les terres rares… quelle conséquence sur la défense…

Pékin verrouille les terres rares : quelles conséquences pour la Défense ? | Armees.com

Pékin verrouille les terres rares : quelles conséquences pour la Défense ? | Armees.com© Armees.com

Mi-avril 2025, en réponse à une nouvelle vague de sanctions tarifaires américaines, la Chine a annoncé une suspension immédiate de l’exportation de plusieurs métaux critiques, dont les terres rares lourdes. Une décision qui frappe de plein fouet l’industrie de défense occidentale, largement dépendante de ces éléments pour la fabrication d’armes, de capteurs, de radars ou encore de systèmes de propulsion.

Pékin suspend l’exportation de terres rares : une décision stratégique à fort impact militaire

Le gouvernement chinois a interrompu les livraisons de plusieurs catégories de terres rares lourdes et de produits dérivés comme les aimants permanents, selon The New York Times et NDTV. Cette suspension s’inscrit dans le contexte d’un durcissement commercial entre les deux puissances. Le 2 avril, Washington a porté les droits de douane sur les produits chinois à 54 % puis les a encore augmentés à 125 %, ce à quoi Pékin a répliqué par des restrictions à l’exportation des métaux critiques.

Les matériaux concernés sont essentiels à l’industrie de défense, notamment :

Samarium et gadolinium : utilisés dans les aimants haute température pour les moteurs de missiles, les systèmes de radar et les capteurs de guidage.

Dysprosium et terbium : éléments clés des aimants à haute stabilité thermique, intégrés dans les actionneurs de commandes de vol, les systèmes de visée, les hélices de torpilles.

Scandium et yttrium : présents dans les alliages légers pour aéronefs militaires, les revêtements anti-corrosion et les lasers de désignation de cibles.

Aimants néodyme-fer-bore (NdFeB) : cruciaux pour les têtes chercheuses, les drones tactiques, les moteurs d’avions de combat, et les systèmes de guerre électronique.

Une dépendance logistique critique pour les industriels de la défense

La Chine assure à elle seule 90 % du raffinage mondial des terres rares, y compris l’intégralité du traitement des terres rares lourdes concernées par les mesures. Or, l’ensemble des industriels de défense américains, européens et asiatiques, y compris les géants comme Lockheed Martin, Raytheon, BAE Systems, Safran ou Thales, dépendent directement ou indirectement de ces approvisionnements.

NDTV précise que « les métaux et aimants spéciaux qui en dérivent ne peuvent désormais quitter la Chine qu’avec des licences d’exportation spéciales, dont le système d’attribution n’est pas encore opérationnel » . Cette indisponibilité administrative immédiate constitue donc un blocage de facto.

De nombreuses entreprises sous-traitantes de l’OTAN n’ont pas de stocks suffisants pour tenir au-delà de quelques semaines. Les programmes de maintien en condition opérationnelle (MCO) des flottes aériennes, navales et spatiales pourraient être touchés dans un délai très court. Selon les estimations de l’analyste David Merriman, cité par NDTV : « Il n’existe actuellement qu’une seule exploitation orientée terres rares lourdes en dehors de la Chine, au Myanmar et au Laos », où Pékin exerce également une influence notable.

Les risques immédiats pour les systèmes de défense occidentaux

La décision chinoise ne se limite pas à un enjeu industriel : elle remet en question la résilience stratégique des systèmes d’armement modernes. Les composants affectés par la suspension sont directement intégrés à des plateformes critiques telles que :

les chasseurs multirôle de 5e génération (type F-35 ou Rafale),

les missiles de croisière à longue portée (Tomahawk, SCALP),

les radars AESA (Active Electronically Scanned Array),

les satellites d’observation ou de positionnement,

les sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) et leurs systèmes de propulsion magnétiques,

les dispositifs de guerre électronique et contre-mesures.

L’ensemble des puces électroniques durcies, des systèmes de communication protégés, ainsi que certains modules de cryptographie militaire pourraient également être indirectement affectés par une pénurie de terres rares. Les stocks stratégiques des États-Unis, s’ils existent, sont notoirement insuffisants pour alimenter durablement les chaînes de production des industries d’armement. La plupart des pays européens ne disposent d’aucune réserve indépendante à ce jour.

Vers une militarisation des ressources critiques ?

La suspension des exportations ne constitue pas une interdiction totale, mais elle permet à Pékin de filtrer sélectivement les destinataires, en restreignant ou bloquant les licences à tout moment. Le levier économique devient ainsi un outil d’influence diplomatique, voire de coercition silencieuse.

Ce type de mesure, non-contraignant au regard du droit international, permet à la Chine de neutraliser partiellement la supériorité technologique de ses adversaires sans confrontation directe. Une stratégie d’attrition logistique asymétrique, à coût quasi nul. Cette militarisation des flux logistiques, combinée à l’absence de filière indépendante de traitement des terres rares hors d’Asie orientale, révèle une faille majeure dans la sécurité économique des systèmes de défense occidentaux.

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1 Commentaire

  • Michel BEYER
    Michel BEYER

    Je suis surpris. Plusieurs articles d’Histoire et Société l’ont démontré, Trump n’est pas fou!!!
    Soit, mais des articles comme celui-ci nous donnent une image d’impréparation avant les ukazes trumpiens. Trump et ses acolytes sont sur le reculoir, la Chine en apporte la preuve, mais d’autres exemples le démontrent. Le Canada, fournisseur d’électricité aux USA a relevé de 25% les droits de douane. Aussitôt Trump a changé d’avis. Même réaction sur les smartphones et ordinateurs importés de Chine à 80%. Cela donne une image d’amateurisme. Je suis d’accord , Trump pensait que tous les pays allaient « lui l….r le c.. » selon son expression. C’est vrai pour certains, mais d’autres ont su réagir avec la Chine.

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