Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

La montée de l’antisémitisme selon The Economist met à l’épreuve les valeurs libérales de l’Europe… par Danielle Bleitrach

Comme souvent il y a du bon à prendre chez celui avec qui je suis totalement en désaccord sur le fond à savoir en l’occurence ceux qui se présentent au niveau de l’Europe et de “l’occident” comme des libéraux, depuis des décennies leur combat a été contre le socialisme et ils semblent découvrir avec stupéfaction que derrière leurs “croisades”se presse une troupe de gueux mais aussi en costard cravate, aux sympathies avouées pour l’extrême-droite. Ce qui vient de se passer dans la Roumanie qui fut socialiste d’une manière un peu particuliere et n’en déplaise à la chroniqueuse de l’humanité pas “soviétique”, une terre élue à la fois pour les garnisons de l’OTAN et les transferts de céréales ukrainiennes aux mains des trusts de l’agroalimentaires vers l’europe de l’ouest, transferts contre lesquelles se soulève la paysannerie française, mais aussi celle de Pologne. Les gouvernements de ces pays sont à la pointe de la lutte contre la Russie en tant que heraults du “monde libre” et des “valeurs libérales” de l’Europe. Leur champion ukrainien, juif certes mais à la tête de ceux qu célèbrent les collaborateurs de Bandera, est sur le flanc et ses troupes désertent, il va bientôt devoir être relayé par la mobilisation des couches populaires d’autres nations jetés dans la fournaise sans moyen de résistance,… A la surprise générale, on assiste au triomphe d’un candidat pro-russe dont on découvre qu’avec d’autres candidats d’extrême-droite, ils ne font pas dans la dentelle en matière d’antisémitisme… Bien sur la référence à l’extrême-droite et au “complotisme” antisémite permet d’occulter le fond de ce qui provoque ce rejet antisocialdémocrate, d’un gouvernement vertueux pro-européen et ses valeurs supposées. Notez que personne ne s’interroge sur la relations entre les “valeurs libérales” et le déclin de l’empire occidental avec l’apparition d’un monde multipolaire. Sur ce déclin qui coïncide avec l’émergence du sud dans lequel, des continents entiers se créen leurs propres références et travaux historiques en combattant “le vol de l’histoire” opéré par l’Europe puis son rejeton les Etats-Unis, et en repassant au crible colonisation et décolonisation, militarisation du dollar. Le problème israélo-Palestiinien non seulement retrouve pris dans ce moment mais peut donner lieu à une ré-utilisation du lien archaïque entre monnaie et judaisme. Le recyclage est aisé mais c’est pour cela qu’il y a la nécessité d’une pensée politique qui ne se limite pas aux “valeurs” et au regret du libéralisme.

Le problème est bien posé quand il est dit par The Economist que l’antisémitisme met à l’épreuve les valeurs libérales de l’Europe, Marx ne renierait pas cette manière d’introduire “la question juive”. Notons qu’il s’agit d’un de ses premiers textes, Marx est alors un philosophe et il n’a pas encore abordé l’économie, en revanche il a fait, sur recommandation paternelle (fils lui-même de rabbin mais athée, voltairien obligé de se convertir au protestantisme pou exercer la profession d’avocat) des études de droit. Ses texte qu’il s’agisse du “vol des bois” ou de cette critique des jeunes hégéliens sur la question juive, sont philosophiques mais le biais est juridique,. Marx interroge les rapports sociaux, ceux de production travers une critique du droit et de l’Etat. Il répond à un livre de Bruno Bauer sur la question juive et l’émancipation des juifs. La démonstration de Bruno Bauer plaide pour la nécessité, non pas pour les seuls juifs mais pour l’ensemble de la société allemande de construire un Etat débarrassé du vieux droit féodal, qui veut que dans chaque région, on soit condamné à prendre d’office la religion de son monarque et seiigneur féodal. Ce qui a été entériné par Luther malgré la révolte des paysans ou à cause de celle-ci, et de la guerre de trente ans. . Paradoxalement seuls les juifs échappent à cet assujettissement religieux, donc Bruno Bauer leur reproche un certain égoïsme : ils ne doivent pas lutter pour leur émancipation mais pour l’émancipation de tous par un Etat laïque, une forme institutionnelle sur laquelle on voit bien l’influence de la Révolution française ou même de la Révolution des Etats-Unis. Marx reprend la démonstration et dit que les deux termes de Bruno Bauer en exigent un troisième: quel est la nature de l’Etat émancipateur?

Donc déjà, il n’est plus ou ne devrait plus être question du peuple “déicide” , la version libérale de l’Europe renvoie à un Etat et plus à une religion. Ce qui se passe alors en Allemagne, comme dans l’empire austrohongrois et plus encore dans la partie de l’Europe sous le poids du tsarisme relève d’ une transition du capitalisme, passé des temps archaïques où il n’y avait pas d’Etat de droit mais un royaume avec des sujets et une religion qui fondait ce pouvoir royal. les sujets étaient de la même religion que le monarque et il y avait un statut social particuier du juif qui échappait partiellement à l’assujettissement voir au servage. Il y avait là commente Marx une forme de privilège, vécu comme tel et qui attirait l’envie autant que la haine du peuple déicide. On retrouve la même chose dans l’empire tsariste, le monde orthdoxe, Il suffit de lire un grand antisémite qu’est Solejnistyne dans les deux volumes “Ensemble” qu’il consacre à la manière dont les juifs n’ont cessé de vouloir le mal des malheureux Russes(1). Nous sommes en plein dans la spécificité de l’antisémitisme européen que d’être une plainte victimaire sur le priviège des juifs et leur méchanceté tortueuse, leur volonté de puissance, c’est une parodie de la plainte du serf, de la créature opprimée vers la religion qui se laïcise avec l’Etat par excellence, le nazisme . Il suffit de lire Hitler et Goebbels pour voir qu’il font oeuvre de justice en exterminant les juifs pour tout le mal qu’ils ont fait aux pauvres allemands.

Marx s’interroge lui sur l’Etat qui a surgi en Europe après la Révolution française et l”épopée napoléonienne… Il n’y a plus de religion d’Etat mais la “laïcité y est encore posée de manière théologique puisque reste posée la question juive et les conditions de l’émancipation des juifs, mais il voit très vite le privilège derrière la stigmatisation, non seulement ils échappent au dur labeur de la terre, et sont mobiles au lieu d’y être attachés mais avec la monnaie ils circulent et son riches ou supposés l’être.

On peut reprendre la démonstration de Marx sur l’Etat libéral et la développer à partir de l’expérience du nazisme mais aussi celle de l’UE… Alors on a une tout autre approche de ce qui se passe en Roumanie, et dans toute l’Europe et le pourquoi du retour de l’antisémitisme, et arrêter de l’attribuer au monde musulman, à l’immigration, à la situation en Palestine mais bien mesurer en quoi le vieux fléau européen est de retour dans les conditions actuelles de la fin du “libéralisme” et des espoirs d’émancipation mis en lui : et si on partait de la propension victimaire des antisémites en considérant que pour ce qui est des institutions européennes, de l’idéologie consensuslle, le libéralisme pro-européen a tout fait pour entretenir l’idée que les juifs sont les seuls citoyens jouissant de droits réels dans ce monde là, alors que le dit libéralisme de droite comme de gauche devient de plus en plus indifférent à la situation des couches populaires et qu’il nie même leur plainte, leur refuse la citoyenneté en tant que capacité d’intervention sur leur vie et celle de leurs enfants. Effectivement nous sommes bien dans le sujet : la montée de l’antisémitisme met à l’épreuve les valeurs libérales comme incapables d’apporter un statut politique démocratique au sujet européen et ce alors même que nous sommes dans un grand bouleversement d’un monde multipolaire dans lequel beaucoup de problèmes sont lus à travers les grilles du développement et de l’histoire des “décolonisations”, une manière de lutter contre le “vol de l’histoire” par l’européocentrisme, là où se révèle la tartufferie des “valeurs européennes”. . (note de danielle Bleitrach)

La montée de l’antisémitisme met à l’épreuve les valeurs libérales de l’Europe article de The Economist


Le retour du plus ancien fléau d’Europe
Une silhouette se tient dans l’embrasure d’une porte ouverte d’une pièce sombre. Un bougeoir de menorah juive allumé se trouve sur un socle dans la pièce. Une partie de la bougie a brûlé.
Illustration : Peter Schrank
21 novembre 2024

JeEn 1945, alors que l’Europe couvait et que la reconnaissance morale de l’Holocauste était à venir, Karl Popper s’est interrogé sur le paradoxe de la tolérance. Une société ouverte a besoin de tolérance pour prospérer, a affirmé le philosophe d’origine autrichienne. Mais étendre cette courtoisie intellectuelle à ceux qui ont des préjugés aurait pour résultat de saper la tolérance même qui a rendu leur intolérance possible en premier lieu. Popper a conclu qu’il valait mieux, dans l’ensemble, étouffer les bigots dans l’œuf dès le début et épargner à tout le monde le genre de problèmes que son continent d’origine (et Popper personnellement, compte tenu de son héritage juif) venait de traverser. L’histoire de l’Europe d’après-guerre, d’abord à l’Ouest, puis dans l’ancien bloc communiste, est celle de politiques qui s’efforcent de trouver un équilibre entre le droit de permettre à chacun de dire ce qu’il veut et la préservation de la société libérale que Popper cherchait à faire vivre.

Une forme d’intolérance qui aurait dû connaître sa dernière apparition en 1945 a fait un retour déconcertant. L’antisémitisme, qui n’a jamais été tout à fait extirpé du continent mais une fois banni au-delà de la sphère politique, est si répandu en Europe aujourd’hui que 96 % des Juifs disent en avoir fait l’expérience au cours de l’année écoulée. Plus de la moitié disent craindre pour leur sécurité ; Le même nombre a émigré ou a envisagé de le faire au cours des dernières années. Les agressions physiques, bien que rares, sont si répandues que les trois quarts des Juifs évitent parfois de porter des symboles religieux en public. Plus inquiétant encore, ces statistiques, compilées par l’Union européenne pour un rapport publié en juillet, sont basées sur des données recueillies avant les attaques terroristes du Hamas en octobre 2023 et la réponse brutale d’Israël. Tous les indicateurs se sont aggravés depuis lors. Une série décourageante d’incidents antisémites a atteint son apogée à la suite d’un match de football impliquant une équipe de Tel Aviv jouant à Amsterdam le 7 novembre, après quoi des visiteurs israéliens – certains d’entre eux se comportant encore plus grossièrement que ce qui est habituel pour les fans de football, y compris en arrachant des drapeaux palestiniens et pire encore – ont été pourchassés dans les rues par des foules dans ce que le maire de la ville a décrit comme un « pogrom ». Le rabbin Menachem Margolin, président de l’Association juive européenne, a mis en garde contre le fait que l’Europe « retombe sur le chemin le plus sombre ».

Commentaire de Danielle Bleitrach

Même si cet antisémitisme ne cesse pas d’être instrumentalisé et utilisé par ceux qui ne craignent pas de traiter d’antisémite tous ceux qui dénoncent ce qui se passe à Gaza, ou tentent derrière le CRIF d’accorder la judéité qu’à ceux qui soutiennent l’extrême-droite israélienne, même si cet antisémitisme refuse de voir à quel point il correspond à la montée du racisme anti-musulman, à la xénophobie entretenue en ce moment contre les Russes et les Chinois, il n’en demeure pas moins qu’effectivement il y a une montée de l’antisémitisme.

j’emprunte à The Economist ce constat de la remontée du “fléau européen” parce que je suis bien d’accord il s’agit d’un fléau européen et l’on peut s’interroger sur les conditions de son exportations en général avec le colonialisme et l’exploitation assorti de la charité missionnaire.

la haine des juifs a été totalement entretenu dans un mode longtemps féodal avec l’exploitation par les seigneurs d’une paysannerie en situation de servage tandis que les juifs représentaient l’artisanat des villes, voir ceux qui tenaient le drug store du hameau, l’usurier qui prêtait avec intérêt ou chez qui on avait une note. Quand est intervenu un début d’industrialisation les prolétaires juifs, urbains qui trouvaient y compris à la synagogue des lieux de réunion quasi syndicales s’en sortaient mieux que les malheureux paysans toujours taillables et corvéables à merci. Il suffit de lire Doblin et son voyage en Pologne pour mesurer le poids de cette féodalité sur la Pologne au début de l’hitlérisme alors que l’Allemagne avait toujours été considéré (comme la France) comme des lieux permettant d’échapper au pogromes permanents de ces systèmes féodaux où la propriété terrienne dominait sous un forme proche du servage… Nous venons de voir que là dessus Marx inaugure dès la “question juive’ une analyse radicale qui le fait accuser parfois d’antisémitisme mais en fait il notera toujours que l’usure juive, le colporteur, est lié à un mode de production féodal, terrien non marchand dans lequel il constitue une “respiration” marchande comme les “pores” de la peau, et comme le développera plus tard Max Weber, il considère que le protestantisme, le calvinisme sont beaucoup plus caractéristique du capitalisme. Dans la question juive, comme nous venons de le voir, il a noté à quel point paradoxalement il y avait dans le statut du juif échappant à la religion du monarque ou du seigneur féodal une forme d’émancipation qui se chargeait de toutes les licences possibles et le pacte de Sion ne fait que traduire ce complot attribué à ceux qui jouissent de ce statut.

A propos de l’élection surprise en Roumanie, dans un article récent , j’ai souligné l’histoire de ce pays et comment dans bien des pays européens appartenant à l’espace austro-hongrois on avait assisté à la montée d’un gouvernement de colaboration avec le nazisme en général après des épisodes de conseils (soviets) avec une forte présence juive des urbains, pénétrés par les idées socialistes.

Ce passage à l’impérialisme que décrira Lénine est celui de l’effondrement non seulement de la Russie tsariste mais également celle de l’empire austro-hongrois et à ce propos, j’ai fait référence à la description que Robert Musil à la veille de la première guerre mondiale fait de la Cacanie : « La Constitution était libérale, mais le régime clérical. Le régime était clérical, mais les habitants libres penseurs. Tous les bourgeois étaient égaux devant la loi, mais justement, tous n’étaient pas bourgeois »… cet objet non identifié qui peut être l’Europe d’aujourd’hui comme elle était l’Autriche Hongrie pour Musil ne correspond pas à un Etat nation mais à une mosaïque de différentes nations sans véritable système étatique devant composer en leur sein avec des minorités ethniques.

Le régime libéral et c’est déjà l’annonce de Marx crée un Etat d’égalit formelle mais qui accroit la fracture sociale entre le peuple et la classe dirigeante, ce qui la soumet aux pulsions révolutionnaires – celles venues de la lointaine révolution française et celles qui vont surgir du bolchevisme – se nourriront à la fois de ces aspirations révolutionnaires françaises et de l’affrontement avec un empire nationaliste étatique l’Allemagne, le REICH plus sécurisant pour le capital.Le REICH est à la fois l’Etat moderne bureaucratique à son stade le plus achevé et celui qui recrée l’assujettissement sur un mode plus contraignant encore de l’Allemand, justifié en tant que surhomme jouissant d’un pouvoir total sur les esclaves, sous hommes, ce qui le paye de sa propre aliénation citoyenne. Marx dans le capital décrivant les mères travaillant en usine gorgeant leur nourrissons d’opium dit que c’est la vengeance que la Chine subissant la guerre de l’opium exerce sur le peuple britannique, aurait pu voir dans le nazisme une sorte de boomerang de la mondialisation coloniale d’une Allemagne faisant sa propre expansion vers les Slaves et leurs “intellectuels”, les juifs (analyse faite par Goebbels).

Il y a dans ce roman de Musil, la description du chemin qui mène à une telle acceptation, l’époque est celle de la veille du premier affrontement impérialiste à l’échelle mondiale dont l’Europe est le creuset avec comme enjeu le partage du monde, le colonialisme, les premiers camps en Afrique du Sud ne sont pas étranger à l’idéologie nazie dont on voudra nous faire croire qu’elle n’est sortie que du cerveau malade d’Hitler aveuglé de sa haine du seul juif… C’était simplement le matériau commode qui permettait de rassembler des temps historiques et favoriser la conquête du monde, la lutte anti-judéoblochevique contre le communisme. Donc lors de la deuxième guerre mondiale, on a l’impression d’un certain rappel d’une situation qui semble se reproduire encore aujourd’hui, c’est à la fois un rappel et une ré-interprétation, ce qui fait la force subjective de la littérature, du cinéma. Deux personnages du roman s’affrontent, Leinsdorf l’élite supposée dirigeant et partisan de ce conglomérat qui refuse d’entendre cet appel à l’autodétermination des peuples, et qui ignore à la fois les revendications ethniques, l’émergence de l’Europe des États-nations et des conditions sociopolitiques qui y sont liées. Le roman décrit alors à travers la subjectivité des héros l’impossibilité à ce qu’il croit être ce “vivre ensemble” qui se gonfle des revendications égalitaires et de survie populaires. Dès lors comme l’ont noté la plupart de commentateurs de l’ouvrage, Leinsdorf qui pose la question du vivre ensemble en Cacanie comme certains se la posent en Europe aujourd’hui est condamné à l’échec sauf à plier devant le Reich, parce que le projet part d’une cécité totale sur la réalité et l’appel à un modèle social désuet qu’il tente de perpétuer qui devient “un sembler vivre”.

Leinsdorf engage Ulrich, “l’homme sans qualité” dans le but de représenter le peuple “austro-hongrois” comme étant celui qui sait ce à quoi aspirent les citoyens retrouver un langage intelligibles entre les uns et les autres. Mais comme Ulrich devant Leinsdorf ne remet jamais en cause les objectifs de l’action de représentation qui sont exigées de lui, il est pétrifié, condamné à être ce qu’il est, “l’homme sans qualité”.

Le modèle “libéral” , l’Etat avec des “citoyens” plus des “sujets” est au meilleur des cas comme Robespierre lui-même et son Etre suprême agnostique et cela peut aboutir aux Etats-Unis qui est le cas extrême de la théologisation esprit du capitalisme.

On peut faire l’hypothèse que l’UE est en quelque sorte ce rêve libéral et on pourrait y voir une simple reproduction de la Cacanie , cette “forme” institutionnelle dans laquelle les rapports de production, les revendications de souveraineté tentent en vain de s’incarner dans le cadre d’une UE de plus en plus identifiée à l’OTAN fer de lance supposé des marchés financiers, des marchands d’armes sous la forme financiarisée de l’hégémonisme atlantiste,

La seule différence entre la répétition de l’Europe foyer des guerres impérialistes a été le surgissement sur les ruines de l’Allemagne nazie d’un autre empire, les Etats-Unis et un pouvoir révolutionnaire qui a crée les conditions de la décolonisation, et aujourd’hui encore une nouvelle étape dans laquelle s’effondre la “cacanie” de l’hégémonisme occidental, sans personne qui veuille prendre le relais.

C”est en ces termes là que se pose désormais le dépassement de l’homme sans qualité.

L’antisémitisme qui surgit aujourd’hui dans les ex- pays socialiste est un mélange idéologique dont l’empilement historique fait d’ailleurs l’efficacité, plus besoin de preuve il suffit de dire que ce sont les juifs : les pays qui ont vu se développer des fascismes comme la Hongrie de l’amiral Horty (souvent après des épisodes de “soviets” dans lesquels dominaient les juifs) ou Pilduski et d’autres ont été les alliés des nazis. Si l’on considère les Roumains il leur a été confié des tâches d’extermination qui auraient déshonoré selon Himmler les seigneurs allemands. Nettoyer les camions de la shoah par balle, ou le crâne des enfants écrasés contre un mur à Lov était écoeurant (je n’invente rien) et on laissait aux collabos les basses œuvres. En Roumanie, ceux qui sont sortis comme des résistants étaient comme Anna Pauker des juifs.
L’URSS n’a pas cherché à extirper le mal , ceux qui étaient coupables de collaboration soit s’étaient enfui à l’ouest (le canada a été comme l’Amérique latine une terre d’accueil mais l’allemagne aussi).

Dans un tel contexte celui d’un socialisme imposé par l’armée rouge il y a eu la création de partis communistes dont il faudrait retracer l’histoire et en particulier dans des crises ouvertes après Staline entre classe ouvrière et bureaucrates. Le Khrouchtchévisme reste à étudier y compris sous l’angle de la résurgence de l’antisémitisme. Mais c’est réellement la chute de l’URSS et des pays socialistes, la manière dont les Etats-Unis, la CIA à partir de l’opération des “juifs d’URSS” et d’autres en occident comme les “boat people” a créé des profiteurs de la privatisation et du pillage généralisé.C’était une minorité mais on lui a fait jouer un rôle très bruyant celui chez nous des BHL, des Cohn Bendit et autres Glucksmann. Alors qu’il y avait autant sinon plus de juifs attachés à l’URSS , à son rôle et à celui des communistes durant la seconde guerre mondiale.

La deuxième guerre mondiale est devenue l’objet d’une narration dans laquelle le rôle fondateur des trusts, de l’impérialisme national socialiste a été effacé au profit d’Hitler monstre raciste, ce qu’il était par ailleurs.Et quand a été mené l’assaut contre l’URSS, le socialisme, sur l’identification “au totalitarisme” d’Hitler et Staline, la “Shoah” a pris la place du combat réel contre le nazisme.

Et si aujourd’hui, il y a montée de l’antisémitisme c’est sans surprise parce que monte avec l’extrême droite, la répression, l’autoritarisme contre les couches populaires, les “valeurs” conservatrices celles qui ne font pas fe différence entre un juif, un musulman, fut-il un arabe chrétien mais celles qui débouchent sur la remise en cause toutes les émancipations individuelles. Et comme le disait Brecht il n’y a pas une rupture entre la “démocratie” et le fascisme, c’est simplement la contradiction du capitalisme poussée à son stade ultime.

Le libéralisme a produit les juifs, comme les seules “victimes” de l’holocauste dans la figure idéale du bouc émissaire non pas religieux mais celle qui représente les privilégiés, les forces occultes de l’impossibilité du vivre ensemble de ce conglomérat qui engendre toujours plus les inégalités et la guerre.

Si la politique israélienne joue un rôle dans la recrudescence de l’antisémitisme en France dans le monde jadis socialiste c’est plus la fin du socialisme et le pillage généralisé, l’enrichissement, la corruption attribuée au juifs qui a été mis en avant. Au jourd’hui en Ukraine, en Hongrie, en Roumanie, en Pologne, la renaissance de l’antisémitisme qui s’accompagne souvent d’un refus de faire la guerre à la Russie est liée à cette “trahison” de la fin du socialisme qui peut d’ailleurs paradoxalement s’accompagner de la haine du communisme lui aussi œuvre des “juifs”, et le fait que Porochenko, Zelensky et bien d’autres soient juifs est mis en avant plus encore que les événements de Gaza ou du Liban.

Il ne s’agit plus d’une question religieuse mais de la manière fantasmatique à travers laquelle l’UE s’est voulue d’abord une manière de surmonter les divisions et guerres

On peut considérer que la propagande du CRIF et des juifs type “démocrate” qui dominent à gauche mais sont en train de plus en plus de virer à droite voir à l’extreme droite tel qu’on les voit en France protester contre l’antisémitisme sont exactement ce qui est le plus suecptible de le nourrir: une gauche qui a abandonné les exploités, ce qui crée les conditions de l’abstention ou même du vote à l’extrême droite. L’extrême-droite même si elle parait privilégier soit les “arabes” soit les “juifs”, en fait est le terreau pour tous les racismes. L’antisémitisme se nourrit du racisme ambiant qu’on le veuille ou non. Et si on ajoute à cela que cette gauche ne se mobilise plus que sur les mœurs, les “libéraux” et nourrit les conservatismes… Quand les mêmes hurlent de désespoir devant ce qui s’est passé le 7octobre mais se taisent sur le massacre de Gaza, une réponse pour le moins disproportionnée à une opération du Hamas que effectivement on ne peut approuver puisqu’elle s’attaque en majorité aux populations civiles.

sur le fond alors que tout le monde aspire à la paix, à régler les problèmes urgents ces discours sont vécus pour ce qu’ils sont une manière de refuser des négociations politiques et de prétendre abusivement “laissez nous achever les méchants (les Russes et les Palestiniens armés, le hezbollah, etc… et après il y aura les conditions de la négociations.” C’est une absurdité qui dure depuis des décennies et qui a fait la preuve de son inefficacité meurtrière aujourd’hui plus que jamais parce que l’antisémitisme, ce vieux fléau européen refuse de comprendre que l’Europe est un protagoniste parmi d’autres et que le viol de l’histoire longtemps opéré est en train d’être bouleversé, ce que Marx et Engels dans l’ultime période de l’existence de Marx a subodoré et mérite encore d’être repris dans toute l’histoire des mondialisations du XXe siècle.

Parce que nous refusons de considérer que ce questionnement sur le capialisme, le libéralisme, l’Europe se heurte à un grand bouleversement qui lui doit être lu en parallèle à savoir la colonisation et la “décolonisation” qui a eu lieu dans les mêmes périodes mais qui avec les nouveaux rapports sud-sud engendrent leur propre lecture, une sorte de révolution de perspective dans le monde multipolaire. Nous devons envisager d’autres lectures en devenir, ce que nous avons entrpris ici non seulement les BRICS, des rapports sud-sud avec une ré-estimation de la “décolonisation”, dans laquelle est pris le problème Isréalo-palestinien.

Sans doute ma position est-elle celle tout à fait rustique de la militante communiste qui revient à l’exploitation, à des valeurs de progrès, au refus des divisions de ceux qui devraient être unis mais tel est le choix qui me parait incontournable si l’on veut vraiment non pas en finir avec les haines racistes, antisémites, le machisme, l’homophobie, ce sont des ornières accumulées depuis des millénaires mais attaquer à la racine ce sur quoi les forces de régression tentent de freiner l’évolution de l’humanité en leur donnant une nouvelle force. Oui c’est vrai que l’antisémitisme met à l’épreuve les valeurs”libérales” de l’Europe mais je n’ai pas envie de sauver ni l’Europe, ni le libéralisme devenues forces de regression … Il faut passer à autre chose le modèle est désuet et ce qu’il portait indéniablement de progressiste a besoin d’être actualisé dans de nouveaux combats qui ne divisent pas mais rassemblent, tout autant que l’on accepte l’histoire mais dans un élargissement de perspectives.. Marx a su voir dans ce qui naissait, le libéralisme, le combat pour la laïcité ce qui devait être aboli si le projet émancipateur changeait réellement l’ordre des choses existantes.

danielle Bleitrach

(1) Qu’il se soient trouvé des juifs en particulier ceux que l’on a désigné comme “les nouveaux philosophes” pour assurer la promotion au nom de l’anticommunisme de Walesa, de ces antisémites militants comme Solejestyne donnera sans doute matière à reflexion. Pour ceux nombreux qui ignorent l’opération qui a été menée dans la presse, le monde éditorial, la télévision, voici un article sur les deux volumes parus en français chez Grasset , à travers cette littérature on découvre que la promotion par les mêmes des troupes d’Azov et de Bandera en Ukraine n’est en rien une erreur… la dérive vers l’extrême droite d’un Zemmour est inscrite dans l’opération des boat people et la campagne pour libérer les juifs d’URSS comme dans le soutien à Solidarnosc.

https://www.persee.fr/doc/slave_0080-2557_2004_num_75_3_6922

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