Parler de la “nature artificielle” de la mondialisation actuelle renvoie dans une certaine mesure au texte qui a été précédemment publié ici sur le thème de l’hypermondialisation. Marx analyse le caractère révolutionnaire de la classe bourgeoise (comment il perce les poches d’autarcies féodales et crée dans l’horreur de l’usine, dans les guerres napoléoniennes, les conditions de l’émancipation humaine et il faut voir à ce propos le Napoléon d’Abel Gance, comment selon le mot de Metternich, il est Robespierre plus la Grande armée), mais la mondialisation est “artificielle” quand elle est portée par une classe qui n’a plus ce rôle historique d’émancipation mais a viré au fascisme, les guerres d’émancipation pour atroces qu’elles soient demeurent progressistes… C’est le distinguo que fait Staline quand il reste à Moscou alors que les troupes d’Hitler sont à quarante kilomètres, il est convaincu comme il le dit : Napoléon a pu prendre Moscou parce qu’il représentait les forces progressistes de l’époque, mais Hitler ce sont ces forces de mort et de régression d’un impérialisme en crise qui ne se bat plus que pour conserver le pouvoir. Cette discussion est au coeur des analyses de tous les partis communistes qui continuent à porter le projet socialiste et pas celui d’acquérir des postes dans le système et d’y subordonner le mouvement historique qu’il s’agisse de Mélenchon ou des transactions de sommet, des marchandages dérisoires autour d’un gouvernement dénué de pouvoir réel… Toutes les tactiques, toutes le manoeuvres politiciennes doivent être soumise à l’examen de ce qu’est réellement le rapport des forces économique, militaire actuel. Il ne saurait y avoir d’a priori la nécessité est la conscience du but et des moyens (le mouvement des masses avec une direction révolutionnaire). Mais allez voir Napoléon d’Abel Gance, ce chef d’oeuvre absolu, pour le replacer dans son contexte, la mondialisation capitaliste en Europe, en Méditerranée, comme condition de survie de la dictature émancipatrice de la bourgeoisie classe révolutionnaire… La Révolution bolchevique prolonge la Révolution et la rend caduque dans l’esprit de la Commune de Paris… Le monde multipolaire, la Chine sont des jalons de cette force émancipatrice comme une tempête (1)… (note de Danielle Bleitrach traduction Marianne Dunlop)
(1) la scène dans laquelle Napoléon vogue sur une méditerranée déchaînée avec comme voile le gigantesque drapeau dont il s’est emparé dans son île bien aimée que Paoli livre aux Anglais alors que lui veut qu’elle soit la France a son écho dans les guerres d’Italie pour porter la tempête révolutionnaire en Europe en contradiction avec l’utilitarisme anglais et la manière dont dans la partie II il reçoit mandat des “dieux de la Révolution” : Danton, Robespierre, Marat, Saint Just… dans sa visite à l’assemblée déserte de la Convention… Cette gigantesque épopée est morte dans son aspect progressiste avec la Commune de Paris, d’autres acteurs, d’autres héros sont entrés dans l’histoire et le projet napoléonien ne s’est plus survécu que sous ses caricatures fascistes… C’est pourquoi ce film d’une beauté inouïe mériterait des discussions collectives…
https://kprf.ru/ruso/226833.html
Nous publions ci-dessous le rapport de Margarita Obraztsova, conseillère du président du comité central du KPRF, candidate en sciences économiques, à la conférence scientifique et pratique de RUSO (1): « Le projet avorté du socialisme en Russie. Que faire ? Aller de l’avant ! »
6 juin 2024
Bien que le terme « mondialisation » soit entré dans notre lexique, il n’existe toujours pas de définition unique de ce concept. L’essence, les forces motrices et les conséquences de ce processus restent discutées.
Ce n’est pas un hasard. Le fait est que la mondialisation a accompagné toute l’histoire du développement humain, qu’elle s’est accélérée à l’époque des grandes découvertes géographiques, et surtout pendant la RST (révolution scientifique et technique). La mondialisation touche tous les aspects de la société – économie, politique, culture. D’où la nature multidimensionnelle de ce phénomène, qui se reflète parfaitement dans les travaux de G.A. Ziouganov sur ce sujet. En particulier, dans les livres « La Russie dans le collimateur du mondialisme » et « La mondialisation et le destin de l’humanité », qui démontrent que l’alternative à la mondialisation impérialiste devrait être l’internationalisation socialiste.
Il est particulièrement important que l’essence de la mondialisation, en tant qu’étape moderne du développement du capitalisme, soit évaluée dans ces ouvrages du point de vue des doctrines marxistes-léninistes plutôt que des théories néolibérales. Dans le même temps, les concepts occidentaux ne sont pas ignorés. Ils sont analysés et compris en profondeur. Telle est la contribution scientifique particulière des ouvrages susmentionnés.
G.A. Ziouganov arrive à une conclusion extrêmement importante : « Les processus de la mondialisation moderne, outre les raisons objectives qui les sous-tendent, sont en grande partie le fait de l’homme. Cela signifie que la version de l’ordre mondial que nous proposent aujourd’hui les chantres du « nouvel ordre mondial » n’est pas uniquement le résultat du développement objectif du processus historique ». L’affirmation de l’auteur sur la nature artificielle de la mondialisation permet d’élargir les horizons de la connaissance de l’essence des phénomènes mondiaux et de dépasser les concepts néolibéraux imposés.
En particulier, comme le note Ziouganov, « le ‘marché libre’ n’est plus un élément naturel nécessaire au développement économique. Il s’agit désormais d’un outil spécial pour exploiter la périphérie. À l’échelle mondiale, le marché s’est transformé en son contraire. D’une sphère où l’on devait échanger des équivalents, il s’est transformé en une sphère qui assure l’échange de non-équivalents ».
La loi « fondamentale » de l’offre et de la demande, formulée en 1890 par le classique de l’économie britannique Alfred Marshall, n’est bonne qu’en théorie et n’est guère utile pour expliquer et prévoir les processus économiques mondiaux. Par exemple, les prix mondiaux des matières premières sont un paramètre qui peut être modifié arbitrairement dans de larges fourchettes s’il est possible de manipuler le volume de production et de générer un champ d’information particulier. Dans ce domaine, la palme de la supériorité revient notamment à la société diamantaire De Beers et à son fondateur Cecil Rhodes.
C’est peut-être justement le côté artificiel du mondialisme contemporain qui caractérise le mieux l’ère qui a commencé au XIXe siècle et qui se poursuit aujourd’hui, par rapport à toutes les précédentes. La raison git dans les ressources. En l’occurrence, la découverte de gisements de diamants en Afrique du Sud en 1870. La découverte de gisements colossaux dans des conditions minières et géologiques favorables a provoqué une « fièvre du diamant ». Il est devenu évident que le diamant n’était pas un minéral aussi rare qu’on le pensait. Il devint également évident que si la production continuait à croître à un tel rythme (de 16,5 milliers de carats en 1870 à 1080 milliers de carats en 1872), le marché serait inondé et les prix du diamant s’effondreraient.
C’est à cette époque que Cecil Rhodes apparaît en Afrique du Sud et, en 1881, il fonde la De Beers Mining Company. En 1902, année de la mort de Cecil Rhodes, De Beers contrôle 95 % de la production mondiale de diamants. La construction d’un monopole mondial est achevée par la création par Oppenheir, en 1933, de la Central Selling Organisation, qui prend le contrôle total du processus de vente des diamants dans le monde. La création de De Beers s’accompagne de la « formule Rhodes » : « s’il y avait quatre personnes dans le monde entier, il faudrait vendre des diamants en quantité telle qu’il n’y en aurait plus que pour deux personnes ». Mais cette formule comporte une deuxième partie : « s’il y avait quatre personnes dans le monde entier, il faudrait faire en sorte qu’elles aient constamment l’impression d’avoir un besoin urgent de diamants, bien que personne n’en ait réellement besoin ». C’est-à-dire que même dans ce cas, il y a un processus de monopolisation du marché.
En 1891, Rhodes crée un club informel – la Table ronde – qui réunit les personnes les plus influentes. Il s’agit de la première structure supranationale de l’histoire qui utilise les institutions et les finances de l’État britannique pour établir, avant tout, un contrôle sur les marchés mondiaux des ressources. La Table ronde deviendra plus tard le noyau organisationnel et idéologique du Conseil des relations étrangères, de la Commission trilatérale et du Club Bilderberg.
Une fois de plus, je me réfère à G. Ziouganov : « Chaque étape de la crise du système capitaliste mondial s’est terminée par la création de nouvelles organisations “informelles” de l’élite occidentale, conçues pour la restructuration globale de l’ordre mondial moderne ». La “Table ronde” susmentionnée a été créée pour évincer l’Allemagne de l’Afrique et pour établir un contrôle sur les gisements de diamants et d’or. Cet objectif a finalement été atteint.
V. Lénine écrit dans la Pravda n° 84 du 11 avril 1913 : « Il y a un dicton latin qui dit “cui prodest” (qui en profite ?). Lorsqu’on ne voit pas immédiatement quels groupes politiques ou sociaux, quelles forces, quelles puissances défendent des propositions, des mesures, etc., il faut toujours se poser la question : “À qui cela profite-t-il ?”.
Il n’est pas très important de savoir qui défend directement telle ou telle politique – car pour défendre toutes sortes de points de vue dans le noble système moderne du capitalisme, n’importe quel homme riche peut toujours « embaucher » ou acheter ou engager n’importe quel nombre d’avocats, d’écrivains, voire de députés, de professeurs, de papes, et ainsi de suite. Non, en politique, l’important n’est pas de savoir qui défend directement tel point de vue. Ce qui importe, c’est de savoir à qui profitent ces opinions, ces propositions, ces mesures ». Fin de citation.
La capacité de contrôler le marché mondial des matières premières est, bien entendu, un pouvoir. Ce pouvoir n’est ni législatif, ni exécutif, ni judiciaire. Il se situe en dehors des institutions étatiques connues et est illégitime. Son mécanisme est concentré dans les entrailles de l’entreprise extractive, transparente jusqu’au bout uniquement pour ses créateurs et ses propriétaires.
Pour citer à nouveau Ziouganov : « Les origines de la mondialisation doivent être recherchées dans la crise d’après-guerre du monde capitaliste, dans l’incapacité des démocraties libérales classiques à assurer la stabilité de leur domination et à satisfaire les appétits de l’élite transnationale ». En d’autres termes, la mondialisation est le mécanisme de défense du capitalisme, la réponse du capital à la possibilité même de voir réduire sa domination dans le contexte de l’émergence d’un système socialiste mondial après 1945.
La victoire de l’URSS lors de la Seconde Guerre mondiale a entraîné un changement qualitatif dans l’équilibre des forces dans le monde. Le principal coup porté au système capitaliste a été la création de la communauté des pays socialistes et l’effondrement du système colonial. À la suite de ces changements mondiaux, de vastes territoires et d’énormes ressources sont devenus inaccessibles à l’exploitation par les monopoles occidentaux sous les formes anciennes et familières. Un monde socialiste alternatif est apparu, dont les idéaux ont séduit la population mondiale, devenant une véritable menace pour la domination du « monde libre ».
D’où l’émergence du néocolonialisme, système de pillage fondé sur des échanges économiques non équivalents entre les actuels États indépendants du Sud et les anciens empires coloniaux.
L’Occident s’est rendu compte qu’il ne pouvait pas maintenir sa position dans la politique mondiale dans le cadre de son ancienne vision du monde et de ses méthodes établies pour influencer le monde. La remise en cause du capitalisme a provoqué l’émergence de concepts idéologiques dont les auteurs ont tenté de formuler un modèle efficace de « capitalisme renouvelé ». L’objectif est de surmonter la crise systémique face à la « menace soviétique ». On prétend qu’un capitalisme à « visage humain » a émergé. Mais ce n’est pas son mérite. C’est le mérite du socialisme, véritable contrepoids économique, politique et moral au capitalisme.
La destruction de l’URSS et l’effondrement du système mondial du socialisme ont provoqué une nouvelle redistribution du monde, basée sur l’expansion globale de l’impérialisme dirigé par les États-Unis. Dans le même temps, le mécanisme par lequel le « milliard d’or » s’assure des avantages unilatéraux est le même qu’auparavant – deux poids, deux mesures.
Aujourd’hui, alors que le contrepoids socialiste s’est affaibli, l’alternative fasciste a de nouveau relevé la tête et tente de se hisser à sa pleine hauteur. Il y a toutes les raisons de dire que les postulats du néolibéralisme réalisés dans le capitalisme mondialisé moderne confirment en pratique leur caractère néofasciste. Comme le note à juste titre G.A. Ziouganov : « Le néolibéralisme moderne a combiné certaines caractéristiques génériques du fascisme. En particulier, le rejet du marché libre dans les relations avec les “étrangers”. La Russie a toujours été un “étranger” pour les Anglo-Saxons. Aujourd’hui, leur vrai visage se révèle à nouveau. Par exemple, l’Union européenne impose de nouveaux trains de sanctions contre notre pays, les États-Unis ont adopté une loi interdisant la fourniture d’uranium enrichi russe….
Le principal bénéficiaire est aujourd’hui les États-Unis. Personne ne contestera que la production réelle est basée sur les matières premières – hydrocarbures, uranium, fer, cuivre, nickel, platine, étain, etc. Et les prix mondiaux des matières premières sont libellés en dollars américains. Par conséquent, l’Amérique peut augmenter la taille de sa dette nationale et la Fed peut « imprimer » autant de dollars qu’elle le souhaite, car la monnaie est garantie par la base minérale mondiale. L’échange de matières premières contre des dollars se poursuivra tant que l’armée américaine sera en mesure de réprimer les empiètements sur cet ordre.
« Imprimer des dollars n’est pas une fin en soi. L’injection de liquidités dans l’économie est un remède forcé aux crises économiques. Cependant, les liquidités injectées doivent être investies dans le secteur réel et augmenter la consommation, sans laquelle la croissance est impossible. En fait, la guerre hybride menée aujourd’hui contre la Russie vise à « réaliser » ces liquidités en les canalisant vers l’industrie de guerre.
Seul le socialisme peut garantir la victoire au front et à l’arrière. G.A. Ziouganov note : Le socialisme renouvelé du 21e siècle peut défendre les intérêts nationaux et étatiques de la Russie à l’ère du mondialisme. L’alternative mondiale au mondialisme est incarnée de la manière la plus complète et la plus adéquate par l’idée socialiste. La crise actuelle du socialisme est une crise de croissance et non une crise de déclin.
Les succès de la Chine, l’expansion et le développement rapides des BRICS montrent avec certitude que la domination néocoloniale et mondialiste de l’Occident touche à sa fin. Un tout nouvel équilibre mondial des pouvoirs est en train d’émerger, reflétant les intérêts de l’écrasante majorité de la population de notre planète, basé sur le socialisme, la justice, le respect de la souveraineté et l’amitié entre les peuples.
Cet ordre mondial est l’avenir.
(1) RUSO (ou SROS) : SCIENTIFIQUES RUSSES D’ORIENTATION SOCIALISTE
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Xuan
La mondialisation se divise en deux
Depuis plusieurs décennies nous voyons dans la mondialisation ou le « mondialisme » la dictature d’un seul pays les USA. Et ceci correspond bien à la réalité historique, elle est historique mais pas éternelle.
La mondialisation se divise en deux. D’une part elle donne libre cours au développement des forces productives et au progrès de l’humanité, et d’autre part elle est l’expression de la domination impérialiste et de l’oppression des nations et des peuples.
Elle s’est probablement toujours divisée en deux mais ce processus devient de plus en plus clair alors qu’elle a pris une ampleur inégalée et qu’aucun pays ne lui échappe.
Mais aujourd’hui nous voyons que la mondialisation se poursuit sous la direction de plusieurs pôles et non plus d’un seul, en particulier à travers les routes de la soie.
La domination du dollar n’est pas abolie mais la mondialisation monétaire prend des formes alternatives.
A l’image d’un courant induit en électricité, qui s’oppose suivant la loi de Lenz aux causes qui l’ont créé, les formes alternatives de la mondialisation monétaire s’opposent à la domination du dollar, qui est la cause de leur apparition.
Pour se protéger, l’hégémonisme US – aussi bien sous les Démocrates que les Républicains – , penche pour le protectionnisme, et prend des mesures de découplage qui s’opposent à la mondialisation, qui tentent de la freiner ou de l’empêcher.
Le protectionnisme entrave la mondialisation multipolaire, mais il entrave aussi la mondialisation unipolaire, le développement et les profits des monopoles capitalistes US eux-mêmes.
Cependant la mondialisation est comme l’eau. C’est un courant qu’on ne peut jamais entraver absolument et définitivement, mais seulement guider.
A la suite du courant de délocalisation de la production vers les régions à bas salaires, le contrôle du « marché mondial des matières premières » tombe progressivement aux mains des pays producteurs eux-mêmes.
Et nous observons que, contrairement au passé, le mouvement de mondialisation multipolaire n’est plus dominé par les pays impérialistes mais par les anciennes colonies. Et elle aboutit non pas à la polarisation économique au bénéfice d’une minorité de pays impérialistes, mais au développement du sud global.
Dans un premier temps, l’alternative à la mondialisation impérialiste ne peut pas être l’internationalisation socialiste, c’est une mondialisation multipolaire sous des régimes politiques différents. Elle ne met pas immédiatement fin aux conflits d’intérêt tant que le capitalisme existe.
Mais cette mondialisation multipolaire se déroule dans le cadre d’une économie mondiale où la Chine Populaire, tient un rôle économique majeur et un rôle politique dirigeant.
Parce qu’elle s’oppose à la mondialisation unipolaire et à ses valets, la mondialisation multipolaire contribue à l’émergence d’une internationalisation socialiste. C’est une partie de la révolution prolétarienne mondiale.