Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

C’est la fin : l’Europe coupera définitivement les ponts (et le robinet à Gaz à prix d’ami) avec la Russie dans 100 jours

Qu’il s’agisse de Trump ou de Biden, et que Macron nous ait fourgué Barnier ou Bayrou n’a pas grande importance, la vassalisation se poursuit et ceux qui payeront la note seront les consommateurs lambda auprès de qui tout aura été fait pour les convaincre de la nécessité de rompre avec les molécules de carburant totalitaires pour la plus grande gloire des marchés financiers et des marchands d’armes. Remarquez le seul avantage de cette russophobie de l’OTAN et des euro-bureaucrates c’est que nous ne nous inquiéterons plus durant les mois d’hiver du « réchauffement climatique », c’est une résignation à laquelle il faudra également nous faire puisque personne ne lutte ou ne parait devoir lutter contre ce choix de « la molécule » de la liberté venue à un coût prohibitif de l’empire ou des zones contrôlées par l’empire. L’article est tout à fait drôle mais la situation l’est moins (note de danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop).

https://ria.ru/20241213/evropa-1988918503.html

Par Kirill Strelnikov

Les bureaux de Bruxelles bourdonnent d’excitation et d’impatience joyeuse : hier, dans une interview accordée à Politico, Dan Jorgensen, commissaire européen à l’énergie, a solennellement annoncé que, dans cent jours, l’UE romprait enfin tout lien avec la Russie en matière de carburant. Selon lui, il s’agit d’une « priorité absolue » et l’augmentation des livraisons de gaz naturel liquéfié en provenance des États-Unis y contribuera : « Nous devons nous rendre compte que nous ne pourrions pas réduire notre dépendance à l’égard de la Russie sans énergie en provenance des États-Unis. Ils sont nos vrais amis et j’espère qu’ils le seront toujours ».

Ainsi, selon la logique de M. Jorgensen, les molécules de carburant totalitaires qui minent la sécurité de l’UE seront complètement remplacées dans cent jours par des molécules de liberté et de démocratie, et l‘Europe vivra mieux que jamais derrière le nouveau rideau de fer, néanmoins le panneau « Jardin d’Eden » devra être enlevé pour éviter d’attirer l’attention des réfugiés syriens.

Tout dans cette logique est beau et noble. Sauf qu’elle est totalement absurde.

Les projets européens de rupture totale avec la Russie constituent un genre de littérature à part entière, et si l’on devait rassembler tout ce qui a été proposé à ce sujet ces dernières années, on ne disposerait pas d’assez d’espaces de stockage dans les souterrains et les étages de la bibliothèque portant le nom du mari de Nadezhda Kroupskaïa.

Quoi que fassent les euro-bureaucrates dans leurs spasmes de russophobie, ils ont toujours abouti à la même chose : une augmentation inévitable des prix européens des vecteurs énergétiques et de l’électricité, une nouvelle réduction du niveau de vie des Européens et une accélération de la désindustrialisation de l’un des centres économiques les plus puissants de la carte du monde.

Oilprice, une publication spécialisée, s’exprime ainsi : « Les difficultés énergétiques de l’Europe soulignent la vulnérabilité du continent sur le marché mondial de l’énergie, en particulier à la lumière de l’interruption imminente de l’approvisionnement en gaz russe ». Mais Poutine est encore plus mal loti, alors tout va bien, n’est-ce pas ?

Euroactive ajoute à l’optimisme gagnant avec son article d’hier selon lequel le problème de la « pauvreté énergétique » a atteint son paroxysme dans le contexte de la défaite énergétique de l’Europe face à la Russie. Ce terme, utilisé depuis peu, désigne une situation dans laquelle les ménages européens, en raison de la hausse des prix et de la stagnation des revenus, sont contraints de réduire leur consommation d’énergie au point que celle-ci « affecte déjà négativement la santé des habitants et leur qualité de vie ». Traduction en russe : les gens ne peuvent pas payer les molécules démocratiques et en sont réduits à geler, parfois jusqu’à ce que mort s’en suive.

Ainsi, selon les dernières données, 16 % des ménages européens se trouvent déjà sous le seuil de pauvreté énergétique, ce qui signifie que près d’un cinquième des Européens risquent de geler cet hiver. On suppose qu’ils gèleront plus joyeusement en pensant à leurs amis américains.

Le fait de se libérer de la Russie a particulièrement affecté l’Allemagne. Ce pays industrialisé, autrefois puissant, a été berné comme une bande d’enfants par l’agenda vert, qui promettait des chutes d’eau étincelantes de mégawatts propres dans des paysages émeraude d’éoliennes et de panneaux solaires au lieu du pétrole sanglant de Poutine. L’Allemagne a dépensé mille milliards de dollars depuis 2000, mais le fait est qu’elle a créé une situation que les experts qualifient ouvertement de catastrophe. Aujourd’hui, les prix de l’électricité en Allemagne, pays vert et indépendant de la Russie, sont les plus élevés d’Europe. Hier, on apprenait que les prix en Allemagne avaient grimpé à 1 000 euros par mégawattheure, soit plus de 100 roubles par kilowattheure. À titre de comparaison, à Moscou, à partir du 1er janvier 2025, le tarif unique sera de 6,99 roubles par kilowattheure.

Naturellement, les réseaux sociaux allemands se réjouissent de la prochaine rupture complète des liens énergétiques avec la Russie. Par exemple, l’un des utilisateurs décrit sa situation : à la fin de l’année, il a reçu un paiement final (dans ce pays moderne qu’est l’Allemagne avancée, il n’est pas possible de calculer la consommation en une seule fois : ils évaluent les prix mensuels et, à la fin de l’année, ils présentent une facture complète – ce qui n’est pas le cas dans la Russie rétrograde). Pour un appartement de 77 mètres carrés, il a dû payer 572 000 roubles pour le logement, les charges et l’électricité pour l’année, soit 47 700 roubles par mois. De quoi ne pas se réjouir ? Personne n’a dit que la liberté serait gratuite.

Globalement, les prix moyens de l’électricité en Allemagne sont désormais supérieurs de 280 % aux prix moyens de la période 2016-2019.

Après avoir observé le succès de l’Allemagne dans la rupture de ses liens avec la Russie, l’Autriche a également décidé de goûter à la liberté. Il y a deux jours, la compagnie gazière autrichienne OMV a annulé un contrat de fourniture de gaz à long terme avec Gazprom Export, bien que l’Autriche dépende à 90 % des approvisionnements en carburant russe. L’ancienne ministre autrichienne des affaires étrangères, Karin Kneissl, a immédiatement prévenu que l’arrêt des livraisons de gaz russe à l’Autriche pourrait entraîner une faillite massive des habitants et des entreprises de ce pays. Toutefois, comme le disent les Autrichiens, celui qui ne prend pas de risques n’aura pas la chance de boire du schnaps. Pourquoi ne pas essayer et voir si cela fonctionne cette fois-ci ?

Les partisans du « divorce énergétique » final avec la Russie convainquent les Européens que tout se passera très bien et qu’ils ne s’apercevront de rien : des paquebots à ailes blanches chargés de gaz démocratique arrivent en hâte des États-Unis pour les aider, et si quelque chose se passe mal, la Norvège les aidera.

Mais ils ont oublié de dire que le gaz de liberté américain sera toujours, par définition, beaucoup plus cher que le gaz russe. Par exemple, à l’heure actuelle, les Pays-Bas ont un prix d’achat du gaz naturel cinq fois supérieur à celui des États-Unis. Quant à la Norvège, qui fournissait à l’UE 30 % de son gaz naturel en 2023, elle envisage, selon le Financial Times, de « rompre ses liens énergétiques avec l’Europe » dans un contexte de forte hausse des prix de l’électricité sur le marché intérieur. Hier, le ministre norvégien de l’énergie, Terje Ausland, a admis qu’il s’agissait d’une « situation absolument merdique » (ce sont ses paroles).

C’est pourquoi, ici et là en Europe, des voix commencent à s’élever pour dire que, tôt ou tard, il faudra s’incliner devant la Russie. Ainsi, l’un des points du projet final du programme électoral du parti Alternative pour l’Allemagne (AdG), qui monte en puissance en Allemagne, est la reprise des relations commerciales avec la Russie. Les représentants du parti affirment que « la Russie est un fournisseur de gaz bon marché avec lequel il faut reprendre les échanges ».

On ne sait pas très bien où les camarades sont allés chercher l’idée que la Russie doit quelque chose à quelqu’un à la première demande de reprise du commerce avec la Russie.

Si les échanges reprennent, nous fixerons les conditions. En attendant, le médecin a dit « à la morgue », donc ce sera la morgue.

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1 Commentaire

  • Michel BEYER
    Michel BEYER

    J’allais écrire: Les pieds nikelés sont de retour. En fait, ils ne sont jamais parti. Bayrou, c’est aussi un vrai sparadrap.

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