Aujourd’hui dimanche, jour de détente et de réflexion, nous nous interrogeons sur la manière dont l’hypocrisie bourgeoise et ses relais colonialistes ont prétendu créer une légitimité de leurs interventions “moralisatrices” sur les individus comme sur les nations, pour mieux les piller, les détruire en leur ôtant leur souveraineté. Comme l’analyse marxiste traditionnelle (mais Diderot et Gracchus Baboeuf ne sont pas loin), la bourgeoisie proclame les droits de l’homme et du citoyen, mais aussitôt les assortit du droit du propriétaire à l’abus sans limite, qu’il s’agisse du droit civil sur la femme et l’enfant, le serviteur domestique, voire l’esclave colonisé, ou plus fondamental encore le droit du propriétaire des Moyens de production à user et abuser de la force de travail pendant la période déterminée où le travailleur la lui a vendue contre salaire. On retrouve le même principe dans la colonisation et tout cela repose sur la légitimité du propriétaire, de l’autorité à établir un usage qui est la violation du droit. L’antagonisme est permanent autour de l’interprétation du droit et le viol qui lui est fait suivant les rapports de force. Cet antagonisme est à l’œuvre aujourd’hui dans le monde multipolaire avec en particulier les refus de la Chine.
Pour la Chine “l’ingérence” commence avec la simple demande de renseignement sur ses affaires intérieures, et sa position devient contagieuse au sein du monde multipolaire avec en particulier le bras d’honneur russe…
L’ingérence affirmée à partir du “Kosovo” et de la Yougoslavie puis étendue à toutes les interventions de l’empire occidental, n’a jamais été prévue par aucun texte international. L’idée s’inscrit même en faux face à l’article 2 alinéa 7 de la Charte des Nations Unies qui est le principe posé fondamental pour que règne (selon Kant et la Charte) la paix entre les nations républicaines (ayant une Constitution mais l’idée de république ne définit aucun régime y compris monarchique, simplement que par sa constitution le gouvernement est chose publique) le principe intangible est celui de la non intervention dans des “affaires qui relèvent essentiellement de la compétence d’un Etat.”
L’ingérence est une manifestation d’intervention de la communauté internationale dans les affaires d’un pays passant outre son accord. On se souvient du rôle de Kouchner au Kossovo pour proclamer ce “droit d’ingérence” totalement bidon et qui correspond effectivement à un viol de la légalité internationale par l’OTAN en Yougoslavie. Un viol qui ne devait rien au hasard mais tout à la chute de l’URSS et à la fin d’un équilibre des forces… souvenez-vous à quel point l’opération a été clairement dirigée contre la Serbie pays socialiste plus ou moins proche de la Russie, avec des bombardements contre les populations civiles et contre l’ambassade de Chine.
L’ingérence, viol arbitraire de la légalité internationale définie de la Charte des nations unies se distingue de “l’assistance” qui elle a été sollicitée de la part d’un État. Si l’on prend le cas de la Syrie, la “coalition” alliée est une “ingérence” et l’intervention russe est de “l’assistance”.
Pour qu’existe l’ingérence comme une sorte de jurisprudence sinon légale du moins ayant une façade de légitimité telle qu’elle puisse engendrer d’autres actions illégales des blocus, des sanctions, des coalitions, etc… il a fallu établir tout un contexte institutionnel et de propagande en utilisant en dernier ressort le dollar, la force militaire des Etats-Unis, les bases, l’arsenal, mais aussi un monopole de propagande que par censure l’occident tente de restaurer dans sa maitrise totale de l’information.
Le fond était d’assortir la toute-puissance des États colonisateurs puis impérialistes néo-coloniaux de la construction d’une “opinion publique”. La communauté internationale devenant un groupe d’états capitalistes en situation impérialiste (le G7) autour desquels se construisait une dépendance clientéliste bénéficiant d’une “opinion publique” internationale sensibilisée par les médias autour des questions relatives aux droits de l’homme. Le tout prenant de plus en plus de place dans les relations diplomatiques. Ce dispositif qui culmine dans les révolutions de couleur n’a rien de spontané, un budget lui est officiellement attribué. Il a permis que depuis une trentaine d’années la notion de devoir ingérence humanitaire et les catastrophes qu’elle engendre se substituent au principe de souveraineté de l’article 2 alinéa 7 de la charte des nations Unies qui en droit international reste actuellement le seul légal.
Ce dispositif utilisant la force des États impérialistes, leurs coalitions ad hoc assorties de la pression organisée de campagnes dans l’opinion publique cherche au maximum à constituer un droit à partir de “populations réprimées” par un État. Là aussi les faits ont éclairé les intentions et ce qui s’est passé en Libye (après avoir été utilisé systématiquement en Amérique centrale, en Afrique, en Asie) a témoigné du fait que premièrement les interventions de “la communauté internationale” avaient un but plus politique (se débarrasser d’un dirigeant soucieux de la souveraineté sur les ressources du pays et entrant dans des réunions internationales “suspectes”) qu’humanitaire. Que ces interventions non seulement transformaient le pays en ruine et chaos mais de surcroit étaient à la base du boomerang du terrorisme international dans des circuits mêlant les flux énergétiques, les trafics d’armes et de drogue.
Enfin, quand ces États ont été totalement réduits à la ruine comme leur pays, l’ingérence humanitaire prend encore de la pertinence. A ce titre, il y a une date marquante : celle de la résolution 688 du 5 avril 1991 du Conseil de sécurité de l’ONU qui a fait de l’Irak une terre ouverte à laquelle il était demandé l’ouverture permanente de son territoire en vue de porter assistance aux Kurdes ne prend sens que dans la guerre du golfe et la chute de l’URSS.
En conclusion, je voudras insister sur deux faits incontournables. Quand la Chine suivie par de plus en plus d’Etats-nations met très haut la barre du refus de l’ingérence en dénonçant les campagnes totalement mensongères avec leurs porte-voix (comme chez nous Glucksmann, trafiquant d’armes en Géorgie et agent de la CIA pour diffuser des mensonges sur le peuple ouïghour) et en repoussant y compris les demandes d’information que les chefs d’État occidentaux se croient obligés de produire pour leur opinons publiques soumises au jet continu d’une propagande clé en main et relevant d’officines publicitaires, elle a le droit international pour elle. Même si là aussi il y a des enjeux et de nouveaux rapports de forces qu’il faut observer. Le deuxième fait est de bien mesurer à quel point le PCF lui-même est tiraillé dans ce jeu entre rapports de forces, campagne de propagande, quand il en arrive à voter la résolution 390 ou quand le journal l’Humanité a fait le choix de l’alignement sur “l’ingérence” et non sur la base minimale du droit international.
C’est aussi en ce sens que les textes de Marx sur la manière dont “la charité du capitaliste” transforme l’enfant du peuple confronté à la violence réelle de ce qu’on lui impose, la misère, le viol, la guerre… et invité à se repentir en faisant du crime impérialiste sa propre nature et en invitant à croire à l’idéalisme théologique de “l’humanitaire” à la mode des Kouchner, Gucksmann et autres idéologues de l’OTAN, toujours le sabre et le goupillon (1)…
Danielle Bleitrach
(1) en suivant de loin le déboulonnage de la statue de l’abbé Pierre (qui a pourtant raté de peu sa béatification puisque cette peste de mère Thérésa l’a obtenue) je me suis demandée pourquoi la droite à son stade d’évolution avait besoin de se débarrasser du MRP, de sa version “sociale” et que recouvrait ce déballage post mortem, des exigences de la chair qui aurait réjoui Marx écrivant la Sainte famille… Là aussi la Chine qui n’a pas les mêmes oppositions entre la sensualité et la transcendance, entre la vertu et la jouissance ne peut que tenter de nous comprendre… en transformant la Cène blasphématoire de l’ouverture des JO, en pâtisserie souvenir… avec l’idée qu’elle se fait de la France…
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Xuan
Petitesse de certaines polémiques, et petitesse de certains images de notre pays, mais c’est encore plus petit devant l’hypocrisie d’État qui se targue d’avoir inventé l’abolition de la peine de mort, tout en l’appliquant à grande échelle comme en Libye.