Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

FABIEN ROUSSEL, CE “RETOUR A MARX” N’EST PAS UN GADGET MAIS LA NÉCESSITÉ POUR L’UNITÉ D’ACTION


Un certain nombre de camarades, comme dans le texte de Robert Martin reproduit ci-dessous, l’ont perçu : Le discours de Fabien Roussel prononcé le 26 novembre 2024 à Fontaine en Isère ferait date avec ce retour aux fondamentaux de l’analyse marxiste. Nous sommes totalement d’accord mais tout autant que l’on comprend que ce retour à Marx est tout sauf un gadget intellectuel, il est au cœur de l’utilité d’un parti communiste et c’est parce qu’il en revient à ce fondamental qu’il est facteur d’unité dans le parti, dans la gauche, dans notre pays et au niveau international, d’une unité d’action et c’est là que tout reste à faire. (note de Danielle Bleitrach pour Histoireetsociete)

Le Secrétaire National du Parti Communiste aura su rappeler ce que sont les bases du matérialisme historique et pourquoi la lutte des classes est une conception très actuelle dans une période où les représentants du capital s’opposent fortement, voire violemment à la classe ouvrière au travers du tsunami que représentent tous les plans de licenciements actuels ou annoncés.
En reprenant avec force détails l’analyse du capitalisme comme étant un système dont la finalité est l’accumulation du capital par le biais des profits (ou plus-values) Fabien Roussel a positionné le Parti Communiste Français dans une trajectoire d’avenir devant aboutir inéluctablement à une nouvelle forme de société, le communisme.

En rappelant l’impasse économique et sociale dans laquelle nous nous trouvons, il a démontré le besoin de réindustrialisation qui s’impose à notre société aujourd’hui pour sauver l’emploi, préserver les savoir-faire et augmenter les salaires.
L’ancien député sera resté au cours de toute la journée et en permanence dans son rôle de Responsable communiste en n’hésitant pas à demander des nationalisations comme celle de Vencorex qui devrait s’imposer rapidement et la mise en place d’une économie administrée comme possible alternative au libéralisme débridé.
Ce discours théorique et pratique sur des bases marxistes aura fait circuler un air vivifiant bien au-delà des limites de l’Isère et loin, très loin des gesticulations populistes ou pas de la social-démocratie. Robert Martin texte diffusé sur Facebook.

Tout à fait d’accord avec cette analyse et elle doit permettre d’aller plus loin dans les exigences de l’heure en ne se bornant pas à l’opposer au populisme d’un Mélenchon mais aussi au Rassemblement National qui s’avère encore plus conquérant, ni à la social-démocratie ! Ce discours nous permet au contraire de rassembler sans avoir besoin d’en rester aux querelles politiciennes, aux ambitions présidentielles des uns ou des autres, il nous permet de rassembler au-delà du casting comme le martèle Roussel. Il est unitaire mais pas sur des bases de coalition électorale sur l’issue à la catastrophe dans laquelle on entraine notre pays, la volonté de faire payer le travail… La première unité qu’il réalise c’est celle ou ça devrait être celle du parti.
La force du retour “au théorique” c’est que c’est une mise à nu de l’affrontement de classe et donc du dépassement des divisions dans laquelle la bourgeoisie contraint le peuple à s’épuiser. C’est pour cela qu’il faut non seulement mettre en évidence ce théorique mais faire que les communistes surmontent par leur formation, leur organisation, ces divisions.

C’est la bonne voie, et je crois même que par rapport à la situation où nous mène le capital, il faut tabler sur la perspective la seule qui soit une issue et ne pas s’enfermer dans le combat parlementaire nécessaire mais à courte vue. Le capital est entré dans une crise profonde de l’impérialisme (c’est la face encore absente) et son seul problème est de faire payer au travail sa suraccumulation financière… Il faut le combattre comme on doit combattre ce budget de la sécurité sociale mais l’affrontement ne peut trouver une issue dans les conditions actuelles, l’issue c’est le socialisme ce qui imposera au capital la nécessité du développement et de la satisfaction des besoins, un nouveau rapport capital travail. Et c’est la force de ce discours qui par ailleurs parce qu’il part de l’offensive du capital contre l’emploi mais aussi le développement français, l’offensive contre l’industrie. Il ne se contente pas de ce qui accompagne l’assaut contre le tissu industriel, contre les “conquis” des travailleurs avec les services publics, mais en allant à la racine de la mise à sac de la France par les licenciements boursiers, il déplace aussi ce sur quoi on veut nous faire croire que se joue le catastrophisme actuel : si les Français n’acceptent pas de perdre leur droits ils seront la cause de la catastrophe qui les attend et qui est déjà le fruit de la seule politique du capital, qu’ils proposent de poursuivre et d’aggraver. Tout devient prétexte à une telle démonstration dans l’actualité immédiate, celle de l’irresponsabilité de toute revendication, de tout changement de cap. Dans un tel contexte, une fois de plus la seule alternative parait être l’acceptation de la politique “douce” du capital de la coalition droite-social démocratie libérale comme en Europe ou le fascisme, alors que celui-ci n’est que le prolongement du premier quand le capital n’arrive plus à justifier sa “démocratie”. Est-que sur un terrain aussi balisé depuis des décennies, le cri de Roussel pour réveiller les Français ? Certainement pas, quels que soient ses talents de “débatteur”, il faut le parti, pas seulement des tracts, un corps à corps partout, une conviction…

Nous avons besoin d’approfondir tout cela pour donner sa puissance d’intervention à un parti bien affaibli qui se demande s’il n’est pas trop tard et qui ne sent que trop qu’il manque d’armes pour la bataille. Il faudrait une presse, une formation des militants à la hauteur de la tâche que le discours de Roussel a commencé à mettre en évidence. Il y a déjà un commencement avec une orientation donnée à un conseil national et des cellules et des sections, une jeunesse dans laquelle ce discours a fait écho et dont il est issu.

Ce que nous avons tous ressenti est à quel point une véritable inquiétude bouleverse Fabien Roussel, quelque chose qui le transcende :

Le retour à Marx au théorique n’est pas seulement lecture approfondissement il est aussi chair et l’appel au désintéressement, au meilleur de nous-mêmes, à la possibilité de nous débarrasser des amertumes, des désespoirs qui encombrent notre combat. Le retour à Marx, à la dimension de classe du combat, voilà comme je l’ai entendu :

La fermeture du site Vencorex, qui produit des molécules indispensables pour la production de matière première, va conduire à la fermeture de plusieurs sites dans la chimie et supprimer 5000 emplois. C’est toute la filière qui est menacée . Je n’ai jamais vu un tel abandon, aussi rapide, d’une chaîne de production. L’unique actionnaire thaïlandais s’en va. Et l’Etat n’intervient pas, laissant à l’abandon jusqu’aux mines de sel dans la Drôme !C’est d’une rapidité comme rarement j’ai pu le constater. Ce qui se passe en ce moment dans le pays est extrêmement grave.
Idem chez Arcelor. 15000 emplois menacés à terme. Réveillez-vous!

Ce cri était celui d’un communiste, pas celui d’un politicien à la recherche d’une clientèle et il l’a poussé sur tous les plateaux de télévision comme dans toutes les réunions. Ce cri déchirait l’idéologie du capital, ses divisions… Il m’a donné envie de lui répondre :

Tout à fait d’accord c’est une trahison de la classe capitaliste comparable à “l’étrange défaite” et à bien d’autres, ton combat est juste…
il est des gens que la défaite brise et d’autres qu’elle fait grandir et tu parais être fort heureusement de ceux-là… tu as tiré le meilleur de ta défaite aux élections pour toi et pour le PCF et pour le pays…

Voilà le retour à Marx c’est indispensable pour comprendre et agir à partir de là mais c’est aussi comme le discours de Cyrano aux cadets de Gascogne à la veille de la bataille : “écoutez les Gascons c’est toute la Gascogne!”

Mais ce “cri” s’accompagne de ce qui donne sens au vote de le motion de censure, les 6 mesures d’urgence votées à la quasi unanimité du Conseil National et devraient être diffusées et défendues partout parce que c’est aussi le meilleur pour élaborer programmes et alliances électorales. Le vrai problème est qu’aujourd’hui les futures élections se préparent sur le terrain pourri de la manière dont on nous vend le vote de cette motion de censure, l’éternel jeu entre le RN, les autres partis et l’agitation populiste autour de l’ambition de Mélenchon ou un de ses lieutenants… L’idéologie par laquelle est masquée la lutte des classes en lui donnant une expression de forcenés haineux…

Oui, Fabienne Lefebvre a raison: les Cubains ont choisi le socialisme parce que dans une société déchirée par l’esclavage, par la colonisation de fait des USA, le facteur de résistance était le socialisme au niveau théorique capable d’intégrer José Marty à Marx et Lénine, mais aussi à rester sur le fondamental : l’éducation, la santé, le choix des Cubains eux-mêmes. Il ne s’agit pas d’un simple discours enthousiaste à la veille d’une seule bataille, il s’agit de s’engager dans la durée, de toujours chercher la réalité sur laquelle s’appuyer, on ne doit pas se payer de mots, là encore le théorique c’est ce combat-là…

Le retour au théorique est indispensable mais il n’a de force que nourri du meilleur de nous-mêmes et de ceux qui nous ont précédés.

C’est pourquoi il y manque le contexte géopolitique, Fabienne Lefebvre a souligné l’importance des BRICS. Il ne s’agit pas seulement de l’intérêt que l’on peut porter à ce mouvement mais de se rendre compte à quel point l’offensive menée contre le travail et la France elle-même n’est pas un cas isolé, la guerre de l’hégémonisme est hors limite, militaire, financière, économique, sociale, environnementale, culturelle, elle attaque toutes les formes de résistance collective pour mieux détruire les individus… Ce contexte géopolitique dans lequel est déjà là une réalité incontournable et pas seulement un projet : un monde multipolaire qui n’est pas le socialisme mais dans lequel la Chine socialiste et son pacte stratégique avec une Russie – dans laquelle demeurent les forces de résistance de l’URSS – face au sud, au processus de décolonisation, qui reprend de la vigueur est une réalité parce que l’on ne peut envisager aucune issue qui en fasse abstraction. Il reste à mesurer à quel point sa caractéristique est de laisser à chaque nation le soin d’avancer dans l’endiguement qu’elle permet de la nocivité du capital et donc de mesurer que le choix de Fabien Roussel d’un socialisme à la française est le bon chemin mais il passe par la conscience de ce possible.

Le retour au théorique n’est jamais gratuit et comme nous ont donné l’exemple la plupart des dirigeants communistes à commencer par Lénine, c’est quand la situation murit mais que le politique parait en retard que le détour théorique est le plus fructueux, il aide à mieux poser le problème dans le sens d’une intervention de classe et de masse.

C’est ce que le discours de l’Isère a amorcé et chacun doit mesurer son propre apport dans la recréation d’un collectif de compréhension et d’action.

Le PCF n’a pas manqué de censeurs tout au long de ces années il a aujourd’hui besoin d’acteurs, de mise en œuvre pour accompagner cet effort théorique. L’inquiétude est là : n’est-il pas trop tard ? La situation de la France, la montée de l’extrême-droite comme réponse à notre absence, à des années de collaboration de classe, mais aussi au choix d’une France qui continue à être vassalisée à l’atlantisme, avons-nous la force d’affronter tout cela dans notre état de faiblesse quantitatif et qualitatif ? Que faire ? Déjà se poser les bonnes questions c’est mesurer qu’il n’y a pas d’autres possibilités que de mener ce combat-là et qu’on est sur de le perdre si l’on prétend l’éviter. Ensuite si le PCF disparait tout ce qu’il aura fait, l’histoire le prouve, sera la base de la reconstruction d’une alternative… De toute manière nous n’aurons pas vécu pour rien…

Si j’avais encore un conseil à donner aux camarades, ce serait dans l’urgence des tâches d’aujourd’hui de partout provoquer des réunions pour qu’il soit débattu (y compris dans le cadre des futures municipales) du discours du secrétaire National et des 6 mesures d’urgence et sur quelles actions cela doit et peut déboucher.

Danielle Bleitrach

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