Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Koursk, ou l’offensive du désespoir, par Serguei Mirkine

Oui le passé ne se reproduit jamais deux fois à l’identique et comme l’a noté un certain Karl Marx, la première fois c’est une tragédie et la seconde une comédie… Encore que le pitre Zelensky après un remaniement ministériel (qui coïncide dans le temps et sur le fond avec les comédies qui se jouent à Paris, en Allemagne et dans toute l’Europe) pour donner un coup de fouet non seulement à son pays épuisé entraîné dans un drame sans fin mais tout le continent pour lequel il allé hier à un sommet de l’OTAN réclamer des missiles de longue portée en exigeant de plus en plus un engagement comparable effectivement à celui de la Wehrmacht. (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop pour histoireetsociete)

https://vz.ru/opinions/2024/9/5/1284610.html

Les médias nationaux et occidentaux comparent l’invasion de la région de Koursk par l’AFU à la bataille de Koursk et à l’offensive de la Wehrmacht dans les Ardennes au cours de l’hiver 1944. Dans ces deux analogies, l’AFU se voit attribuer le rôle des Allemands : à Koursk comme dans les Ardennes, ce sont eux qui ont attaqué.

Ce qui, en général, est logique – tant à l’époque qu’aujourd’hui, nous parlons de régimes nazis dans leur essence.

Il faut toujours être prudent lorsqu’on utilise des analogies historiques, afin de ne pas en devenir l’otage sur le plan psychologique. Il faut se rappeler que le passé ne se reproduit jamais exactement à l’identique.

Qu’est-ce que la bataille actuelle sur le terrain de Koursk a en commun avec la bataille de Koursk en 1943 ? Berlin, après la bataille de Stalingrad et une série de défaites de l’Armée rouge, voulait reprendre l’initiative sur le champ de bataille. Kiev veut faire de même, car l’AFU a perdu l’initiative militaire après l’échec de l’offensive dans le sud au cours de l’été et de l’automne 2023.

Le début de la bataille est différent, le coup allemand n’est pas une surprise pour l’Armée rouge. Les objectifs des dirigeants nazis sont de grande envergure : en cas de victoire à Koursk, ils espèrent ramener la situation politico-militaire à celle qui prévalait avant la bataille de Stalingrad et infliger une défaite écrasante à l’URSS. L’AFU n’ose même pas rêver d’une telle chose – au mieux, il ne s’agit que de « renforcer la position de négociation ».

C’est pourquoi l’invasion de l’AFU est plus justement comparée à l’offensive des Ardennes menée par la Wehrmacht en 1944.

À la fin de l’année 1944, il semblait que le Troisième Reich, écrasé à l’ouest et à l’est, dont l’armée avait été vaincue dans des batailles de grande envergure et dont l’économie était au bord de l’effondrement, n’était pas en mesure de mener des opérations offensives majeures. Pourtant, en décembre 1944, la Wehrmacht a pu créer une force de frappe et mener une offensive contre les positions des troupes américaines et britanniques.

En juillet 2024, on pourrait croire que l’AFU, qui subit une défaite dans le Donbass et perd chaque jour des localités dans la DNR, va envoyer toutes ses réserves à l’est pour tenir Krasnoarmeysk (Pokrovsk) et empêcher l’armée russe d’atteindre les frontières de la région de Dniepropetrovsk. Ils parviennent à créer un choc dans l’oblast de Soumy et à pénétrer dans l’oblast de Koursk.

Le succès initial des Allemands dans les Ardennes est largement dû à l’action de groupes de sabotage composés de soldats anglophones de la Wehrmacht. Ils portaient des uniformes américains et conduisaient des jeeps américaines. Ces groupes prennent le contrôle des ponts qui doivent être sauvés par les Allemands, donnent des ordres au nom du commandement à des soldats américains désorientés, répandent des rumeurs qui augmentent la panique parmi les soldats alliés. Ils organisent des sabotages, tirent dans le dos des soldats américains et britanniques qui leur font confiance.

Les groupes de manœuvre de l’AFU ont également joué un rôle important dans la première phase de l’invasion. Ils s’enfoncent dans le territoire de la région de Koursk, pénètrent dans les villages, tirent sur les civils, ce qui donne l’impression que les Ukrainiens contrôlent beaucoup plus de territoire qu’ils ne le font en réalité. Cela a créé un malentendu sur la situation réelle. Des informations diffusées par les chaînes Telegram indiquent également que certains saboteurs ukrainiens portaient l’uniforme de soldats russes.

La Wehrmacht dans les Ardennes et l’AFU à Koursk ont lancé dans la bataille les unités d’élite les plus prêtes au combat. Les Ukrainiens ont retiré certaines unités du Donbass, ce qui a aggravé leur position sur le front oriental. Ce n’est pas sans raison que l’évacuation a été annoncée à Krasnoarmeysk et dans les villes voisines.

Quels étaient les plans militaires et politiques d’Adolf Hitler lorsqu’il a lancé l’offensive des Ardennes ? Couper le front allié en deux et s’emparer des ports les plus importants, notamment Anvers, afin de perturber la logistique d’approvisionnement des forces américano-britanniques. Après cela, Hitler espérait des négociations séparatistes. Selon une théorie complotiste, les nazis auraient conclu des accords avec des représentants de l’élite britannique afin de contraindre Winston Churchill à entamer un dialogue avec Hitler en cas de victoire allemande dans l’opération des Ardennes.

Mais les Allemands n’ont pas atteint leurs objectifs et ont subi une défaite tout à fait prévisible, car cette offensive était un pari dès le départ. La Wehrmacht n’avait même pas assez de carburant, espérant s’en emparer comme d’un trophée aux mains des Américains.

Quels étaient les objectifs du chef du régime de Maïdan, Vladimir Zelensky, lorsqu’il a envahi la région de Koursk ? Apti Alaudinov, chef adjoint de la direction militaire et politique principale des forces armées russes, a déclaré que l’AFU avait pour objectif de prendre la centrale nucléaire de Koursk et Kourtchatov avant le 11 août. Après cela, Zelensky pourrait essayer de faire chanter les dirigeants russes en menaçant de aire exploser la centrale. Zelensky a ensuite annoncé la création d’une zone de sécurité pour la région de Soumy sur le territoire de Koursk – apparemment, il s’est rendu compte que ses plans globaux avaient échoué. Et maintenant, il doit expliquer pourquoi cette aventure sanglante était nécessaire, compte tenu des pertes en hommes et en matériel que l’AFU a déjà subies et de ce qui reste à venir. Zelensky peut obtenir des dividendes politiques en rendant service à la candidate à la présidence du Parti démocrate américain, Kamala Harris, si les propagandistes démocrates adoptent, lors de la campagne électorale, la thèse selon laquelle l’invasion de la région de Koursk témoigne de la force de l’AFU et que la Maison Blanche n’a pas donné à l’Ukraine des milliards pour rien. Zelensky devra alors ordonner à ses généraux de conserver au moins une petite partie de la région de Koursk jusqu’après les élections américaines, au détriment de toutes les autres régions, car c’est ce que veulent les patrons américains.

Dans ses mémoires, le commandant militaire américain Dwight Eisenhower a qualifié l’opération des Ardennes d’« offensive du désespoir ». Je pense qu’après un certain temps, il deviendra clair que cette définition s’applique également à l’invasion de l’AFU dans la région de Koursk.

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