Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

A propos des BRICS : compromis nécessaire et/ou trahison, Kamenka et Lula, même combat? …

Xuan dans le courrier des lecteurs signale dans l’Humanité l’article de Kamenka sur les BRICS. Le responsable du secteur international de l’Humanité qui jusqu’ici a été le fidèle petit rapporteur des thèses de la CIA, de l’UE confondue avec l’OTAN, et qui ne s’est pas contenté de telles opinions mais a utilisé son poste à l’Humanité pour servir les projets terroristes de Ponomarev, le responsable de la “légion internationale” terroriste sévissant en Ukraine, aurait-il tout à coup été frappé par la grâce ? Non il est plus vraisemblable qu’il doit tenir compte de l’évolution du rapport des forces au sein du PCF (comme en témoigne le texte du CN sur l’Ukraine), de la réalité de la débâcle de ses amis, et donc de la nécessité de reculer mais sur quelles positions ? Nous sommes confrontés à ce que le léninisme nous apprenait à savoir qu’il est des compromis nécessaires et qui préparent le terrain pour d’autres avancées et il en est d’autres qui au contraire tablent sur la régression et la défaite. Ce qui vient de se passer au BRICS avec le veto mis par Lula au BRICS est une régression alors que le compromis passé entre l’Inde et la Chine ouvre des perspectives. Passer un compromis avec Boulet, Kamenka et d’autres relève du premier cas, reconnaitre l’évolution positive de la position du CN relève du second mais il faut penser tout cela dans une dynamique des buts et des moyens. Et dans ce cas, celui de la clarté sur les buts et le moyens stratégiques et tactiques on ne saurait confondre ce qui relève de la nécessaire unité d’un parti avec la négociation avec d’autres forces nationales et internationales.

le fond de l’affaire est simple, effectivement l’impérialisme américain et ses vassaux n’est plus totalement en situation de bloquer l’élan des BRICS, mais il cherche à avoir au sein de l’organisation des alliés de fait qui empêchent de créer un programme cohérent. On pense bien sur à la Turquie et l’Inde qui ne sont peut-être pas d’accord avec l’Occident sur toutes les questions. Mais ils ne s’alignent pas non plus totalement sur le camp de l’Est au sein des BRICS, le paradoxe est que le lien avec la Russie de Poutine est plus aisé et que celui donc avec la Chine peut être plus productif. Même si les occidentaux n’ont pas manifesté une grande opposition au petit jeu d’Erdogan. Mais le cas de Lula est nettement plus préoccupant parce qu’il fait partie de ceux qui exercent un droit de veto dans l’arrière cour diret des USA. Avoir de pareils facteurs de blocage en situation de blocage est-il aussi problèmatique pour les Brics que d’avoir Kamenka et Boulay à la direction de la presse et su secteur international du PCF? Les contradictions font plus parties des BRICS en tant qu”union multipolaire qu’elles ne devraient être acceptées au sein de la direction d’un parti communiste et c’est une question qui dépend des communistes eux-mêmes. En tous les cas, l’objectif est de gagner du temps en limitant la capacité des BRICS (comme celle du PCF) à forger un programme cohérent, à approfondir l’intégration et, en fin de compte, à lancer un défi crédible à l’ordre existant.

Voici donc le courrier de Xuan et les textes auxquels il fait allusion:

“Brics + : à Kazan, le Sud acte un ordre international sans l’Occident”
https://www.humanite.fr/monde/brics/brics-a-kazan-le-sud-acte-un-ordre-international-sans-loccident

précédé le 21 par « Nous respectons les politiques de chaque État » : comment la banque des Brics, l’anti-FMI, attire de plus en plus de pays

https://www.humanite.fr/monde/bresil/nous-respectons-les-politiques-de-chaque-etat-comment-la-banque-des-brics-lanti-fmi-attire-de-plus-en-plus-de-pays
Le virage s’effectue progressivement mais il signifie que la ligne atlantiste ne peut plus être soutenue.

Commentaires de D.B

j’ai plaidé ici pour le texte émanant du CN à propos de l’Ukraine en disant que c’était un compromis positif qui témoignait d’une dynamique et je renvoie à cette analyse.

A propos des BRICS il y a un autre compromis politique que l’on peut considérer comme la grande victoire de ce sommet à savoir le choix opéré par l’Inde et auquel la Chine a souscrit sans jamais mettre en cause ses fondamentaux. Nous avons vu que les communistes russes, les politiques et le peuple russe y voyaient là le grand cadeau que la Chine et l’Inde faisaient au sommet de Kazan.

Mais je n’en dirai pas autant de ce qui a terni la joie que l’on pouvait approuver à Cuba et dans toute l’Amérique latine face à ce sommet à savoir l’attitude indigne de Lula mettant son veto à l’intégration du Venezuela. Et c’est dans ce camp que l’on a envie de ranger la pseudo adhésion de Kamenka et des autres atlantistes de son espèce qui s’empresseront d’utiliser ce genre de division dans leur sens.

Oui! les BRICS ne peuvent être ignorés et on doit compter avec eux, la présence du secrétaire de l’ONU en témoigne, il n’a jamais été un foudre de guerre et à toujours prétendu incarner une troisième voie dont Lula vieillissant pour son déshonneur a incarné le combat d’arrière garde. Que penser d’une telle opposition faut-il la mettre en relation avec les élections municipales de ce dimanche qui l’opposent à Bolsarona qui conserve d’importantes positions au Bresil ? As-t-il décidé de faire la cour au centre, ce serait dangereux parce qu’il connait l’attachement de son soutien populaire à Cuba, au Venezuela? D’ailleurs visiblement Cuba et le Venezuela qui ne souhaitent pas la politique du pire limitent les critiques, il n’y a d’ailleurs pas que cet enjeu mais le vote en Uruguay et le retour de la gauche annoncée. L’analyse est que le temps joue pour la dynamique sud-sud et il ne faut pas marquer les camps mais nul doute qu’en coulisse se multiplient les explications dans la familiarité habituelle entre dirigeants d’Amérique latine.

Il s’avère que j’ai connu personnellement tous ces gens-là, je me souviens de Lula lors de la rencontre avec le commandant Marcos dans ce camp retranché de la jungle où nous nous enfoncions dans la boue. C’était la renaissance confuse de l’altermondialisme et de la lutte contre ce qui était désigné comme le néolibéralisme. Je me suis retrouvée ainsi à bien des rencontres et j’ai vu Chavez et Lula fonctionner en “couple” dans le refus de l’Alena, de la main mise des Etats-Unis sur l’Amérique du sud, le temps glorieux du bolivarisme, bien des rencontres avaient lieu à Cuba. Chavez et Lula fonctionnaient en couple : d’un côté le méchant, de l’autre le syndicaliste réaliste qui intervenait pour proposer une sortie de crise ouvrant la voie à d’autres conquêtes. Les BRICS sont nées aussi dans ce moule… J’ai ouvent parlé de ce texte au non alignés de 1983 de Fidel Castro, mais il fait également montrer le rôle joué par l’alliance entre pays producteurs contre les majors américains du pétrole joué par l’alliance dès 2002entre Poutine et Chavez, la manière dont ce dernier a oeuvré au sein de l’OPEP (il l’a probablement payé de sa vie et on peut être convaincu en effet que Chavez a été assassiné selon les méthodes de la CIA, celle de fait des maitres des USA, les pétroliers, les industries de l’armement, etc..) . Mais ils avaient tous ensemble jeté les bases des BRICS et refuser l’entrée du venezuela est de la part de Lula une invraisemblable trahison de son propre passé.

Parce que quand il y a eu avec l’assassinat de Chavez, les contrerévolutions avec l’achat et la corruption d’une partie de ceux qui avaient commencé l’offensive bolivarienne – le personnage de lénine Moreno en Equateur est le symbole de cette trahison- Lula a subi les attaques totalement injustes, a été emprisonné et ses soutiens indefectibles il les a trouvé essentiellement du coté de Cuba, du Venezuela, comme d’ailleurs lors du coup d’etat en Bolivie avec un assaut des fascistes pro-Etats-Uniens qui se poursuit. Le mexique est resté ce qu’il a été historiquement la patrie de Juarez, la sentinelle de nuestra America même s’il ne s’agit pas d’un gouvernement socialiste et n’a pas sollicité son adhésion au BRICS.

En s’opposant à la candidature du Venezuela, alors qu’il avait soutenu celle de l’Argentine, Lula qui n’a pas osé allé jusqu’au refus de la Bolivie et encore moins de Cuba dit effectivement que l’on ne peut pas ignorer ce que sont les BRICS mais qu’on peut les limiter à un projet complètement dépassé qui serait celui de l’eurocommunisme de jadis : dans ces alliances on trouverait des intérêts économiques mais on pratiquerait au plan politique un espèce d’équilibre qui comme on le voit sur le veto mis sur le Venezuela trahit toujours les combattants révolutionnaires au profit du bon gouvernement impérialiste supposé tel Biden, Harris avec des “méchants” dictateurs qui confondent Trump et Poutine, voire XI… Bref on en revient à la thèse de toutes les trahisons celle qui dénonce le totalitarisme, la dictature supposée en confondant les victimes et les bourreaux, l’OTAN et ceux qui lui résistent et in fine le nazisme et le communisme dit “stalinien”.

Il est à noter à quel point il existe le parallèle gauchiste à ce devoiement qui a profondément marqué certains partis et forces progressistes en Europe mais sur tous les continents, on retrouve des “gauchistes’ qui choisissent certains combats par exemple celui des Palestiniens, ou comme certains membres qui se définissent comme “communistes” au Venezuela mais qui font porter tous leurs coups sur Masuro et sa résistance à l’impérialisme avec toujours le thème de la “démocratie”… Il y a également ceux qui adoptent la thèse des deux impérialismes et en mènent les conséquences plus ou moins loin dans leurs soutiens politiciens, créent des groupuscules qui dévoient…

Il y a un critère : est-ce que l’emphase du discours correspond à des propositions concrètes et lesquelles?

Kamenka n’a pas changé d’un iota et la ligne de l’humanité sous sa houlette et celle de Fabien Gay reste ce qu’elle a été précedemment sous patrick le Hyirac en soutien officiel à Lula contre Cuba et le Venezuela ce qui les a conduit à soutenir en son temps Robert menard contre Fidel Castro.

Quand effectivement il leur est difficile de resister sur la ligne pro_otan qui est la leur , il s tentent de s’accrocher à une unanimité productrice de division comme le choix de Lula dans ces BRICS.

danielle Bleitrach

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3 Commentaires

  • Xuan

    Le sud global et globalement les BRICS s’opposent à l’hégémonisme US, mais ceci n’exclut pas les contradictions. L’Inde s’est aussi opposée à l’adhésion de la Turquie en raison de ses relations étroites avec le Pakistan, et Dmitri Peskov a rappelé l’importance de cette adhésion.

    Le parcours de la révolution chinoise peut nous nous donner des indications.
    Sun Yat Sen, un des fondateurs du Kuomintang, n’était pas communiste, pour autant il a joué un rôle révolutionnaire. C’est un précurseur de la révolution de démocratie nouvelle en Chine.
    Après la victoire de la révolution démocratique en 1911 il a été le premier président de la république de Chine. Il est connu pour sa philosophie politique, les trois principes du peuple : l’indépendance, la démocratie et le bien-être du peuple.
    Le Dr Sun Yat-sen en donna une interprétation nouvelle dans le Manifeste du 1er Congrès national du Kuomintang, en 1924.
    Sur la démocratie :
     Dans les Etats modernes, le système dit démocratique est le plus souvent monopolisé par la bourgeoisie et est devenu un simple instrument pour opprimer le peuple. Par contre, selon le principe de la démocratie du Kuomintang, le système démocratique est le bien commun de tout le peuple, et non quelque chose qu’une minorité peut s’approprier.
    Sur l’indépendance :
     « Toute entreprise, appartenant aux Chinois ou aux étrangers, qui a un caractère monopoliste ou dépasse, par son envergure, les possibilités d’un particulier, comme la banque, les chemins de fer et les transports aériens, doit être administrée par l’Etat, afin que le capital privé ne puisse dominer la vie économique du peuple. Tel est le sens fondamental du contrôle du capital ».
    Et dans son testament :
     le principe de base de la politique intérieure et extérieure:
    « . . . nous devons éveiller les masses populaires et nous unir, en une lutte commune, avec les nations du monde qui nous traitent sur un pied d’égalité ».
    C’est sur ces nouveaux « trois principes du peuple », qui visaient donc aussi l’alliance avec l’URSS, que s‘appuya le PCC. Et il avait noué une alliance étroite avec le Kuomintang.

    Mais en 1928 le Kuomintang dirigé par Tchiang Kai Chek, craignant la prise du pouvoir par le PCC, déclencha une sanglante répression contre lui puis plusieurs campagnes d’encerclement et d’anéantissement. Et il s’allia même avec le Japon contre les communistes.

    Deux plus tôt Mao Zedong avait défini la bourgeoisie nationale comme la représentante des « rapports capitalistes de production dans les villes et les campagnes chinoises ». Elle pouvait soutenir la cause de la révolution mais son aile droite pouvait aussi s’y opposer pour assurer le premier rôle, ce dont elle était incapable, et basculer dans le camp de l’impérialisme “Levez votre bras gauche pour écraser les impérialistes et votre bras droit pour écraser les communistes.
    Le PCC s’appuya alors sur l’immense paysannerie pauvre et constitua une armée. Bon gré mal gré le Kuomintang dut rejoindre le Front Uni Antijaponais du Parti Communiste Chinois et s’opposer à l’invasion japonaise.

    On représente parfois les dirigeants du sud global comme des dictateurs autocrates, ou inversement comme des révolutionnaires dans un pays socialiste. Ce sont deux vues fondamentalement erronées.
    Est-ce qu’en Russie nous ne trouvons pas aussi des rapports dialectiques d’unité et de lutte entre Russie Unie et le KPRF ?
    A l’exception des pays authentiquement socialistes, ces dirigeants ressemblent parfois à ceux du Kuomintang parce qu’ils sont issus de la même classe, et dans les mêmes circonstances ils s’opposent à l’impérialisme.

    C’est la direction du parti communiste qui peut mener la révolution de démocratie nouvelle à son terme, et non la bourgeoisie nationale. Mais celle-ci peut se joindre à cette révolution dans certaines conditions. La situation actuelle due à l’hégémonisme US aboutit généralement à l’unité des nations et des peuples contre lui dans le sud global. C’est un processus irréversible.

    Quant à Kamenka, pourra-t-il manœuvrer et tirer le PCF en sens inverse ? Cela dépend d’abord des communistes eux-mêmes, l’avenir leur appartient.

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  • koursk
    koursk

    Le véto de Lula contre l’adhésion aux BRICS du Vénezuela de maduro est une épine pour les BRICS, mais ça n’empêchera pas la Russie et la Chine de soutenir fortement le Vénezuela et son président Maduro, contre le blocus imposé par le gang des multimilliardaires qui veut s’approprier la manne pétrolière du pays *** Mieux vaut Le pétrole reste entre les mains de l’état vénezuelien, plutôt qu’être livré à la spéculation des marchands de tapis.

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  • Xuan

    Selon Telegram
    Le Brésil renonce à rejoindre l’initiative chinoise « Belt and Road » mais laisse la porte du financement entrouverte

    Le Brésil a décidé de ne pas adhérer à l’initiative chinoise « la Ceinture et la Route » et de chercher plutôt d’autres moyens de collaborer avec les investisseurs chinois, a déclaré un haut conseiller du gouvernement.

    Selon Celso Amorim, conseiller présidentiel spécial pour les affaires internationales, l’objectif est d’utiliser une partie du cadre de la ceinture et de la route pour trouver une « synergie » entre les projets d’infrastructure brésiliens et les fonds d’investissement associés à l’initiative, sans nécessairement rejoindre officiellement le groupe.

    Cette décision va à l’encontre des projets de la Chine, qui souhaitait faire de l’adhésion du Brésil à l’initiative une pièce maîtresse de la visite d’État du président Xi Jinping à Brasilia le 20 novembre.

    Mais des fonctionnaires des ministères brésiliens de l’économie et des affaires étrangères ont récemment exprimé leur opposition à cette idée.

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