Au delà de la Turquie – sur laquelle les Russes ne se font pas plus d’illusion qu’ils ne s’en font sur Trump lui-même- il y a dans cet article une analyse de l’OTAN et de la suzeraineté des USA qui est tout à fait pertinente.”Le problème, bien sûr, ne réside pas dans les relations de la Turquie avec la Russie. Il est plus profond. Ankara ressent avec acuité le développement des phénomènes de crise non seulement au sein de l’OTAN, mais aussi dans les positions de l’ensemble de l’Occident collectif, et a commencé à réaliser qu’elle devait agir dans la situation d’un paria potentiel. ” C’est-à-dire que les USA ont l’habitude de lâcher sans état d’âme le pays et les “gouvernants” qu’ils ont utilisé pour affaiblir leur véritable adversaire, qu’il s’agisse du Vietnam, de l’Afghanistan et de l’Irak, partout ils se conduisent ainsi, se retirent en ne laissant que des ruines et en ayant utilisé des bandits, l”Amérique latine toute entière porte le témoignage de qui sont leurs “alliés”. Mais voici qu’il s’agit de l’Europe, de l’UE, et le paria possible Turquie comme la Hongrie n’est que le signe avant-coureur du retrait de la catastrophe ukrainienne, très rapidement s’il s’agit de Trump, mais sur le même mode s’il s’agit de la candidate démocrate. (note de danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop)
https://svpressa.ru/war21/article/423573/
Lorsque les représentants des partis d’opposition en Turquie s’adressent aux médias étrangers pour critiquer les institutions sociopolitiques occidentales ou l’OTAN, les experts savent que c’est le pouvoir qui pratique ainsi une petite opération pour sonder l’opinion publique ou envoyer un certain signal à quelqu’un.
C’est dans ce contexte que la déclaration d’Orçun Göktürk, membre du comité central de décision du parti turc Vatan (« Mère patrie »), a été perçue par RIA Novosti.
Il estime que « la Turquie veut se retirer de l’OTAN avec son État et sa nation, elle sait que l’impérialisme occidental l’a dans son collimateur, mais des mesures concrètes doivent être prises pour y parvenir ».
Selon lui, c’est ainsi qu’il faut interpréter les propos tenus par le président Recep Tayyip Erdogan après le sommet anniversaire de l’alliance à Washington sur l’échec de la politique de l’Occident à l’égard de l’Ukraine.
Rappelons que le 12 juillet, le dirigeant turc a déclaré que « l’Occident n’a jamais obtenu le résultat escompté en Ukraine malgré toutes sortes de soutiens » et a souligné qu’il « était le seul à avoir appelé à la paix lors du sommet de l’alliance ». Mais ce n’est pas le seul problème.
M. Göktürk estime que deux structures ont émergé en Turquie depuis l’adhésion à l’OTAN. L’une était l’« État-nation » qui défendait les intérêts de la Turquie, et l’autre était les « États-Unis en Turquie » qui défendaient les intérêts américains, lesquels ont toujours été en contradiction avec les intérêts du pays.
Il a également rappelé que les 15 et 16 juillet 2016, une tentative de coup d’État avait eu lieu alors que « la Turquie était en guerre interne avec l’OTAN » et que « cette guerre dans le pays se poursuit ». Et ce n’est pas tout. Maintenant, selon Göktürk, « la ressource de la politique d’Erdoğan d’équilibre des pouvoirs en politique étrangère a été épuisée et la situation est dans une impasse. »
Mais lorsque l’agence étatique turque Anadolu commence à réfléchir à cette question, il devient clair qu’il y a une discussion active en coulisses au sein du gouvernement turc sur le changement de vecteurs en politique étrangère en lien avec « la possible deuxième arrivée au pouvoir aux États-Unis de Donald Trump et la réanimation de sa doctrine de “l’Amérique d’abord” ».
L’agence ne manque pas de rappeler qu’il a qualifié l’OTAN d’« organisation obsolète » et a exhorté les pays membres de l’alliance à financer les dépenses de défense et à remplir leurs obligations. « Biden a réussi à attirer la Russie dans le piège de l’Ukraine pour non seulement l’affaiblir économiquement, mais aussi changer la perception du monde sur les capacités militaires de la Russie », écrit Anadolu.
– Et Trump gardera un ton conciliant envers la Russie et la Corée du Nord, augmentera l’instabilité des relations américaines avec l’Europe et donnera à Israël une plus grande liberté d’action au Moyen-Orient ».
Par conséquent, la Turquie devra « développer de nouveaux réflexes politiques en accord avec la nouvelle situation et les changements potentiels dans l’ordre mondial et au Moyen-Orient. » Plus précisément, comme l’indique CNN Turk, « la Turquie doit se préparer à l’effondrement de l’OTAN, car la fin supposée de la crise en Ukraine provoquera des problèmes au sein de l’alliance ».
Se présentant comme médiateur d’initiatives de paix pour établir un dialogue entre Moscou et Kiev, Ankara se positionne comme une partie neutre. C’est ainsi qu’en mars 2022, les négociations entre la Russie et l’Ukraine se sont tenues à Istanbul.
Parallèlement, la Turquie participe aux travaux du groupe de contact sur la défense de l’Ukraine « Ramstein » – en fait, en tant qu’observateur, même dans une situation où le chef du Pentagone et coprésident du groupe, Lloyd Austin, a commencé à imposer la transition des fonctions de coordination du groupe de contact vers l’OTAN. Ankara suppose qu’ainsi les États-Unis « ont commencé à se retirer du “jeu” ukrainien, anticipant la possibilité du retour de Trump à la Maison Blanche ».
Ce seul fait démontre la présence de graves phénomènes de crise au sein de l’alliance, sapant son image dans son ensemble. À cela s’ajoutent les problèmes qui ont surgi au sein de l’OTAN à propos de l’adhésion de la Finlande et de la Suède, les contradictions à long terme avec la Grèce en Méditerranée orientale et l’attitude des partenaires de la Turquie à l’égard de la question kurde. Sans parler du refus d’accepter Ankara dans l’UE.
Et récemment, comme l’écrit l’expert turc Cengiz Çandar, « l’OTAN a commencé à donner de la Turquie l’image d’un cheval de Troie russe et des voix se sont même élevées pour l’exclure de l’alliance ».
Le problème, bien sûr, ne réside pas dans les relations de la Turquie avec la Russie. Il est plus profond. Ankara ressent avec acuité le développement des phénomènes de crise non seulement au sein de l’OTAN, mais aussi dans les positions de l’ensemble de l’Occident collectif, et a commencé à réaliser qu’elle devait agir dans la situation d’un paria potentiel.
Si l’alliance s’effondre, la Turquie ne sera plus une composante importante de la défense de l’Europe occidentale, mais dans l’« ère Trump », elle peut maintenir des relations bilatérales multiformes avec les États-Unis, jouer un rôle plus indépendant au Moyen-Orient et même agir comme l’un des pôles d’un monde multipolaire.
Sous le parapluie de l’OTAN, Ankara n’a pas de telles chances. Aujourd’hui, selon le Washington Times, « Erdogan, en tant que politicien pragmatique, explore un scénario de navigation géopolitique indépendante, en concluant peut-être des alliances régionales nouvelles mais tactiques ».
Ainsi, comme le souligne l’expert chinois Liu Zhongmin, les médias turcs discutent de plus en plus du rôle de la Turquie dans l’OTAN, en mettant principalement l’accent sur le « fossé idéologique et de valeur » entre la Turquie et l’Occident collectif, sur le fait qu’elle a « historiquement toujours été un mouton noir dans l’alliance » et qu’elle a été gardée uniquement en vertu de sa situation géographique et de sa puissance militaire, mais qu’elle n’a jamais reçu de « statut spécial », ignorant souvent ses intérêts nationaux et la poussant dans la confrontation entre les grandes puissances.
C’est pourquoi Ankara, même au niveau théorique, tient à éviter de répéter le « phénomène ukrainien » pour elle-même, c’est-à-dire se battre pour les intérêts d’autrui.
Quant à ses propres intérêts, notamment la lutte contre le séparatisme kurde, qu’elle qualifie d’« anti-terroriste », la Turquie a toujours été isolée dans ce domaine.
De plus, les États-Unis soutiennent les Unités d’autodéfense du peuple kurde (YPG), considérées comme affiliées au Parti des travailleurs du Kurdistan. Ce n’est pas un hasard si les représentants des cercles islamistes et nationalistes en Turquie interprètent cette situation comme une décision de l’OTAN, dans le cadre du plan américain visant à créer un Kurdistan, un État satellite qui lui serait hostile.
En même temps, il faut comprendre que la Turquie n’a pas l’intention de claquer la porte demain, bien qu’elle continue à exprimer ses plaintes à la direction de l’alliance et à ses membres individuels. La Turquie a toujours compris que l’OTAN avait besoin d’elle.
Mais si Trump remporte les élections américaines, comme le suggère CNN TURK, « l’alliance pourrait être scindée en deux groupes, dont l’un ne serait pas soumis aux termes de l’article 5 du traité de l’Atlantique Nord sur la défense collective ». La Turquie figurera en tête de cette liste sur recommandation de la France.
En outre, auparavant, l’Occident n’envisageait pas la possibilité d’une grande guerre continentale en Europe, mais aujourd’hui, un tel scénario est déjà en place, et le parapluie de sécurité de l’OTAN pourrait être retiré à la Turquie. Si cela se produit réellement, la Turquie perdra tout intérêt à participer à l’alliance. Dans ce cas, comme le pense Göktürk, « Erdogan doit devenir un de Gaulle turc ». Cela fonctionnera-t-il ?
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CROCE
Le président turc Recep Tayyip Erdogan est dans une position très inconfortable sur ce dossier !
En effet, depuis 1936, la Turquie est garante de la sécurité des détroits des Dardanelles et du Bosphore, ces deux détroits se trouvant en territoire turc.
D’où l’intérêt d’un canal reliant la Mer Noire à la Mer de Marmara, qui étant un ouvrage humain ne serait plus concerné par la Convention de Montreux.
Alors, je ne vous dis pas la levée de boucliers des écologistes : il faut protéger l’habitat de la fauvette à queue bleue, et du héron cendré, qui risque de disparaître ( selon Güllen, l’organisateur du coup d’état manqué contre Erdogan, qui a jugé plus prudent de commander cette opération depuis les Etats-Unis ).
Ce canal se fera, la navigation par les détroits naturels des pétroliers et méthaniers étant beaucoup trop dangereuse.
Et le péage du nouveau canal amortira rapidement les frais de l’ouvrage !
Franck Marsal
Erdogan vient de menacer d’une intervention turque pour mettre fin au massacre des palestiniens a Gaza. Cela va tout a fait dans le sens de cet article et même plus loin.
Géopolitiquement, la Turquie est en position de force, même si elle n’est pas une grande puissance. Son territoire est stratégiquement incontournable. Elle est sur de nombreuses et importantes routes commerciales (surtout pour ceux qui voudraient éviter la Russie), elle a une position très importante en Méditerranée orientale, une forte population et des capacités techniques et scientifiques très correctes. Elle a su, après s’être embourbée dans la guerre Syrienne retrouver une diplomatie très souple, parlant à tout le monde et trouvant des terrains d’accords importants y compris avec des pays comme l’Iran. La Turquie peut se passer de l’OTAN. Il lui manquera la dissuasion nucléaire, mais je ne suis pas sûr qu’elle en soit si loin. l’OTAN peut difficilement se passer de la Turquie. Fermer les bases aériennes de l’OTAN en Turquie réduirait grandement les capacités d’intervention de cette organisation en Asie.
https://www.lorientlejour.com/article/1421846/erdogan-says-turkey-might-enter-israel-to-help-palestinians.html