C’est bien mal connaitre les Etats-Unis que d’imaginer qu’il se trouverait des politiciens assez suicidaires pour mettre en cause un quelconque traquenard de la part du président et du vice-président, en cautionnant de quelque manière que ce soit l’insolence de Zelenski osant polémiquer dans le bureau ovale. Pour autant ceux qui se réjouissent un peu tôt de l’attitude de la Maison Blanche et vont jusqu’à y lire l’ascendant de la présidence russe se font également des illusions. Ce qui a éclaté au grand jour c’est le fait que Les Etats-Unis ne voulaient pas de ce président à la table des négociations, il y avait peut-être de la rancune concernant son soutien à Obama, Biden et Harris mais il y avait surtout la reconnaissance du fait que Zelenski était y compris en Ukraine complètement désavoué et erratique. Ce n’est pas si éloigné d’ailleurs de l’attitude à l’égard des Européens et en particulier du couple Macron et Starmer. Dominique de Villepin a dit à sa manière que l’Amérique, et cela dépasse le cas Trump, voulait une Europe complètement vassalisée et elle n’aura pas de mal à l’obtenir si la résistance s’incarne dans un Macron qui brade la souveraineté française et se lance dans une Europe fédérale avec tous ceux qui manifestent des velléités pour l’aventure. Paradoxalement la Chine ne souhaite pas un tel effondrement et c’est aussi là-dessus que le partenariat stratégique Chine Russie va devoir affiner sa stratégie. Il y a beaucoup de vrai dans l’affirmation des Russes aux Européens : vous n’avez pas d’autres ennemis que vos dirigeants en tous les cas la démonstration a été faite pour les Ukrainiens et il serait étonnant que Zelenski en sorte renforcé en Ukraine. L’annonce par Zelenski d’avoir reçu le soutien d’un oligarque qui apporterait sa propre armée n’est pas de celles qui satisfont ceux qui vivent depuis des années sous le régime des troupes prétoriennes recrutées dans les stades par des oligarques, la manière dont certains biens ont été acquis sous la menace de ces troupes. Pas plus que la proposition de soutenir jusqu’au bout ce héros ne remporte l’adhésion des Français autour des démarches et des dépenses de leur président. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)
Le président américain Donald Trump rencontre le président ukrainien Volodymyr Zelenskiy à la Maison Blanche à Washington, D.C., États-Unis/Photo prise le 28 février 2025/REUTERS/Brian Snyder© Thomson Reuters
par Patricia Zengerle
WASHINGTON (Reuters) – Le violent affrontement verbal entre Donald Trump et Volodimir Zelensky vendredi à la Maison blanche a suscité des réactions contrastées parmi les républicains, soutiens du président américain, et risque d’entraver le vote de toute nouvelle aide à l’Ukraine au Congrès des Etats-Unis.
Certains républicains, même partisans de longue date d’une aide américaine à l’Ukraine dans sa lutte contre l’invasion par la Russie, s’en sont pris à Volodimir Zelensky après son altercation avec Donald Trump et J.D. Vance, le président et le vice-président américains reprochant au dirigeant ukrainien un manque de respect et de reconnaissance.
Lindsey Graham, qui venait de participer quelques heures auparavant à une rencontre amicale entre Volodimir Zelensky et une dizaine de sénateurs américains, a ainsi invité le président ukrainien à changer d’attitude ou à démissionner.
« Ce à quoi j’ai assisté dans le Bureau ovale était irrespectueux et je ne sais pas si nous pourrons jamais traiter à nouveau avec Zelensky », a dit le sénateur de Caroline du Sud aux journalistes en sortant de la Maison blanche.
« Il doit soit démissionner et envoyer quelqu’un avec qui nous pouvons traiter, soit il doit changer », a ajouté l’élu, proche de Donald Trump.
Bill Hagerty, sénateur du Tennessee et ambassadeur au Japon durant le premier mandat de Donald Trump, a pour sa part écrit sur X : « Les Etats-Unis d’Amérique ne seront désormais plus considérés comme un acquis. »
Si la plupart des républicains ont serré les rangs derrière Donald Trump et J.D. Vance, certains ont tout de même joint leur voix à celle des démocrates dans la défense de l’Ukraine.
Mike Lawler, représentant de New York, a qualifié dans un message sur X la rencontre à la Maison blanche d' »occasion ratée à la fois pour les Etats-Unis et pour l’Ukraine, un accord aurait sans aucun doute débouché sur une coopération économique et sécuritaire plus étroite ».
Don Bacon, élu du Nebraska et considéré comme un modéré au sein du camp républicain, a déploré dans un communiqué « une mauvaise journée pour la diplomatie américaine ».
« L’Ukraine veut l’indépendance, une économie libérale et l’Etat de droit. Elle veut faire partie de l’Occident. La Russie nous déteste, nous et nos valeurs occidentales. Nous devrions être clairs sur le fait que nous nous tenons du côté de la liberté », a dit ce membre de la Chambre des représentants.
Aucun de ces deux parlementaires n’a toutefois critiqué nommément Donald Trump et J.D. Vance.
L’IMPORTANCE DE L’ACCORD SUR LES MINERAIS
Volodimir Zelensky s’est rendu à Washington en espérant convaincre son homologue américain de poursuivre le soutien des Etats-Unis à son pays et de ne pas favoriser Moscou dans la recherche d’un règlement du conflit.
Il était prévu la signature d’un accord sur l’exploitation conjointe avec les Etats-Unis des ressources minérales de l’Ukraine, que le président ukrainien souhaitait voir assorti de garanties de sécurité américaines.
Après l’altercation, Volodimir Zelensky a finalement été prié de quitter la Maison blanche et aucun accord n’a été signé.
Pour les soutiens de Kyiv, un tel accord sur les minerais ukrainiens, porté par Donald Trump, aurait facilité le vote de futures aides en faveur de l’Ukraine au Congrès américain, où les républicains disposent de courtes majorités aussi bien au Sénat qu’à la Chambre des représentants.
Le Congrès a déjà approuvé 175 milliards de dollars d’aide à l’Ukraine depuis le début de l’invasion à grande échelle de ce pays par la Russie en février 2022. Le dernier paquet a été voté en avril 2024, quand le démocrate Joe Biden était encore président et que son parti contrôlait le Sénat.
Les républicains se sont toutefois employés à ralentir la procédure sous la pression de Donald Trump, alors candidat à l’élection présidentielle, ce qui a entraîné des retards dans la livraison d’armes aux forces ukrainiennes, placées en situation défavorable sur le champ de bataille.
Certains élus républicains favorables au soutien à Kyiv disent espérer que l’épisode de vendredi n’entraînera pas de rupture définitive avec l’Ukraine.
Michael McCaul, président émérite de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants, a dit conserver l’espoir d’une paix réelle et durable garantissant à l’Ukraine d’être préservée de toute agression russe à l’avenir.
« J’exhorte aussi le président Zelensky à signer immédiatement l’accord sur les minerais », a écrit cet élu du Texas sur X. « Cela créera un partenariat économique entre les Etats-Unis et l’Ukraine. C’est dans l’intérêt de nos deux pays de parvenir à cet accord. »
(Rédigé par Patricia Zengerle, version française Bertrand Boucey)
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