Le discours idéologique dans lequel on tente de nous enfermer est qu’il n’y aurait pas d’alternative à la politique qui va nous être imposée par le syndic de faillite de l’UE, Michel Barnier. Il est tout à fait fascinant de voir comment les mêmes qui sur LCI nous ont vendu la victoire de l’Ukraine contre la Russie, nous ont convaincu de voir en la Russie le criminel agresseur de février 2022, en gommant tout le contexte, aujourd’hui font la même opération à propos du 7 octobre 2023 en Israël. Dans tous les cas il n’est pas recherché les causes et donc une issue mais le massacre de tous les peuples. Qui peut ne pas voir que nous sommes devant une situation de “terrorisme” d’État qui ne pourrait pas exister sans le rôle déterminant des USA et de leurs vassaux européens, et que les Ukrainiens comme les Israéliens ont choisi l’autodestruction. La fin d’une nation mythifiée dans le chauvinisme en tuant le voisin, l’autre soi-même jusqu’à son propre anéantissement. Est-ce un hasard si ceux qui tentent de nous convaincre du bien fondé de tels drames, sont les mêmes qui se lancent dans d’obscures démonstrations sur le caractère incontournable des politiques économiques ?
Nous partageons cette réponse de Xuan à un commentaire :
Pour parler aux masses il faut d’abord connaître pratiquement leurs besoins, être lié aux masses et vivre leurs souffrances.
Mais pour savoir où se diriger et savoir quelles revendications, quels mots d’ordre sont justes, il faut connaître les causes et étudier la théorie.
La cause fondamentale des violences, de la drogue, du lumpen prolétariat, de la désindustrialisation, de la paupérisation, de la prolétarisation, de l’accumulation des profits pour une infime minorité, du fascisme, de la guerre et de la soumission à l’hégémonisme… c’est le capitalisme.
Quelle est l’issue ?
On ne peut pas séparer la lutte permanente pour les salaires, l’emploi, les retraites, la paix… de l’objectif du socialisme.
Sinon il faut adhérer à la CFDT et au PS
Le socialisme aujourd’hui se joue très concrètement y compris dans le type de mondialisation qui est privilégiée sur le plan théorique.
Marx voit dans le capitalisme y compris dans ses crises périodiques un mode de production qui est à la fois atroce dans son pillage des êtres humains et de la nature mais est aussi facteur d’émancipation. Il voit dans le travail des femmes et des enfants à l’usine la destruction de tous les liens les plus “sacrés” mais aussi la rupture avec les formes de soumission patriarcales, comme le prolétaire débarrasse l’humanité de ses chaînes.
Il voit de la même manière dans la mondialisation capitaliste une manière de détruire ces poches d’autarcie réactionnaires dans lesquelles la classe paysanne demeurait enfermée avec l’image bien connue d’une classe paysanne “sac de pomme de terre”. Ces analyses de base étant posées, il faut aussi éviter d’enfermer l’analyse marxiste dans ces caricatures, Marx et Engels sont toujours attentifs à la manière dont des formes archaïques, qu’il s’agisse du vol des bois, l’étude par laquelle Marx commence sa carrière de journaliste ou de l’étude du Mir russe de Marx en fin de carrière ou de la passion pour les travaux de l’ethnologue Morgan, jamais Marx et Engels ne transformeront leur analyse des formations sociales dans l’étroitesse du dogme.
Il n’en demeure pas moins qu’ils resteront fidèles au rôle historique émancipateur de la mondialisation y compris capitaliste avec toujours le primat de l’analyse concrète et le léninisme qui imprègne toutes les révolutions socialistes accentuera encore le caractère dialectique de l’analyse marxiste, c’est-à-dire le primat des processus de transformation et la mise en évidence des contradictions à l’œuvre vers quel but, et si le socialisme est la transition comment s’articule le projet vers le communisme, la stratégie avec des tactiques concrètes.
Déjà Lénine dans le sillage de Marx a mis en évidence l’impérialisme stade suprême du capitalisme avec la concurrence des monopoles et les élites puissantes qui prétendent gouverner le monde, en contrôler les médias, les formes d’organisation pour jeter les peuples les uns contre les autres ce qui ne peut se réaliser que par la destruction de nations entières, de l’extérieur autant que de l’intérieur.
Le paradoxe de cette situation est que la mondialisation capitaliste, qui a eu un rôle progressiste en créant des échanges et des liens, en perçant les “poches d’autarcie” archaïques et réactionnaires, en créant les conditions d’une coopération entre les nations, les voyages, les échanges de population est en fait transformé en son contraire : multiplication des affrontements identitaires, migration de réfugiés et migrants illégaux.
Aujourd’hui nous présentons des articles qui mettent en évidence cette transformation de la mondialisation capitaliste à son stade ultime de l’impérialisme. Par exemple, il y dans cette description d’une communauté urbaine et des réactions de ses habitants d’origine africaine ou latino quelque chose qui montre que le cœur du capitalisme, les Etats-Unis sont la proie des mêmes contradictions que celle de la mondialisation capitaliste made in USA. La question d’une autre “mondialisation” qui surgit avec les BRICS, le rôle de la Chine n’est pas “secondaire”, elle est au cœur même de la crise politique, économique, culturelle de nos sociétés.
Il y a également un article qui du point de vue des grands investisseurs capitalistes (au stade des monopoles financiarisés) s’interroge sur la capacité de la Chine de continuer à impulser la mondialisation et à garantir donc le non effondrement boursier qui menace depuis la crise hégémonique des USA. Il faut voir à quel point ces investisseurs ne s’inquiètent pas pour la Chine mais pour ce qui est aujourd’hui la seule garantie du non effondrement de la mondialisation et des formes de coopération indispensable.
Pour le moment le grand attrait de cette “mondialisation” gagnant-gagnant si l’on en croit l’inquiétude générale face à la “crise” est qu’elle est le seul rempart à l’effondrement de l’impérialisme occidental. La course à l’adhésion aux BRICS n’est pas de l’hostilité militante à de rares exceptions près face à l’impérialisme US mais simplement une manière de se protéger de l’effondrement financier autant que des ruines accumulées dans les guerres par procuration.
Donc ce choix d’une autre mondialisation se présente comme “identitaire”, elle est la garantie d’un véritable multiculturalisme dans lequel les Nations restent ce qu’elles sont, ce qui donne au mouvement l’allure paradoxale d’une résistance du sud sur des bases qui peuvent être nationalistes, religieuses parfois fascistes comme l’est la mondialisation impérialiste avec la recherche de compromis. Pourtant, cette mondialisation a surgi comme une réaction au “néo-libéralisme” qui a été une formidable régression dans laquelle les inégalités initiales n’ont cessé de se creuser et la démocratie “un permis de tuer” celui qui s’oppose à ce processus destructeur. Le rôle joué par la Chine et même les partenariats stratégiques noués avec la Russie, l’Iran, la Corée du Nord, Cuba et tous les pays frappés par des sanctions et des blocus doit être analysé autrement que dans les “dogmes” d’un simple affrontement inter-impérialiste.
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Xuan
La question qui se pose à nous, peut-être bientôt urgente, est celle du rapport entre le protectionnisme et l’ouverture à la nouvelle mondialisation.
La transformation qu’on observe ici et dans d’autres pays européens c’est l’ascension du nationalisme, avec des orientations contradictoires d’ailleurs, en parallèle avec la contradiction entre l’atlantisme et les BRICS.
C’est peut-être un des aspects les plus importants du débat ou plutôt de l’empoignade politique qui peut secouer notre pays.
Contre l’avis des constructeurs allemands, de l’Allemagne, de la Hongrie, de la Slovaquie, de la Slovénie et de Malte (l’Espagne s’est abstenue), l’UE impose des taxes sur les véhicules électriques chinois.
Le RN comme la clique atlantiste qui dirige l’UE sont hostiles au rapprochement avec les BRICS, et ce repli sur soi ne peut que soumettre davantage notre pays à l’hégémonisme, l’isoler de la recherche et du progrès, le mettre hors jeu dans les échanges économiques mondiaux. Selon le PDG de BMW Oliver Zipse, la taxation des VE chinois est “un signal fatal pour l’industrie automobile européenne”.
Les producteurs de spiritueux s’inquiétaient aussi par avance des mesures de rétorsion, mais la conséquence la plus immédiate est le prix élevé des ces véhicules, alors que les ventes stagnent dans toute l’Europe et que les jeunes conducteurs se tournent plutôt vers les voitures thermiques de 15 ans et plus, tant qu’ils ont encore le droit de les utiliser.
Nous pensons évidemment à la nécessité de réindustrialiser notre pays, de développer les nouvelles technologies et de former leurs techniciens et leurs ingénieurs.
On se doute que la bourgeoisie n’est pas capable de se diriger sérieusement dans cette voie parce que le profit et la spéculation financiers sont ses raisons d’être et ses objectifs fondamentaux.
Mais on devine que le rééquilibrage nord – sud dans l’immense vase communiquant qui s’ouvre, et pour ce qui nous concerne dans le cadre du capitalisme monopoliste d’Etat, va rapidement occasionner un bouleversement inégalé de nos conditions de vie et de travail.
Le report du dérisoire « rattrapage » des retraites, le blocage des salaires, le remboursement diminué des médicaments les plus utilisés, la fin des 35 heures et le projet de travailler plus sans compensation, le risque d’une nouvelle hausse des carburants à cause des conflits, etc. ne sont qu’une pâle mise en bouche de ce qui nous attend dans une ambiance de division largement orchestrée entre les races, les religions et les générations, et toutes les failles que la bourgeoisie pourra exploiter dans le peuple.
Simultanément le RN étend son emprise sur un gouvernement à bout de souffle.
Comme nous l’avions tous annoncé ici, et je crois Jean Claude Delaunay le premier, le NFP se délite comme du papier torchon sous les pluies d’automne. Au fond est-ce une mauvaise ou une bonne chose ?
Il vaut mieux que l’objectif soit clair plutôt que de se trouver au carrefour de voies sans issues. Glucksmann s’est écarté ? Le revenant Hollande ramène sa fraise? Tant mieux, il est temps de laisser tout ce beau monde se chipoter comme les ministres de Macron, ce n’est pas notre monde.
Plus que jamais il faut désigner l’ennemi fondamental dans notre pays, pour unir et organiser le peuple. Mais il me semble nécessaire d’approfondir nos réflexions sur le rapport entre protectionnisme et développement, à la fois dans la lutte contre la bourgeoisie de notre pays et dans notre programme de socialisme français.
Franck Marsal
Tout à fait d’accord avec toi sur ce qui nous attends, sur le socialisme français, incluant la réindustrialisation et la modernisation accélérée indispensable de notre appareil productif.
Je ne sais pas si le terme de “protectionnisme” est adéquat, même si sortir du libre-échange est nécessaire. La France a besoin de ressources qu’on ne trouve qu’à l’étranger et elle a donc besoin de vendre pour pouvoir acheter. Ses industries majeures sont fortement internationalisées, à la fois dans leur structure capitaliste (environ 40% des actions du CAC 40 sont détenues par des non-résidents) et dans l’organisation de leur production.
Il me semble donc que l’enjeu n’est pas directement dans le contrôle direct du commerce extérieur que dans l’harmonie du développement entre le national et l’international. Cela passe surtout par le contrôle des flux d’investissement et le développement massif de l’investissement intérieur. Cela pose aussi la question de la juste valeur de la monnaie, le contrôle donc fort sur le système financier intérieur.
Le plan climat du PCF, qui est à mon avis un des documents économiques les plus sérieux à notre disposition au sein du parti, prévoit d’augmenter les investissements d’environ 180 milliards d’euros par an. C’est considérable. La Formation Brute de Capital Fixe tourne autour de 600 milliards, c’est donc 30 % de plus. Il faudra aller les chercher avec les dents, comme on dit.
Staline avait bâti l’industrialisation de l’URSS sur la collectivisation de l’agriculture et les faits, notamment la victoire de l’URSS contre l’Allemagne nazie, montrent que cela a permis une industrialisation solide et puissante. Je pense que la création d’Edf, le développement des capacités de productions électrique en France ne sont pas étrangères au redressement du pays après 1945. La question est : quel moteur économique et social pour un nouveau cycle de modernisation, cette fois socialiste disons “de marché” pour la France après la crise actuelle ?
Il faut bâtir un nouveau système productif, qui sera nécessairement très socialisé, très intégré, très automatisé et qui devra permettre à mon sens de passer par-dessus l’individualisme consumériste dans lequel notre pays se perd. Une planification massive des besoins collectifs, en termes de logements, transports, énergie, permettrait des sauts qualitatifs dans le développement, au détriment des vieux préjugés petits-bourgeois propriétaires typiquement français.
Je suis frappé en consultant l’avancée des combats dans le Donbass, de voir l’urbanisation très modernes, avec ces citadelles de hauts immeubles en centre ville, aux milieux de vastes espaces verts collectifs, et ce dans un large réseau de gros villages et de villes moyennes. Pour rester sur le niveau du plan climat, je pense que la possibilité d’une massive “rénovation énergétique des bâtiments” est surestimée par tout le monde. Il y aura de nouvelles générations urbanistiques, qui remplaceront en partie l’énorme masse de logements individuels pavillonaires construits dans d’invraisemblables périphéries des grandes métropoles depuis plusieurs décennies. De larges réseaux de transports et un parc de robotaxis à grande capacité permettront de se déplacer sans ces dizaines de millions de voitures individuelles inefficaces et structureront une répartition en réseau de villes beaucoup plus homogène de la population. L’agriculture individuelle à bout de souffle sera remplacée par des grandes coopératives intégrées, disposant des moyens de transformation nécessaires adaptés à la population qu’elles desserviront. Un nouvel équilibre entre vie individuelle et vie collective pourra être établi sur cette base.
En travaillant dans cette perspective, on ne résorbera pas facilement la contrainte extérieure, mais on pourra la situer dans une perspective de mieux vivre collectif, et de nouvel équilibre de vie, dans un espace où nous pourrons en gérer les contradictions durant la période de transition nécessaire.