Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Jean-Claude Delaunay : le secteur international du PCF n’est pas près de comprendre et encore moins d’agir…

Le titre n’est pas de Jean-Claude qui se contentait d’un bref : Une note du Secteur International du PCF, mais puisqu’il s’agit d’un résumé du résumé d’une note assortie de commentaires dont je vous laisse la primeur de la découverte mais qui me paraissent déboucher sur le constat que ce texte qui prétend analyser « Les fractures et risques de guerre du monde contemporain de façon à bien asseoir le combat des communistes français pour la PAIX », n’assied rien d’autre que la confusion et l’inertie. Il semble même conçu exprès pour cela comme le dit Jean-Claude, c’est un texte de petits bourgeois radicalisés, ayant peur à la fois de l’impérialisme et du socialisme, ce texte est la mise en scène de leur inaction pour la paix. Les quelques définitions et pistes que trace Jean-Claude frappent par leur cohérence et son texte devrait être distribué dans toutes les écoles du parti (on peut rêver et pourtant le rêve commence à se réaliser puisque de partout nous parviennent les échos de mise en route de formations à partir initiatives à la base sans relation nécessairement avec toutes « les commissions » qui encombrent les fédérations et parfois les couloirs du CN place du colonel Fabien) il y a dans le PCF une forte aspiration à comprendre pour agir… (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

A PROPOS D’UNE NOTE DU SECTEUR INTERNATIONAL PAR JEAN-CLAUDE DELAUNAY

Le Secteur international du PCF vient de diffuser (novembre 2024) une note que je trouve intéressante à examiner du point de vue sociologique. J’ai fait un résumé de cette note. Je me contente ici de résumer ce résumé.

Le texte en question prétend décrire et analyser les fractures et risques de guerre du monde contemporain de façon à bien asseoir le combat des communistes français pour la PAIX.

Au départ de l’analyse, la puissance américaine. Cette dernière serait contestée par la Chine, qui voudrait être la première de la classe, et par la Russie, un empire en gestation. Le choc de ces trois puissances mettrait le monde en crise. Or cette crise serait dangereuse parce qu’elle prendrait place dans un contexte (la mondialisation fractionnée) qui loin de la calmer, l’amplifierait et la pousserait vers la guerre. Quatre facteurs d’amplification sont identifiés : 1) Les mécanismes de sécurité collective auraient été détruits, 2) De nombreux Etats seraient en situation de faiblesse politique interne et chercheraient à masquer leur faiblesse par la guerre, 3) Différents Etats aspireraient à devenir des puissances régionales, 4) Les idéologies de l’extrême droite et le fondamentalisme religieux séviraient.

Certes, le monde serait traversé par des aspirations contraires, celles d’un autre ordre mondial, pacifié, matérialisées par les BRICS. Mais les pays constitutifs de cette association seraient un ramassis de contradictions. Ils n’exerceraient donc aucun pouvoir compensateur du chaos mondial actuel.

Tel est le monde dans lequel les communistes seraient plongés. Une dizaine de recommandations et de principes (guides d’action en faveur de la paix) terminent ce texte.

Le contexte décrit est pessimiste. Cela ne relève pas de la responsabilité des rédacteurs du texte. Ce qui pose problème n’est donc pas ce pessimisme, s’il est justifié. Ce sont les analyses qui y sont présentées. Et là, je crois pouvoir affirmer qu’elles sont d’une faiblesse intellectuelle extrême. Ce qui veut dire que les recommandations de lutte pour la paix n’ont pas de fondement analytique solide.

C’est ce que je voudrais montrer ci-après en m’intéressant aux deux réalités suivantes (l’impérialisme et le socialisme) et à la façon dont elles sont présentes dans ce texte.

L’IMPÉRIALISME

Le concept global de description du monde actuel que ses auteurs utilisent est celui de «mondialisation capitaliste» ou encore, accessoirement, de «capitalisme néo-libéral», voire de «capitalisme libéral», sans oublier celui de «capitalisme financier». Cette diversité n’est pas bien maîtrisée, ce qui engendre une certaine confusion. Le mot impérialisme apparaît deux fois dans ce texte, mais seulement pour qualifier les Etats-Unis.
Le concept marxiste-léniniste d’impérialisme a donc été réduit à son usage idéologique ordinaire. Il caractériserait la volonté de puissance d’un pays au milieu de la mondialisation capitaliste. Ce ne serait pas une nouvelle étape de la vie du capitalisme venant après celle du capitalisme concurrentiel et ayant trait à TOUS les pays capitalistes développés. Ce ne serait pas un concept visant à décrire LA MATURITÉ des rapports de production capitalistes, la formation de nouveaux agents (le capital financier) et donc d’abord un concept ÉCONOMIQUE. Ce serait un concept de nature POLITIQUE et MILITAIRE (le pouvoir, l’Etat).

Si les rédacteurs de ce texte étaient marxistes, ils feraient reposer prioritairement l’analyse des sociétés actuelles sur le travail, son exploitation, la rentabilité du capital, les crises, et non sur la politique, les rapports de force, la culture, l’idéologie. Une fois dégagé le socle économique du monde contemporain, ils prendraient en compte ses autres déterminations.

Ici, dans un texte ou l’emploi des concepts est confus, ce sont les déterminations politiques, militaires et culturelles qui sont primordiales.

La Russie, par exemple, est analysée comme étant «un empire en formation», et donc, soyons clairs, comme un impérialisme en formation. En raison de «son nationalisme grand-russe», ce pays chercherait à surmonter sa faiblesse économique originelle, à savoir, disent les rédacteurs du texte, sa dépendance par rapport à l’exportation de ses hydrocarbures, par la recherche à tous prix de nouveaux débouchés. Son gouvernement exercerait en Afrique une politique insolente d’expansion. Tout cela viendrait du nationalisme grand-russe.

Il ne faut pas se forcer beaucoup pour comprendre que si, pour les auteurs de ce texte, la politique provocatrice de l ’OTAN à l’égard de la Russie est clairement indiquée, ce qu’ils appellent le «nationalisme grand-russe de Poutine» y serait pour quelque chose. Pourquoi, en effet, les Russes auraient-ils mis en route leur opération spéciale de 2022 si ce n’est sous la pression de leur impérialisme intrinsèque? Il y aurait «match nul» en quelque sorte. Voilà une intelligente manière de dédouaner l’OTAN, c’est à dire l’IMPÉRIALISME EN ARMES, de ses turpitudes mortelles et de la guerre qu’il mène en Ukraine contre la Russie et contre les populations russophones.

Si l’on en croit les auteurs de ce texte, la menace de destruction et de soumission pesant sur la Russie depuis 2014 ainsi que la guerre menée par l’Etat fasciste d’Ukraine contre la partie russophone de sa population, n’auraient pas dû donner lieu, de la part de son gouvernement, à la contre offensive de 2022. Auraient-ils dû écrire à l’ONU? Auraient-ils dû se rendre dans leur lieux de culte et prier avec ardeur, Poutine en tête ?

Voici cinq traits majeurs de l’impérialisme contemporain, l’un des oubliés de ce texte.

1) Ce système est celui de l’ensemble des pays développés, y compris la France. Le capital financier, dont la forme actuelle est celle des multinationales et des fonds de pension, y domine les sociétés et les Etats.
2) Ce système est dépendant d’une direction nord-américaine, dont les multinationales et les fonds de pension ont pénétré toutes les économies. L’impérialisme n’est plus un impérialisme de nations, comme à l’époque de Lénine. Il est globalisé et contraint par l’hégémonie nord-américaine ainsi que par des formes de plus en plus puissantes et transnationales du capital financier.
3) Depuis les années 1980, ce système est devenu prédateur. Il tend à ne plus produire et absorbe, par l’achat et la vente des marchandises, des entreprises, la plus value produite par ailleurs.
4) Cet impérialisme est donc monétaire (le dollar). Il est adossé à un impérialisme militaire, disposant d’environ 700 à 800 bases militaires dans le monde.
5) Les dirigeants de ce système croyaient avoir gagné le repos éternel et la fin de l’histoire en détruisant l’URSS et les démocraties populaires d’Europe, au début des années 1990. Il est aujourd’hui en crise profonde et générale.

Crise existentielle, avec la présence, en son sein de cinq pays socialistes stables (la Chine, la Corée du Nord, Cuba, le Laos, le Viet-Nam);
Crise économique, qui dure depuis 2008 (16 ans);
Crise politique, les pays industriellement sous-développés tendant à se détacher de son emprise. C’est, notamment, ce qu’a fait la Russie avec Poutine, son Président. C’est aussi ce que fait l’Afrique, un continent de 1 milliard d’habitants et de nombreuses ressources.
Crise idéologique. Comment ses dirigeants peuvent-il prétendre défendre la démocratie et la liberté individuelle alors qu’ils sont les soutiens ouverts de régimes criminels et fascisants. La barque des droits de l’homme commence à être vraiment chargée.

L’impérialisme est en crise profonde. La guerre est le produit le plus évident de cette crise. Voici un récapitulatif rapide des guerres qui furent ouvertement menées par ce système depuis 35 ans, soit par les Etats-Unis seuls, soit par des coalitions impérialistes : Yougoslavie (1991), Somalie (1993), Afghanistan (2001), Irak (2003 et 2011), Libye (2011), Syrie (2011). Aujourd’hui, une coalition impérialiste intervient contre la Russie (2022) et les Etats-Unis financent et arment les dirigeants israéliens pour écraser définitivement les Palestiniens (2023). Il faut y ajouter le blocus de Cuba, qui est une forme de guerre, et qui dure depuis 62 ans.

La note produite par le secteur international du PCF devrait désigner clairement les responsables de l’état de guerre dans lequel est plongé le monde contemporain en raison de l’impérialisme en crise. Au lieu de cela, ses rédacteurs «noient le poisson». La composante française de l’impérialisme, par exemple, est totalement absente de leur note. Comment peuvent-ils prétendre donner aux communistes français des outils pour lutter pour la Paix en faisant un tel oubli ?

LE SOCIALISME ET LA CHINE

Le socialisme est un système favorable au développement et à la paix. Il est contradictoire de l’impérialisme, fauteur de guerres, car c’est un régime visant à satisfaire les besoins de tous et non ceux de quelques uns. Étant absent de cette note, le socialisme serait-il absent du monde?

La Chine y est mentionnée. Mais il est clair que, pour les auteurs, ce pays n’est pas socialiste. Ce serait seulement une grande puissance. Depuis 2008, elle serait devenue plus offensive à l’égard des Etats-Unis, mais ce serait surtout «pour investir résolument les règles du capitalisme commercial». Elle serait «aspiratrice de plus-value» (cela voudrait-il dire qu’elle serait impérialiste et de qui aspirerait-elle la plus-value?) et enfin elle serait en crise (immobilier, consommation des ménages, chômage des jeunes).

L’approche de la Chine par les rédacteurs de la note est en grande partie biaisée. Il me semble que, comme le disent les Chinois, ils l’observent avec des lunettes de couleur. Le biais qu’ils introduisent nuit à la cause de la paix.

1) Prenons l’exemple de leurs relations internationales. Les Chinois sont convaincus que leur pays est socialiste et ils sont peu sensibles à ce que peuvent en penser la commission internationale du PCF ou le NPA. Mais ils considèrent que le commerce et les échanges ne doivent pas être perturbés par des préoccupations politiques, idéologiques ou religieuses. Ils considèrent les questions de régime et la politique comme étant l’affaire intérieure des peuples ainsi que de leur gouvernement et d’eux seuls.

Pour le reste, «business is business», avec cependant deux différences énormes avec la conception américaine du business, à savoir : 1) que les affaires doivent donner lieu à des rapports de coopération et non à des rapports de forces et que 2) les partenaires de l’échange doivent être «gagnant-gagnant». Ils sont donc hostiles aux rugissements américains, à leurs menaces, à leurs sanctions et à leurs vols purs et simples.

2) Un autre point de ce texte concerne les relations de la Chine avec les BRICS. Il y est écrit que la Chine étant «une économie centrale ascendante, aspiratrice de plus-value», il en résulte que «ce serait un facteur de tensions et de contradictions au sein des BRICS», qui eux seraient plutôt monoproducteurs et donc «semi-dépendants».

Voilà la conclusion à laquelle les rédacteurs voulaient arriver. Leur thèse est que «la mondialisation est fractionnée», d’où la dangerosité du monde. Or la Chine contribuerait elle aussi à ce fractionnement, tant avec les Etats-Unis, dont elle est rivale, qu’avec les BRICS, dont elle aspirerait la plus-value. Elle ne serait donc pas un facteur de paix ou d’apaisement.

Venons-en à quelques faits significatifs parmi les plus récents (2024). En septembre, s’est tenu à Beijing le 9e Forum de la Coopération sino-africaine (FOCAC). Ce Forum a réuni 53 Chefs d’Etat africains. La coopération sino-africaine se traduit par la construction d’infrastructures, matérielles (routes, chemins de fer, ports, centrales électriques) et financières, ainsi que par une coopération technologique approfondie. Ce fut un succès diplomatique considérable. A Kazan, en octobre, l’Inde et la Chine ont commencé à coopérer pour la solution de leurs problèmes himalayens. Ils ont accompli un premier pas, consistant à éviter que les patrouilles frontalières ne se tirent dessus. Cela peut sembler anodin. C’est en réalité très important et l’accord fut perçu comme tel. En novembre, la Russie et la Chine ont eu une nouvelle réunion de leurs Ministres des Affaires étrangères pour renforcer leurs liens, qui sont ceux d’une « coordination stratégique globale et d’une coopération mutuellement bénéfique». Une coordination stratégique, ce n’est pas rien.
La Chine est socialiste. Cela veut dire qu’elle défend les intérêts de son peuple et de son territoire national, non ceux de quelques-uns. Cela veut dire que, tout en laissant une place à l’initiative privée et au marché, elle s’efforce de gérer ses affaires de manière principalement sociale, avec son État et sa planification. Cela veut dire que ses relations internationales ont pour vocation d’être pacifiques avec tous les autres peuples et de construire avec tous, à la condition qu’ils le veuillent cela va de soi, mais quels qu’en soit la taille et le régime, «une communauté de destin». La Chine ne cherche pas à imposer son régime à qui que ce soit. Son socialisme est aux caractéristiques chinoises.

Les rédacteurs de la note ont cependant décidé que la Chine n’était pas socialiste. Ils ont une idée bien arrêtée sur ce que devrait être le socialisme des autres, contredisant ainsi leur propre aspiration à construire «un socialisme à la française». Car si l’on prétend construire un socialisme à la française, ce n’est pas pour juger haut et fort de celui des autres, sauf à être bien arrogant.

Mais veulent-ils construire le socialisme ? Le traitement de cette question pourrait être l’objet d’un autre texte. Dans l’immédiat, ce que l’on peut conclure relativement à la lutte pour la paix est qu’ils se privent, en traitant la Chine comme ils le font, d’un allié précieux.

CONCLUSION

Ma conclusion, après lecture de ce texte, est sa grande faiblesse, si on analyse le monde contemporain à l’aide la théorie de Marx. En revanche, si l’on considère qu’il fut écrit par des petits bourgeois radicalisés, ayant peur à la fois de l’impérialisme et du socialisme, il devient cohérent. Ce texte est la mise en scène de leur inaction pour la paix.

D’une part l’impérialisme n’y est pas analysé et dénoncé comme il se devrait, parce que l’impérialisme, et notamment l’impérialisme français, en sont absents. D’autre part la Chine socialiste, dont la lutte pour la paix est efficace quoique se déroulant sans bruit, est «oubliée». Les membres de la petite bourgeoisie intellectuelle française qui se sont emparés de certains secteurs de fonctionnement du PCF, nous montrent, par cette note, au milieu des bruits et des fureurs du monde, leurs véritables aspirations. Ils sont, comme Achille, immobiles à grands pas.

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10 Commentaires

  • Xuan

    Merci Jean Claude, j’ajoute quelques mots :

    Sur la Chine
    Deng Xiaoping disait que le socialisme n’est pas la pauvreté.
    Mais pour certains néo trotskistes c’est : cachez cette marchandise que je ne saurais voir, partant du principe que la marchandise c’est le capitalisme, c’est le mal.
    La « théorie des forces productives » de Deng a été traitée de trahison alors qu’elle figure en toutes lettres dans le Manifeste de Karl Marx.
    La révolution est restée pour eux chaussée de semelles en pneu et se déplace à vélo, elle devrait rester ascétique, et par là même un modèle d’écologie.
    Le développement des forces productives est aujourd’hui menacé à l’échelle mondiale par l’hégémonisme US qui développe le protectionnisme et le découplage. Ce n’est absolument pas un bienfait pour l’écologie, mais au contraire un recul pour le développement d’une industrie verte. Et c’est une menace vitale pour tout le sud global voire pour le monde entier.

    Sur l’impérialisme
    L’impérialisme des USA n’est plus celui défini par Lénine. Il constitue un bond qualitatif par rapport à l’impérialisme né au XXe siècle, et même par rapport à l’impérialisme US du début. C’est apparu au moment où le dollar est devenu une monnaie de réserve, puis ce mouvement s’est confirmé lorsque les USA ont évincé tous les autres impérialismes, qui sont devenus finalement ses vassaux.
    L’hégémonisme US dirige alors une puissance militaire, économique, idéologique, etc. considérable, qui domine le monde entier et non plus une région donnée.
    Même les puissances de l’axe fasciste se partageaient la domination du monde.

    Cependant l’hégémonisme n’a pas pour objectif de protéger ses alliés, ni seulement de les piller. Pour demeurer hégémonique, il doit détruire tout ce qui peut entraver cette hégémonie, et y compris ses plus proches alliés. Et cette destruction prend la forme d’une guerre « hors limites », c’est-à-dire une guerre de toutes les formes et tous les moyens, pacifiques, violents, militaires ou non, matériels ou numériques, économiques ou monétaires, juridiques ou illégaux, etc. tous.
    Ainsi il crée par son existence même une résistance et une opposition, et même au sein même des anciennes puissances impérialistes une certaine inquiétude.
    Cette résistance et cette opposition ont elles aussi un caractère mondial.
    Contrairement au front uni mondial anti fasciste de la seconde guerre mondiale, le front uni mondial anti hégémonique ne regroupe pas prioritairement des puissances impérialistes, mais d’abord les pays du sud global qui sont en plein essor et qui produisent la plus grande partie des richesses mondiales.
    Inversement les alliés des USA sont d’anciennes puissances impérialistes sur le déclin. Elles n’ont plus l’ambition ni la capacité de dominer le monde, et leurs intérêts sont piétinés par les USA.
    Cela veut dire que si l’hégémonisme US est un vrai tigre aux dents acérées, il est à terme un « tigre en papier ».

    Sur le libéralisme et le libertarianisme
    Tu avais déjà rappelé à notre attention que le terme « libéral » ou « néo libéral » n’est qu’une étiquette et qu’en réalité il s’agit du capitalisme monopoliste d’état.

    Il semble pour certains que le libéralisme économique s’oppose à l’étatisation, en réalité le libéralisme, c’est-à-dire la liberté absolue des plus grands capitalistes, s’accommode très bien de l’étatisation parce que cette étatisation signifie que leurs monopoles sont protégés par l’état bourgeois, et que l’état bourgeois n’est que la forme institutionnelle de leur domination.

    Si le « libéralisme » s’oppose à l’Etat c’est dans la mesure où des administrations, des services et des industries sont encore gérées par lui sous forme publique, comme l’école, les transports, la santé, etc.
    L’objectif c’est de supprimer la forme publique et de la remplacer par une forme privée, toujours sous la protection de l’état. C’est ce qui se passe en Argentine, c’est le but de Trump et de Musk sous les habits neufs du libertarianisme, et c’est aussi ce que nous voyons déjà en œuvre ici.
    Par exemple un courant se développe pour déconventionner les médecins, avec à la clé une hausse des tarifs pour les patients, (au-delà des 50 € en décembre), et pratiquement la fin des remboursements qui tombent à 0,61€. https://deconventionnement.fr/
    Ici le « libéralisme » consiste pour l’Etat à lâcher les vannes des frais de consultation tout en faisant des économies sur les dépenses de la Sécu.

    Socialisme ou barbarie, le but final d’un front uni mondial contre l’hégémonisme c’est le socialisme.

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  • Gérard Barembaum
    Gérard Barembaum

    En lisant la brillante analyse de JC Delaunay m’est revenue en mémoire cette remarque de F.Mitterrand à propos du CERES, tendance du PS d’Épinay présentée à l’époque comme l’aile « gauche » de ce parti : un faux parti communiste avec de vrais petits bourgeois. Ne serait ce pas une assez bonne définition de l’actuel PCF?
    Fraternellement

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    • LEGRAND

      Il y a du vrai ! Cependant le parti est composé aussi de vieux marxistes qui avec des JC mènent la lutte en son sein. La lutte est vive . Un texte de contribution collective à la conférence nationale signé par plus de 200 camarades circule. Histoire et société vient de le publier.

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  • Gourmel Michel
    Gourmel Michel

    1) La menace de destruction et de soumission pesant sur la Russie depuis 2014 ; Hélas non, cela a commencé bien avant ! Cela ne date pas de 2014, mais des années 1990, aussitôt après avoir signé avec la Russie un accord, de ne pas étendre l’OTAN – qui était composé 16 pays à l’époque – vers l’est est passé petit à petit à 31 pays, en mettant à part l’Ukraine.
    2) Pour le cas de la France : Il faut signaler un amas extraordinaire d’argent des milliardaires français, selon une analyse, les 500 plus grandes fortunes seraient passées de 200 milliards à 1.2000 milliards en 7 ans, sous la macronie. En parallèle l’impérialisme français, en Afrique s’est totalement discrédité sous le règne de notre roitelet, Guinée, Tchad, Soudan, Burkina Faso, Niger, Gabon, etc… ont pris leur distance, seul le coup d’état au Tchad dont les africains accusent la France fait exception.
    3) « Les pays industriellement sous-développés tendant à se détacher de son emprise ». Ne pas oublier l’Inde que les occidentaux présentent de leur bord, mais Narandra Maudi – il n’est pas le seul – qui est avant tout un Indien (de l’Inde orientale), Indou, et qui n’oublie en rien les crimes épouvantables (au moins 20 millions de morts – pillage et destruction de l’économie) commis par les occidentaux (britanniques) pendant 2,5 siècles et que rien n’effacera ; et en conséquence, qui négocie aussi bien avec la Russie.

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  • Jean-Claude Delaunay
    Jean-Claude Delaunay

    Merci pour vos commentaires et vos apports. Je souhaite ajouter un mot concernant ce que devrait être, à mon avis, le comportement des communistes français à l’égard des socialismes. Nous savons mieux, maintenant, que les peuples sont différents et d’une certaine manière uniques, que leur histoire est différente et d’une certaine manière unique, etc…C’est en tout cas vrai pour la Chine et les Chinois. Ces derniers disent qu’ils construisent un socialisme aux caractéristiques chinoises.

    Si nous généralisons leur exemple à l’ensemble des peuples du monde, cela veut dire que les socialismes auront des traits communs mais aussi des différences. Est-il possible dans ces conditions que nous montions sur un tabouret (voire sur un tonneau) et que du haut de ce tonneau-tabouret nous délivrions des certificats de socialisme? Ce serait clairement ridicule. La Commission internationales du PCF est en train de nous jo,uer une comédie de Molière, avec des Docteurs en socialisme aux chapeaux pointus, déclamant sur leur tonneau. «Hippocrate dit, et Gallien aussi de raison persuade, etc. etc.».

    Cela veut dire que, en moyenne, les rapports entre Partis communistes ne devraient plus être des rapports de jugement (car nous savons que le modèle n’est pas unique) mais devraient être des rapports de questionnement sans aggressivité (car nous aspirons à ce que les Français se retrouvent pleinement et le plus fidèlement possible dans notre conception du socialisme).

    Il vient que le Secrétaire du PCF serait, à mon avis, dans son rôle et de manière théoriquement fondée s’il entreprenait aujourd’hui une telle démarche à l’égard du Parti communiste chinois ou à l’égard du Parti communiste russe, par exemple.

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  • Xuan

    Entièrement d’accord. Il n’y a pas de « parti père ».
    Et puis il me vient aussi une hypothèse. L’hégémonisme pourrait être la phase terminale de l’impérialisme si on considère les différentes contradictions en cours.

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  • Chabian
    Chabian

    1) J-C Delaunay dit « ce système impérialiste est en crise économique depuis 2008 ». Ce n’est pas l’objet direct de la note, mais cela me parait important. Le taux de profit diminue sauf à profiter de l’échange inégal entre Occident et Sud global (avec des risques croissants de blocage des flux : blocage du canal de Suez ; explosion des Norstreams pour le gaz). La consommation dans nos pays recule fortement (suite aux prix de l’énergie pour les gens du nord) et se voit dans la réorganisation-régression du secteur de la grande distribution. Le recul de la part des travailleurs dans le PIB et l’austérité rajoutée pour ne pas faire contribuer le Capital va accentuer cette régression. Elle va aussi accentuer la régression des services publics répondant aux besoins (santé, transports publics, enseignement et formation continue). Nous rejoignons peu à peu la situation qui a été imposée à la Grèce par la Troïka et les marchés. (Les combats du KKE seraient à étudier). Les contradictions au niveau national et celles au niveau international se rejoignent.
    2/ On dit qu’il faut aussi un projet mobilisateur qui parle aux gens. Il faut donc esquisser (sans attendre) un socialisme dans les conditions concrètes de chaque pays. à ce propos, nous souhaitons « du travail » car c’est la raison du salariat. Mais cela entraîne de nombreuses productions inutiles et sans valeur, au-delà de nos besoins. On pourrait travailler moitié moins, partager les emplois et consacrer un mi-temps de la vie aux activités sociales solidaires et occupations culturelles non commerciales. Il y aurait de l’ascèse (le mot de Xuan) voulue, choisie, mais aussi du souci du bonheur humain (au lieu de l’avoir toujours plus). Et non de l’austérité, de la pauvreté, de la grande inégalité. Ce qui est déjà la situation de bien des gens. Nous avons besoin d’un avenir désirable. Or la croissance et le travail ne sont pas désirables, mais la prison liée au salaire, et pas pour tous ! Le projet de socialisme doit affronter cette question. (Mon but n’est pas de faire de la provocation, même si le sujet comporte des questions litigieuses…)

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  • Denis Weill
    Denis Weill

    Merci de cette analyse extrêmement claire et concise.

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  • Lavallée Ivan

    Un secrétaire général du PCF avait avancé à une époque où on réfléchissait, le concept de « socialisme aux couleurs de la France ». C’est bien là l’idée qu’il y a un « noyau théorique » au concept de socialisme et que la mise en musique se fait en fonction des instruments dont on dispose. Si je veux tenter de cerner le « noyau théorique » définissant le socialisme, je pense qu’il faut partir de la production de valeur et du niveau de développement quantitatif comme qualitatif des forces productives (l’histoire de l’humanité, c’est celle de ses forces productives K.M.). Ce qui distingue une société d’une autre c’est la façon dont les marchandises y sont produites et échangées, c’est à cette aune me semble-t-il qu’il nous faut nous astreindre à « juger » de la qualité de socialisme.
    La forme capitaliste de production et d’échange a pu prendre des formes économico-politiques aussi différentes que la France de Mitterrand, celle de De Gaulle pour rester dans la seconde partie du XXe siècle, ou ailleurs celle de Pinochet. Je ne vois pas pourquoi dans ces conditions les FORMES d’existence du socialisme n’épouseraient pas les traditions, la culture des nations et peuples qui le construiraient. Le camarade Deng Xiao Ping qui a travaillé près de Montargis dans une usine de pneus s’en était ouvert à mon ami Max Nublat, et on peut peut-être considérer qu’une conception dogmatique du concept a conduit à la catastrophique intervention en Tchécoslovaquie où les camarades tchèques entendaient reprendre le cours de leur histoire aux couleurs de leur culture.
    Mais ce faisant, je ne cerne pas le concept de socialisme dont, pour moi (c’est déjà pas mal) le mot même contient la définition, c’est-à-dire la socialisation des moyens de production et d’échange. Pour ce faire, ça passe par l’expropriation du capital, c’est-à-dire la dictature du prolétariat indépendamment des formes que celle-ci peut prendre.
    J’ajoute que socialisme et communisme sont conceptuellement différents, mais c’est une autre histoire. J’ai tenté de cerner ces concepts et surtout le mouvement des forces productives qui ouvrent ces possibles depuis 2002 mais remis à jour en 2023 dans un ouvrage « Cyber Révolution & Révolution Sociale » éd. temps des cerises qui sera peut-être dispnible en anglais d’ici quelques temps.

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  • ON DÉTRUIT EN EUROPE, ON CONSTRUIT EN ASIE

    La politique de soumission de l’Europe aux Etats-Unis a conduit à la destruction des gazoducs entre l’Union européenne et la Russie. Non seulement cela nous a privé d’un gaz peu cher mais les Russes se sont rapidement adaptés à la situation en se tournant vers leur partenaire asiatique, la Chine. La Chine développe à très grande vitesse une industrie de plus en plus « verte » et forme des millions de travailleurs aux nouvelles technologies. Les pays de l’UE en acceptant de se soumettre aux Etats-Unis vont de plus en plus souffrir car avec les impérialistes américains la seule coopération possible sera de se transformer en fabriquants d’armes pour mener la guerre contre les puissances alliées Russie-Chine et celles du sud global qui militent pour la dédollarisation et un monde multipolaire. Les gens de droite et d’extrême-droite mais aussi une partie de la gauche française qui s’inscrivent dans l’illusion que les Etats-Unis sauveront la domination impérialiste occidentale sur le monde nous poussent à la guerre. La seule voie pour l’humanité est la paix et la coopération. Continuer à tirer des missiles sur le territoire russe décrédibilise l’Europe à l’échelle du monde comme on l’a vu lors du sommet du G20 où Biden et Macron n’ont pas réussi à placer leur déclaration d’agression militaire contre la Russie. Trump est conscient de cette nouvelle donne et il va s’employer à briser les BRICS et à concentrer ses provocations contre la Chine. Cependant la forte intelligence marxiste des dirigeants chinois va être mise en œuvre pour déjouer ces provocations en s’appuyant sur la théorie du « socialisme de marché » qui contraint les capitalistes au commerce plutôt qu’à un affrontement militaire destructeur. La pensée marxiste chinoise est l’une des plus dynamiques de notre temps et la négliger est une profonde erreur des forces de gauche européennes qui ne comprennent pas grand chose aux évolutions des forces productives mondiales et s’empêtrent dans des considérations politiciennes oubliant les enseignements de Marx selon lesquelles la matérialité de la production détermine la superstructure politique d’une société et que de la contradiction entre les deux se produisent les transformations. Or la désindustrialisation européenne est un problème majeure qui va affecter politiquement cette région du monde avec des bouleversements politiques considérables entre les classes. Alors que les BRICS sont en plein développement, que les Etats-Unis ne peuvent soutenir leur économie que par la domination d’autres nations et avec la suprématie du dollar, l’Europe en se soumettant à ces derniers au lieu de mettre le turbo pour coopérer avec la Chine et les BRICS va tout droit vers la catastrophe. Pour la paix et le développement économique et social, nous avons besoin d’un PCF qui prenne la mesure de ces bouleversements et sorte de décennies de tractations politiciennes à gauche pour poser en grand la question du socialisme pour la France, c’est à dire de la socialisation de la propriété des grands moyens de production sans laquelle nous ne pourrons développer des coopérations internationales mutuellement avantageuses.

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