Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Dmitri Novikov sur la chaîne de télévision « Zvezda » à propos des perspectives de l’aide de l’OTAN à Kiev et de la crise dans les pays du capitalisme

Là encore que dire d’une déclaration aussi “éclairante” qui dénonce autant les bulletins de victoire russes par rapport à l’état de l’Ukraine, que l’espoir que le peuple russe peut mettre dans les divisions européennes et de l’OTAN. Le conflit sera long et devra se gagner sur un champ de bataille parce que l’impérialisme a intérêt à entretenir le foyer de guerre, de le voir s’étendre malgré ou à cause de la montée des mécontentements populaires en Europe, désorganisés alors que l’arsenal de l’OTAN se reconstitue et que l’armement tourne à plein régime. (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop pour histoireetsociete)

https://kprf.ru/party-live/cknews/228594.html

Le principal sujet de la discussion a été l’évolution de la situation sur la scène internationale. Comme l’a noté le présentateur, les autorités ukrainiennes demandent à l’Occident de leur fournir des armes à longue portée et de les autoriser à lancer des frappes sur le territoire russe. Natalia Metlina s’est demandé si l’appétit grandissant de Kiev serait satisfait.

Dmitri Novikov a commencé par féliciter son interlocutrice et tous les téléspectateurs de la chaîne de télévision à l’occasion du jour de la victoire sur le Japon militariste et du jour de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il a rappelé qu’il s’agit à nouveau d’un jour férié, conformément aux décisions adoptées par la Douma d’État.

Répondant à la question, le vice-président du comité central du KPRF a déclaré : « Si nous suivons les déclarations de personnalités occidentales sur les perspectives du conflit en Ukraine et le soutien de l’OTAN à Kiev pendant ne serait-ce qu’une semaine, nous verrons des positions différentes. Certains disent : « Non, en aucun cas, nous n’avons pas besoin d’une escalade du conflit », tandis que d’autres appellent à continuer à fournir des armes à l’Ukraine. C’est le signe d’un débat interne sérieux. Dans le même temps, les points de vue non gouvernementaux sont de plus en plus soutenus par la population, comme l’ont montré les élections en Allemagne.

L’intervenant a déclaré que la diversité des interprétations dans la détermination de la ligne future de l’Occident en Ukraine est très avantageuse pour les membres de l’OTAN. Cela leur permet de « donner le feu vert » à Zelensky, sans pour autant assumer l’entière responsabilité de ses actes. L’essentiel pour l’OTAN est sa stratégie, qui est énoncée dans ses doctrines de sécurité nationale. Y compris la stratégie d’affaiblissement de la Russie. Par conséquent, tout ce qui est nécessaire pour préserver le régime de Zelensky sera fait. « Une autre chose est que l’Occident ne veut pas d’un grand succès pour l’Ukraine, même s’il y a une telle possibilité. Ils veulent un long conflit. Ils « rajouteront du bois dans le feu » autant que nécessaire, a souligné M. Novikov.

La question suivante de l’animateur concernait les frappes aériennes sur les villes russes. Metlina a demandé à l’invité son avis sur la réponse à apporter : symétrique ou asymétrique ? Selon le représentant du KPRF, dans une zone de conflit, la réponse doit être militaire, et donc tout à fait symétrique. Pour ce faire, la Russie doit disposer d’un nombre suffisant de ses propres drones et de moyens de frapper les cibles militaires de l’ennemi.

« Oui, le complexe militaro-industriel russe a récemment commencé à fonctionner beaucoup mieux. Oui, de nombreuses entreprises travaillent en trois-huit. Mais cela signifie qu’elles sont maintenant complètement à bloc. Et nous ne savons pas quel sera le niveau d’escalade de l’Occident demain et après-demain. D’où la nécessité de nouvelles installations. Pour assurer toute réponse – symétrique ou asymétrique – nous devons multiplier nos capacités. Tout ce qui est important se décidera sur le champ de bataille », a souligné Dmitri Novikov.

Reprenant cette idée, Natalia Metlina a rappelé les déclarations du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, qui affirme que les réserves de l’armée européenne sont épuisées en raison de la fourniture d’armes à l’Ukraine. L’invité de l’émission s’est dit convaincu du manque de sincérité de M. Borrell. Il a qualifié ces déclarations d’hystériques, ajoutant qu’en agissant de la sorte, l’eurobureaucratie défend les intérêts du complexe militaro-industriel. Ce qui est donné à l’Ukraine aujourd’hui sera reconstitué demain dans les installations de production militaire. Mais Borrel souhaite apparemment que leurs entreprises travaillent également à plein régime.

Pendant ce temps, la Pologne, ajoutant une dissonance au « chœur de l’OTAN » pro-ukrainien, a refusé de transférer des avions de combat MiG-29 à Kiev. Le parlementaire communiste a été interrogé sur le fait de savoir si c’était le signe qu’un “chat noir” s’était glissé entre les alliés. En réponse, le vice-président du comité central du KPRF a fait remarquer que les Polonais jouent toujours à faire monter les enchères : « Zelensky n’est pas leur frère. Varsovie a besoin du soutien de Kiev comme d’une carte dans son propre jeu. La Pologne, et ce n’est pas un secret, a son propre « plan B ». Tout le monde ne pense pas que l’effondrement de l’Ukraine soit une mauvaise chose. Au contraire, dans une telle situation, ils espèrent tirer les marrons du feu en introduisant des troupes dans ses territoires occidentaux ».

En outre, ajoute Dmitri Novikov, la Pologne a l’habitude de répondre aux déclarations trop ambitieuses de ses voisins, et lorsque Zelensky agit de manière grossière, elle juge nécessaire de réagir. Depuis Varsovie, ils rappellent que, quelles que soient les décisions de l’OTAN, ils seront guidés par leur propre constitution et maintiendront leur arsenal militaire pour se défendre.

Lors d’une prochaine réunion des alliés de l’Ukraine à Ramstein, il est prévu de discuter de nouvelles livraisons d’équipements de défense aérienne. Dmitri Gueorgievitch s’est montré sceptique quant aux perspectives d’une telle démarche. Se référant à sa propre expérience au sein des forces de défense aérienne, il a fait remarquer qu’il ne suffit pas d’avoir de tels moyens, il faut savoir les utiliser. Ils ne fonctionnent pas tout seuls, et on ne peut se passer de spécialistes qualifiés.

« Kiev a déjà attiré les spécialistes qui étaient prêts à servir. Si l’Occident avait même décidé de fournir massivement des équipements de défense aérienne à l’Ukraine, cela aurait pu s’avérer être un « poids mort ». Quelle serait alors la prochaine demande de Zelensky ? Donner des spécialistes militaires ? Tout le monde à l’Ouest n’est certainement pas prêt pour cela. Bien sûr, l’assistance est fournie par l’intermédiaire des PMC, et c’est pourquoi on entend des langues étrangères dans la zone des forces de défense de l’Ukraine. Mais ils ne sont certainement pas prêts à envoyer leurs soldats en masse. L’Occident ne veut pas d’un nouveau Viêt Nam pour lui-même », a déclaré M. Novikov.

Au cours de l’émission, un reportage sur les négociations entre les dirigeants des gouvernements britannique et allemand a été diffusé. Ils se sont mis d’accord pour porter la coopération militaro-technique à un niveau supérieur. C’est pourquoi un certain nombre d’observateurs ont commencé à parler d’un bloc politico-militaire. Le vice-président du comité central du KPRF a rappelé à cet égard que l’amitié et l’amour entre Londres et Berlin ne reposent sur aucune base historique. Au cours des grands conflits, ils se sont le plus souvent retrouvés dans des camps différents.

Dans les conditions actuelles, il n’y a pas non plus de grandes raisons stratégiques pour une alliance entre l’Angleterre et l’Allemagne. « Londres a sa propre stratégie, c’est pourquoi elle a quitté l’Union européenne. Berlin, en revanche, a toujours espéré occuper une place particulière au sein de l’UE. S’ils fusionnent dans une étreinte amicale, il s’agit d’une décision conjoncturelle dont, pour une raison ou une autre, ils ont tous deux besoin ici et maintenant », a déclaré Dmitri Novikov. Le thème de la création d’une structure de défense paneuropéenne promu par M. Macron reste d’actualité. Mais le président français n’a pas le temps de s’en occuper maintenant, il a suffisamment de problèmes à régler. C’est pourquoi Londres et Berlin tentent de prendre l’initiative.

La principale raison de la mise en œuvre de l’idée d’une armée paneuropéenne est l’avenir incertain des relations de l’UE avec les États-Unis. Depuis quelque temps, les Européens sont déconcertés par la question suivante : quel sera le sort de l’OTAN ? Cela est dû à la figure de Trump, qui exige qu’ils versent beaucoup plus au budget de l’OTAN. On ne sait pas qui prendra le pouvoir aux États-Unis. Les représentants de l’« État profond » n’ont pas l’intention d’abandonner l’OTAN et sont même favorables à l’élargissement de sa zone d’opérations à la région Asie-Pacifique. C’est ce qu’ils vont persuader Trump de faire. Mais pour l’heure, le représentant du KPRF est certain que le leader républicain est d’humeur très dure.

« L’Union européenne, bien que branlante, est malgré tout un fait établi », poursuit Dmitri Gueorgievitch. – Mais il y a un dilemme : si Washington ne garantit pas un « parapluie » militaire à l’Europe, elle devrait alors réduire ses efforts et créer sa propre armée. Les forces armées de chaque pays de l’UE ne sont pas en mesure d’accomplir des tâches majeures dans le monde global d’aujourd’hui. La Grande-Bretagne se rend également compte que, sans les États-Unis, elle n’aura pas la force de résoudre certaines questions militaro-stratégiques ».

Les problèmes intérieurs viennent s’ajouter aux maux de tête des autorités européennes. Les élections régionales en Allemagne ont montré qu’Olaf Scholz laisse échapper son influence sur la politique intérieure. Par exemple, Sarah Wagenknecht le devance déjà en termes de popularité. Par conséquent, comme l’a souligné Dmitri Novikov, Scholz tente de compenser ses échecs intérieurs par des succès ostentatoires sur la scène de la politique étrangère, tout comme l’avait fait Gorbatchev.

Poursuivant sur le thème des élections dans les régions orientales de l’Allemagne, M. Novikov a rappelé que les anticommunistes de l’Ouest avaient autrefois crié que la RDA était un État en faillite qui devait être annexé à la RFA : « Cependant, même après une période historique considérable – trois décennies et demie -, les gens qui y vivent sont mentalement différents. L’une des raisons de l’émergence de la RDA était le sentiment antifasciste. Cette partie de la population était largement concentrée en RDA, ce qui affecte encore la vie politique. Dans l’est de l’Allemagne, on ne peut pas accepter que Zelensky soit normal. Ils pensent qu’il est nécessaire de condamner le fascisme allemand, mais qu’il est inacceptable de soutenir le régime banderiste ».

L’homme politique russe a qualifié de processus naturel la hausse simultanée de la popularité des forces de gauche et de droite en Allemagne. Lorsque les autorités ne parviennent pas à faire face à la crise – migratoire, économique, politique étrangère – il est logique que l’influence des forces alternatives s’accroisse de plus en plus. Elles proposent leur propre programme, leur propre alternative pour résoudre les problèmes urgents.

Selon Dmitri Novikov, l’Allemagne est un « test décisif » pour l’Europe dans son ensemble. L’ensemble du monde occidental, a-t-il souligné, se trouve dans une situation difficile. La crise du capitalisme est évidente. Elle se manifeste à la fois aux États-Unis et en Europe. Cela signifie que la Russie doit se concentrer pour résister à une confrontation de plus en plus dure. Et l’occasion se présente. Si nous gagnons le temps historique et si nous sommes suffisamment forts, la Russie sera en mesure d’assurer un avenir décent à elle-même et à ses alliés.

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