Faire adhérer des communistes c’est bien, et on est étonné de l’accueil que l’on a quand on propose l’adhésion au PCF, ce que paradoxalement je fais alors que je l’ai définitivement quitté… Il y a actuellement un nombre grandissant de gens qui souhaitent s’engager et qui n’ont pas la moindre idée de comment le faire, ce n’est même pas très clair pour eux de savoir là où ils adhèrent, simplement si l’enthousiasme de ce qu’on peut attendre d’une élection s’est refroidi pour un certain nombre ce qui a surgi est nettement plus positif : voter ne suffit pas, cette conscience-là embryonnaire peut s’élargir…
Le véritable problème est de savoir dans quoi ils tombent et de ce point de vue le PCF n’est pas la pire expérience même s’il y a désormais de véritables déserts dans lesquels leur adhésion s’enfonce dans l’oubli.
La question est encore plus centrale que ce désert organisationnel : qu’est-ce que l’on fait des adhérents, quelle formation? Quelle but, quels moyens, est-ce que quelqu’un a les idées claires là-dessus ? Est-il toujours au nom de la liberté de critique interdit tout apport réel des classiques du Marxisme ? voire même de parler du socialisme ? Parce que le paradoxe de la situation, mais nous y reviendrons, est qu’au nom de la liberté de critique ça a été un dépoussiérage du marxisme, puis celui-ci a été évacué et nous en sommes là… Cette évolution menée par des “petits bourgeois” n’a été qu’une nouvelle variété de l’opportunisme, la liberté d’implanter les idées bourgeoises dans le socialisme, puis d’élargir leur part et enfin d’exclure totalement toute théorie marxiste léniniste, et les réflexions de tous les autres partis et forces progressistes. Nous avons donc décidé de faire de l’été pour quelques acharnés un panorama de l’apport de la réflexion théorique, celle des classiques du marxisme, celle de toutes les forces communistes et progressistes qui travaillent sur les textes et les expériences du socialisme. Est-ce que le fait de ne pas en parler signifie simplement comme le commente ce texte de Lénine… en effet, si le PCF n’est que le parti des réformateurs surtout pas révolutionnaire aspirant à un changement de société, ce refus du théorique signifie simplement que le communiste non seulement a le droit d’entrer dans un ministère bourgeois, mais il doit même y aspirer toujours. Et c’est là ce qui pour lui remplace tout changement de société, nous voyons bien que si on pose le problème ainsi il n’y a pas grande différence entre le PCF, la FI et le PS. Tous peuvent se passer d’un parti avec des adhérents formés théoriquement…
Ce problème n’a rien de nouveau, en France en particulier…
LA FRANCE, LE PAYS OU LA LUTTE DES CLASSES EST POUSSÉE JUSQU’AU BOUT vu par Lénine… de Millerand à aujourd’hui…
Voici un extrait du Que faire de Lénine, qui semble fait exprès pour illustrer la spécificité française, celle où il décrit la manière dont la France ne théorise pas mais “agit” et pousse jusqu’au bout résolument la lutte des classes. Il s’agit de la période de la “belle époque” (le Que faire ? date de 1902). Lénine critique “l’économisme” de Bernstein, l’idée en serait que l’on va directement passer du capitalisme au socialisme, on est déjà au communisme par le seul murissement de la contradiction économique. Non seulement dans ce cas est inutile la Révolution politique mais cela vide la “réforme” de son sens, c’est-à-dire toujours appuyer celles qui vont dans le sens de la transformation structurelle économique, mais aussi politique, culturelle. Dans ce cas plus besoin d’un parti qui prétendrait mener une lutte révolutionnaire, la dictature du prolétariat. Ce qui logiquement se traduit pas une exigence de la fin de la discipline et de la formation des militants et une presse qui en porterait les idées. Lénine critique la théorie de Bernstein en montrant que suivant les pays celle-ci connait (comme l’eurocommunisme auquel cela fait irrésistiblement penser) des interprétations diverses et alors qu’il est centré sur la Russie, il donne l’exemple de la France que nous reproduisons ici.
Il est à noter que depuis Millerand (1) l’opération n’a cessé de se renouveler, de Mitterrand au corps défendant de Marchais, jusqu’à aujourd’hui autour de l’hypothétique et sympathique Lucie Castets, en passant par tous les opportunismes participatifs d’union de la gauche et malgré des expériences désastreuses, nous poursuivons même si ni le parti, ni ses dirigeants n’en ressortent plus grandis que le dit Millerand… Vous me direz Que faire ? Il en sera question prochainement si vous voulez prendre la peine de cette réflexion estivale… par Danielle Bleitrach
(1) le personnage central de sa démonstration est Millerand dont voici la biographie : Millerand est le premier socialiste à participer à un ministère bourgeois, celui formé par Waldeck-Rousseau (1899-1901) : ministre du Commerce, de l’Industrie et du Travail, il met en place une Direction du travail et contribue à faire réduire la durée quotidienne de travail, qui passe de douze à dix heures. Il introduit également une restriction de l’emploi des immigrés dans certains secteurs, afin de protéger le « travail national ». En ayant si bien commencé dans le droit à entrer dans un ministère bourgeois la logique est d’y aspirer toujours : Ministre des Travaux publics (1909-1910) puis de la Guerre (1912-1913), il est en 1914-1915 le défenseur de l’état-major contre les commissions parlementaires qui voudraient contrôler l’armée. Commissaire général en Alsace-Lorraine (mars-septembre 1919), il s’affirme comme un des chefs de la coalition de droite, le Bloc national. Président du Conseil en 1920, il est, à ce titre, l’artisan de la répression du vaste mouvement de grèves qui secoue le pays et l’initiateur de l’occupation de Francfort (« l’Allemagne doit payer ») et de l’intervention militaire en Pologne contre la Russie des soviets. Élu à la tête de la République en 1920, Millerand tente de rehausser le prestige de la fonction présidentielle, et intervient activement dans la vie politique : en 1922, il renvoie Aristide Briand, qui a fait selon lui de trop importantes concessions à l’Angleterre, et soutient Raymond Poincaré lors de l’occupation de la Ruhr (1923). Envisageant de proposer une révision de la Constitution, en vue de renforcer les pouvoirs du président, il se heurte au cartel des gauches, sorti victorieux des élections de 1924 et il est contraint de se retirer. Sénateur de 1925 à 1940, il ne jouera plus qu’un rôle effacé.
L’extrait de Lénine dans Que faire ?
« Si la critique théorique de Bernstein et ses convoitises politiques demeuraient encore obscures pour certains, les Français ont pris soin de faire une démonstration pratique de la “Nouvelle méthode”. Cette fois encore la France a justifié sa vieille réputation de “pays dans l’histoire duquel la lutte des classes, plus qu’ailleurs, était poussée résolument jusqu’au bout.” (Engels, extrait à la préface du 18 Brumaire de Marx). Au lieu de théoriser, les socialistes français ont agi délibérément ; les conditions politiques de la France, plus évoluées sous le rapport démocratique, leur ont permis de passer directement au “bernsteinisme pratique” avec toutes les conséquences. Millerand a fourni un brillant exemple de ce “bernsteinisme pratique” ; aussi avec quel zèle Bernstein et Vollmar se sont-ils empressés de défendre et de louanger Millerand ! En effet, si la social-démocratie n’est que le parti des réformateurs et doit avoir le courage de le reconnaître ouvertement, le socialiste non seulement a le droit d’entrer dans un ministère bourgeois, mais il doit même y aspirer toujours. Si la démocratie signifie dans le fond, la suppression de la domination de classe, pourquoi un ministre socialiste ne séduirait-il pas le monde bourgeois par des discours sur la collaboration des classes ? Pourquoi ne conserverait-il pas son portefeuille, même après que des meurtres d’ouvriers par les gendarmes ont montré pour la centième et la millième fois le véritable caractère de la collaboration démocratique des classes ? Pourquoi ne saluerait-il pas personnellement le tsar que les socialistes français n’appellent plus autrement que knouteur, pendeur et déportateur ? Et pour contrebalancer cet interminable avilissement et autofustigation du socialisme devant le monde entier, cette perversion de la conscience socialiste des masses ouvrières – seule base susceptible de nous assurer la victoire -, on nous offre de grandiloquents projets de réforme infimes, infimes au point qu’on parvenait à se faire accorder bien davantage par les gouvernements bourgeois !».
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Marxou
voici une petite contribution théorique . Salim Lamrani sur les cafés marxistes . Cuba fasse à l’empire https://youtu.be/JSpH8l9c5Go?si=AAniEtBtZyAXbI3q
Xuan
Il faut étudier le matérialisme historique.
Pratiquement ici : l’histoire de la lutte des classes dans notre pays.
Par exemple, le 27 juillet 1914 la CGT manifestait contre la guerre.
Le lendemain la SFIO publiait un manifeste « A bas la guerre ! Vive la république sociale ! Vive le socialisme international ! »
Le 31 juillet Jaurès est assassiné. Le lendemain commence la mobilisation générale.
Le 4 août, les députés de la SFIO, le groupe parlementaire socialiste, votent à l’unanimité les crédits de guerre et l’état de siège restreignant les libertés. Le même jour, à l’enterrement de Jaurès, Jouhaux annonce le ralliement de la CGT à l’Union Sacrée.
Alors ce fut la boucherie de 14.
Dans tous les villages de notre pays se dressent encore les stèles où sont gravés les noms des morts. Dans toutes nos familles reste le souvenir des morts et des blessés, unijambistes, démembrés, aux poumons brûlés, gueules cassées au visage monstrueusement déformé.
Mes deux grands-pères furent blessés au Chemin des Dames, ceux de mon épouse perdirent l’un une jambe et l’autre un bras.
Dans les souvenirs familiaux, je trouvai un jour une photo de classe reçue par ma grand-mère paternelle. Sa cousine Clara institutrice y parlait du mari de sa sœur Hélène, Justin, parti au front avec son frère Albert.
« 12 juillet 1915 – Chère Suzanne – Je viens de recevoir des nouvelles d’Albert et de Justin. Tous les deux s’étaient un peu retardés. Ils vont bien et ne se plaignent pas trop. Tu serais bien gentille si tu pouvais venir bientôt. J’ai besoin de toi pour le dessin. Tu pourrais amener Thérèse et Jeanne parce qu’il doit faire bien chaud à Montpellier. Demain j’ai une institutrice qui vient passer un CAP dans ma classe. Je t’envoie un groupe d’élèves. Nous en avons fait plusieurs petites et grandes. Elles étaient trop nombreuses pour les mettre toutes. Je vous embrasse tous et attends ta lettre nous annonçant ton arrivée. Clara »
En cherchant les documents militaires maintenant numérisés, j’appris que Justin fut tué le 17 juillet. Il s’était marié à peine cinq ans plus tôt.
L’année 2024 a célébré l’anniversaire de la peinture impressionniste. Sauf Manet, le seul à avoir peint la mort, elle était pleine de gaité insouciante, des fumées des trains de la modernité, des grands boulevards, des soirées de fête, de champs, de vergers fleuris et de visages souriants.
Après la guerre la peinture a changé de visage, elle a décrit les corps violentés chez Otto Dix, et dénoncé la guerre chez Groz. L’abstraction et la déformation du réel, nées peu avant la guerre, se sont imposées pour écarter la représentation de la réalité.
Ainsi, la trahison des socialistes a 110 ans. Elle a été à l’origine de la création des partis communistes sous 21 conditions. Lisez-les donc ici : https://gabrielperi.fr/centenaire/21-conditions-dadmission-a-l-ic/
Lisons-les et posons-nous des questions sur la situation actuelle, sur l’histoire des socialos durant ces 110 ans, et sur l’application de ces conditions.
LAGIER
L’immense poète algérien Kateb Yacine a écrit une allégorie sur le travail : le chameau
Le chameau tourne à l’infini autour de la margelle du puits du café Saf-Saf sur la place de La Marsa
Margelle à laquelle il est attaché par un rayon de bois qui fait tourner la noria . Yeux bandés, gueule muselée , l’animal forçat de la soif joue son destin sur une circonférence de quarante mètres , sans espoir d’en sortir , ni de la briser .
Pour le chameau tout est fixe .Il tourne à la même cadence rythmée par le bruit des godets , les grincements de la poulie , le clapotis de l’eau déversée dans le bassin .Il ne sait pas pourquoi et pour qui il tourne .Comme la taupe qui ne sait pas pour qui elle creuse .
L ‘ histoire du chameau de La Marsa commence et s’achève à la corne de ses sabots .
KATEB YACINE bon théoricien du CAPITAL conclut “” Ce chameau bénéfique et son labeur ingrat font penser à la FORCE obscure que l’on appelle PROLETARIAT .
Les eaux de La Marsa c’est le miroir de toute aliénation universelle .
Entre un chameau aveugle et l’apprenti sorcier qui croit le diriger , j’opte pour le chameau .
Sans lui , pas de fontaine , pas d’eau , pas de café à La Marsa