Aujourd’hui le dirigeant indien arrive en Ukraine pour rencontre Zelensky après avoir rencontré le tartuffe polonais Tusk qui avec Macron est un des dirigeants européens les plus boute-feu… Cette rencontre avec Zelensky aux abois est déjà l’occasion d’une opération de propagande sur l’isolement supposé de la Russie… Donc voici deux démystifications basées sur des FAITS. Ils sont totalement à contrario de la “gueule de bois” permanente, l’ivresse de puissance dans laquelle on tente de maintenir l’opinion française pour entretenir les guerres… La première approche concerne la manière dont le système de propagande fait de cette visite le sacre de Zelensky par un grand pays du sud qui choisirait l’Occident et sa démocratie contre un sud barbare dominé par des autocrates et des sous-développés. Comment cette vision a besoin d’inventer des “héros” comme Zelensky, alors même que ce pitre corrompu est empêtré dans sa folle expédition de Koursk. Le second texte celui d’un intellectuel indien nous présente ce qu’est ce grand démocrate et sa déstabilisation réelle, ce qui est le cas de la plupart des récents élus de la période. Donc premièrement, la vérité est que l’occident global, celui de l’OTAN et du G7 est de plus en plus isolé, nos “guerriers par procuration” en sont réduit à l’escalade du terrorisme qui mène à la troisième guerre mondiale. De plus en plus nombreux sont ceux qu’inquiète la situation et qui pour se protéger eux-mêmes cherchent à se mettre hors de portée de la chute de l’empire américain tout en le ménageant dans sa capacité de nuisance. La plupart de ces dirigeants subissent dans leur choix du libéralisme capitaliste et de la répression de leur peuple mécontent un ébranlement comparables à celui vécu par nos propres élites.
1) L’art et la manière d’inventer le monde : la visite de l’Inde en Ukraine…
Le Premier ministre indien Narendra Modi est attendu aujourd’hui vendredi à Kiev pour un déplacement historique censé faire avancer les efforts diplomatiques en vue d’un “règlement pacifique” du conflit actuel dans lequel un nombre grandissant de protagonistes sont entrainés.
M. Modi, dont le pays entretient traditionnellement d’excellentes relations avec Moscou, se rend en Ukraine. Ce qui est présenté comme le sacre de Zelensky et l’apothéose de la “grande démocratie” que serait l’Inde, le tout nécessitant quelques corrections. D’abord il faut souligner que la démarche de Modi n’est pas très éloignée de celle de la Chine, le grand rival. “Nous soutenons le dialogue et la diplomatie pour rétablir la paix et la stabilité dès que possible. Et, pour cela, l’Inde est prête à apporter toutes les contributions possibles avec ses pays amis”, a-t-il lancé, au cours d’un point de presse avec son homologue polonais Donald Tusk. Face au Polonais, qui avec Macron joue en Europe un rôle de boute-feu, on reste dans le flou et Narendra Modi dit a l’intention de discuter avec le président Volodymyr Zelensky des “perspectives de règlement pacifique du conflit ukrainien en cours”, ainsi que de “l’approfondissement de l’amitié entre l’Inde et l’Ukraine”, selon un communiqué diffusé mercredi par son cabinet. En fait, l’Inde tente de maintenir un équilibre délicat entre la Russie, avec laquelle elle a noué de solides liens, et les nations occidentales, avec lesquelles elle cherche un rapprochement pour contrer la Chine, son rival régional que grâce à la Russie elle a rejoint dans les BRICS comme dans l’organisation de coopération de Shanghai… ce qui se rapproche le plus de l’OTAN dans sa lutte contre “le terrorisme” en général fomenté par l’intervention des USA et d’autres puissances occidentales en Asie.
Le Premier ministre indien comme tous les gouvernements indiens a des relations privilégiées avec la Russie et a évité de condamner explicitement l’invasion russe de l’Ukraine qui a commencé en février 2022 et l’Inde s’est toujours abstenue au moment des votes de résolutions de l’ONU pouvant être hostiles à Moscou. Cette visite en Ukraine a été précédé d’un voyage à Moscou au début juillet. Au cours de ce voyage, Narendra Modi et Vladimir Poutine s’étaient pris dans les bras l’un de l’autre, tout sourire, avant que le président russe ne remette une décoration à son invité. Le chef du gouvernement indien avait salué leurs échanges “fructueux”, disant avoir pris avec M. Poutine “des décisions importantes pour renforcer la coopération” bilatérale dans “le commerce, la sécurité, l’agriculture, la technologie”, etc. Zelensky en avait fait une crise dont il est coutumier en qualifiant cette visite de “coup dévastateur pour les efforts de paix”. mais avec l’aide de notre système de propagande, il tente comme son fan club atlantiste de faire passer cette visite pour un isolement de la Russie. Ce que Modi en proie à des difficultés intérieures ne peut réellement pas se permettre. Plusieurs autres puissances, à commencer par la Chine, ont essayé, depuis le début de la guerre, de faire office de médiateur pour mettre fin à ce conflit qui bouleverse l’équilibre géopolitique mondial. Valoriser l’Inde, c’est à la fois inventer un rapport des forces qui n’a aucun rapport avec la réalité et c’est espérer écarter de la médiation des négociations des pays comme la Chine dont le rôle médiateur grandit. On tente de faire jouer ce rôle à Modi quitte à inventer ce qu’il représente réellement.
2) Le “narratif” de Modi sur son pouvoir fortement contesté…
Le dirigeant indien a discrédité les intellectuels en les qualifiant d’insignifiants et de hors sol, tout en comptant sur des groupes de réflexion loyaux pour légitimer ses idées et ses politiques. L’occident global est dans une pathétique recherche de politicien du sud pour légitimer sa politique. En Inde, le gouvernement de Narendra Modi fait face à l’opposition de sa propre majorité. En voulant recruter des fonctionnaires sans respecter les quotas socioéconomiques, le Premier ministre a irrité ses alliés au Parlement. Il a donc dû faire marche arrière. Ce recul illustre la nouvelle donne politique pour son parti, qui n’a plus qu’une majorité relative suite aux législatives de juin 2024.
Depuis 2014, Narendra Modi s’affiche en dirigeant inflexible. C’était cependant plus facile lorsque son parti, le Bharatiya Janata (BJP), avait une majorité absolue au Parlement. Pour son troisième mandat, le Premier ministre a dû s’allier avec des partis régionaux qui viennent de montrer que leur allégeance n’était pas automatique, surtout si comme dans ce cas il s’agit de la distribution des postes de hauts fonctionnaires avec le clientélisme qui en dépend. Alors qu’il est affaibli et de fait contraint à renforcer ses alliances au sein des BRICS, atténuer ses antagonismes avec la Chine, et qu’il est confronté à sa déstabilisation interne, la propagande occidentale fait grand bruit autour de la visite en Ukraine. Elle oublie de dire que cette visite intervient après une visite à Moscou avec lequel l’Inde se livre à un fructueux commerce de revente des hydrocarbures sous sanction… Sans parler des traditionnels liens entre la Russie et l’Inde… Comble de disgrâce, il semble que la révolution de couleur intervenue au Bangladesh gêne moins la Chine et la Russie que l’influence de Modi, quand ça va pas, ça va pas… (note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoire et societe)
par Anuradha Sajjanhar 20 août 2024
Narendra Modi a été réélu Premier ministre de l’Inde en juin pour un troisième mandat historique. Pourtant, son parti Bharatiya Janata (BJP) n’a pas le privilège d’une majorité absolue pour la première fois en une décennie. Il sera à la tête d’un gouvernement de coalition qui est déjà en proie à des désaccords.
Le résultat a remis en question ce que beaucoup percevaient comme un niveau de soutien inébranlable à l’éthos fondamental du BJP, le nationalisme hindou, ainsi qu’à ses revendications d’autonomie nationale et de croissance économique.
Comme je l’ai expliqué dans mon livre récemment publié, une partie importante de la stratégie du BJP au cours des 15 dernières années a été de discréditer les intellectuels établis comme étant hors sol, élitistes et détachés, tout en construisant des formes alternatives de connaissances et d’expertise « crédibles ».
À l’approche des élections nationales de 2009, par exemple, le BJP a créé deux groupes de réflexion entièrement nouveaux : la Fondation de l’Inde et la Fondation internationale Vivekananda. C’était, à mon avis, une façon de faire des incursions dans l’écosystème politique de l’élite, exclusif et principalement de gauche de New Delhi.
Le BJP a perdu les élections cette année-là. Mais il a gagné par un raz-de-marée en 2014, et ces deux groupes de réflexion ont fourni du personnel pour de nombreux postes au sein du gouvernement central.
Sous la direction de Modi, les experts ont également été systématiquement remplacés par des loyalistes nommés en démantelant ou en cooptant des comités consultatifs, des universités et des institutions de recherche établies.
Dans la pratique, cette stratégie a servi à normaliser des idées qui auraient pu autrement sembler idéologiquement biaisées. Cela a été clairement vu au cours du récent cycle électoral.
En avril, Modi a prononcé un discours lors d’un rassemblement électoral à Banswara, au Rajasthan, où il a affirmé que le parti d’opposition du Congrès voulait distribuer la richesse des gens à des « infiltrés » qui réclament plus d’avantages qu’ils ne le méritent, ce qui a été largement considéré comme faisant référence à la minorité musulmane de l’Inde.
Ce stéréotype selon lequel les musulmans « volent » l’État-providence a ensuite été renforcé par des experts nommés par le Conseil consultatif économique de Modi. Le conseil a publié un document de recherche douteux en mai, affirmant que les taux de natalité musulmans augmentent beaucoup plus rapidement que tout autre groupe démographique.
Cependant, le BJP n’est pas un monolithe. Le cœur de l’identité sociale et de la base populaire du parti a toujours été ancré dans le Rashtriya Swayamsevak Sangh, une organisation paramilitaire nationaliste hindoue. Mais le parti ne s’est jamais défini en termes d’idéologie politique et économique uniforme ou cohérente.
Modi et le BJP sont en mesure de s’appuyer sur le soutien d’un large éventail de groupes à travers le spectre politique. Ainsi, leur communication et leurs promesses politiques doivent chevaucher à la fois l’efficacité technocratique et le nationalisme hindou. Et ces experts désignés ont contribué à l’élaboration d’un récit qui combine les deux.
Au cours des dernières années, plusieurs ministères ont confié l’élaboration et la mise en œuvre de politiques à des groupes de réflexion et à des sociétés mondiales de conseil en gestion. Que ce soit intentionnellement ou non, ces consultants en gestion ont joué un rôle déterminant dans la promotion de l’idée que l’identité hindoue de l’Inde est synonyme de progrès technologique et managérial du pays.
En 2019, par exemple, le gouvernement Modi a engagé le cabinet comptable mondial Ernst & Young (EY) pour gérer la Kumbh Mela, le plus grand rassemblement spirituel hindou au monde. L’entreprise a développé une ville temporaire dans l’État septentrional de l’Uttar Pradesh avec des tentes de luxe, une surveillance par IA et de nouvelles infrastructures de transport.
La pratique consistant à payer des cabinets de conseil pour gérer des événements et élaborer des politiques est maintenant une pratique courante dans de nombreux pays, sans doute au détriment de la capacité du gouvernement. Mais dans un État ethno-nationaliste comme l’Inde, je dirais que c’est profondément symbolique.
Il combine la démagogie nationale du gouvernement Modi de construire une « Inde numérique » technologiquement avancée avec son identité hindoue.
Implications démocratiques
Le résultat des élections générales indiennes de 2024 n’a pas été techniquement une défaite pour le BJP. Mais il a été reçu comme tel par beaucoup. Le parti a perdu un nombre important de sièges dans d’anciens bastions de circonscription.
Il a perdu son siège à Faizabad, la circonscription où le parti avait réalisé le désir tant attendu de la droite hindoue de construire un temple sur le site d’une mosquée démolie. Et le BJP a également perdu à Banswara, où Modi a prononcé son discours islamophobe.
L’analyse des données révèle encore les raisons qui sous-tendent les habitudes de vote. Mais les électeurs ont réagi positivement à ce que l’opposition a proposé : un engagement à défendre les principes constitutionnels et la représentation démocratique.
Il est peut-être naïf de penser que les élections de 2024 prouvent que le public indien est moins disposé à soutenir le nationalisme hindou que le gouvernement de Modi a légitimé. Après tout, le BJP a tout de même remporté 260 des 543 sièges disponibles – une marge énorme pour un seul parti.
Mais cela nous montre qu’il y a encore de la place pour une pluralité d’opinions politiques dans les universités, les organismes de recherche et les groupes de réflexion de l’Inde.
Anuradha Sajjanhar est maître de conférences en politique et politique à l’Université d’East Anglia
Cet article est republié à partir de The Conversation sous une licence Creative Commons. Lire l’article original.
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