Le « Concerto pour la paix » d’un politicien, homme d’affaires et compositeur prodige libanais remporte des applaudissements lors de sa tournée européenne… Il y a dans le champ de ruines actuel quelques acteurs qui tentent de trouver les chemins de la négociation et se tournent vers la Chine… Ici la rédaction d’Asia Times, la revue tournée vers les investisseurs asiatiques depuis Hong Kong s’associe à un homme d’affaire libanais qui sait par expérience la catastrophe que peuvent représenter des guerres sous des prétextes religieux ou de civilisation et qui ne sont que le champ clos d’intérêts… (note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)
par David P Goldman 28 juillet 2024
La musique orchestrale comme plaidoyer pour la paix n’est pas une idée nouvelle. Pablo Casals, âgé de 95 ans, a joué son « Chant des oiseaux » devant les Nations Unies en 1971, et Daniel Barenboim continue de diriger le West-East Divan Orchestra, prévu pour les BBC Proms à Londres le 11 août.
Une œuvre orchestrale pour la paix composée et interprétée par un homme d’affaires et politicien de premier plan est cependant quelque chose d’inhabituel. Le candidat au poste de Premier ministre et homme d’affaires libanais Omar Harfouch a présenté son « Concerto pour la paix » lors d’un concert pour la Commission européenne fin 2023.
Il l’a interprétée à Béziers avec des remarques enthousiastes dans les grands médias français et reprendra l’œuvre le 18 septembre au Théâtre des Champs Élysées à Paris et aux Nations Unies à Genève le 20 septembre. Le travail sera également effectué pour le parlement italien.
Connu du public français comme une personnalité de la télévision, Harfouch a étudié le piano au conservatoire Glinka en Ukraine et a remporté un concours de piano à Moscou dans les années 1980. Après qu’Israël et le Liban se soient mis d’accord sur les frontières maritimes en 2023, Harfouch a déclaré à un intervieweur télévisé que l’accord constituait une reconnaissance de facto de l’État juif et préparait le terrain pour un accord de paix complet.
Dans une récente interview, Harfouch a déclaré : « Mon Concerto pour la paix s’est construit au cours d’un voyage intérieur de plusieurs années. J’ai pensé à cette musique comme un chemin vers la paix, qui prend la forme d’un dialogue entre le petit Omar, qui vit au milieu d’une guerre civile sans la comprendre, et Omar adulte, qui vit en paix mais voit le monde sombrer dans la guerre. Et ce petit garçon demande à l’adulte de ne pas laisser les hommes accepter cette folie ».
« L’un des événements qui m’a poussé à finaliser ce travail et à envisager cette tournée européenne, c’est la guerre en Ukraine. J’ai été profondément touché par cette confrontation entre deux pays que je connais, où j’ai vécu et avec lesquels j’ai tissé un lien affectif, puisque les deux m’ont permis d’échapper à la guerre au Liban. Quand l’invasion a été annoncée, j’ai cru me revoir, enfant, caché derrière mon piano pendant les bombardements. Et il y a aussi cette guerre absurde au Moyen-Orient, où le sacré est un prétexte pour les massacres. Je me suis mis à la place de tous ces enfants qui se retrouvent dans la situation où j’étais moi-même », a ajouté Harfouch.
Le 25 mars, Harfouch a reçu le « Prix de l’universalisme pour la paix » décerné par la LICRA (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme).
La vidéo de l’exécution du concerto à Béziers est disponible sur YouTube. L’œuvre est écrite pour un orchestre symphonique complet comprenant une harpe, avec des solistes de piano et de violon. L’œuvre témoigne d’une modalité distinctement moyen-orientale dans un style tonal post-romantique.
Un point de pédale en do # mineur prédomine avec des fioritures du piano et une élaboration solo du violon, habilement joué par la compositrice et violoniste primée Anne Gravoin. L’influence de la composition russe est évidente dans les interludes qui ponctuent l’arrière-plan modal.
Le quotidien français Le Figaro a fait l’éloge du « tourbillon d’émotions et de mélodies capitulantes » de l’œuvre dans une critique du 21 février 2024. Le chef d’orchestre Mathieu Bonnin a dirigé la première de l’œuvre et dirigera les représentations du Concerto pour la paix plus tard cette année.
« Pendant mon enfance et mon adolescence, je n’ai connu que la guerre civile qui a dévasté mon pays. Le piano a été mon refuge et m’a sauvé la vie”, a déclaré Harfouch dans un communiqué de presse. « Il était donc naturel pour moi de composer pour la paix et d’affirmer que seule la paix peut protéger nos enfants et nos petits-enfants, rien d’autre. »
« La paix devient urgente, c’est à nous tous et en particulier à la communauté artistique et du divertissement de veiller à ce que nous éradiquions la haine qui conduit à l’escalade et perturbe l’équilibre des relations internationales », a ajouté le compositeur.
David P. Goldman est rédacteur en chef adjoint d’Asia Times et critique de musique classique pour Tablet Magazine (tabletmag.com). Suivez-le sur X à @davidpgoldman
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