Voilà un constat qui pourrait être utilement une forme sinon de conclusion de nos réflexions du weekend au moins de retour à un principe de réalité de la transformation historique que nous sommes en train de vivre. Plus on réalise le caractère dangereux, autodestructeur du déclin impérialiste y compris à travers ses marionnettes plus on rêve de l’urgence de la transformation mais le problème est souvent que nous en restons spectateurs… Et d’autant plus “radicaux” que nous sommes groupusculaires… Une sorte de “principe de consolation” qu’il nous faut dépasser non pas pour accuser ceux qui portent ces “illusions” gauchistes mais pour réfléchir ensemble au conditions réelles d’un mouvement de masse tel qu’il commence à surgir dans les luttes… Voilà donc ce qu’Afonine dit à des militants dans une école du parti et qui nous concerne tous y compris ceux qui ne sont pas au “parti” et ceux qui n’ont pas encore la conscience de cette nécessité. (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop)
https://kprf.ru/party-live/cknews/229829.html
Youri Afonine, premier vice-président du comité central du KPRF, s’est adressé aux étudiants de la 56e promotion du centre de formation politique du parti.
Youri Afonine a présenté au public le Xe Plénum du Comité central du KPRF, qui s’est tenu le 26 octobre 2024, et a souligné la grande importance de ce Plénum pour le travail du Parti. La première question examinée par le Plénum – la contribution historique du socialisme à la défaite du fascisme hitlérien et du militarisme japonais et les tâches des communistes à l’étape actuelle – oriente le parti sur le plan idéologique. Dans le rapport de Guennadi Ziouganov, président du comité central du KPRF, la contribution décisive du socialisme soviétique à la défaite de la peste brune du XXe siècle a été démontrée par un très grand nombre de documents factuels, et l’expérience de la lutte de l’URSS contre le fascisme a été très largement présentée. Bien sûr, cette expérience est d’une grande importance pour aujourd’hui, car notre pays doit à nouveau lutter contre la menace fasciste. Des propositions du programme du KPRF ont également été présentées, qui permettraient à la Russie de se renforcer et de remporter la victoire dans cette lutte. La deuxième question examinée par le plénum – la convocation du XIXe congrès du KPRF – pose des défis pour le travail d’organisation et de personnel du parti.
Un organisateur de parti doit avoir une très bonne maîtrise des questions politiques. C’est pourquoi le premier vice-président du comité central du KPRF a décrit en détail la situation politique générale du pays, le positionnement actuel des partis politiques et les campagnes électorales passées.
Parlant des campagnes électorales de 2024 et surtout de l’élection présidentielle russe, Yuri Vyacheslavovich a déclaré que ces élections se sont déroulées dans des conditions très particulières. Depuis plus de deux ans, notre pays est engagé dans des hostilités à grande échelle. Bien entendu, cela donne lieu à une attitude particulière des citoyens à l’égard de la politique. La tendance de la société à s’unir autour de la figure du président, perçu comme le commandant en chef suprême de l’État en guerre, devient de plus en plus évidente. Le parti au pouvoir utilise très activement ces circonstances. Tout est mis en œuvre pour renforcer le soutien du commandant en chef. Par conséquent, la tâche principale du KPRF lors des élections de 2024 était de confirmer son statut de principale force d’opposition dans la société russe, et cette tâche a été accomplie.
Le résultat des élections régionales de septembre 2024 a été sérieusement affecté par les efforts des autorités pour réduire le nombre de députés élus sur des listes de parti en faveur de circonscriptions à mandat unique. La CPRF s’y oppose, soulignant que ce processus sape le système partisan russe, mais que les responsables agissent de la sorte pour tenter d’obtenir à tout prix le résultat électoral qu’ils souhaitent.
Les campagnes électorales de l’année prochaine seront particulièrement importantes, car elles précéderont la campagne pour les élections à la Douma d’État de 2026.
Yuri Afonin a attiré l’attention sur le fait suivant : les données sociologiques montrent que le KPRF dispose d’une très grande réserve pour élargir son soutien électoral.
Yuri Afonin a attiré l’attention de l’auditoire sur les données suivantes issues d’enquêtes sociologiques. Depuis 1998, l’Institut de recherche sociale et politique de l’Académie des sciences de Russie mène une enquête dans laquelle la question suivante est posée aux Russes : dans quel type de société aimeriez-vous vivre ? Les réponses possibles sont : capitaliste, socialiste, autre.
Une nouvelle enquête menée cet été a donné les résultats suivants : 43 % des personnes interrogées ont déclaré qu’elles aimeraient vivre dans une société socialiste. Seuls 15 % se sont prononcés en faveur d’une société capitaliste, soit près de trois fois moins. 7% des personnes interrogées ont répondu « dans une autre société ». Et 35% ont eu du mal à répondre, ce tiers étant constitué de personnes à qui l’on a désappris à penser en catégories sociales claires.
La comparaison avec les résultats du même sondage en 2020 est très révélatrice. Le nombre de personnes souhaitant vivre dans une société socialiste a considérablement augmenté, passant de 26 % à 43 %. Le nombre de partisans du capitalisme a diminué d’une fois et demie, passant de 21 % à 15 %. Il semblerait que 2020 soit une année récente, mais depuis peu, le sentiment public en faveur du socialisme s’est stabilisé. Bien sûr, cela est dû à la nouvelle ère qui a commencé dans l’histoire de notre pays avec l’opération militaire spéciale.
Le premier vice-président du comité central du KPRF a déclaré : les gens ont senti que l’ancienne ornière capitaliste n’allait plus nulle part. Il est impossible de répondre aux défis historiques auxquels le pays est confronté dans le cadre du capitalisme. Et la demande de justice sociale est tout simplement devenue la plus forte.
Yuri Vyacheslavovich a souligné une autre demande sociale. En 2024, les évaluations positives de Lénine en tant que figure historique ont atteint un niveau record. Le Centre Levada, reconnu comme un agent étranger, a invité les Russes à répondre à la question suivante : « Quel rôle, selon vous, Lénine a-t-il joué dans l’histoire de notre pays ? 67 % des personnes interrogées ont qualifié le rôle de Lénine de « tout à fait positif » ou de « surtout positif ». Seuls 16 % des répondants ont évalué le rôle de Lénine de manière négative, c’est-à-dire plus de 4 fois moins. Depuis 2006, date du début de l’enquête, la somme des évaluations positives d’Ilyich est passée de 40 % à 67 %.
Youri Afonin a fait remarquer qu’un tel regain d’attitude positive à l’égard de Lénine a été possible en grande partie parce que, pendant les années de propagande anticommuniste la plus débridée, le KPRF et personnellement Guennadi Ziouganov ont fait tout leur possible pour que le nom de Lénine et ses idées restent dans la conscience du public. Aujourd’hui, la majorité des Russes partagent notre position.
Ainsi, a déclaré le premier vice-président du comité central du KPRF, il existe en fait une majorité dans la société russe moderne qui est pro-soviétique et considère le socialisme comme la structure optimale de la société. La question qui se pose est la suivante : pourquoi tous ces gens ne votent-ils pas pour le KPRF lors des élections ?
Youri Afonine a évoqué plusieurs raisons.
La première est que le KPRF se trouve dans une situation de blocage de l’information, et que les gens ne savent souvent que très peu de choses sur le travail des communistes. Des données frappantes issues d’une enquête menée par la société de recherche Russian Field montrent que seuls 3 % des Russes savent que le KPRF est à l’origine de la reconnaissance par la Russie des républiques populaires de Donetsk et de Lougansk. Et 40 % d’entre eux attribuent cette initiative à Russie Unie. Enfin, 3 % des Russes pensent que cette initiative a été prise par le LDPR, le parti libéral démocrate populaire de Russie. Il s’avère que la machine médiatique pro-gouvernementale a presque complètement bloqué cette information aux résidents du pays.
La deuxième raison est qu’une grande partie des habitants du pays sont captifs des mythes négatifs concernant le KPRF. Yury Vyacheslavovich a donné plusieurs exemples de ces mythes : le KPRF est un « parti de vieux », le KPRF est à la botte du pouvoir, les communistes sont uniquement occupés à préserver la mémoire de l’histoire soviétique, et ne se battent pas pour les intérêts des travailleurs vivant aujourd’hui. Tous ces mythes ne résistent pas aux faits, mais ils sont largement répandus parce qu’ils ont été créés et inculqués par nos adversaires pendant de nombreuses années.
Enfin, troisième raison : des dizaines de millions de nos concitoyens partisans du socialisme ne votent pas pour les communistes parce qu’ils ne croient tout simplement pas que les élections puissent changer quoi que ce soit. En psychologie, le concept d’« impuissance apprise » a été formulé il y a longtemps. Il s’agit d’un état mental dans lequel une personne fait l’expérience très négative d’un décalage entre ses actions et les résultats et se sent donc impuissante. Les personnes qui ont voté plusieurs fois aux élections, mais qui n’ont jamais vu la victoire de la force politique qu’elles soutenaient, qui n’ont vu aucun changement positif dans le pays, ont décidé qu’il était inutile de participer aux élections. Bien entendu, cet état d’impuissance apprise est favorable aux autorités, qui s’efforcent de le préserver.
Yuri Afonin a déclaré que le KPRF est confronté à une tâche historique de grande envergure : essayer de « réveiller » politiquement des millions de partisans du socialisme dans les années à venir et les mobiliser pour qu’ils participent aux élections.
L’un des outils utilisés à cette fin est l’application mobile KPRF ID. L’application informera largement sur le travail du KPRF aux niveaux fédéral et régional, permettra à l’utilisateur de tenir un calendrier des événements du parti et de rester en contact avec l’organisation du parti.
Yuri Vyacheslavovich a noté que l’application devrait d’abord être installée par les communistes eux-mêmes, et qu’ils essaieraient ensuite de la partager aussi largement que possible. Un communiste pourra dire à son parent, son ami, sa connaissance, son collègue, son voisin : « Installez-la, voyez ce que je vis ». Si nous pouvons obtenir des millions de téléchargements de cette application, le pays changera sérieusement.
À cet égard, Yuri Afonin a rappelé à l’auditoire la célèbre phrase de Lénine : « La politique commence là où il y a des millions ; pas là où il y a des milliers, mais là où il y a des millions, et c’est là que commence la politique sérieuse ».
Le premier vice-président du comité central du KPRF a également parlé en détail de la prochaine campagne de rapports et d’élections au sein du parti. Elle se terminera au printemps 2025. Cette campagne, a souligné Youri Afonin, ne doit pas être une action mécanique de réélection des instances dirigeantes, que le parti répète dans les termes établis par les statuts. Elle doit s’accompagner d’un rapport des plus sérieux sur le travail accompli. Tous les rapports doivent être analysés en profondeur. La campagne portera également sur l’élargissement des rangs du parti et le renforcement de ses cadres. Les organes de direction du KPRF à tous les niveaux doivent être renouvelés par des personnes qui peuvent et veulent travailler de manière efficace et moderne.
En conclusion, Youri Afonine a répondu à de nombreuses questions de l’auditoire.
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Gérard Barembaum
Merci à Marianne pour la traduction de ce remarquable rapport de Y.Afonine! Les indications sur l’aspiration au socialisme et l’impact de la figure de Lenine dans la Russie d’aujourd’hui sont fondamentales. Le vent d’Est l’emporte sur le vent d’Ouest ! Fraternellement.
Franck Marsal
C’est un texte qui donne de bonnes indications sur le travail que nous avons à mener ici même, les communistes russes sont très en avance sur la reconstruction de leur parti et cela se perçoit dans l’évolution même de la société russe.
On ne peut pas dissocier la progression de la sympathie pour le socialisme indiqué par les enquêtes sociologiques du travail très important mené depuis de longues années par le KPRF, tant au niveau de la théorie que de l’action pratique de terrain au sein des masses.
Le KPRF ne considére pas les mythes négatifs répandus par la bourgeoisie sur le KPRF lui-même ou sur la société socialiste comme des faits définitifs. Ce sont pour eux des axes de combat sur lesquels l’action sans relâche du parti peut et doit faire bouger les choses au fur et à mesure que le déroulement de l’histoire démonte la propagande adverse. C’est la bonne attitude.
Nous devons travailler systématiquement dans ces deux directions.