Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Quand l’automne abrégeant les jours qu’elle dévore … diaporama de Françoise Larouge…

Dès que j’ai découvert le travail de Françoise Larouge, il y a a six ou sept ans, il m’a interpellée. On s’arrête fascinée par ce qu’elle dit éprouver devant Cartier Bresson à savoir la qualité de ses compositions, en l’occurrence la relation en ce qui me concerne entre des formes géométriques structurantes et la « chair » du quotidien… Il y a aussi chez le photographe une chasse, l’art de guetter le moment où la rue parle… Elle mettait cette « traque » au service de tout ce qui était évité alors… à savoir l’attention aux sujets du travail, du militantisme quotidien,à tout ce qui a caractérisé l’école de Paris. Mais ce n’était pas rappel folklorique, il y avait aussi un espèce d’entêtement à aller à contrecourant, une certitude que la véritable modernité était là que le reste serait un jour vu pour ce qu’il est, du conformisme… Cela m’a touché tant cela rencontrait mes convictions secrètes mais alors que dans les paroles ils nous arrivaient de nous heurter à travers nos dogmatismes réciproques, la photographie recréait la complicité de nos rites communs… Et voici que je découvre ce diaporama, qui correspond à la fois au crépuscule d’un monde dans lequel il est difficile de voir, des êtres esseulés, mais aussi une sensibilité au nouveau. Cela m’a fait penser à la manière dont Bonnard et d’autre se sont emparés de l’Asie pour dire la mobilité de la rue parisienne, des paysages provençaux,un monde inquiet et qui s’élargit… j’ai tenté le dialogue en sachant bien que l’essentiel Françoise l’avait déjà dit dans la représentation objective et subjective, de sa quête dans les rues, dans les classes d’école, dans le monde de la culture des coquillages, le rythme des marées, qu’il suffisait de voir… parce que, comment expliquer que ce qu’on appelle l’art est ,pour moi, conscience d’une modification de l’espace et du temps, du destin de l’humanité, sans laquelle les possibles déjà là n’apparaissent pas. La photo les surprend au-delà des fantômes, Françoise s’obstine à voir l’école, et elle se plait du désintérêt pour le sujet. C’est vrai Personne n’a encore envie de retourner dans ce lieu devenu échec, destruction systématique des potentiels, et que l’on croit saturé de tous les dogmatismes, pourtant il suffira que l’épopée reprenne pour que l’essentiel que François guette et qui est déjà là ressurgisse… Alors Françoise, tu t’obstines dans ces lieux déserté ou le combat parait d’arrière garde, celui du « travail » tu sens que ce qui va naitre est là … peut-être cela aidera -t-il d’autres à pénétrer dans cet univers, celui d’une femme qui s’obstine … Je vous conseille de vous rendre sur son blog et d’y retrouver les étapes qu’elle décrit dans sa biographie … (note de danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

Réponse à tes questions

Courriel de Françoise Larouge : Réponse à tes questions

14/12/24 12:55Françoise Larougeà :bleitrach.danielle@wanadoo.frdétails

1) Françoise peux-tu nous parler de ton parcours de photographe, ta formation, mais aussi ce qui t’a influencé.

Au sujet de mes influences, mon héros de jeunesse était Henri Cartier-Bresson pour la remarquable qualité de ses compositions et pour sa sensibilité. Au début des années 90, je lui avais écrit suite à une déclaration qu’il avait faite pour un magazine de photo au sujet du manque d’âme de la photographie conceptuelle. Il m’avait téléphoné et envoyé une carte et un livre dédicacé. Il m’avait remercié pour mes « encouragements » ce qui m’étonne encore rétrospectivement. Bien plus tard, j’ai vu au Jeu de Paume l’exposition Henri Kertész qui m’a profondément marquée. Enfin, à l’occasion de mon exposition à Bricqueville sur mer en marge d’une grande exposition Robert Doisneau organisée avec des personnes qui l’avaient connu, j’ai découvert sa
simplicité et son humour et je me suis, au final, sentie plus proche de lui sans pour autant désavouer mes deux autres amours photographiques.

Ci-dessous mon parcours tel que je l’ai écrit pour un appel à projet qui
a raté d’ailleurs.

Je viens d’un milieu où le travail était le centre de la vie. Pour autant, en vacances, j’ai eu l’occasion de visiter des musées. Je dois énormément à l’école publique qui m’a appris à aimer lire et à m’intéresser à tout. Adolescente, je lisais énormément, je pratiquais la danse, le dessin, la peinture, la photographie et j’adorais le cinéma. Une fois mon Bac en poche, j’ai suivi des études d’histoire de l’art à l’École du Louvre. Époque d’intense découvertes artistiques dans les expositions, les théâtres, à la cinémathèque, dans les bibliothèques et les musées. Je voulais tout connaître dans l’idée, un jour, d’entreprendre un projet artistique.

  • J’ai tenu de nombreux emplois sans pour autant lâcher mes activités artistiques, parfois même en les conciliant.

*Après deux voyages en Inde, j’ai suivi la carrière de Ragunath Manet danseur de barathanathyam.

*J’ai appris à tirer moi même mes photographies argentiques grâce au livre d’Edouard Boubat.

*École maternelle 97 Paris 20, avec Pascal Perrin, j’ai effectué plusieurs reportages vidéo ayant pour objet le jeu. « je joue donc je suis » et la vie de la classe.

*Début des photographies d’école et de sorties scolaires.

*J’ai suivi les cours d’art plastique niveau 2de la ville de Paris et j’ai participé à l’exposition collective “Orange Bleue.” Ce qui m’a amenée à une exposition personnelle

« Petites choses collées au sujet des femmes » 2011 à la Maison du Canal Paris 10.

En 2014 J’ai exposé Paris 15é avec l’association Art des Découvertes et William Abitbol. une exposition consacrée à Paris intitulée “De Passage” .

*En mai 2019, j’ai publié un livre « le Rythme des marées » aux éditions Corridor Éléphant

*J’ai exposé à Bricqueville sur mer du 13 au 27 juillet 2019 « Le
rythme des marées »

*2 décembre 2020 exposition au Lieu d’IF Paris 20

*Septembre 2021 Quartier Rouge rue de Bagnolet Paris 20. Exposition « La lutte c’est classe » regroupant des photographies de manifestations.

*2022 Reportage immersif école Pyrénées. Des photographies sont actuellement exposées à l’école.

*2023 Publication du livre « L’École Pyrénées » aux éditions Corridor
Éléphant

*2023-2024 : Je continue mon travail sur l’école en suivant deux classes de CP dans le cadre de leurs projets artistiques en partenariat avec Opéra de Paris, du Conservatoire Paris XXé, et des enseignants d’art plastique, de musique de la vielle de Paris et de leurs enseignants.

* 2024-2025 : Je cherche un lieu protégé pour montrer ces photographies.

Autres travaux cours : « De Chair et de Pierre », « la danse », « les vieux ».

Dialogue …

2) pourquoi ce titre étrange où on ne sais si c’est l’automne ou « elle »qui abrège; est-ce que elle c’est toi ? pourquoi ce réalisme poétique ? cette neige as-tu vu le Napoléon d’Abel Gance et ce moment de citation à l’enfance de zéro de conduite de Jean Vigo ? On pense à tout cela mais aussi à l’Asie réappropriée par Bonnard pour dire l’automobile et la mise en mouvement nouvelle de la rue parisienne … et la musique de Debussy va avec … C’est quelque chose qui te ressemble mais est différent, pas un abandon de tes luttes et de ton « réalisme » mais un temps plus long… c’est ce que j’ai ressenti, est-ce que cela correspond à quelque chose de toi?

Danielle, Je suis très impressionnée par ton niveau de compréhension de mon mental au travers de mes photographies. La citation  est extraite d’un poème de Victor Hugo intitulé Novembre.

« Quand l’Automne, abrégeant les jours qu’elle dévore,
Éteint leurs soirs de flamme et glace leur aurore,
Quand Novembre de brume inonde le ciel bleu,
Que le bois tourbillonne et qu’il neige des feuilles,
Ô ma muse ! en mon âme alors tu te recueilles,
Comme un enfant transi qui s’approche du feu. »

J’ai voulu réaliser un diaporama sur ce mois difficile pour les photographes à cause du manque de lumière.
Et, en particulier, comme tu l’as perçu, je suis en effet, en ce moment dans une période étrange où il est en effet question de temps long. Je
suis comme en mode pause, bloquée sur mon projet  » École » et sur l’idée
que je dois montrer ces photographies dans un lieu protégé même si de
nombreux signaux me montrent que ce sujet intéresse peu ou pas. Je me
sens à contre courant. Je travaille aussi actuellement sur mes archives
et donc sur le temps long, en effet.
Au sujet de la neige, oui j’ai vu le Napoléon mais cela fait 30 ans à la
cinémathèque où j’ai aussi vu Zéro de conduite. Après de nombreux
essais, la musique de Debussy me semble être celle qui me correspond le
mieux.

Est ce que re réponds à tes questions ainsi ?

Views: 237

Suite de l'article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

La modération des commentaires est activée. Votre commentaire peut prendre un certain temps avant d’apparaître.