Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Venissieux: la ville où il se dit l’acharnement français des prolétaires venus d’ailleurs à vouloir rester communiste ..

Pierre Alain Millet va faire un compte-rendu plus précis de cette soirée à Venissieux en défense de la paix, ce seront donc des impressions qui sont esquissées ici. J’étais si prise par ce qui se passait là, que je n’ai pris aucune note, ce seront donc les traces de cette soirée mémorable au milieu de cette salle comble dans laquelle s’entassaient 500 personnes qui a plusieurs reprises se sont levés applaudissant et criant pour dire l’enthousiasme et l’adhésion aux orateurs, jusqu’à cette internationale vibrante, poing dressés entonnée par Pierre Alain Millet qui en brandissant un drapeau rouge avec faucille et marteau a failli nous entrainer dans la totalité des couplets.

Venissieux restera sans doute dans l’histoire de notre pays cette capitale du prolétariat français, dont la quasitotalité par vague successive est venu d’ailleurs. Une ville qui s’est entêté à rester communiste au coeur d’un PCF, en proie à la liqudation pendant des décennies et qui aujourd’hui a pris un autre chemin, celui d’un retour aux fondamentaux pour aborder des temps inconnus, ceux de ce monde multipolaire qui est déjà là. Cette soirée s’est située dans cette logique, celle de l’entêtement, de ceux qui, au lendemain de la chute de l’URSS ont créé dans cette ville un groupe de travail autour des « classiques » du marxisme-léninisme, tout en affrontant tous les problèmes des cités ghetto comme les Mingettes, de la défense de l’industrie que l’on délocalise… En refusant la gentrification lyonnaise, sa spéculation foncière en continuant à équiper la ville dnt les rues continuent à porter le nom de Lénine. Un rapport théorie-pratique dans la fidélité qui nous ramène periodiquement vers cette « famille ».

De chaque intervenant à la tribune, je voudrais retenir une chose forte essentielle qui a contribué à nous faire sentir à la fois la difficulté et pourtant la volonté d’avoir un parti révolutionnaire… parce que la tâche, le but demeure prioritaire et que nul autre ne peut accomplir ce travail essentiel, celui de la paix mais comme un combat pour la justice et l’égalité…

Certes aujourd’hui, il y a d’autres personnes, d’autres groupes qui en France revendiquent cette appartenance mais le problème est toujours le même: il ne suffit pas de se revendiquer communiste, il faut encore que le peuple français vous reconnaisse comme tel et accepte que vous le représentiez. Près de trente ans de tentatives diverses nous confrontent à cette question incontournable de la rencontre nécessaire, celle qui a caractérisé le parti fondé par Maurice Thorez entre le communisme et la nation, en identifiant celle-ci à un peuple qui travaille à faire de la France ce qu’elle est. Le socialisme à la française peut naître ici…

Le meeting avait lieu à 18 h 30 et je suis arrivée à 14 heures, ce qui m’a laissé le temps de beaucoup écouter ce que me racontaient les militants qui arrangeaient la salle. Ils me racontaient ‘histoire du « travail », des assauts subis, la manière dont celui-ci qu’il s’agisse d’un quincailler, d’un menuisier, d’un mineur venu de la Grand Combes ou d’autres corps de métier avait évolué et pas en bien. Tous racontaient la même histoire, une profession ouvrière au départ en relation avec la grande industrie, qui a été transformé en vendeurs de grandes surfaces, en simples bricoleurs, en perdant des droits à la retraite et soumis de fait à des trusts qui même lorsqu’ils sont artisans leur font la loi, les étranglent dans les financements. L’un d’eux, le quincailler a eu ce constat terrible: là où il y avait de l’amitié, de la solidarité, il n’y a plus qu’amertume et colère… la disparition du bistrot où l’on échangeait en plaisantant… On comprenait si bien pourquoi et comment l’extrême-droite pouvait se glisser dans ce monde là qui avait subi l’équivalent d’une guerre… Le rôle de gestionnaire des épouses, qui en tant qu’employées, s’étaient spécialisées dans la paperasse et que l’on retrouvait dans la gestion de la ville. Il y avait là des gens à qui on ne raconte pas n’importe quoi même et surtout quand ils se taisent. Ce monde là observe et il n’accepte pas les outrances, ceux qui actuellement dans le parti sont une force d’inertie et font porter tous leurs coups sur la direction. Ils regardent et écoutent, Fabien Roussel dit des choses justes et on lui prête des propos inventés, alors calmement on vient l’entendre et cette salle peu à peu se remplit il faut sans cesse ajouter des chaises.

Michelle Picard, la maire de Venissieux ouvre le meeting, elle a parlé de l’histoire, de la mémoire de cette ville, Venissieux est une des villes de France les plus bombardées par les « alliés » mais c’était y compris avec la complicité de la résistance forte dans cette ville, celle qui désignait Berliet, l’usine collaboratrice comme tant d’autres avec les nazis… Cette idée d’une classe de capitaliste toujours prête à se vendre et qui fait payer aux travailleurs ses lâchetés, son apreté, son mépris des êtres humains, n’est pas étrangère à ce qui se passe aujourd’hui et qui a été au coeur des discours du secrétaire du parti des Travailleurs de Belgique et de celui du PCF.

Nous y reviendrons! mais déjà avec Michelle Picard, avec cette salle pleine d’habitants de Venissieux mais d’autres venus du Rhone, et de la Drome proche… Nous étions dans ce bastion, avec ce peuple ouvrier qui à chaque période de l’histoire ne se trompe pas d’adversaire…

La ville est jumelée avec jenine en Palestine et nous avons tous fremis en écoutant la très belle intervention du représentant de la Palestine, Yassar Ayoub, sur cette intolérable silence autour du génocide de Gaza. Il y a eu l’annonce par Fabien Roussel d’une campagne pour la reconnaissance de l’Etat palestinien et pour dénoncer le silence autour de ce qui se passe à Gaza. Nous avons accepté deux Etats, mais jamais ils n’on honoré leur parole, ils ont beaucoup parlé du 7 octobre mais jamais de la parole trahie et du génocide qui a suivi dans l’indifférence générale, ce silence qui rejoint celui autour de l’étranglement de Cuba, d’autres massacres au congo, au Soudan…a dit dignement et calmement le représentant de la Palestine… la paix nous en rêvons mais nous sommes confrontés à la réalité de la guerre…

La paix c’est la guerre à la guerre et elle va durer…

Dans le fond tout cela ne revenait-il pas à l’idée forte énoncée par Arlette Cavillon la présidente du mouvement de la paix du Rhône: La paix n’est pas l’état naturel, celui qui s’impose, l’état naturel c’est la sauvagerie, la guerre… Il faut concevoir la lutte pour la paix comme l’avancée vers la civilisation contre la barbarie aurait dit Rosa Luxembourg…

En l’écoutant, j’ai repensé aussi à ce texte de Mao tse Toung dans les écrits militaires : la guerre prolongée… Le paradoxe du combat pour la paix qui dot être celui des communistes c’est qu’il a lieu dans un état de guerre que l’impérialisme crée de partout. Notre lutte pour la paix ne cherche pas seulement à empêcher la guerre, il y fait face déjà, à Gaza comme en ukraine, ou à Cuba… on parle beaucoup de la militarisation du dollar face aux jeux boursiers et aux menaces de Krach, est-ce un hasard si ces jeux boursiers se doublent de négociation autour de l’otan, et d’incitation au suraremement. Certainement pas et c’est de cela dont nous a parlé ce meeting. L’impérialisme porte en lui la guerre et les deux secrétaires du parti, le belge et le Français ont chacun à leur tour prononcé la phrase d’Anatole France : on croir mourir pour la patrie…

Dans la guerre prolongée, Mao que la Chine qui résiste au chantage des USA, n’a jamais oublié, va montrer que l’armée populaire, (c’est-à-dire « l’armée et le peuple ») est l’artisan de la victoire et la mobilisation politique est essentielle. la guerre est un acte politique. La paix que nous devons imposer est une sorte de guerre que nous devons mener en transformant la conscience des êtres humains à partir des conditions objectives qu’ils doivent imposer. Et de ce point de vue, ce que dit Roussel sur la nécessité d’unir la sécurité d’un peuple à ses conditions d’existence, l’emploi, les salaires, qui est une garantie plus importante que des armes dont une fois produite il faudra bien se servir, est le pas indispensable vers la conscience, un pas sans lequel la paix peut n’être qu’un leurre, un foyer que l’on peut activerà chaque moment pour piller et imposer la récession à son propre peuple.

Ce constat est à la base de la volonté de mener la guerre à la guerre. Quand on a acquis ce niveau de conscience, il y a deux faits qui s’imposent à vous: 1) il faut tout faire pour empêcher que la guerre éclate mais quand elle est là, il faut lutter contre la guerre par la guerre contre ceux qui la mènent. Il faut substituer à une guerre injuste, celle des marchands d’armes, des exploiteurs, celle juste qui s’attaque à ceux qui nous y entraînent. 2) Il faut savoir alors que dans tous les peuples, il y a des gens qui ont entamé cette lutte et qu’il faut s’unir à eux parce que la guerre juste va durer au-delà des événements auxquels elle parait encore se résumer (la crise boursière, une élection avec ses débats spécifiques, la destruction d’un bassin d’emploi, etc…) la guerre juste a besoin de gens aguerri et éclairé sur les buts et les moyens. C’est de cela dont nous a parlé le représentant de la Palestine, Yassar Ayoub, la paix on en rêve mais on ne peut pas rêver…

Raoul Hedebouw a prononcé un discours vibrant, celui d’un marxiste retrouvant les concepts de la guerre à la guerre, qui font que l’évidence s’impose. Il bénéficiait d’un travail accompli depuis de nombreuses années pour avoir un parti communiste formé théoriquement, organisé. Un pays que l’on parcourt aisément face auquel la France paraît immense et si diverse, mais qui en revanche a eu du mal à dénoncer le rôle de l’OTAN, entré dans les moeurs avec la présence des bases. Fabien Roussel, lui, est confronté à un parti qui a subi trente ans de liqudation et de confusion idéologique, il cherche légitmement à réveiller des alliances comme le patriotisme gaulliste qui n’existait pas en Belgique. Ils avancent tous les deux sur un terrain à refiaire, Trente ans durant lesquel on a persuadé les communistes et la gauche qu’ils étaient trop faibles pour revendiquer une politique de souveraieté, de défense du travail contre les discours « technocratiques » du capital. On a détruit les résistances, en détruisant le PCF, on les a habitué au compromis avant de songer à faire la guerre à la guerre, aux marchands d’armes… la France serait un pays trop faible, il faut accepter le cadre européen même si celui-ci est celui de la vassalisation et si de fait un esclave dit Trump n’a pas le droit à la parole… Ce renvoi systématique à la faiblesse est une manière en fait de ne cesser d’affaiblir et soumettre. Ce que représente Roussel, c’est la première tentative pour redonner son rôle irremplaçable au peuple dans la nation, et de construire ses alliances à partir de là. On sent que le PTB a pris de l’avance au plan idéologique… il peut employer des concepts qu’il faut recréer en France…

Roussel a incontestablement du courage mais il aurait besoin d’être aidé, des gens qui organisent, forment, constituent le peuple en arme pour la paix.

Ces deux partis venus de leur terre du nord, celle du chemin des invasions et des résistances ont présenté un duo irresistible, une entente sur le fond qui nous réconfortait même si l’un et l’autre avait besoin d’approfondir leur relation à tous ceux qui ajourd’hui mènent le même combat que ce soit dans les pays du sud, dans les Brics, dans les partis communistes et les forces progressistes. Oserai-je dire que ce fut une grande joie pour notre blog de sentir que nous avions quelque utilité dans ce mouvement.

danielle Bleitrach

PS. Je joins à ces impressions l’intervention de Fabien Roussel à RTL le matin de ce meeting… elle tmoigne du courage, presque de la « témérité » de ce secrétaire national qui n’a pas encore le parti qui correspond à ce qu’il tente d’imposer en matière de guerre à la guerre. Mais à venissieux, ce parti là au moins commençait à percevoir ce qu’il devait accomplir dans la longue marche dans laquelle il s’était engagé.

Fabien Roussel et Raoul Hedebouw à l’unisson de l’Internationale à la fin d’un meeting qui nous a fait du bien à tous…

les mêmes avec benoit roux le secrétaire fédéral du rhône

Nous avons ri quand j’ai dit à Roussel qu’il était courageux mais qu’il était bien seul et si j’avais trente ans de moins et si j’étais encore membre du parti, j’irai peut-être comme jadis faire le tour des fédérations du temps où c’était le travail des membres du CN, pour aider, voir les problèmes concrets, la formation des cadres… heureusement il y en a d’autres mais il y a urgence…

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