Les communistes partout sont ceux qui en reviennent aux fondamentaux, le “déclin”, et la démographie le traduit, n’a pas de solutions “réactionnaires” conservatrices… Alors que la censure interdit aux Français de connaitre les positions des communistes russes par rapport aux “choix” de Poutine et que la presse dite communiste se fait complice de cette censure, nous avons avec ce texte d’Afonine la démonstration de ce qui différencie totalement des patriotes communistes des oligarques se réfugiant derrière le conservatisme. Cet enjeu est aussi le nôtre à nous communistes français et il participe plus largement de ce qui nait avec le monde multipolaire. Nous devons exiger de participer à une telle réflexion sur le devenir de l’humanité. Qu’on le veuille ou non actuellement il n’y a pas d’autre force politique que le PCF en capacité de vaincre cette censure qui nous asphyxie et nous livre à une classe capitaliste de plus en plus mortifère… (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop)
https://kprf.ru/party-live/cknews/228870.html
Ces dernières années, le taux de mortalité en Russie a largement dépassé le taux de natalité. La société se rend compte que ce phénomène est extrêmement dangereux. Le pays s’éteint. La société vieillit. La population autochtone est remplacée par des migrants.
Au cours des derniers mois, des hommes politiques de différentes tendances ont formulé une multitude de propositions pour remédier à la situation démographique. Ils proposent notamment de faire revivre les valeurs traditionnelles, d’éradiquer l’idéologie “child free” en Russie, d’interdire l’avortement, de déplacer les Russes des villes vers les campagnes, etc.
Cependant, une enquête menée par les sociologues du groupe de recherche Russian Field a montré que les Russes considèrent la pauvreté et les problèmes financiers comme les principaux obstacles à la procréation. C’est l’option choisie par 62 % des personnes interrogées. Les deux autres réponses les plus populaires sont « la situation politique et économique instable du pays » (23 % des personnes interrogées) et « le manque de logements, l’augmentation des prix et des conditions de vie » (16 % des personnes interrogées). Toutes les autres options ont obtenu 5 % ou moins.
Ces données confirment une fois de plus ce que les communistes disent depuis de nombreuses années et ce que le leader du KPRF, Guennadi Ziouganov, a répété à plusieurs reprises à la tribune de la Douma d’État. La principale raison pour laquelle la Russie est tombée dans un trou démographique est le capitalisme. Ce n’est pas une coïncidence si le taux de mortalité a dépassé le taux de natalité pour la première fois en 1992, lorsque les réformateurs capitalistes ont commencé leur « thérapie de choc ». Le capitalisme a plongé une grande partie de notre peuple dans une pauvreté désespérée. Il « optimise » les soins de santé et l’éducation, c’est-à-dire qu’il détruit l’infrastructure sociale qui permet d’élever les enfants normalement. Il génère des crises qui font périodiquement s’effondrer les indicateurs économiques, y compris le niveau de vie, et privent les gens de toute confiance en l’avenir.
Les autorités sont très réticentes à reconnaître cette amère vérité. C’est pourquoi les politiciens pro-gouvernementaux, en règle générale, cherchent une solution au problème démographique dans n’importe quel domaine, à l’exception du domaine économique.
Entre-temps, la situation s’aggrave. Selon Rosstat, 599 000 enfants sont nés en Russie au cours du premier semestre 2024. La mortalité a dépassé le taux de natalité de plus de 320 000 personnes. Avec un tel taux de natalité, on peut s’attendre à 1,2 million de naissances par an, ce qui sera inférieur à toutes les années de l’ère Eltsine, considérée à juste titre comme un terrible gouffre démographique. À titre de comparaison, dans la RSFSR des années 1980, le taux de natalité atteignait 2,5 millions de personnes, c’est-à-dire qu’il était DEUX fois supérieur à ce qu’il est aujourd’hui.
La propagande officielle aime à mettre tout sur le dos de « l’écho » des années 1990. Elle affirme que les quelques générations nées dans les années 90 ont atteint l’âge de procréer et que, par conséquent, peu d’enfants naissent dans le pays. Bien sûr, ce phénomène existe, mais ce n’est pas une réponse tout à fait honnête à la question des causes du faible taux de natalité actuel. Le fait est que l’indice global de fécondité est très bas et qu’il ne dépend pas de la structure d’âge de la population, du fait qu’il y ait beaucoup ou peu de femmes en âge de procréer. Ce coefficient indique en fait le nombre d’enfants qu’une femme met au monde au cours de sa vie. Ce coefficient est actuellement de 1,4, et pour la simple reproduction de la population, il est nécessaire d’en avoir une fois et demie plus, soit environ 2,1.
Pourquoi le taux de natalité est-il si bas ? Je citerai les principales raisons.
Il n’y a pas de logements disponibles pour les jeunes familles. L’âge moyen d’un emprunteur hypothécaire est d’environ 40 ans. Et regardons aussi : qu’est-ce que la plupart des gens peuvent acheter avec un prêt hypothécaire ? Ces dernières années, près de la moitié des appartements mis en vente sont des studios et des F2. Ce sont des appartements pour une personne seule, au mieux pour un couple, mais pas pour plusieurs enfants.
Deuxièmement, les dépenses liées aux enfants sont élevées. Le VTsIOM a récemment publié une enquête sur le coût de la préparation des enfants à l’école. Il s’est avéré qu’en moyenne, les familles dépensent 53,5 milliers de roubles à cet effet. En 2022, ce montant était de 38 000 roubles. En seulement deux ans, l’augmentation est de 40 %. Ce chiffre est deux fois plus élevé que l’inflation officielle pour les mêmes années, qui est d’environ 20 %. Pourquoi ? Pourquoi les prix des articles pour enfants et des articles scolaires grimpent-ils en flèche, sans que l’État ne réagisse ?
Dans les écoles secondaires, l’éducation est en fait payante, car la nécessité de former les enfants aux « devinettes » de l’EGE [examen de fin d’études secondaires basé essentiellement sur des QCM, NdT] oblige presque toutes les familles à embaucher des répétiteurs. En Russie, la plupart des étudiants suivent des études payantes.
La médecine. La soi-disant « optimisation » a sérieusement réduit la disponibilité des soins médicaux publics. Dans le même temps, le chiffre d’affaires de la médecine payante augmente d’année en année. Les enfants doivent souvent être soignés sur une base payante.
Et surtout, le capitalisme a complètement privé les gens de leur confiance en l’avenir. C’est pourquoi nos compatriotes ont peur d’avoir des enfants ou de donner naissance à plus d’un enfant.
Depuis de nombreuses années, les partisans du capitalisme véhiculent avec force le mythe selon lequel la natalité n’est en rien stimulée par un niveau de vie élevé et des garanties sociales. Au contraire : il y a plus d’enfants qui naissent dans les pays pauvres. Seules les traditions nationales et religieuses seraient importantes pour la fécondité. Mais c’est un mensonge. La dépendance de la fécondité par rapport au niveau de vie est très complexe. Oui, il y a des pays africains pauvres qui ont des taux de natalité très élevés, mais ils vivent encore, en fait, dans une société traditionnelle. Mais en Russie, il existe des exemples clairs qui montrent clairement que la fécondité réagit à un niveau de vie élevé et à des garanties sociales. Si, dans l’ensemble de la Fédération de Russie, l’indice synthétique de fécondité est actuellement de 1,4, dans le district autonome de Yamalo-Nenets [dans le grand Nord, région riche en pétrole et qui attire de nombreux ingénieurs, NdT], il dépasse 1,9, c’est-à-dire qu’il est presque une fois et demie plus élevé que la moyenne nationale. Il est même plus élevé qu’au Daghestan et en Ingouchie [deux régions du Caucase, NdT], où le nombre d’enfants est traditionnellement élevé. D’où vient un tel taux de natalité ? De salaires élevés, d’un haut niveau de garanties sociales et de la possibilité d’acheter une maison sans avoir à travailler trop dur financièrement.
Inutile d’inventer des utopies comme la réinstallation massive des citadins russes à la campagne. Ouvrez les annuaires de Rosstat [Institut de statistiques, NdT]. Ces dernières années, le taux de natalité de la population rurale en Russie est même inférieur à celui de la population urbaine. Par conséquent, la réinstallation à la campagne ne sera d’aucune utilité en soi. Il est nécessaire de créer des conditions normales pour que les gens puissent vivre dans n’importe quel habitat.
Il n’est pas non plus réaliste de réclamer des recettes miracles qui permettraient à chaque famille russe de donner naissance à 5 ou 7 enfants, comme c’était le cas il y a des siècles. Il est impossible de revenir à la société traditionnelle. Des données issues d’enquêtes sociologiques montrent que la plupart des gens souhaitent aujourd’hui avoir 2 ou 3 enfants. Ils le souhaitent, mais ne le peuvent pas en raison de problèmes financiers et de la peur de l’avenir.
Les autorités publiques sont tenues de créer les conditions sociales permettant aux Russes d’avoir les 2 ou 3 enfants désirés. Avec un tel taux de natalité, il n’y aura pas d’extinction et il ne sera pas nécessaire de faire venir des travailleurs immigrés.
De quoi avons-nous besoin en premier lieu ?
Nous avons besoin d’un grand nombre de logements disponibles pour les jeunes familles. Et non pas des chambres individuelles et des studios, mais des appartements normaux pour les familles avec enfants. Nous avons besoin d’un accès total à l’éducation et à la médecine. Nous avons besoin d’une garantie d’emploi dans une spécialité avec un salaire décent. Nous avons besoin de confiance en l’avenir.
Le programme du KPRF vise à répondre à tous ces besoins. Et tout cela ne peut être réalisé qu’en revenant sur la voie socialiste du développement.
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