Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

The Bestialisme: l’impossible assimilation…

Allez-voir ce film , il dure 4 heures mais elles ne seront pas perdues… mais car il y a un mais avant de crier au chef d’oeuvre … Reflechissez à ce qu’il y a encore de conformiste dans ce radicalisme, y compris dans la « mise en scène », qui dirige quoi ? L’Amérique est toute retournée et la statue de la liberté est flambeau à terre… oui on le sait et alors ?

Avant que certains idéologues irresponsables poussés par la lie du néocolonialisme britannique n’invente l’Etat d’Israël, c’était relativement confortable d’être juif. D’abord parce que comme le notait très justement Marx dans la question juive, c’étaient les seuls émancipés par rapport à la question religieuse du sujet féodal ou germanique, obligé de suivre la religion du maître le despote ou le seigneur,. les seuls émancipés de surcroit par rapport à la question agraire, être émabcipé de la construction du fait national et de la question agraire c’était un sacré avantage dans la première guerre mondiale… Certes il étaient judéobolcheviques pour la deuxième et de ce fait porteur de la vérité du capital, l’homme aux écus, la bourse devenue la Bourse des actions financières, autant que de la férocité de l’homme au couteau entre les dents. Un porte fantasme ancien, allégories fétichiste à la place de l’esprit du protestantisme lui bien réel, Rockfeller le protestant avait comme Trump un nom à consonnance germanique, cela suffisait pour le circoncire. mais maitenant, fini le temps de l’errance non enchaînée, après la chambre à Gaz, Gaza pour masquer la rivalité autour des ressources en gaz… Le temps des affaires comme dirait Zelenski…Confortable parce qu’on n’avait rien à espérer, aucune illusion d’un sauveur . LIbérés de l’identification en tant que victime au crucifié que sur les buchers de l’inquisition ou ceux de l’Amérique latine on poussait jusqu’aux lèvres des suppliciés hérésiarques. Etre juif permettait de fraterniser à Brooklyn avec les descendants d’africains qui eux aussi devaient s’adapter à ce monde puritain, hypocrite et ce film dit la magnifique amitié entre un noir, un père, dans les files de chômeur et l’architecte juif drogué.. Oui mais depuis il y a eu Gaza et avec eux les guerriers par procuration les Zelenski, les Netanaoyoun, glucksmann et tnt d’autres… ils nous ont dépouillé de la liberté d’être juif.

Ce prologue pour dire à quel point j’ai pu être bouleversée par ce film que l’on a dit être un chef d’œuvre The brutalisme. Le brutalisme en architecture est le retour aux matériaux et forme brutes, un coût minimal comme le film d’ailleurs qui avec un budget ridicule de 10 millions de dollars, vous en fout autant plein la vue qu’un Coppola… Grace au cinéma, des décors esquissés un morceau construit réellement, l’autre en numérique, en faisant opérer des rotations de la caméra à 360 °, on en redemande. La relation entre l’architecture et le cinéma a été à la base de bien des chefs d’œuvre, on pense bien sur à Metropolis qui a ruiné la UFA avec la démesure obsessionnelle de Fritz lang, mais aussi pourquoi pas Douglas sirk écrit sur le vent… Derrière ce démiurge, l’architecte metteur en scène, il y a toute la question de l’art de masse, de l’art pour les masses et de la manipulation des masses. Non seulement à qui le chef s’adresse mais dans son édification même, art collectif et le film ressemble à un bâtiment sinon que celui-ci perdure là au milieu, il contraint l’usage, le style c’est la fonction… Mais la collecte des capitaux, la constitution de l’équipe est la même. Ici, c’est le choix du personnage, tenter de créer en rendant toujours plus léger le poids des contraintes, celles du matériau, du capital, pour aboutir à l’essentiel produire des formes statiques, élémentaires, qui sont soumises au mouvement, celui de la lumière du jour, à la nature qui envahit , aux foules dans leurs rites… C’est toute l’innovation de ce film : minimaliser l’objet, refuser le marbre, préférer le béton pour laisser la place au mouvement, à ce besoin de créer, d’aimer, de souffrir…

Alors il y a ce juif hongrois qui sort des camps et que l’on reconnait c’est Adrien Brody, le pianiste de Polanski dont le SS mélomane ne pouvait pas plus se passer que l’immonde capitaliste qui l’invite à créer cette ville idéale en célébration de sa grand mère aussi atroce que le reste de la famille, une tribu trumpienne ou fordienne, qui a besoin d’échanges « stimulants ». Le travail à l’économie Fritz Lang lui aussi l’a découvert à Hollywood où en tant qu’exilé du nazisme, il découvrait qu’il n’y avait pas besoin ici de fuhrer de camp de concentration , le travail était déjà fait… Et il a joué lui aussi comme Brady Corbet le metteur en scène de The brutalisme (1), en utilisant les trouvailles de l’expressionnisme pour à la fois capter la lumière vraie, tout ce qui ne peut pas être reproduit mais qui ouvre l’imaginaire…

Pourquoi la colère ressentie devant ce film, parce que je ne me suis que trop identifiée à ce héros velléitaire, obsédé par son rêve , cet architecte rescapé des camps de concentration qui a cherché toute sa vie un bon maître, et qui a cédé à tous les narcissiques qui lui ont raconté qu’ils voulaient le bonheur de l’humanité… L’Amérique a été le symbole de ces illusions et dans un précédent film Brody Corbet intitulé « l’enfance d’un chef » (2) racontait la manière dont Woodrow Wilson et son rêve de la société des Nations ont en fait avec le traité de Versailles ouvert la voie au nazisme… Le film ouvre sur une statue de la liberté renversée… et le monument qu’il doit ériger est un lieu dit culturel devenu simple lieu cultuel pour catholique intégriste de Pennsylvanie. le paradis des juifs est-il toujours celui de la xénophobie et du racisme, leur mécène ?

Il s’avère que j’ai subi une dernière désillusion, plusieurs en rafale, tout ce que j’ai tenté de créer, de construire en respectant la vulnérabilité de chacun a été une escroquerie, une narration comparable à ces dépliant qui dans le film vantent l’illusion démocratique,les situations réelles qui s’entrecroisenr avec des fictions documentaires qui décrivent la gloire de la Pennsylvanie, comme si on s’apprêtait à retrouver le héros du film de King Vidor la Romance américaine (1944) autour de cet ouvrier tchèque des aciéries du Minnesota … Avec comme dans les films muets des moments avec chanson de l’époque alternant avec des tableaux digne de Hopper… On sait que c’est dans ce lieu que s’est joué la débâcle du parti démocrate et le véritable triomphe de Trump et ce juif issu des camps, hanté par son œuvre revient avec son éternel discours sur le fait que l’Amérique et ses évangélistes, ses « amish » puisque nous sommes en Pensylvanie n’ont pas d’autre évangile que le fric…

En fait ce film fonctionne comme un kaleidoscope dans lequel s’entrelacent trois motifs: l’Amérique et les imigrants, l’étranger, les camps de concentration et peut-on y survivre, où? L’architecture et le mécène comme asservissement. Chacun de ces thèmes a sa propre filmographie qui s’organise autour de l’individu qui refuse toutes les assimilations parce que chacune a un prix qu’il ne peut payer. Si le cinéma est le privilège de rompre avec l’interdit de l’image par le temps, le mouvement, l’errance, d’une rive à l’aautre celle de l’histoire, de la raison et celle de l’autre rive, celle des fantômes, des silhouettes esquissées… on peut passer de Marx à Freud aisément puisque le bénéfice d’une « analyse » est de refuser de voir ses peurs enfantines incarnées dans un individu qui devient le croquemitaine tout puissant. La seule solution est d’en faire le nounours que l’on pose sur le lit et auquel on renonce de gêrer vos cauchemars et savoir quitter tout cela à temps.

Voilà ce film est magnifique mais j’en ai plein le dos de ces bons sentiments et de ces crucifiés qui ne lèvent pas le petit doigt pour ne pas se contenter de geindre, de condamner, et qui demeurent persuadés qu’être lâche est leur vérité.
J’ai trop donné, une vie entière ça fait beaucoup.. Ce que j’ai décidé c’est de retourner au cinéma et de consacrer une part de mon temps à vous parler de ce qui se passe dans ce lieu hanté par nos fantômes… je vais entamer un nouveau printemps, comme une ivrogne de salle obscure en salle obscure, trouée par la lumière d’une marche jusqu’à la mer en m’interrogeant sur ce qui peut encore combler dans ce ressac…

danielle Bleitrach

(1) l a joué dans Melancholia de Lars von Trier qui est parfois accusé d’antisémitisme. Mais l’idée de la mélancolie n’est pas étrangère à la judéité du film. L’inspiration initiale de Lars von Trier pour réaliser ce film venait d’un épisode dépressif dont il a souffert, ainsi que d’une idée selon laquelle les personnes mélancoliques ont tendance à être sereines lors d’un événement catastrophique. Laszlo l’architecte a été un collaborateur du banhaus et ce qu’il dessine comme meuble ressemble à des pièces de Le Corbusier, là aussi ce qui se joue entre fascisme et socialisme dans ce moment dépressif de soumission a son background.


(2) là encore la référence à Sartre est explicite : le choix du fascisme par un lâche qui trouve carrière dans l’antisémitisme… mais cet art de trouver arrière est devenu la caractéristique de notre temps y compris quand la mode est de feindre de dénoncer l’anntisémitisme… pour mieux justifier tous les compromis.

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