Crash boursier : les indices mondiaux dans le rouge
Lundi a été marqué par le chaos sur les marchés mondiaux, la publication des mauvais résultats sur l’emploi dont nous avons fait état ici étant à l’origine de ces grands mouvements boursiers (1) mais il y a d’autres facteurs qui viennent étayer cette “règle”, en particulier le doute sur les performances technologiques (2) combiné avec les incertitudes de l’élection aux Etats-Unis et en Europe (la situation post électorale en France rentre là-dedans malgré le dopage délirant des jeux olympiques) et la montée des périls guerriers. L’essentiel est que face à ces fondamentaux, les investisseurs estiment que la Fed réagira trop tard pour soutenir l’économie américaine. En effet, la banque centrale américaine a annoncé, mercredi, attendre septembre pour décider ou non d’une baisse de ses taux. La crise est donc partie de Wall street mais a atteint de plein fouet le Japon complètement imbriqué dans les stratégies des Etats-Unis (3). Le Nikkei japonais a enregistré sa plus forte baisse quotidienne depuis 1987, tandis que le yen a grimpé de 3 % face au dollar. En Europe, les pertes des actions bancaires ont dépassé 100 milliards d’euros en trois séances consécutives. Le marché des cryptomonnaies a aussi subi une forte vague de ventes, supprimant plus de 500 milliards de capitalisation en 24 heures, avec le bitcoin en baisse de plus de 12 % et l’Ethereum chutant de plus de 19 % . Dans ce contexte qui n’est pas encore celui du crash mais s’en rapproche, la Chine et ses places boursières ont constitué un facteur de stabilité (note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)
(1) Vendredi matin, les investisseurs découvraient, dans un rapport du gouvernement, que seuls 114 000 emplois avaient été créés en juillet, alors que le marché en attendait environ 60 000 de plus. En outre, le taux de chômage est passé de 4,1 % en juin à 4,3 % en juillet, son niveau le plus élevé depuis près de trois ans, a rapporté le ministère du Travail. Un indicateur totalement empirique “Sahm rule” ou “règle de Sahm” qui a été créée par Claudia Sahm, une ancienne économiste de la banque centrale américaine joue un rôle dans ce mouvement. Cette “règle” dit que l’économie américaine entre en récession lorsque la moyenne des trois derniers mois du taux de chômage est supérieure de 0,5 point de pourcentage (50 points de base) ou plus à son niveau le plus bas des douze derniers mois. Cette règle s’est vérifiée pour chaque récession américaine depuis 1970. L’inventrice de cet indice, l’ex-économiste de la Fed Claudia Sahm, a beau avoir déclaré publiquement qu’elle pense ne pas voir la règle se vérifier cette fois-ci, le mal est fait sur les marchés. Depuis la publication ce vendredi 2 août des chiffres du chômage américain, qui a augmenté plus que prévu à 4,3%, le plus haut taux de sans-emploi depuis octobre 2021, les marchés “tirent clairement la conclusion qu’on va avoir une récession” et s’enfoncent dans le rouge.
(2) « Les entreprises américaines du secteur de la tech voyaient, ces derniers mois, leurs profits croître de plus en plus vite, explique Charles de Boissezon, responsable mondial de la stratégie actions chez Société générale CIB. Cette accélération a mécaniquement pris fin et, avec elle, les performances boursières se sont tassées. » « En Europe, la dernière saison des résultats montre un maintien des marges, mais une détérioration des perspectives de chiffres d’affaires, poursuit l’analyste financier. Les attentes de profit sur les cycliques étaient depuis des mois trop élevées de notre point de vue. » Les actions cycliques sont des actions dont le prix évolue fortement en fonction de l’évolution de l’économie. Il s’agit généralement d’entreprises qui fournissent des biens et des services non essentiels. Cette crise du secteur technologique n’est pas étrangère aux faibles performances des Etats-Unis en matière militaire et dans l’endiguement de la Chine (comme nous le voyons dans l’article sur “les puces” publié aujourd’hui).
(3) Le gouvernement japonais a reconnu, la semaine dernière, être intervenu sur le marché des changes à hauteur de 37 milliards de dollars, en juillet, pour soutenir le yen. La monnaie japonaise était tombée au plus bas face au dollar depuis 38 ans. En fait cela pèse sur ce qu’on appelle le carry trend et qui est une source de profit habituel pour les investisseurs. Pour illustrer, imaginez emprunter 1 million de yens auprès de la Banque du Japon à un taux d’intérêt de 0,1 %. Vous convertissez ensuite ces fonds en dollars américains et les investissez sur le marché américain, où vous pouvez gagner environ 5,5 % par an. À la fin de l’année, vous reconvertissez vos bénéfices en yens, remboursez le prêt initial plus les 0,1 % d’intérêt et empochez la différence. Cette stratégie fonctionne tant que la Banque du Japon maintient des taux d’intérêt bas et stables, permettant aux traders d’investir en toute confiance sur des marchés à rendement plus élevé. Cependant, lorsque les taux d’intérêt au Japon augmentent, le carry trade devient problématique. Le mois dernier, le dollar américain a atteint des sommets historiques face au yen. Pour protéger le yen, la Banque du Japon a augmenté ses taux d’intérêt de 0,1 % à 0,25 %. Cette décision a amené le yen à se renforcer par rapport au dollar, créant un problème important pour les traders engagés dans le carry trade. C’est pourquoi si la crise est partie de Wall street c’est à Tokyo qu’elle a atteint son amplitude et risque de revenir en boomerang.
La Chine demeure un facteur de stabilité dans le chaos
SOURCE / ÉCONOMIE L’effondrement des marchés boursiers mondiaux fait craindre une récession aux États-Unis. Les actions A montrent la résilience du capital mondial, selon les experts L’opportunité des actions A comme option résiliente pour les capitaux mondiaux, selon les experts Par les journalistes de GT Publié : 05 août 2024 21:12
Deux hommes passent devant le taureau de bronze à la Bourse de Shanghai.
Les principaux marchés boursiers de la région Asie-Pacifique ont clôturé en forte baisse lundi, le Japon et la Corée du Sud ayant connu des baisses significatives et déclenché des “coupe-circuits” à certains moments, dans un contexte d’inquiétudes concernant une éventuelle récession aux États-Unis et une escalade des tensions au Moyen-Orient.
Malgré les tensions mondiales croissantes, les experts ont déclaré que le rôle de la Chine en tant que deuxième économie mondiale deviendrait plus prononcé, car le marché boursier chinois est resté résilient et les actifs chinois sont sous-évalués, notamment les actions A, les actions de Hong Kong et les actions conceptuelles chinoises.
Lundi, l’indice composite sud-coréen KOSPI a chuté de 8,77% à 2 441,57 points, marquant la plus forte baisse jamais enregistrée en une journée. L’indice japonais Nikkei 225 a baissé de 12,4% à 31.458,42 points, marquant une troisième journée consécutive de pertes importantes et passant sous le seuil des 32.000 points.
Au cours de la séance de lundi, la négociation des indices Nikkei 225 et TOPIX au Japon a été brièvement interrompue après avoir déclenché des coupe-circuits. Les principaux indices sud-coréens ont également déclenché des coupe-circuits, entraînant un arrêt des échanges de 20 minutes. C’est la première fois depuis le 19 mars 2020 que le marché boursier sud-coréen est suspendu en raison de coupe-circuits.
Les actions australiennes ont clôturé en baisse de 3,7% lundi, effaçant plus de 100 milliards de dollars de la capitalisation du marché – la plus forte baisse depuis l’époque du verrouillage de la pandémie, a rapporté l’Australian Broadcasting Corp.
La vente a été largement attribuée aux inquiétudes concernant les mauvaises performances économiques des États-Unis, dans un contexte d’inquiétudes accrues concernant un ralentissement économique, exacerbées par les données décevantes sur l’emploi non agricole aux États-Unis de la semaine précédente, provoquant une nouvelle panique sur les marchés des capitaux, selon des experts et des médias.
Les experts ont attribué ces fortes baisses à la décision de la Réserve fédérale américaine de laisser les taux d’intérêt inchangés, associée à des données économiques décevantes, entraînant une forte baisse des actions américaines. Derrière ces mouvements se cache une crainte croissante des investisseurs d’une récession économique américaine.
Les baisses importantes au Japon et en Corée du Sud, déclenchées par la récente baisse du marché américain, ont de multiples raisons sous-jacentes, a déclaré lundi Li Changan, professeur à l’Académie des études d’économie ouverte de Chine de l’Université de commerce international et d’économie, au Global Times.
« Plus important encore, cela (la chute des actions) peut refléter des préoccupations fondamentales, en particulier les perspectives économiques incertaines aux États-Unis, avec les récentes publications de données, y compris les indicateurs du marché du travail, également inférieures aux attentes », a déclaré M. Li.
Selon les médias, les traders ont spéculé sur le fait que la Réserve fédérale interviendrait en abaissant d’urgence les taux d’intérêt. Cependant, aucune confirmation officielle n’a été faite.
Les économistes de Goldman Sachs ont estimé de 15% à 25% la probabilité que l’économie américaine tombe en récession dans les 12 prochains mois.
Alors que les marchés de capitaux mondiaux subissent de plein fouet l’éventuel ralentissement économique américain, le marché des actions A de la Chine fait preuve de résilience.
Lundi, les bourses de Shanghai et de Shenzhen ont fluctué de justesse tout en réussissant à éviter les fortes baisses observées sur les marchés internationaux, avec de nombreuses actions de premier ordre qui ont rebondi, ce qui est remarquable.
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Xuan
Le site trotskiste WSW met en ligne des informations comparables, excepté sur la Chine.
https://www.wsws.org/fr/articles/2024/08/06/wkya-a06.html
Les dernières nouvelles indiquent que la bourse japonaise se redresse, ainsi que les places asiatiques. De fait elles sont moins sensibles parce que ce sont des pays producteurs, qui mènent l’économie mondiale.
Je fais cette hypothèse que les USA jouent les pompiers pyromanes, comme dans un roman d’Hervé Bazin, et font la part du feu en brisant la poutre maitresse qui relie deux corps de bâtiment. Mais c’est leur fin.
On pourrait se demander si la crise de 2008 n’est pas en train de se transformer, à cause du découplage réalisé par les USA eux-mêmes, en crise régionale et non plus mondiale.
Dans tous les cas les incertitudes liées aux fluctuations du dollar entrainent davantage de nations productrices vers les BRICS, et renforcent le découplage monétaire. Il en résulte sur le long terme un “confinement” de la crise aux pays qui sont restés liés aux USA.
Je ne veux pas forcer la comparaison, mais c’est précisément dans la high tech et l’IA, que les USA veulent découpler de la Chine, que les valeurs boursières sont particulièrement chahutées, après une folle spéculation.