Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

La France vu du Times et la réalité de ce que la situation nécessite, par Danielle Bleitrach

Outre le fait que la Grande Bretagne n’est pas en meilleure position que la France, la caricature est sévère mais ne dit que la surface de la réalité, celle de la forme française de la chute de la partie du monde qui se croit encore en position de domination et qui doit s’initier à d’autres règles du jeu qui correspondent à celles de la vraie majorité…

1. Depuis L’Arabie saoudite, Macron dit comme dans l’illustration : je ne peux pas croire au vote de la censure !

Depuis l’Arabie saoudite, Emmanuel Macron, qui s’est vu rappeler sa responsabilité dans la situation politique après la dissolution de l’Assemblée nationale en juin, a déclaré  « ne peut pas croire au vote de la censure » du gouvernement de Michel Barnier. Notez que Macron était parti en Arabie saoudite placer quelques rafales pour que le Saoudien puisse bombarder à son aise le Yéménites. Mais ces deux « vertueux » dans un accès de réalisme ont dû convenir qu’il fallait lâcher du lest et ils ont fini par s’entendre sur la nécessité d’un État palestinien (voir cette nuit vote de l’ONU). C’est tout Macron ça reconnaissant la décision du CPI inculpant Netanyahou et puis se désistant en faisant croire que c’est pour protéger le Liban. A l’ONU, il prend la tête d’une « reconnaissance » de l’Etat Palestinien. Macron ne peut pas ignorer à quel point il est sur un siège éjectable et de temps en temps il tombe du bon côté, celui des intérêts réels du peuple français comme d’ailleurs d’une partie des capitalistes qu’il a emmené dans ses bagages.

La partie du monde qui se considère légitimement comme la majorité mondiale en a assez de l’Occident soi-disant collectif dictant les règles, et de la minorité qui dirige la majorité. Cette majorité voit que l’ordre mondial formé après la Seconde Guerre mondiale est mourant, que la pensée néolibérale et néocolonialiste est terminée, et conscient d’une situation que la débâcle ukrainienne, suivant toutes les défaites en Afghanistan, en Irak, a mis à jour, se développe de plus en la volonté de démanteler l’hégémonie occidentale. Le « Sud mondial » ressent déjà assez de force pour cela, mais ils sont conscients que ce sera un long processus. Parmi les vassaux du maître de l’occident collectif, l’incertitude règne, les divisions, les fausses manœuvres… Macron comme bien d’autres tangue comme toutes les institutions et les pouvoirs sur lesquels il a pu devenir la clé de voute.

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2. Barnier tout le monde s’en moque et sa chute n’ouvre aucun gouffre qui n’existe déjà..

Barnier tout ce monde s’en moque ; il est déjà sacrifié au mécontentement populaire, il est simplement la caricature d’une minorité qui veut imposer ses diktats à la majorité… Maintenant que c’est voté, Macron va s’adresser à nous toujours en proie aux mêmes incertitudes planétaires. C’est comme Scholz, plus ils sont désavoués, plus ils seraient proches de céder, plus ils en rajoutent. En voyant Scholz aller promettre monts et merveilles en matière de livraison d’armes, à un autre dirigeant assis sur un siège branlant, le sieur Zelenski, on ne pouvait s’empêcher de subodorer qu’en fait, il venait le supplier d’accepter le deal ultime que lui avait suggéré Poutine quand Scholz au grand dam du concert de l’UE et de madame Von der Leyen qui ne représente qu’elle-même et sa caste… avait choisi de discuter directement avec Poutine… Tous ces gens-là nous jouent un cirque dont la seule vocation est de masquer l’ampleur de leur déroute…

Qui peut encore espérer la moindre issue de ce côté-là, entre nous pas plus que dans les propositions d’autres placébos, on ne peut que simplement se réjouir de la non application des mesures contre la santé des Français, qu’a repoussé le vote de la censure, on lui en demandait pas plus et pour le reste c’est le pas à pas à l’aveuglette… entre restes du suprématisme néocolonial, ravalement permanent des façades qui s’écroulent et postures avantageuses.

Avec sur le fond l’essentiel du discours de la minorité à la majorité écartée depuis des décennies de toute influence politique : c’est de votre faute vous les travailleurs, les petits les sans grade ou vous continuez à appuyer notre politique ou vous la contesterez mais dans tous les cas vous payerez pour ceux qui n’ont cessé d’en profiter…

Alors il faut gagner du temps, défendre pied à pied chaque tranchée et s’il faut censurer, censurons…

3. Les institutions existantes ont leur jeu spécifique avec ses limites mais tout dépend de plus en plus de l’intervention populaire…

Maintenant feindre d’entretenir l’illusion de ce qu’on peut attendre de la démission de ce pantin et surtout de tout ce qui mène inexorablement à l’hypothèse d’un autre sauveur suprême derrière Le Pen et encore plus illusoire derrière Mélenchon ou un clone de l’espèce… ça c’est de l’escroquerie pure et simple…

Quand les Échos, le journal de Bernard Arnault nous dit qu’après la chute de Barnier nous sommes entraînés dans un gouffre abyssal, il n’a pas tort si l’on considère l’impérialisme, mais il se moque de nous s’il veut nous faire croire que Barnier nous en préservait… ni lui, ni le pouvoir tel qu’il se joue…

Il y a dans cette mise à bas de Barnier et l’exaltation pour le moins excessive de ceux qui dans l’Assemblée y voient un de leurs habituels triomphe trois solutions : le président de la République poursuit dans sa ligne c’est-à-dire qu’il nomme un président toujours plus compatible à droite et avec le RN. Soit il démissionne, le rêve fou de Mélenchon qui n’a pas encore compris qu’il ne sera même pas au second tour…
Ou il invente un Front républicain, ce sur quoi a été élue l’actuelle assemblée. Dans un entretien au Figaro, Yannick Jadot a souhaité « ouvrir la possibilité d’un pacte républicain transitoire entre le NFP et le bloc central. » Ce bloc se limitera à une promesse de ne pas voter la censure étant bien entendu que chaque proposition de loi, chaque budget devra donner lieu à des compromis, c’était le fonctionnement de la 4e république. De son côté, le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale Boris Vallaud a appelé sur Franceinfo à « un gouvernement de gauche ouvert aux compromis », quelques instants après la censure de Michel Barnier, tendant la main au bloc central.

Toutes ces issues « parlementaires » n’en sont pas, et il est assuré qu’elles ne correspondent ni à la gravité de l’heure, ni au basculement du monde, elles sont simplement ce qui est permis dans le cadre institutionnel existant et pire encore dans un rapport de forces capital travail totalement défavorable à ce dernier si on en reste au cadre actuel. Un jeu institutionnel vers lequel tout ce beau monde se dirige.

4) Le parti communiste peut et doit devenir la force de rassemblement et d’unité de cette intervention…

Le parti communiste devra faire avec mais aussi développer son activité propre de parti, il en prend le chemin et c’est une bonne chose parce qu’il faut mesurer qu’en dehors des cercles étroits des passionnés de la politique, il n’y a personne à croire en tout cela, pendant ce temps des licenciements massifs se poursuivent, des licenciements boursiers sont en train de finir de détruire la France, les grotesques dépenses dans les gouffres de l’armement se poursuivent tandis que tout est fait dans ce cirque-là pour démobiliser un peu plus les Français…

De ce point de vue la position de Fabien Roussel correspond aux exigences de l’heure et elle est d’autant plus adaptée que le groupe communiste bénéficie avec André Chassaigne d’un dirigeant ferme et expérimenté. Mais elle prend aussi acte des limites du jeu institutionnel et de la nécessité d’élargir l’intervention populaire.

Contrairement à ses camarades du Nouveau Front populaire, Fabien Roussel n’a pas directement appelé à la démission d’Emmanuel Macron après l’effondrement du gouvernement Barnier. Le secrétaire national du Parti communiste, qui n’occupe plus de siège à l’Assemblée nationale depuis les élections législatives de juillet 2024, a choisi de jouer la carte de la nuance. Sur X (anciennement Twitter), il a déclaré : « Nous avons voté la censure pour protéger les Français d’un des pires budgets, dur pour les salariés, les services publics, l’industrie, et les communes ».

Dans un contexte marqué par une profonde crise politique et sociale, Roussel a toutefois insisté sur la gravité de la situation : « L’heure est grave. » Son appel à Emmanuel Macron est sans équivoque : il l’enjoint à « se tourner vers la gauche pour nommer un gouvernement capable de construire des majorités ». Une main tendue qui tranche avec les appels plus radicaux à la dissolution ou à la démission formulés par d’autres figures de la coalition de gauche.

C’est le stade ultime d’un processus entamé avec la Constitution de la Ve, la construction de l’UE, toutes choses conçues pour empêcher le communisme et qui nous a offert la plus belle brochette de présidents liquidateurs dont les trois derniers disent que l’on trouve toujours pire dans le genre : Sarkozy, Hollande et Macron… Le tout dans un contexte de chute de l’empire occidental et de ses procédures « démocratiques » pour assurer le maintien des représentants d’une classe au bout du rouleau : le suivant ou la suivante risque dans cette logique de nous réserver encore des surprises et ça les Français le perçoivent, dire le contraire c’est se duper soi-même..

5) Ne pas céder sur la perspective sous prétexte qu’on est faible, au contraire.

Il faut continuer à se battre pour la perspective du socialisme et bien mesurer que ce qui vous parait irréaliste l’est beaucoup moins que de répéter ce qui vous a conduit là. Même les capitalistes l’ont compris et comme Macron sont le cul entre deux chaises et pas si éloignés que ça de se rallier à une solution qui empêcherait le capital lui-même de se voir tomber avec le dollar l’empire state building sur la tête.

J’ai répété pendant trente ans que cette politique d’union autour du néolibéralisme et des expéditions atlantistes ne menait qu’à la catastrophe, je sens que j’ai entamé les dernières années à vous convaincre de la nécessité de comprendre dans quel basculement historique nous étions engagés.

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1 Commentaire

  • Michel BEYER
    Michel BEYER

    Tous dans le même sac…..le bal des affreux. C’est un festival du côté des chefs d’Etat occidentaux. Macron….t’es pas tout seul a déconné…Youn Su Yeol, Biden (bientôt Trump), Zelensky, etc, etc…
    Et pendant ce temps-là, V.Poutine et Xi font montre de sérénité. Les membres des BRICS+ et leurs soutiens sont Zens. Les réalisations sont abouties tel que le nouveau gazoduc entre la Chine et la Russie. L’excitation est toujours du même côté, avec des menaces sur la Paix mondiale.
    Après le vote de la motion de censure, Macron et ses acolytes ne sont pas en mesure de rassurer le peuple français. Mais le veulent-ils vraiment?
    Danielle a raison de souligner l’évolution positive de Fabien Roussel, et du conseil national du PCF. Histoire et Société a toute sa place dans ce combat.

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